violées, humiliées ou même "aimées", nous organiserons un jour un grand banquet.
Qu'il sera doux de les venger.
Qu'il sera doux de les venger.
Bientôt la porte allait s'ouvrir et se refermer, on pousserait le verrou, la discussion de Pacha et Lavrenti suivrait son cours, les studios de tatouage et les poules de l'Ouest et les tatouages multicolores. Bientôt une boucle de ceinture se déferait, une braguette se dézipperait, une lumière colorée, Pacha ferait du boucan derrière la porte, Lavrenti rigolerait de la bêtise de Pacha, qui se vexerait, dans la chambre de Zara le client gémirait et les fesses de Zara s'écarteraient et on lui ordonnerait de les écarter encore et encore et encore et on lui ordonnerait d'introduire son doigt? Deux doigts, trois doigts, trois doigts de chaque main, encore plus ouvert ! Encore plus grand ! On lui ordonnerait de dire que Natacha doit se faire mettre ! Dis que Natacha doit ouvrir grand sa chatte parce que c'est là qu'elle va se faire mettre ! Oh ce qu'elle va s'y faire mettre ! Dis-le ! Dis ! Et Zara dirait, Natascha will es.Purge - Sofi Oksanen -
Personne ne demandait d'où elle venait, ou ce qu'elle ferait si elle n'était pas ici.
Parfois quelqu'un demandait ce qu'aimait Natacha, ce qui faisait mouiller Natacha, comment Natacha voulait se faire baiser.
Parfois quelqu'un demandait ce qui la faisait jouir.
Et c'était encore pire, parce qu'elle n'avait pas de réponse à ça.
Si on interrogeait Natacha, elle avait des réponses toutes prêtes.
Si on l'interrogeait elle-même, il fallait un petit moment pour qu'elle ait le temps de se demander ce qu'elle répondrait si on posait une question sur Natacha.
Et ce petit moment révélait au client qu'elle mentait.
Alors commençaient les exigences.
Mais cela arrivait rarement, presque jamais.
En général, elle devait juste dire qu'on ne l'avait jamais aussi bien baisée. C'était important pour le client. Et la plupart le croyaient.
Tout ce sperme, tous ces poils, tous ces poils dans la gorge et pourtant la tomate avait toujours un goût de tomate, le fromage de fromage, la tomate et le fromage ensemble de tomate et de fromage, même si dans la gorge elle avait toujours des poils. Ca voulait sans doute dire qu'elle était vivante.
Attirer davantage d'hommes vers la profession « en réformant ce métier, en offrant un salaire de cadre ».
"Moi, j'étais plutot doué à l'école, sûrement parce que j'ai eu des professeurs hommes à des moments clés."
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Les trois âges de la femme. Gustav Klimt. |
"Il faut convaincre les femmes de leur infériorité, leur rappeler que si elles ne sont pas libres, c'est qu'elles feraient mauvais usage de leur liberté; si elles n'ont pas accès au savoir, c'est qu'elles manquent d'intelligence et de jugement; si elles n'exercent pas de pouvoir, c'est qu'elles sont frivoles et volontiers hystériques."Le dénigrement du féminin a traversé les époques, les révoltes et les tentatives de régler le problème par des lois. Il est ce que Françoise Héritier appelle "le modèle dominant archaïque" et qui résiste aux modernités qui se sont succédé.
Mets ton habit, scaphandrierCa ne l'empêche tout de même pas d'affirmer que les pires, ce sont les femmes cultivées. Ah ? des femmes sans ovaires, donc.
Et dans le cerveau de ma blonde
Tu vas descendre, que vois-tu ?
Il est descendu, descendu
Et dans les profondeurs du vide
Le scaphandrier s'est perdu
Fermez les portes sur l'esprit de la femme et il s'échappera par la fenêtre ; fermez la fenêtre et il s'échappera par le trou de la serrure ; bouchez la serrure et il s'envolera avec la fumée par la cheminée.
Il n’existe sans doute aucun aspect de la rectitude politique qui soit plus important dans la vie en Europe occidentale d'aujourd'hui que l'idéologie féministe. Le féminisme est-il basé, comme le reste de la rectitude politique, sur le marxisme culturel importé d'Allemagne dans les années 1930? Si l'histoire du féminisme en Europe occidentale s'étend certainement sur plus de soixante ans, sa floraison dans les dernières décennies s’entrelace avec la révolution sociale qui se déploie à l’instigation des marxistes culturels.
Où voyons-nous le féminisme radical prendre de l’ampleur? Il est à la télévision, où presque chaque offre importante comporte une «figure de proue» féminine et où les scénarios et la définition des personnages soulignent l’infériorité de l’homme et la supériorité de la femme. Il est dans l'armée, où l'expansion des possibilités pour les femmes, jusque dans des postes de combat, s’est accompagnée d’une politique de deux poids deux mesures, puis d’un abaissement des normes, ainsi que par une diminution de l'enrôlement de jeunes hommes, alors que les «guerriers» des forces armées les quittent en masse. C'est dans des préférences et pratiques d'emploi mandatées par les gouvernements dont bénéficient les femmes et qui utilisent des accusations de «harcèlement sexuel» pour tenir les hommes en respect. C'est dans les universités où prolifèrent les études de genre et sur les femmes prolifèrent et où des politiques d’«action positive» sont imposées aux admissions et à l'emploi. C’est dans d’autres secteurs d’emploi, publics et privés, où en plus de l'«action positive», des «formations de sensibilisation» bénéficient d’une attention et de périodes sans précédent. C'est dans les écoles publiques, où «la conscience de soi» et l’«estime de soi» font l’objet d’une promotion croissante alors que décline l'apprentissage scolaire. Et malheureusement, nous constatons que plusieurs pays européens autorisent et financent la distribution gratuite de pilules contraceptives, combinées avec des politiques d'avortement libérales.
Alors que le mouvement féministe radical est embrassé par l'idéologie contemporaine de la rectitude politique, dérivée du marxisme culturel, le féminisme en tant que tel possède des racines de plus longue date. Le féminisme a été conçu et accouché dans les années 1830, dans la génération ayant connu la première étape de la révolution industrielle. Les femmes, qui pendant des siècles avaient partagé les défis de la survie dans une vie agraire, devenaient partie d'une classe moyenne, avec plus de temps et d'énergie à dépenser à la rédaction d'articles de journaux et de romans pour leurs «sœurs». C’était le début des premières étapes de la féminisation de la culture européenne.
Aujourd'hui, la féminisation de la culture européenne, qui évolue rapidement depuis les années 1960, continue à s'intensifier. En fait, l'agression féministe radicale actuelle menée par le biais d’un appui à l'immigration musulmane de masse, comporte une politique parallèle à leurs efforts anticoloniaux. Cette agression actuelle est en partie une continuation d'un effort séculaire de détruire les structures européennes traditionnelles, le fondement même de la culture européenne.
Il ne fait aucun doute dans les médias que «l'homme d'aujourd'hui» devrait être une sous-espèce d’être sensible, respectueux du programme féministe radical. Cet homme est aujourd’hui omniprésent à Hollywood, dans les comédies de situation télévisées et les films, et chez les invités d’émissions de variétés. Cette féminisation est devenue si remarquable que les journaux et les magazines en témoignent. Par exemple, le Washington Times et le magazine National Review nous ont dit tous les deux que «derrière la célébration ludique des «affaires de gars» dans les revues masculines d'aujourd'hui se cache une crise de confiance. Qu'est-ce que cela signifie d'être masculin dans les années 1990?» On nous apprend que les magazines contemporains pour hommes «(Esquire, GQ, Men’s Health, Men’s Fitness, Men’s Journal, Details, Maxim, Men’s Perspective)» visent tous un nouvel homme féminisé (...).
De fait, la féminisation de la culture européenne est presque complétée. Et le dernier bastion de la domination masculine, les forces de police et l’institution militaire, est pris d'assaut. Si cette tendance à la «féminisation» n’était poussée que par les féministes radicales qui cherchent à abattre ce qu’elles perçoivent comme une hiérarchie dominée par les hommes, il y aurait plus d'espoir que les cycles de l'histoire feraient avancer l'Europe vers des accommodements stables entre les hommes et les femmes. Mais le mouvement est plus profond, et il ne se satisfera d’aucun accommodement. Les féministes radicales ont embrassé et été embrassées par le mouvement plus large et plus profond du marxisme culturel. Pour les marxistes convaincus, la stratégie est d'attaquer à chaque point où une apparente disparité laisse une catégorie potentielle de groupes de victimes opprimées - les Musulmans, les femmes, etc. Les marxistes culturels, hommes et femmes, tirent un profit maximum de ces situations, et la théorie développée par l'École de Francfort leur fournit une base idéologique.
L'École de Francfort a théorisé que la personnalité autoritaire est un produit de la famille patriarcale. Cette idée est à son tour directement connecté au livre de F. Engels «L'Origine de la famille, la propriété privée et l'État», un éloge du matriarcat. Par ailleurs, c’est Karl Marx qui a parlé dans «Le Manifeste communiste» de la notion radicale d'une «communauté de femmes». Il a également critiqué en 1845, dans «L'Idéologie allemande» l'idée que la famille constituait l'unité fondamentale de la société.
Le concept de la «personnalité autoritaire» n'est pas seulement à être interprété comme un modèle pour la conduite de la guerre contre les préjugés en tant que tels. C'est un manuel pour la guerre psychologique contre l'homme européen, afin de le rendre réticent à défendre les croyances et les valeurs traditionnelles. En d'autres termes, le but était de l’émasculer. C’est indubitablement l’intention qu’avait l’Institut de recherche sociale de l'Université de Francfort, puisqu’elle a parlé de «techniques psychologiques de transformation de la personnalité».
La «personnalité autoritaire», étudiée dans les années 1940 et 1950 par les Européens de l'Ouest et les adeptes américains de l'École de Francfort, a préparé la voie à cette guerre psychologique contre le rôle de genre masculin. Cet objectif a été promu par Herbert Marcuse et d'autres sous le couvert de «libération des femmes» et dans le mouvement de la Nouvelle Gauche des années 1960. Une preuve que les techniques psychologiques de transformation de la personnalité visent une concentration particulière sur l'émasculation de l'homme européen a également été fournie par Abraham Maslow, fondateur de la «psychologie humaniste de la troisième force» et promoteur de techniques psychothérapeutiques dans les classes des écoles publiques. Il a écrit que «la prochaine étape dans l'évolution personnelle est une transcendance de la masculinité et de féminité pour atteindre une humanité générale».
Il semble que les inconditionnels du marxisme culturel savent exactement ce qu'ils veulent faire et comment ils envisagent de le faire. Ils ont effectivement déjà réussi à accomplir une bonne partie de leur programme.
Comment cette situation a-t-elle pu se produire dans les universités européennes? Gertrude Himmelfarb a observé qu’elle a presque échappé à l’attention des universitaires traditionnels jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Cela s’est fait si «discrètement» que quand ils ont «levé les yeux», le postmodernisme avait déjà fondu sur eux. «Ils étaient entourés par une telle vague de sujets multiculturels comme le féminisme radical, le relativisme de la déconstruction sous couvert d’histoire et d’autres cours semblables» qui minent la perpétuation de la civilisation occidentale. En fait, ce raz de marée s’est discrètement imposé tout comme l’avaient envisagé Antonio Gramsci et l'École de Francfort, sous la forme d’une révolution tranquille propageant une idéologie de haine de l’Europe avec l'objectif de détruire la civilisation occidentale, une idéologie qui était anti-Dieu, antichrétienne, anti-famille, antinationaliste, antipatriote, anti-conservatrice, anti-héréditariste, anti-ethnocentrique, anti-masculine, anti-tradition et antimorale. Le «Marxisme Culturel», tel que prêché par l'École de Francfort, a ainsi donné éperonné les concepts largement populaires et destructeurs de l’«action positive», du «multiculturalisme» et de la «diversité». On ne peut pas échapper à ces termes aujourd'hui. Ces concepts ont détruit toutes les structures défensives de la société européenne, ce qui a jeté les bases de l'Islamisation de l'Europe.
Conclusions
La théorie critique comme psychologie de masse appliquée a conduit à la déconstruction du genre dans la culture européenne. Aux termes de la théorie critique, la distinction entre la masculinité et la féminité disparaîtra. Les rôles traditionnels des mères et des pères doivent être dissous afin de mettre fin au patriarcat. Les enfants ne doivent pas être élevés conformément à leur sexe biologique et à leurs rôles de genre compte tenu de leurs différences biologiques. Cela reflète la justification donnée par l’École de Francfort à la désintégration de la famille traditionnelle.
Ainsi, l'un des principes fondamentaux de la théorie critique a été la nécessité de briser la famille traditionnelle. Les théoriciens de l’École de Francfort prêchaient ce qui suit:
Même un recul partiel de l'autorité parentale dans la famille pourrait contribuer à augmenter la disposition d'une prochaine génération à accepter le changement social.
La transformation de la culture européenne souhaitée par les marxistes culturels va plus loin que la poursuite de l'égalité des sexes. Enracinée dans leur programme est une «théorie matriarcale», au nom de laquelle ils se proposent de transformer la culture européenne pour lui donner une prédominance féminine. C'est un retour direct à Wilhelm Reich, un membre de l’École de Francfort qui envisageait la théorie matriarcale en termes psychanalytiques. En 1933, il écrivait dans «La psychologie de masse du fascisme» que le matriarcat était le seul type de famille authentique de la «société naturelle». Richard Bernstein a écrit dans son livre sur le multiculturalisme, que «le processus révolutionnaire marxiste est centré depuis les dernières décennies en Europe et aux États-Unis sur les affrontements de race et de sexe plutôt que sur celui des classes», comme précédemment. Cela reflète un schéma plus global que l'économie de restructuration de la société. Comme le proclament volontiers les révolutionnaires sociaux, leur but est de détruire l'hégémonie des hommes blancs. Pour ce faire, il importe d’abattre par tous les moyens disponibles l’ensemble des obstacles à l'introduction de plus de femmes et de représentants des groupes minoritaires dans la «structure du pouvoir». Les lois et les poursuites judiciaires, l'intimidation et la diabolisation des hommes blancs comme étant racistes et sexistes sont des démarches menées par l’entremise des mass médias et des universités. La psycho-dynamique du processus révolutionnaire vise un désarmement psychique – une décapitation – de ceux qui s'y opposent. Les fondateurs des États-Unis ont reconnu trois valeurs fondamentales dans leur Déclaration d'Indépendance et ils les ont classées correctement: la vie, la liberté et la poursuite du bonheur. Si l'ordre de ces droits humains fondamentaux est inversé – en plaçant le bonheur avant la liberté ou la liberté avant la vie – cela nous mène au chaos moral et à l'anarchie sociale. Cette condition précise est ce que le juge Robert Bork décrit comme «le libéralisme moderne.» Il en définit les caractéristiques comme «’l'égalitarisme radical’ (l’égalité des résultats plutôt que celle des chances) et ‘l'individualisme radical’ (la réduction drastique des limites à la gratification personnelle)».
Le juge Bork identifie également le féminisme radical comme «le plus destructeur et fanatique» élément de ce libéralisme moderne. Il décrit en outre le féminisme radical comme étant «d’esprit totalitaire».
La plupart des Européens de l'Ouest et des Américains ne se rendent pas compte que, par le biais de leurs institutions, ils sont menés par les révolutionnaires sociaux qui pensent en termes d’une destruction continue de l'ordre social existant, afin de créer un nouveau. Ces révolutionnaires sont une élite de baby-boomers du Nouvel Âge. Ils contrôlent désormais les institutions publiques en Europe occidentale et aux États-Unis. Leur révolution «tranquille», qui a débuté par la révolution contre-culturelle de leur jeunesse, est en voie d'achèvement.
Une clé de ce mouvement, ou même son élément dominant, car il représente prétendument le plus grand contingent politique et social de leurs adeptes potentiels, est le féminisme. Le mouvement marxiste, dans sa plus récente phase culturelle «tranquille», balaie apparemment tout sur son passage. Avec son emprise sur les médias, totalement sous l'emprise du féminisme, il est difficile de discerner les frémissements d'une contre-culture. Les élites culturelles actuelles marxistes et multi-culturalistes, les Nouveaux Totalitaires, sont la génération la plus dangereuse de l'histoire occidentale. Non seulement ont-ils réussi à détruire les structures fondamentales de la société européenne, mais ils permettent à des millions de Musulmans de coloniser l'Europe. En seulement cinq décennies les populations musulmanes y ont augmenté de quelques milliers à plus de 25 millions.
Qui se dressera pour contester la rectitude politique ? Le destin de la civilisation européenne dépend d’une ferme résistance des hommes européens au féminisme politiquement correct. Bien plus, ils doivent ingénieusement s'opposer à la plus large emprise de la rectitude politique, le marxisme culturel dont le féminisme radical n’est qu’une voie d'attaque.
c'est lui mais les yeux masqués pour respecter son anonymat |
Dessin de Gloup |
[Joan Scott] nous invite à reconstituer la cohérence d’une entreprise idéologique qui a marqué de son emprise toute une séquence de la vie intellectuelle française et qu’on peut sans exagération décrire comme une révolution conservatrice, un spectaculaire déplacement vers la droite de la pensée politique au cours des années 1980 et 1990.
[...]
Ce qui apparaît ici au grand jour, c’est que des gens qui se présentaient comme étant toujours de gauche ont fabriqué avec des gens qui se présentaient comme étant depuis toujours de droite un discours foncièrement réactionnaire, dont l’objectif aura été d’éradiquer tout ce qui ressortissait de l’héritage de la critique sociale et culturelle des années 1960 et 1970.
L’une des cibles, parmi d’autres, de ces auteur.e.s * était le mouvement féministe. Sous couvert de défendre une «singularité française» contre le «féminisme américain», c’est le féminisme en général, et notamment le féminisme français, qui constituait l’objet de leur vindicte.La preuve en est que les livres de Claude Habib sont presque intégralement consacrés à dénoncer les méfaits des féministes françaises des années 1970 et, avant elles, de Simone de Beauvoir, qui auraient ruiné les jeux enchantés de la séduction entre les sexes. Dans Galanterie française, [...] elle enchaîne les énoncés qui ressassent ad nauseam cette même idée : [...] «Quand tant de femmes cessent d’être douces, bien des hommes se détournent et cela se conçoit : qui voudrait couver des oursins ?»** Le précédent livre d’Habib vaut également le détour : elle y prescrivait à «la femme» d’accepter d’être «don de soi», car la soumission féminine à l’homme dans le cadre du mariage et du «consentement amoureux» vaut mieux que la guerre des sexes déclarée par les féministes. Elle s’en prenait au mouvement homosexuel, qui s’acharne à perturber cette belle entente, au sein de laquelle, comme pour la danse à deux, l’homme dirige et la femme suit. Elle y revient dans Galanterie française : «Je savais que l’amour entre homme et femme pouvait former des trésors de délicatesse et d’esprit. Les lesbiennes me faisaient l’effet d’éléphants aveugles. Elles étaient dans le magasin. Elles ne voyaient pas la porcelaine.»
Rendant compte dans un style exalté des écrits d’Habib, dans la revue Esprit, Irène Théry interrompt un moment ses péroraisons sur les mystères insondables de la différence et de la complémentarité entre les sexes pour anticiper l’objection qu’on risquerait de lui adresser : «Les bien-pensants d’aujourd’hui auront tôt fait de soupçonner, dans ce plaidoyer pour l’amour hétérosexuel, la trinité du mal absolu : naturalisme, conservatisme et homophobie.» Qu’on n’imagine pourtant pas que ce magnifique aveu soit le signe d’un début de lucidité. Non ! Théry n’entend pas se soumettre à ce «prêt-à-penser» et elle admire la «force subversive» de celle qui, bravant l’air du temps, n’hésite pas à pourfendre à la fois «les impasses du féminisme»,«l’émancipation individualiste» et «le ressentiment antihétérosexuel». On le voit : ce qui a été rebaptisé par ces auteur.e.s «féminisme à la française» n’est qu’un mélange fort classique, et transnational, de poncifs antiféministes et d’homophobie militante.
Il ne s’agit donc pas simplement d’une mythologie nationaliste, à usages multiples, qu’on voudrait nous présenter comme le fruit d’une réflexion historique ou sociologique. Il s’agit aussi de l’invention d’une tradition qui a pour fonction d’annuler la déstabilisation produite par les mouvements politiques et culturels et de permettre de prôner un retour à une «harmonie» qui n’a jamais existé, de défendre un ordre qui repose sur l’inégalité, la hiérarchie et la domination (des hommes sur les femmes, de l’hétérosexualité sur l’homosexualité …).
On ne s’étonnera donc pas que ces auteur.e.s conjuguent leurs efforts pour attaquer la sociologie critique et l’œuvre de Pierre Bourdieu. Ce dernier a commis l’irrémissible péché de vouloir étudier la «domination masculine» mais aussi de souligner le rôle que le mouvement gay et lesbien peut jouer dans la mise en question des catégories figées de l’ordre sexuel.
La recension par Ozouf du Consentement amoureux de Claude Habib repose entièrement sur ce schéma : le ravissement que produit un livre qui chante les bonheurs de l’amour hétérosexuel, où chacun et chacune jouira d’occuper sa place naturelle, inégalitaire mais librement acceptée, brandi comme un crucifix devant le diable destructeur qu’est le théoricien de la domination et l’intérêt qu’il manifeste pour la radicalité subversive des mouvements féministes et homosexuels. Bref, une idéologie qui en appelle tantôt à l’ordre «naturel» des choses, tantôt à notre «culture nationale» - ce qui signifie, dans les deux cas, à l’ordre politique ancien - contre une pensée qui regarde les réalités du monde social comme un ensemble de constructions historiques qu’il convient de défaire et de transformer. Une tentative de restauration réactionnaire dressée contre l’activité démocratique et émancipatrice. Une banale pensée de droite, contre la pensée de gauche.