Affichage des articles dont le libellé est Vivisection d'une oppression. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Vivisection d'une oppression. Afficher tous les articles

samedi 25 août 2012

Nec deus nec dominus

Dans le cadre du projet d'abolition de la prostitution, Alternative Libertaire a rédigé un texte dans lequel elle maintient sa traditionnelle position abolitionniste mais questionne le volet de pénalisation du client sans toutefois avoir de position arrêtée sur le sujet.

Puisse ce billet, s'il est lu par les concerné.e.s ou celles et ceux que la question laisse perplexes, leur permettre d'appréhender la question autrement.

Idéologiquement libertaire, je partage la même aversion, la même méfiance pour le sécuritaire et le coercitif. J'en avais déjà parlé au sujet des prisons dans un vieux billet et ma réflexion était similaire à celle qui est exposée dans cet article de 2007 d'AL sur la Loi-cadre contre les violences de genre:

"...parce que punir un comportement encouragé par l’ensemble du fonctionnement social est quelque peu incohérent, particulièrement en s’appuyant sur un système carcéral d’une extrême violence, ne pouvant que pousser l’individu à reproduire cette violence (on en revient au point de l’impossible combat contre le système patriarcal par le système patriarcal lui-même). "
 
Les auteur.e.s y reconnaissent que "le volet répression est le plus difficile à défendre" et l'on ne peut que louer la cohérence de ce mouvement pacifiste, anti-répressif et pro-éducation.


MAIS ils, elles poursuivent ainsi:
"Cependant, nous vivons et luttons ici et maintenant, et c’est dans ce contexte qu’il faut rappeler que frapper ou violer est un crime, même s’il s’agit de sa compagne."
 

Le sous-titre  "Une urgence pour les victimes, un pas contre le système patriarcal" rappelle que l'urgence d'une situation nécessite parfois d'en appeler à la répression dans des situations où l'éducation a fait défaut et que la vie et l'intégrité de personnes est menacée ici et maintenant.

Concernant la prostitution, AL reconnaît pourtant qu'elle est "dans toutes ses formes génératrice de violence". Violence signifie urgence. Et violence signifie aussi violent.

Pourquoi alors protéger les auteurs de ces violences ?:

" Pour autant, nous ne pensons pas pouvoir en faire peser tout le poids sur les clients dont la morphologie sociale recouvre une réalité multiple."


Rappelons que celle des compagnons violents aussi ...

Rappelons aussi que les prostituées sont plus exposées que n'importe quel autre groupe social au viol, au meurtre, au décès précoce. Et que ce sont, la plupart du temps, les clients qui exercent ces violences.

Rappelons enfin qu'il s'agit de rapports sexuels non désirés donc contraints et que de facto cela s'apparente à un viol. Donc un délit.

C'est bien de la même oppression viriarcale, des mêmes conséquences désastreuses, fatales pour la vie de femmes, des mêmes violences que l'on parle.

Prostitution, phénomène oppressif à part qui ferait du prostitueur un oppresseur à part ?












vendredi 11 mai 2012

L'énigme de la femme active (et souffrante)

Celles et ceux qui me connaissent un peu savent que je me méfie des psys et de leurs dogmes essentialistes autant que d'un article progressiste dans Libé. Rien donc n'aurait dû me pousser à emprunter cet ouvrage écrit par une docteure en psychologie, Pascale Molinier, et encore moins son titre, "L'énigme de la femme active" ... Pourtant, je l'ai malgré tout présenté à l'agente en charge des emprunts de la médiathèque - on fait des trucs de ouf parfois - prête à dénoncer ici-même s'il le fallait les arguments pro-ordre hétérosexiste que j'étais persuadée d'y trouver.

Déjà embarquée dans mes certitudes que le féminisme est si marginal qu'une médiathèque de petite ville (du Sud-Est qui plus est, cf. les résultats de l'élection présidentielle dans cette région) ne peut proposer que du "Pourquoi les femmes ne pètent jamais et les hommes sont poilus", je n'ai pas compris le sous-titre "Egoïsme, sexe et compassion". Perdue, j'étais.

Pourtant, il ne m'a fallu que quelques pages, deux citations (Delphy et Mathieu) et trois respirations avec le ventre en vue de me relaxer pour comprendre que je tenais là les écrits d'une psy ouvertement féministe. Egoïsme pour les uns, compassion pour les autrEs sont les deux versants d'une éducation sexuée que pas grand monde n'est prêt à remettre en question tant la disponibilité sacrificielle des unEs arrangent les autres. Voilà dans les grandes lignes la teneur du propos. Et pour l'application, Molinier s'est penchée sur le monde du travail, plus particulièrement sur les infirmières et les stratégies qu'elles mettent en place pour pallier l'usante et quotidienne confrontation à la souffrance voire la déchéance humaines.

Un bon livre n'enfonce pas des portes ouvertes et c'est le cas. Dès le premier chapitre, une réflexion sur le traitement médiatique de la souffrance liée au travail selon le sexe surprend et fait cogiter:

"Dans l'archipel des conditions malheureuses, il en est de plus en vue que d'autres. La souffrance des hommes inquiète, dérange, interpelle. Celle des hommes pauvres justifie qu'on multiplie les "observatoires", tant sont redoutées ces flambées sporadiques dans la rage et le saccage.[...] Quant à la souffrance des hommes dominants, ce n'est rien de dire qu'elle fait recette ! Qu'on me pardonne ces trivialités, mais "le stress des cadres" a fait couler plus d'encre ces dernières années que celui des caissières d'hypermarché. 
[...]
Que les souffrances féminines soient perçues et vécues sur le plan du drame personnel et qu'elles ne soient pas contextualisées dans la perspective d'une crise identitaire collective, cela ne doit pas nous étonner. Parce que la souffrance est déjà contenue dans la définition de la "nature féminine", quelle que soit la connaissance que nous ayons, par ailleurs, des discriminations fondées sur l'arbitraire du sexe, il demeure que la souffrance des femmes est moins immédiatement saississable que celle des hommes en termes de causalité et d'injustice sociales.
[...]
Dans cette souffrance, nous entendons d'abord, et essentiellement, un problème de psychologie individuelle plutôt que l'écho singulier d'un drame pluriel."

La première chose qui frappe c'est cette constante selon laquelle tout ce qui arrive aux femmes est intrinsèque à leur nature vulnérable quand n'est pas instillée l'idée qu'elle sont les premières coupables de leur sort. Les femmes sont censées vivre des drames personnels même dans le cadre du travail qui s'inscrit par essence dans les problématiques de société ! Les violences conjugales, le viol ou l'exploitation domestique sont de la même façon sorties du cadre du phénomène social collectif. On ne sait jamais, des fois qu'il y aurait des solutions à trouver  ...

Ensuite, il y a cette psychologisation abusive de la souffrance des femmes. J'en avais parlé dans un vieux billet, "Femmes et santé mentale", le processus permet de fragiliser plus encore les femmes ainsi dotées d'une psyché naturellement bancale et de faire fi des conditions de vie honteuses dans lesquelles le système oppresseur les maintient. Le bénéfice est double, qui, soucieux de maintenir sa supériorité en créant l'infériorité de l'autre, s'en priverait ?

Dire que les femmes ont un sacré mental, constituant 80% des travailleur.e.s pauvrEs, l'essentiel du personnel des métiers improductifs (mais nécessaires), difficiles et sous-rémunérés et l'unique ressource gratuite du travail domestique, n'est pas une vue de l'esprit. Une triple peine (précarité, pénibilité, exploitation) qui ne mobilise que les vendeurs de palliatifs (magnésium, anti-dépresseurs, torchons ou bouquins pour concilier vies personnelle et professionnelle, etc.) et jamais les grands dossiers sur la souffrance au travail. 

Probablement parce que la souffrance des femmes fait partie d'un éternel féminin auquel le renoncement conduit à une réelle émancipation. La beauté de la vertu, souffrir en silence, est censée transformer ses ravages en dommages collatéraux inévitables et indispensables. Et si féminins. Pour un peu, certains en feraient, ultime argument du moment, un truc glamour et sexy.
Ah! c'est déjà fait ? Au temps pour moi.





jeudi 29 mars 2012

Attention ! Espace féministe protégé

Ce blog a reçu récemment des commentaires de masculinistes. Alors, avant de dresser un bref portrait de ces hommes (et quelques femmes), de leur démarche et de leurs stratégies, je voulais préciser que je ne publierai plus leurs interventions.

Je tiens à ce que ce lieu reste un espace pour militer, s'informer, échanger et réfléchir sur des bases féministes et pro-féministes, libertaires et anti-violence. Et ce ne sont pas les intimidations retorses qui me feront taire ! Je suis convaincue du bien-fondé et de la cohérence de ma démarche, que celles et ceux qui ne partagent pas mes positions aillent donc parler suppression du droit à l'avortement, maintien des rôles traditionnels et inégalitaires, déni des violences sexospécifiques ou protection des pauvres hommes victimes des femmes et du féminisme AILLEURS.

Les masculinistes ne sont pas encore très connus en France, ils n'en sont pas moins présents et actifs. Il y a un masculinisme "officiel" avec des théories et des structures d'appui (comme SOSpapa) et un masculinisme plus informel et latent (les oppositions grossières et virulentes aux actions féministes en font partie).

Comme on peut le lire sur la page Wikipédia qui ne s'en sort pas sur la définition, certains voudraient faire du masculinisme le pendant symétrique du féminisme, soit "le combat mené par des hommes pour obtenir les mêmes droits que les femmes" ... (sic).

Encore faudrait-il que la condition masculine soit source de discriminations avérées et mesurées et que les perspectives de changement envisagées soient égalitaires pour faire état d'une quelconque symétrie. Et pourquoi pas "Pour que les riches aient les mêmes droits que les pauvres", hein ?

Qu'à cela ne tienne, les hommes seront aussi des victimes:

- des femmes et du système judiciaire qui laisserait trop souvent la garde ... à celles qui ont l'habitude de s'en occuper
- des féministes qui seraient allées trop loin, inversant les rapports de pouvoir (la phobie projective n'étant jamais loin)
- d'un statut dévalorisé: les moindres avancées, les infimes réhabilitations des femmes étant perçues comme des affronts insoutenables
- de violences au même titre et dans les mêmes proportions que les femmes
- d'échec scolaire en raison de la féminisation abusive du métier d'enseignant.e
- des demandes de divorce exagérées au regard du droit à la propriété privée (même problématique qu'avec les enfants)

Oui, mais comment faire passer ces élucubrations pour la réalité ? :

- en trafiquant les chiffres sur la violence
- en faisant passer la lutte contre les violences masculines pour un complot anti-hommes
- en présentant le masculinisme comme un humanisme
- en inventant des syndromes comme le SAP (Syndrome d'Aliénation Parentale)
- en occupant le champ médiatique alors qu'ils ne sont qu'une poignée

Quel est donc l'objectif réel de ces hommes ?

- entraver les avancées de la condition des femmes qui les font vraiment trop souffrir (argument immanquablement appuyé par le taux de suicide masculin)
- revenir à des modèles traditionnels (femme à la maison élevant LEUR progéniture mais tenue de la leur rendre en cas de divorce)
- supprimer le droit à l'avortement qui dote les femmes d'un libre-arbitre intolérable
- soutenir le caractère naturel et donc inéluctable de la virilité et de ses manifestations, dont la violence, chez les hommes
- maintenir des privilèges fondés sur l'arbitraire et sur l'exploitation, la maltraitance et l'infériorisation des femmes

Bref, des idées peu défendables aujourd'hui et de surcroît ici.

Edit: Comme je m'en doutais, je suis taxée de mensonge et de paranoïa. Le mieux est d'écouter leur conception de l'humanisme et de l'égalité (propos recueillis par Patric Jean):

A propos des femmes et des hommes:
http://vimeo.com/6794502

A propos de la violence conjugale:
http://vimeo.com/6792916

A propos du viol, de la pédophilie et de l'inceste:
http://vimeo.com/6798221
A propos des féministes façon point Godwin:
http://vimeo.com/6797283

samedi 24 mars 2012

Cher Bernard D. de Valenciennes

Comme Télérama, auquel vous avez adressé un puant "courrier des lecteurs", ne publiera probablement pas la réponse que je comptais vous faire pour des raisons que je supposerai plus bas, je vous propose de lire ci-dessous, si vous passez un jour par là, les réflexions qu'il a suscitées chez moi.

En effet, vous dites: "Cher(e ?) Dominique, vous vous étonnez, dans un récent courriel envoyé à Télérama, qu'un article du même journal ait parlé des militant(e)s et non des militant-e-s, orthographe sonnant plus "égalitaire" selon vous. Permettez-moi au nom des féminines parenthèses, de m'insurger contre le soupçon d'infériorité que vous leur prêtez par rapport aux masculins tirets. Ce n'est pas très égalitaire tout ça, hum ! Permettez-moi aussi de vous dire que c'est avec ce genre de débats stupides que les féminist(e)s passent, au mieux pour des emmerdeurs(euses), au pire pour des con(ne)s, non, pardon ... con-ne-s (ça sonne plus égalitaire). Bernard D., un vrai féminist (sans E, ça sonne plus masculin) Valenciennes."

Cette pauvre Dominique, je m'en souviens effectivement, avait suggéré l'utilisation de ce qu'on appelle la typographie légère. Et quand Dominique suggère vous vous insurgez et hurlez au débat "stupide". Si "stupide" que vous lui avez consacré aussi de votre temps ... Le mystère du droit à la stupidité doit être certainement lié au sexe auquel on appartient.

D'ailleurs, ce à quoi les féministes consacrent leur temps est étroitement surveillé. Elles auraient toujours mieux à faire même quand elles parlent de sujets tels que le viol ou la violence conjugale. Mieux à faire, c'est étrangement toujours synonyme de s'occuper des femmes afghannes, par exemple ... c'est-à-dire ailleurs. C'est-à-dire dans des pays que vous n'habitez pas.

J'aimerais également vous faire remarquer la bêtise de votre observation concernant le genre des parenthèses et des tirets. L'Académie Française, bien qu'étant de genre féminin, a toujours été remplie d'hommes. Le féminin d'un nom n'a jamais été gage du respect de la parité chez le signifié auquel il renvoie. L'Assemblée Nationale, la Cour Constitutionnelle, une élection présidentielle, etc.

Je vous avoue, je me suis demandé pourquoi Télérama avait publié un courrier aussi réactionnaire et injurieux que le vôtre. Plusieurs hypothèses ont germé: montrer à quel point un antiféministe primaire peut être grossier et malhonnête quand il voit son petit monde bien rangé (avec ses femmes bouclées entre parenthèses) vaciller ou bien illustrer le fait qu'il s'agissait du dernier numéro d'une version dépassée de l'hebdomadaire qui disparaîtra la semaine prochaine (nouveau look, nouveaux concepts, nouveaux sujets, nous apprend le magazine ... nouveaux commentateurs aussi, ce serait pas mal) ou encore signifier aux lectrices et lecteurs que la rédaction tiendra bon sur la typographie lourde qu'elle a utilisée jusqu'ici malgré les nombreuses sollicitations, dont la mienne il y a un an environ.

Dommage, car ces signes typographique comme le tiret (et, horreur, le point voire l'espace), au-delà de l'esthétique égalitaire qu'ils façonnent, facilitent considérablement la lecture une fois acceptés. Mais là ne se situe sûrement pas votre problème. A vrai dire, on a du mal à saisir ce qui vous gêne autant pour ajouter aux classiques "hystériques", "aigries" et "mal-baisées", les cinglants "emmerdeuses" et "connes".
Bernard, dites-moi sérieusement, en tant que "vrai féminist" (!), vous n'avez rien de moins stupide (et méchant) à faire que d'insulter des "fausses féministes" pour une revendication qui ne tuera personne- pas même la langue - et qui est déjà utilisée, ne vous en déplaise, ici et même ailleurs ?

PS: rassurez-vous quand même, vous n'êtes pas le seul à nous invectiver sur nos choix de lutte et nous sommes plutôt habituées à vos arguments et insurrections démesurées qui commencent  sérieusement à sentir le rance.
Ma co-idéologiste du Journal en noir et blanc en parlait justement la semaine dernière.

samedi 17 mars 2012

Les mots justes (2ème partie)

Encore Nicole-Claude Mathieu qui a été la première à employer le terme de viriarcat qu'elle préférait à celui de patriarcat et qui signifie:

«  ... le pouvoir des hommes, qu’ils soient ou non pères, que les sociétés soient patrilinéaires ou non. »

Construit à partir de la racine vir-, le mot permet à mon sens deux lectures correspondant à deux phénomènes interdépendants: le pouvoir de toute personne de sexe masculin mais aussi, et plus largement, celui du masculin, porté par un homme ou non, dans la société.

Le terme viriarcat permet une représentation plus réaliste des mécanismes à l'oeuvre: là où le patriarcat a tendance à réduire l'oppression à des situations de pouvoir (père, chef, maître), le viriarcat reprend la réalité selon laquelle un fils, un élève, un patient, un cousin, un frère, un conjoint ou un collègue peuvent aussi exercer des violences oppressives en dépit du rapport de pouvoir ou d'égalité dans lequel elles s'inscrivent.

D'autre part, et c'est là la deuxième acception que l'on peut dégager, le mot viriarcat souligne la toute-puissance de la culture masculine qui fonde nos sociétés au point qu'elle en est devenue une culture universelle (quand celle que partagent les femmes est celle de l'altérité). Par viriarcat, on peut également entendre, par extension, tout système fonctionnant sur des valeurs masculines: compétition, conquête, appropriation et hiérarchisation.

Le patriarcat, selon cette nouvelle terminologie, ne serait qu'une des formes du viriarcat et s'il a été laissé pour mort dans les années 70 ce n'est que pour laisser aux observatrices, chercheuses et féministes l'opportunité d'entrevoir l'étendue du phénomène.*


* ce néologisme a d'ailleurs été utilisé par Nicole-Claude Mathieu en 1974.

jeudi 1 mars 2012

Réflexions sur l'anorexie autour du film Polisse

Avertissement: que celles et ceux qui n'ont pas encore vu Polisse* de Maïwenn, dont je vais dévoiler la fin, ne lisent pas ce qui suit.

Le film m'a littéralement scotchée. Je ne m'attendais pas à autant d'humanité et quand je dis humanité, c'est précisément parce que la brigade que le film suit est montrée aussi dans ses travers les moins glorieux. Des vrais gens, quoi.

Mais c'est sur la fin, dont le coup de théatre intervient dans la toute dernière minute, nous laissant pantois.e.s, que je souhaitais m'attarder. Iris, incarnée par Marina Foïs, l'une des policières que l'on suit, se jette subitement par l'une des fenêtres de la salle où se tient une réunion de rentrée. Sous l'oeil incrédule puis horrifié de l'assemblée qui n'a rien vu venir. 

Et nous passons du temps, spectateurs, spectatrices, à remonter le fil du film pour comprendre. Iris, l'info est distillée à plusieurs reprises, est anorexique. Elle éprouve de surcroît une rancoeur tenace envers les hommes ("tous des sa race"). C'est à peu près tout ce dont nous disposons.

Voici l'hypothèse qui n'engage que moi: Iris n'a pas choisi de travailler pour la Brigade de Protection des Mineurs par hasard. Elle a, comme tous ces enfants qu'elle accompagne dans les dépôts de plainte, subi des abus sexuels. Son métier c'est aussi sa quête personnelle. C'est l'occasion de rappeler, puisque peu le font, que l'anorexie fait partie des symptômes de stress post-traumatique directement liés aux violences sexuelles (50% des cas d'anorexie). Ce corps où siège désormais la souffrance et la honte, il faut le faire disparaître.

Les minutes qui précèdent ce que l'on pense sur le coup être une pulsion irraisonnée sont éclairantes quand on y revient. On y voit les images du petit garçon dont elle a pris antérieurement la déposition. Un petit gymnaste, abusé par son professeur désormais sous les verrous, qui parvient enfin à participer à la compétition qui lui fera gagner une médaille. Quand la tête d'Iris vient frapper le sol, le garçonnet brandit fièrement sa coupe. Il pourra peut-être passer à autre chose. Elle, n'en a jamais eu, n'en aura jamais, elle semble le comprendre à cet instant, la possibilité. Pas de reconstruction possible.

L'anorexie est l'un des troubles psychiques développés par les victimes d'abus sexuels. Cela ne veut pas dire que ces derniers sont la seule cause à ce désordre qui conduit parfois à la mort. Parfois ils se conjuguent comme c'est peut-être le cas pour Iris (dans le miroir qui renvoie un corps décharné, elle dit voir une "grosse").

Mona Chollet, dans Beauté Fatale, y consacre quelques paragraphes. Le lien entre l'exigence de minceur imposée par les hommes, Karl Lagerfeld et consorts en figures de proue du Mouvement d'Affamation** des Femmes, et l'anorexie n'est plus à démontrer. Il s'agit bien d'un diktat qui pourrit l'existence des femmes et les conduit parfois à la mort dans une indifférence quasi-générale. Elle relève la "transposition saisissante" de Naomi Wolf (The Beauty Myth) qui "imagine ce qui se passerait si l'anorexie touchait non pas les jeunes filles, mais les jeunes hommes, dont certains parmi les plus brillants et les plus prometteurs d'Amérique" et qui "parie qu'une affection frappant entre 5% et 10% d'entre eux, et ayant le taux de mortalité le plus élevé parmi les maladies psychiques, "ferait la couverture du Time, au lieu d'être reléguée dans les pages mode.""

Effectivement, il serait dommage pour la grande entreprise de contrôle des femmes que le fait soit connu, reconnu de tous et surtout de toutes. Car qu'il s'agisse de restreindre l'accès des femmes à la nourriture en période de famine ou d'abondance, c'est bien de contrôle par la frustration et l'affaiblissement qu'il est question.

La minceur féminine est bien un projet masculin, imposé aux femmes. L'argument malhonnête selon lequel ce sont les femmes qui l'ont inventée et n'ont qu'à s'en débrouiller ne passe pas le constat que la norme imposée l'est par ceux qui détiennent financièrement les médias et politiquement la culture: annonceuRs, producteuRs, actionnaiRes, couturieRs, etc. Et à votre avis, à qui sont destinés réellement les concours de beauté, la plupart des films, pornos en tête, les clips musicaux qui proposent des modèles de jeunes femmes qui n'ont su conserver leur plastique filiforme qu'au prix de leur santé ?

A qui et pourquoi ?


* mention BC (Bechdel Compatible) pour ce film !
** néologisme dont on ne peut plus faire l'économie

samedi 25 février 2012

Les mots justes (1ère partie)

Elle a raison Nicole-Claude Mathieu:


"Le mot "domination" porte l'attention sur des aspects relativement statiques de "position au-dessus" telle la montagne qui domine; d'"autorité" et "de plus grande importance". Tandis que le terme d'oppression implique et insiste sur l'idée de violence exercée, d'excès, d'étouffement [...]."
La domination induit une supériorité naturelle, passive et absolument fortuite. Visuellement, cela ressemblerait à une ombre gigantesque et immobile au-dessus d'un groupe opprimé inerte et impuissant.

Or, il n'en est rien. Les oppresseurs ne maintiennent leur supériorité, montée de toutes pièces, qu'à grands renforts de répression, qu'elle soit symbolique ou factuelle. Les oppresseurs agissent pour perpétuer le système qui les favorise. Et cette supériorité dont ils (se) sont parés n'est que le reflet d'une société bâtie à leur image. Une société qui prend la position sociale pour de la grandeur, la violence pour du courage, le mépris pour de l'intelligence, etc.

Les opprimées, quant à elles, ont déjà fait bouger les contours du cercle dans lequel elles ont été circonscrites et continueront tant qu'il le faudra. La domination est peut-être inéluctable, pas l'oppression.

vendredi 24 février 2012

Parole de survivante

Je relaye ci-dessous un texte de Rebecca Mott traduit par Martin Dufresne:



Prostitution - Méthodes de l’esprit proxénète


Un très petit groupe de militantes ayant quitté la prostitution ont pris contact les unes avec les autres, et certaines d’entre nous écrivons des articles, publions des blogs et menons un travail de sensibilisation par l’écrit et par la prise de parole publique lors de conférences.



Nous avons longtemps fait cela dans l’isolement, voyant nos écrits en butte à une foule d’attaques et de tentatives de nous faire taire.


Ces attaques sont typiques d’une attitude d’esprit propre au proxénète (le « pimp »), et d’autres attitudes que nous avons appris à reconnaître chez les prostitueurs (les « clients »). Que la personne qui nous attaque ainsi soit ou non réellement un proxénète ou un prostitueur n’a aucune importance. Ce qui compte, c’est son attitude d’intimidation, son refus de prendre au sérieux la violence dont nous témoignons, sa décision que nous devons être des malades mentales, son choix de disséquer nos écrits pour y chercher des preuves que nous sommes des menteuses.


La plupart des attaquants se cachent derrière le prétexte d’un souci de notre bien-être mental, mais dès qu’ils en ont la chance, ils nous gratifient de vicieuses attaques personnelles.


On nous mène cette guerre parce que nos paroles et nos écrits sont maintenant devenus trop puissants, ils se répandent dans trop de domaines influents.


Nos paroles et nos écrits disent les mêmes vérités en des voix multiples, dans des styles multiples, à partir de cultures et d’origines multiples.


Ces vérités sont maintenant entendues et crues, ce sont les pierres angulaires d’une reconnaissance du fait qu’une vaste majorité de la classe prostituée revendique aujourd’hui l’abolition du commerce du sexe.


Nos vérités sont l’amorce d’une puissante révolution – il n’y a donc rien de surprenant ou de choquant à constater ces attaques cruelles venant des gens pour qui est lucratif le maintien du commerce du sexe.


Mais il est important pour celles et ceux qui soutiennent notre lutte et nos écrits de reconnaître certaines des tactiques de nos ennemis.


Il y a la voix classique du prostitueur en colère : il est furieux contre nous, nous accusant de haïr tous les hommes ; à l’en croire, nous considérons tous les hommes comme mauvais et cruels envers toutes les femmes à tout moment.


Ces « hommes » n’utilisent peu ou pas la pensée rationnelle ; à quoi bon cet effort quand, dans leur esprit, ils ne parlent qu’à des marchandises sexuelles rétives. Ils en viennent d’ailleurs très vite à nous qualifier de « putains », de « putes » ou de « salopes ».


Beaucoup de ces hommes qui manifestent l’attitude de prostitueur vont utiliser nos paroles et tenter d’en faire un scénario porno, toujours en laissant entendre – ou en disant explicitement – que nous avons dû bien aimer ce qu’on nous faisait.


L’attitude du prostitueur a pour nous des effets déclencheurs, elle nous blesse profondément – mais elle suscite également chez nous une énorme colère, une puissance qui donne encore plus de pertinence à nos écrits.


Nous reconnaissons le prostitueur à ses mensonges, à sa volonté de manipuler, de se faire passer pour la victime, à sa vision des femmes comme une série d’orifices à baiser, jamais des êtres humains à part entière.


Nous prenons notre douleur – celle que les prostitueurs nous ont forcées à intérioriser – et nous la réinventons pour en faire une puissance et montrer la réalité du client et de la violence qui est infligée à l’ensemble de la classe prostituée.


La plupart des attaques qui se poursuivent contre nous reflètent ce que j’appelle l’esprit proxénète.


Cet état d’esprit est souvent exprimé par des femmes, ou du moins par des personnes qui prétendent être des femmes – il est évident que sur Internet, je n’ai aucune idée de leur véritable identité et, pour être honnête, je m’en fous complètement.


Une méthode commune pour tenter de nous discréditer consiste à feindre l’inquiétude pour notre bien-être mental.


Ce souci ne tient pas au fait que le commerce du sexe est, en tant qu’institution, bâti sur la destruction de la condition mentale de la classe prostituée. Ce n’est pas non plus parce que nos attaquants reconnaissent que vivre à l’intérieur d’une situation de torture permanente peut affecter l’équilibre des personnes prostituées.


Non, ils choisissent d’aiguiller la conversation sur le plan personnel, en suggérant que nous devons avoir de graves problèmes de santé mentale ou être trop délicate/fragile pour faire face à la prostitution, ou pour être désormais dans le monde extérieur.


Cette prétention est risible : je ne connais pas une seule femme ayant quitté la prostitution qui n’ait pas une énorme volonté et force intérieure, et c’est également le cas de la grande majorité des femmes et des jeunes filles en prostitution.


Ce n’est pas une faiblesse ou même l’état mental de chaque femme qui provoquent la violence qui est la norme dans tous les aspects de la prostitution : ce sont les prostitueurs qui font le choix du sadisme envers celle qu’ils prostituent ; ce sont les profiteurs du commerce du sexe qui imposent à la classe prostituée des conditions tellement sous-humaines que toute violence à son égard devient acceptable ; et ce sont tous ceux qui ferment les yeux sur la destruction de la classe prostituée.


Chercher une cause du côté de l’état mental de la personne prostituée constitue un faux-semblant, un détournement d’attention pour laisser entendre que sa condition est de sa faute et pour rendre invisible la violence masculine.


Mais du côté des attaquants, la tactique est encore plus vicieuse.


La raison pour laquelle ils mettent l’accent sur l’état mental de l’ex-prostituée est leur volonté de prouver qu’elle est confuse, qu’elle ne peut pas vraiment connaître la vérité.


C’est leur recherche de preuves selon lesquelles elle doit être une menteuse.


Si les adeptes du commerce du sexe étaient si convaincu-es que la prostitution est non violente et conviviale pour les femmes, est-ce que leurs tactiques seraient aussi personnelles et cruelles ?


Lorsqu’elles écrivent ou s’expriment en public, la plupart des femmes ayant quitté la prostitution citent des éléments de leur histoire personnelle, mais elles le font habituellement parce que ces éléments sont rattachés à la violence commune de la prostitution, parce que leur histoire est profondément liée à celle vécue par l’ensemble de la classe prostituée.


Nous parlons du vécu collectif des personnes prostituées, de la violence sadique qui est commune dans tous les aspects de la prostitution, de ce qui a tenté de faire de nous moins que des êtres humains ; nous parlons d’avoir compris que l’on nous a torturées.


Pourtant, nous voyons nos attaquant-es rejeter toutes nos paroles, s’en débarrasser – en les qualifiant d’histoire pathétique d’une femme malade.


Cette prétention est au-delà du ridicule - il est pathétique de recourir à ce genre de personnalisation alors que tous nos écrits sont profondément politiques.


Mais justement, l’esprit proxénète vise à continuer à traiter en sous-hommes les femmes ayant quitté la prostitution, pour mieux les discréditer.


Comme tout proxénète, ces personnes prétendent que les femmes sorties de la prostitution et maintenant abolitionnistes détestent les personnes prostituées et veulent les voir crever de faim dans la rue.


On oublie commodément que nous étions pour la plupart dans la prostitution pratiquée à l’intérieur et sur de longues durées, et que nous avons habituellement beaucoup d’amies qui sont dans la prostitution ou qui en sont sorties.


On préfère prétendre que les femmes sorties de la prostitution jugent et haïssent les prostituées elles-mêmes – et non les prostitueurs, les profiteurs, et tous ceux qui ferment les yeux sur les meurtres, les viols et les tortures infligées à la classe prostituée.


Bref, si nous osons prendre la parole, c’est nous-mêmes que l’on blâme pour tous les maux du commerce du sexe.

Wow, c’est la définition même de la double pensée !
 J’aurai peut-être d’autres exemples à citer de ce genre d’attaques et peut-être avez-vous votre propre opinion de ces personnes et de la haine dont elles font preuve.
 Car c’est bel et bien de la haine – vouloir ainsi maintenir le statu quo d’un commerce du sexe qui détruit lentement la classe prostituée.






Il me faut en rire pour ne pas en pleurer.


Rebecca Mott, écrivaine.

mardi 31 janvier 2012

Le seul animal capable de maltraiter froidement les femelles de sa propre espèce

Il date de 2007 et il ne me semble pas avoir déjà entendu parler de cet ouvrage (détrompez-moi le cas échéant). Même si le terme de féminicide n'est pas employé car assez nouveau, c'est bien de cette extermination sournoise dont il est question dans "Une guerre contre les femmes ?" de Jessica Mariani aux éditions Les points sur les i.

Rapportées à l'échelle mondiale, les violences et les crimes contre les femmes constituent un véritable phénomène que l'habituel traitement local minimise ou anecdotise.

Voici le commentaire de la maison éditrice qui accompagne la présentation de cet esssai qui a le mérite apparemment d'offrir une vision panoramique du phénomène:


On parle de guerres qui tuent des millions de gens, de catastrophes naturelles qui anéantissent des familles, mais parle t-on de la guerre contre les femmes ? Parle t-on des femmes violées à travers le monde 1 500 000 viols chaque année en Afrique du sud, 1 viol toutes les 6 minutes aux USA plus de 10 500 viols en France, des millions de femmes mutilées, tuées, prostituées, mariées de force, torturées, excisées, victimes de violences conjugales etc.



En prenant connaissance des chiffres concernant toutes ces violences, physiques, sexuelles, psychiques entraînant la mort, on ne peut plus parler de violence, mais d'extermination. Il existe bien une discrimination volontaire dont les femmes et les enfants sont les victimes ; il s'agit donc d'une véritable « guerre ».


Ce livre fait le procès de l'homme-assassin sans aucune demi-mesure quant à sa responsabilité et nous n'ignorons pas qu'il s'agit de la partie visible de l'iceberg.


Cet ouvrage doit permettre aux femmes de sortir de leur silence. Le silence étant la mort. Ce livre se doit d'être salutaire ! Assurément il l'est !




Un récent article de Sciences et Avenir pourrait en constituer un écho. Françoise Héritier y expose, dans le cadre du hors-série Qui est l'Homme ?*, sa célèbre thèse selon laquelle "L'Homme [est] la seule espèce dont les mâles tuent les femelles".




Des mâles TUENT des femelles et simplement le soulever serait une forme de misandrie selon certains (lu ici ou ailleurs) ... Probablement un égo bouffi et déplacé en l'occurence leur fait user de la malhonnêteté intellectuelle la plus indécente. Il est temps de considérer ces sombres personnages comme les COMPLICES de ce système meurtrier que manifestement ils sont ... à défaut d'en être pour certains les ACTANTS.


* toujours "l'Homme" et la confusion qu'engendre cette terminologie. Pour un magazine censé représenter la rigueur scientifique même vulgarisée, ce terme équivoque est un choix bien malvenu qui oriente forcément les contenus vers un androcentrisme dont on ne veut PLUS.

lundi 17 octobre 2011

LE violeur

 


Une gueule pas possible, une diction d'handicapé mental, un comportement d'obsédé compulsif ... voilà comment est habituellement représenté LE violeur.

Comme s'il n'y en avait qu'un profil possible. Comme si le voisin qui a l'air si "normal" ne pouvait pas en être un, de violeur. Comme si SEULS les déséquilibrés pouvaient se rendre coupables de viol. Comme si TOUS les déséquilibrés pouvaient se rendre coupables de viol. Comme si LE violeur était reconnaissable et détectable. Comme si les victimes, écervelées par définition, tombaient dans des pièges gros comme des maisons. Comme si cette caricature, dans laquelle aucun ne se reconnait, permettait à tous ceux qui ont "un peu forcé une fille un jour" de se rassurer.

vendredi 5 août 2011

Billet fourre-tout

Ne cherchez pas de lien entre tout ce qui suit, il n'y en a pas !

1- "Même s'il est disculpé, DSK restera discrédité parce que libertin". Christophe Honoré.

2- Pour enfin honorer le tag auquel j'ai été conviée par Euterpe, je réponds à la question posée: "Si j'avais été une femme de la Renaissance":

Et bien, j'aurais été William Shakespeare ! La thèse de sa femellité n'a pas encore été validée mais plusieurs noms sont évoqués: Amelia Bassano Lanier, Marie Pembroke ... Et des chercheur.e.s étudient sérieusement la question.

Incarner l'idée que le génie féminin a existé me réjouit même dans l'hypothétique. L'entrave à l'expression, la privation d'éducation, l'infériorisation intellectuelle destinées à plomber ce fameux génie féminin que l'on prétend partout inexistant (mais que l'on a pris soin d'empêcher de germer, au cas où ...) sont comme une chape de béton que certaines ont su ajourer. Et ce n'est pas la femme qui se cache derrière Shakespeare, car seule une femme a pu affirmer cela, qui me contredira:

Fermez les portes sur l'esprit de la femme et il s'échappera par la fenêtre ; fermez la fenêtre et il s'échappera par le trou de la serrure ; bouchez la serrure et il s'envolera avec la fumée par la cheminée.


3- Je mets ce blog en pause pendant quelque temps (une semaine ou deux, je ne sais pas exactement), les commentaires seront fermés.

lundi 11 juillet 2011

Le viol: une violence sociale organisée

Au même titre que le meurtre sexiste, le viol est un phénomène culturel, social et politique.



Culturel parce qu'il est issu d'une construction inégalitaire (à dessein) des identités et ainsi des rapports femmes-hommes.
Social parce qu'il met en scène les deux groupes sociaux ainsi formés.
Politique enfin parce qu'il est un moyen de perpétuer l'ordre inique préalablement établi.


Rien ne justifie que le viol soit subi en très grande majorité par des femmes. Les hommes aussi sont violables: la sodomie mais aussi l'érection mécanique et indépendante de toute excitation sont possibles. Des hommes sont violés par d'autres hommes, dans les prisons notamment d'où le phénomène est souvent rapporté, mais aussi par des femmes ...


Du côté de la force physique, qui expliquerait la capacité de contrainte, on peut émettre aussi des réserves d'autant plus grandes que la victime est en position de force face à un agresseur au sexe vulnérabilisé puisqu'exhibé. Reste la menace armée ou l'agression collective qui ne sont plus de l'ordre de la force physique.


Je passe mon tour sur la question des célèbres besoins sexuels irrépressibles des hommes; d'autres se chargeront peut-être de déconstruire le mythe pour les quelques crédules qui y croiraient encore.

Le ratio sexué du viol présente un déséquilibre qui conforte la thèse de la construction culturelle puisque matériellement rien ne s'opposerait à ce que les femmes violent dans les mêmes proportions que les hommes. En effet, aucun domaine n'échappe à une assez stricte distribution des rôles en fonction du sexe: travail, famille, loisirs, privé, public ... pourquoi le viol se soustraierait à cette exigence de casting ?


Un violeur, unE violée.
Un prédateur, unE proie.
Un agresseur, unE victime.


Le viol s'inscrit dans une logique de domination. Et au-delà de la domination d'une personne sur une autre c'est surtout celle d'un groupe sur un autre qui se lit. Un violeur n'est que l'agent d'un groupe social qui rappelle à l'ordre une représentante de l'autre groupe social. Faire du viol une histoire exclusivement individuelle évacue la dimension collective qui est à l'oeuvre. On ne viole pas par désir de sexe, on viole pour rappeler qui est le maître du corps ainsi dépossédé, qui règne sur l'espace public, qui décide où se trouve la place des femmes, qui choisit à partir de quelle heure celles-ci doivent rester chez elles. On les tue pour les mêmes raisons. On viole, on tue et on envoie le message. Aux autres, celles qu'on n'a pas violées mais c'est presque tout comme: plus jamais tu ne vivras sans y penser de temps en temps, on a rogné ton sentiment de sécurité (l'heure de la peur). Il y a des règles tacites, un ordre établi et des gardiens pour y veiller, faire le sale boulot.


Le viol a une fonction politique: domestiquer.


Et comme dans toute stratégie politique bien menée, on peaufine les détails afin que toute contestation massive soit phagocytée, que toute prise de conscience salutaire ne voie le jour. On prend alors soin d'isoler les protagonistes: la victime, que l'on persuadera que ce drame est lié à un contexte et des circonstances personnel.le.s, mais aussi l'agresseur dont le stéréotype grossi, déformé, de monstrueux déséquilibré rassurera ceux qui ont un peu forcé une fille un jour.

mardi 5 juillet 2011

A lire avant de violer une femme

Vous aimeriez violer une femme mais la crainte de représailles judiciaires vous refroidit et l'on vous comprend. Mais sachez que seulement 1% des viols sont suivis d'une condamnation en France, que c'est sur votre victime que la société portera un regard accusateur et surtout que, si elle se trouve dans l'un des cas suivants, vous sortirez blanchi de cette gênante affaire: 


1- elle a déjà pris de la drogue ou de l'alcool

2- elle est pauvre

3- elle a dit oui, puis non (même dix fois, ça compte pas)

4- elle est moche

5- elle aime sortir le soir

6- elle est étrangère


7- elle a déjà menti dans sa vie

8- elle est jolie

9- elle n'a pas signalé l'agression IMMEDIATEMENT

10- elle est ou a été prostituée

11- elle a trop de relations sexuelles (assimilé point n° 10)

12- elle n'a pas de partenaire et semble en souffrir

13- elle a du mal à se souvenir des circonstances exactes du viol

14- elle est handicapée mentale

15- elle n'était plus vierge

16- elle a repris ses activités "normalement" après l'agression

17- elle est dépressive

18- elle a un casier judiciaire

19- elle sort souvent seule

20- elle est actrice de films pornos, gogo danseuse ou masseuse

21- elle ne s'est pas débattue pendant l'agression

22- elle aime faire le premier pas

23- elle n'est pas prête à subir les vannes des policiers/avocats/juges

24- elle a tendance à chercher les ennuis en faisant son jogging seule

25- elle aime le sexe (en principe)

26- vous êtes son conjoint, ami, collègue ou voisin

27- elle n'a pas l'air d'avoir été violée

28- il lui arrive parfois de fumer des joints

29- elle ne s'habille jamais avec un sac à patates en toile de jute

30- ses voisins la trouvent bizarre

31*- vous êtes le policier qui reçoit sa plainte

32*- elle est lesbienne

33*- vous êtes son père, grand-père, oncle ou frère

34*- il s'agit d'une fillette

35*- il s'agit d'une femme âgée

36*- vous êtes un homme respectable (et respecté)

37*- vous avez une famille

38*- votre région, votre pays est le théatre de conflits armés

39- elle est issue d'une ethnie minoritaire, discriminée, massacrée

40*- vous êtes sexsomniaque

41- elle balance ses fesses lorsqu'elle marche

42- elle pose sa main sur son plexus solaire lorsqu'elle s'exprime

43*- toi, tes complices êtes mineurs.

44*- elle est féministe

45*- vous êtes sûr qu'elle sera la seule plaignante parmi vos victimes


* suggestions de lectrices


Edit: j'ai oublié de vous orienter vers l'excellent billet de la Docteure Muriel Salmona, dont je me suis partiellement inspirée de plus, et dans lequel vous trouverez l'illustration concrète de cette liste. Voilà, c'est réparé.


lundi 25 avril 2011

Ce que vous ne lirez JAMAIS dans la presse


   Gilad Hirsch

Pas plus que vous ne l'entendrez à la radio ou ne le verrez à la télé.

Les médias, complices du lobby proxénète et des représentants d'un patriarcat bien vivace, ont ouvert leurs tribunes à ceux qui entendent parler à la place des premières concernées, les prostituées. Cette parole censurée et légitime, je propose de lui laisser l'espace de mes modestes blogs, afin d'utiliser le restant de liberté d'expression que le monopole mainstream nous a confisqué.

Taire la parole des prostituées participe de l'oppression caractéristique des femmes en général. Le phénomène n'est pas nouveau: pour parler des femmes, rien de tel qu'un homme dans un média d'hommes. On n'en sort pas.

Un témoignage de survivante est publié sur Abolitionniste ! et, si le sort des prostituées vous intéresse vraiment, n'hésitez pas à lire tous ceux que j'ai mis en lien. Un minimum, je crois, quand on souhaite s'exprimer à son tour sur le sujet.

samedi 16 avril 2011

Le gros porc ahanant sur elle, c'est Caubère *?

Christine Stark,


1999. Pastel.


Client tel que le voit une prostituée quand il est sur elle
Je copie ce témoignage ici pour plus de visibilité. Il est long mais il vaut le coup. Je l'ai laissé tel que la personne qui l'avait posté l'a formulé.



       Site de France 2- Forum Sujet :



INFRAROUGE: LES TRAVAILLEUSES DU SEXE


Le 21/03/2009 – Inès 415-


Je suis une prostituée officiant en appartement par le biais d’Internet et  d’annonces dans la presse. J’exerce mon activité depuis bientôt 14 ans.  Je me prostitue en parfaite connaissance de cause, d'une manière lucide, glacial, implacable, pragmatique et au bout du compte sans trop d'états d'âme et sans être si malheureuse que ça. Pour ma par je n’arriverai jamais a trouver aucune crédibilité a un témoignage de prostituée qui accepte de paraître a visage reconnaissable par sa clentele alors que celle ci se trouve obligé de gagner son pain par le biais de ceux-ci. Nous ne sommes pas bêtes au point d’exprimer sincèrement nos état-d’ame, nos rancœur via a vis de tous ses hommes qui nous payent alors que ceux ci vont nous reconnaître et de dépit en entendant la vérité sur eux ne nous ferrons plus bénéficier de leur manne financière. Aucune d’entre nous n’allons prendre le risque de  saborder notre outil de travail  pour un reportage télé. Par contre la compaisance,l’éloge du client et  l’apologie de la prostitution nous permettra de pouvoir faire notre publicité ainsi ainsi que notre auto promotion.  Il sera bien plus dans l’intérêt de la prostituée filmé, de caresser sa futur clientèle dans le sens du poile que de lui balancer ses 4 vérités. C'est sûr que si on commence à dire aux clients <<écoute mon petit coco, je fais la p*** parce que je préfère m'***** avec toi pendant une heure que de me taper une semaine de femme de ménage, je fais la p*** parce que physiquement je n'ai pas été béni des dieux, intellectuellement je n'ai pas inventé l'eau chaude, que  je suis un peu la caricature de la pauvre fille qui sorte de droit de son caniveau. Quand on a un physique moyen, une intelligence moyenne, aucun talent, aucun savoir-faire, aucun diplôme, aucune relation et que l'on veut sortir de sa misère sans sombrer dans la délinquance la plus vile, la prostitution c'est quand même la chose la plus abordable si on a un physique au minimum solvable>>. Si tout à coup je m'amuse à balancer cette vérité aux clients c 'est tout de suite beaucoup moins vendeur, moins glamour et racoleur. Notre travail consiste avant tout a faire rêver le client . Ayant rencontré de nombreuses prostituées, j'ai pu constater à maintes et maintes reprises que beaucoup d'entre elles étaient atteintes par le syndrome de Stockholm. Elles ont une certaine forme de reconnaissance, elles estiment avoir un devoir de gratitude envers leur clientèle qui leur permet d'échapper a un travail harassant et mal payé. Il y’ a également le lavage de cerveau qui est quelque chose de primordial si l’on désire durer dans le métier.
   
À mes débuts, je me suis souvent menti à moi-même, je ne suis raconté des histoires, je me suis fait croire que faire la putes ça n'était pas si terrible, ni si horrible que ça. Avoir recours à ce processus psychologique était pour moi une chose vitale voire même une question de survie. La prostitution de façon professionnelle comme unique source de revenus est une chose très pénible aussi bien nerveusement, psychologiquement que physiquement. Instinctivement j'ai tout de suite compris qu'il fallait à tout prix que je me préserve. Et pour me préserver la lucidité face a ma prostitution serait quelque chose de tout à fait inenvisageable. Si je commence à me dire que mon unique fonction, que mon unique objectif professionnel consistait à être un dévidoir a foutre. Que mon outil de travail serait des sexes d'hommes mal nettoyés. Que j'allais passer mes après-midi me frotter et à me nettoyer le cul comme une malade mentale avec un savon gynécologique antiseptique. Eh bien non cette vérité ne pouvait en aucun cas me permettre de la regarder en face. Si un jour chez l'inconscience de regarder cette réalité et cette tristesse  de ma vie, je sombre dans l'alcoolisme ou la dépression. Alors pour me mettre du baume au cœur et du cœur à l'ouvrage je me dis que faire la p*** ce n'est pas si mal que ça, que je gagne bien ma vie, que je rencontre des clients intéressants(MMMMOOOOUUUIIIII,BOF,BOF,) que je fais les horaires que je veux, je part en vacances quand je veux, enfin bref je me balance tous les lieux communs et les imbécillité qu'on entend habituellement quand on parle de prostitution. C'est un peu la méthode  couet :  
   
tout va bien…. tout va bien…. tout va bien….. Le problème avec ce même tout va bien, c'est que quand on commence à gratter la fine couche de vernis, eh bien ce tout va bien et plutôt bancale, vacillant et claudicant. Il est une chose que j'ai également remarquée c’est que c'est généralement les prostituées les plus bêtes, celles qui sont les plus superficielle avec un quotient intellectuel d'une huître et qui ne pensent qu'à s'acheter des sacs à main ainsi que la dernière robe à la mode qui vive le mieux leur prostitution. Leur manque de recul sur elle-même, leur non  regard sur leur activité, leur nom lucidité sur le genre d'adultes qu’elles sont devenus, va faire quels seront les mieux à même de traverser ce passage de leur vie sans éprouver trop d'états d'âme ni de fêlure. Leur légèreté atténuera leurs blessures. Et c'est d'ailleurs dans l'intérêt du client d'avoir face lui une p*** stupide ; car comme ça elle ne risque pas de lever sont regard sur ce client qui crève de solitude, qui a peur de la solitude, qui estime que la solitude est une forme de maladie honteuse, ce client qui n'arrive pas à se suffire à lui-même et qui a besoin de se sentir exister a travers le, regard de la p*** qui a son regard rivé sur les aiguilles de sa montre.  
   
Le plus grand danger pour une p*** c'est la lucidité. Réfléchir pour une p*** peut-être une calamité. C'est donc pour cela que je me pose plus de questions, je ne remets plus en question. J'ai bien trop peur du reflet du miroir. Maintenant j’ai  trouvé une méthode imparable : je prends ma tête, j'enfonce ma tête dans un trou de sable comme pour les autruches et je me répète inlassablement, quotidiennement tout va bien, tout va bien, tout va bien.  
   
Effectivement depuis que j'ai la tête dans le guidon tout va beaucoup mieux dans le monde enchanté et follement merveilleuse de la prostitution où tous les clients sentent la savonnette, le jasmin et le muguet où tous les clients sont respectueux, sans aucune maladresse ni brusquerie me caresse avec douceur ; dans ce monde fabuleux où les clients sont des érudits avec des conversations hautement philosophiques et ne nous font  pas éponger leurs inénarrables déboires conjugaux ainsi que la médiocrité et la petitesse de leur existence. Je suis terriblement épanoui dans ce monde prostitutionel  où les femmes ne se prostituent pas pour de l'argent, mais par plaisir de se faire ***** par l'inconnu qui va m'imposer ses odeurs corporelles ainsi que ses sécrétions.  
   
Il y a une bonne résolution que j'ai prise il y a quelques années, auparavant je m'efforçais coûte que coûte d'effacer, d'oublier la passe avec le client. Un jour je me suis dit qu'il ne fallait justement pas que j'essaye d'occulter mes actes. Je devais accepter. Accepter ce dernier gros porc ahanant sur moi. Je devais accepter ses coups de queue à répétition accumulées de la terre à la lune de la lune à la terre. Je devais accepter ce dernier cunnilingus mal fait. Occulté ne ferait qu'aggraver les choses et laisserait  en moi des souvenirs et images impérissables. Accepter accepter encore et toujours accepter, surtout ne pas me sentir utiliser essayer tant bien que mal de poser un regard détaché sur ce client qui m'utilise comme un jouet pour adultes.  
   
Je devais accepter le regard méprisant que la société pose sur moi. Je devais apprendre a ne plus occulter, je devais apprendre a faire avec J'ai passé toute ma vie d'adulte  a dépassé mes limites pour copuler avec des hommes qui me répugnaient au plus haut point. J'ai fait toutes ces choses pour l'argent. Toutes ces choses je ne les aurais jamais faites par amour ou par amitié. Et oui, derrière ces visages bien maquillés, derrière ces corps bien emballés bien apprêtés, derrière ces sourires enjôleurs et commerciaux que d'angoisses cachées, que de questions sans réponse, que de doute, que de gouffre, que de peur face à l'avenir, que de terreur face à sa vie et à la vie.  
   
Alors pourquoi je continue? J'entends déjà la conjuration des imbéciles heureux, alors pourquoi je continue ? vous ne savez donc pas ? pour l'argent, pour encore et toujours plus d'argent !!!! Essayez de me trouver un métier où l'on gagne de l'argent aussi rapidement sans avoir fait d'études sans aucun investissement financier inabordable. Vous ne trouvez pas ? est bien moi non plus je n’ai pas trouvé. Alors oui, pour moi, part rapport à mon histoire, à mon passé ça vaux le coup, la prostitution et la seule chose qui me permet de sortir de ma misère. L'argent que m’ apporte mon activité me permet d'avoir un train de vie que je n'aurais jamais pu espérer avec un travail normal sans qualification. Grâce à la prostitution, du jour au lendemain j'ai eu la chance de manger ce que je voulais, de m'habiller comme je voulais, d'habiter où je voulais.  
   

L'argent de ma putasserie m'a permis d'acquérir une certaine forme d'indépendance, de confort, de liberté. L'argent . Améliore ma vie puissance 10. Pour avoir le droit a tout cela, j'estime que je peux bien faire un effort en supportant le client, d'autant plus que c'est un effort qui est compacté dans le temps puisque question endurance ils sont quand même tous plus ou moins des éjaculateurs précoce. J'ai connu la clochardisation, j'ai connu la misère.  Depuis cette période de ma vie, la pauvreté est une chose qui me terrifie profondément. Mes fins de mois nettement supérieures au smic se  
justifient par ma capacité à me transformer en guerrière pour aller saisir la poignée à fin d'ouvrir à l'inconnu derrière la porte. Cet effort que je fais sur moi, je ne le fais pas par courage je le fais uniquement parce que je suis motivée par l'appât du gain. D'autant plus que cette inconnu derrière la porte qui en est réduite à payer pour avoir du sexe et s' acheter la compagnie d'un être humain même si c'est Monsieur tout le monde : Monsieur tout le monde n'est pas forcément le haut du panier !!!  
 
Je demande 200 € de l’heure pour ma capacité a copuler avec n'importe qui sans être trop regardante sur la qualité de l'hygiène, du physique, de l’éducation du client. Même si le client ressemble à une poubelle ambulante, même s'il a une haleine fétide qui me donne l'impression qu'il a ingurgité des boules puantes pendant son repas du midi, même s’il sent des pieds le fromage pourri. Je dois supporter ses odeurs de transpiration ses sécrétions, son liquide séminal écœurant qu'il a bavé, dégouliné sur son ventre pire que les chutes du Niagara. Je vais devoir supporter son sexe mal lavé d'où il va émaner une subtile odeur de pisse et de chiotte. Car bien entendu, ces petits messieurs les clients sont comme des petits garçonnets et ne savent même pas se décalotter pour se laver la ***** correctement. On dirait des petits garçon qui s'imaginent que je mets le Tahiti douche uniquement pour faire décoration dans ma salle de bains. Je ne vous parle même pas des traces de matières fécales que je retrouve sur mes serviette-éponge que je leur donne afin qu'ils puissent prendre leur douche.  
 
 Ils ont 30 ans 40 ans 50 ans ; ils sont avocat, chirurgien, capitaine d'entreprise ; ils viennent me voir avec des chaussures et des montres d'un luxe pas possible, et malgré tout ça, ils ne savent toujours pas appliquer le geste d'hygiène de base que leur mère leur inculquait quand ils avaient 4 ans. Même si j'ai pleinement conscience que lorsqu'on prend la décision de se prostituer ou prend en même temps la décision de mettre ses mains dans la m***** de ses congénères, supporter toutes leurs m***** pour 200 € ne me semble pas être si disproportionné est exagéré que cela.  
 
Mes 200 € sont justifiés à souffrir en silence quand le client me mord ou pince ma poitrine de façon douloureuse. Quand il m'enfonce comme un sauvage ces trois doigts dans mon vagin en faisant des allers et venues comme un sauvage en me détruisant ma paroi vaginale avec ses ongles longs et crasseux. À me taire quand je subi un cunnilingus mal fait : quand le client se prend pour un aspirateur à ventouses, gobe mon clitoris comme si c'était un oeuf, me bave dessus comme un escargot, me gratifie de quelques coups de dentition, me rappant l’entre cuisse avec sa barbe naissante. Pendant ce temps-là pour faire croire aux clients que j'éprouve un plaisir immense alors que c'est bien plus pénible qu'autre chose, je me dandine, je me trémousse du bassin, je pousse quelques gémissements, je tords les draps entre mes doigts, je crispe les jambes pour me débarrasser au plus vite de la bave et de la langue dégueulasse du client remplit de je ne sais trop quelle microbes et bactéries.  
 
Étant donné que les hommes sont des petits monstres de vanité imbue d'eux-mêmes. Étant donné qu'ils sont bêtes et crédules ; ils sont encore capables de croire qu'ils réussissent à me procurer un réel orgasme en me faisant grimper au rideau en me tringlant alors que la seule chose qu'ils réussissent à faire c'est à détruire la tringle à rideau. J'ai une copine qui pousse la simulation à la perfection : quand le client arrive elle va faire un petit tour dans sa salle de bains afin de s’introduire une ovule qui va imiter les sécrétions vaginales. Aux premières minutes du rapport dés que le client va commencer à tripoter son vagin il va le sentir tout sec, après quelques minutes ils le voient s'humidifier par l'ovule qui fond petit à petit par la chaleur du corps. Ma copine est toujours morte de rire quand des clients qui ressemblent à des gravats, sont des amants pitoyables et en prime sont bête à manger du foin lui disent d'un air bien convaincu qu'elle est différente des autres putes qu'ils ont rencontrés car elle au moins ça se voit tout de suite qu'elle fait ça pour son plaisir !!!! A se demander pourquoi puisque elle est censée faire ça pour son plaisir ; pourquoi elle accepte de coucher avec le premier venu en échange d'argent au lieux de choisir un super beau mec qui lui plairait par son humour, son charme et sa culture et avec qui elle irait gratuitement. Mes fins de mois se justifient car je suis prête pour de l'argent à supporter la présence d' individu qui m’insupporterait s'il n'y avait pas d'argent à la clé.  
 
Au client je lui joue le rôle de la fausse petite amie, la comédie l'amour, la plante verte hypocrite servile et souriante. Pour du fric je suis toute disposée a lui jouer le rôle de la plante verte arrosable de sperme à la fin de la soirée. Je fais semblant de l'écouter, semblant de m’intéresser à sa conversation hautement affligeante et égotiste super centrée sur sa petite personne : avec le client s'est toujours son petit travail, sa petite vie, ses petites *****, ses petits déboires conjugaux ; enfin brefs, c'est toujours les mêmes discussions insipides et soporifiques atteignant très vite la très très très basse médiocrité qui ne mènent jamais à rien. Parfois, je fais même semblant de rire à leurs grosses blagues bien débiles qui ne sont pas drôles du tout et n'ont d'ailleurs jamais fait rire personne, hormis le client lui-même.  
 
Non seulement le client paye pour que je lui suce sa queue mais en plus il me paye pour que je lui lèche les bottes. Alors moyennant finances je lui lèche les bottes. Et oui mes 200 euros  de l’heure sont justifiés pour tout ça.
   
Pour moi la mort est préférable à la pauvreté. Je préfère infiniment plus l'enfer et aliénation de la prostitution au chômage, au revenu minimum d'insertion, au prolétariat. La prostitution peut être un véritable enfer avec certains clients. Et l'aliénation vient du fait que tout cet argent si rapidement gagné et rend un retour à un quelconque métier normal payé au SMIC horaire, quasiment impossible psychologiquement, tellement l'accoutumance à tout ce fric est devenue une drogue pour moi.
         
Le reportage m’a paru être surfai et sur joué par certaine prostituées , notamment une certaine Sonia travaillant dans une vitrine en Belgique. On dirait que celle ci a apprise par cœur son texte. D’autre de ses collègue ainsi  quelle même on fait acte d’une grande immodestie  en se considérant comme des êtres unique et exeptionelle qui apporte amitié tendresse écoute affection a leur clients. Il ne faudrait tout de même pas exagérer. Il serait peut-être temps, pour certaines, qu'elles arrêtent une fois pour toute de faire leurs prétentieuses en pétant plus haut que leur cul ne leur permet.  
Quand on prend son vagin pour un tiroir-caisse, son corps pour un bien marchand et monnayable. Quand on met son amour-propre, sa pudeur aux oubliettes pour ne pas dire dans sa culotte. Il n'y a pas de p*** au grand coeur qui tienne ou je ne sais trop quelles fadaises et inepties du même genre. Nous sommes toutes sans aucune exception que de pitoyables traînées de bas étage.   Quand à la p*** qui éprouverait une quelconque amitié pour son client en lui demandant effrontément des 200, des 300, des 400 euros de l’heure me paraît être un concept des plus comique. Il faudrait ne pas trop fantasmer sur la soi-disant p*** grand cœur. La p*** au grand cœur n'est valable que pour les films en noir et blanc des années 50 avec Jean Gabin. Prenez trois putes, mettez les autour d'une table, faites-les parler de leur clientèle sans journalistes, sans caméra, sans client.  
 
Quand vous allez assister au déferlement de mépris et de moquerie qui va découler de leur conversation je vous garantis sur facture que le fameux mythe de la p*** au grand cœur, va en prendre un sacré coup. Pour celle qui s'épanouisse dans la prostitution, puisqu'elle les aiment tant que cela leur client ; puisque la prostitution est une chose tellement agréable et épanouissante, elles n'ont qu'à coucher gratuitement avec eux. Ou  même mieux, elles n'ont qu'à payer leurs clients. Pour une fois, ça leur fera du changement. J'ai bien peur, qu'elles ne trouvent pas cet arrangement à leur goût. Les clients nous aiment uniquement lorsque nous sommes habillés sexy, bien maquillée, joviale, avenante, accueillante, malicieuse, entreprenante. Si demain, je m’amuse à me présenter face au client en pyjama, avec des bigoudis enroulés sur ma tête et qu’en prime je lui fais le grand déballage de printemps en lui parlant de mes gouffres, de mes terreurs, ma part d'ombre. Je ne suis pas trop sûr que ce même client à la recherche de distraction, d'amusement et d'un oasis de liberté dans son emploi du temps me trouve des plus distrayante.  
 
Pour ma part, vous aurez beau me mettre face à moi, le client le plus sympathique, le plus charmant au monde ; de façon inconsciemment, au très fond de moi-même je vais  systématiquement le détester parce que a face à lui le suis obligé de me comporter comme la plus vile des chiennes, comme la plus vile des serpillières. Pourquoi je vais le détester ? tout simplement parce que j'ai besoin de l'argent du client. Et pour obtenir que le client me donne son argent j'en suis réduite à me comporter justement comme la plus vile des chiennes, comme la plus vile des serpillières. Je vais également détester le client car celui-ci avec l'aide de son argent il est un peu le gardien de ma déchéance. Remarqué pour cela, à la limite, je n'ai besoin de personne, je le fais très bien toute seule en étant la gardienne de ma propre déchéance.  
 
Il  pour y a une chose aussi que j'ai bien remarqué chez beaucoup de mes consœurs, il faut toujours qu'elle se donne plus d'importance, de grandeur, de magnificence qu'elles n’en ont en réalité. Elles préfèrent mettre en avant le côté faussement relationnel qu'elles ont avec le client, plutôt que d'assumer leur côté suceuses de bites et dévidoirs à foutre. Dans de nombreux reportages télé, beaucoup d'entre elles nous expliquent la bouche en cœur, la gueule enfarinée que des clients les payes uniquement pour discuter. Après toutes ces années prostitution, pas une seule fois j'ai eu la chance de tomber sur ce genre de clientèle. Même si très souvent il y a 50 minutes de discussion pour 10 minutes de rapports sexuels ; j'ai toujours du passer à la casserole. Peut-être que ça leur est arrivé quelquefois dans leur carrière, de tomber sur ce genre de client, mais toutes grandes mythomanes qu'elles sont, elles montent ça en épingle en nous faisant croire que c'est quelque chose de récurrent alors que ça reste de l'ordre de l'exceptionnelle.  
 
Il faut faire attention à ne pas trop extrapoler sur la relation p***/client. Puisque ces grandes dames se prennent pour des psychologues, des analystes, des psychiatres. Puisqu'à les entendre le côté et sexe n'est pas le plus important dans la quête et la démarche du client. Je suggère a ces grandes dames de proposer comme le ferait une psychologue des relations uniquement centrées sur l'échange verbal sans aucun acte sexuel.  
Je ne pense pas que ce genre de  
service puisse intéresser de nombreux clients.  
Maintenant, évidemment que je vais être gentil avec le client, que je vais m'efforcer d'être aimable avec lui, de lui faire la conversation. Ma gentillesse n'est pas destinée à la personnalité de l'être humain que j' ai en face de moi, mon amabilité est uniquement destinée au client qui m'a payé. Je préfère 1000 fois bavasser avec le client, que me faire défoncer le vagin pendant une heure. Ma prévenance a son égard n'est pas du a ma philanthropie ou à ma charité chrétienne. À partir du moment où le client m'a payé, je me dois lui fournir, au minimum la prestation pour laquelle il m'a rétribué.  
Si j'étais réellement une p*** au grand cœur je tiendrai compagnie et j'écouterai gratuitement le client me racontai ses déboires existentiels. À ce sujet, je me suis souvent demandé, au nom de quoi et de quel droit, le client se permet de me bouffer mon énergie, de grignoter ma joie de vivre en me faisant subir et en  m’imposant toute sa m***** existentiel. J'ai infiniment plus de respect pour le client qui est équilibré clair dans sa tête qui va à la limite même pas me regarder, même pas me parler en me considérant uniquement comme une prestataire de services.  
 
Certains de mes clients quand ils s'en vont me souhaite bon courage. Dans ce bon courage il y a tout un monde. Cela signifie qu'il a bien compris que je ne suis pas une nymphomane, une hystérique, une *****. Je me sens infiniment plus respecté par ce genre de clientèle que par l'abruti qui s'imagine que je prends un plaisir immense à éponger sa conversation insipide en s'imaginant que j'attends après lui pour éprouver un quelconque plaisir sexuel.  
 
Quant à mon mépris face aux clients. Je vous garantis que quand on est au minimum observatrice, quant on se rend compte de ce que sont réellement les hommes et surtout à quel point ils peuvent être stupides, je vous assure que c'est très dur de ne pas les mépriser.  
Certains me demandent au téléphone si ça va être plaisir partagé. Bien entendu, ayant besoin de leur fric, je ne risque sûrement par de me les contrarier. Évidemment en toute bonne commerçante que je suis, je leur dis que je me prostitue pour joindre l'utile à l'agréable que je suis une occasionnelle que je passe des annonces de façon épisodique (et gnangnan et gnangnan). Le type et à l'autre bout du téléphone, je ne l'ai jamais vu, je ne sais pas a quoi il ressemble, je ne sais pas s'il va me plaire ou pas me plaire. Je ne sais pas si il va me caresser avec douceur ou brutalité, je ne connais pas son odeur est ce petit monsieur me demande si ça va être plaisir partagé ??????????????????????????????  
 
D'autre me dise qu'ils veulent que je leur donne de la tendresse. Premièrement si le client me paye je ne risque sûrement pas de lui donner ma tendresse, je vais lui la vendre. Le problème c'est que la tendresse est un sentiment tellement noble et grandiose qu'elle n'a pas de prix et n'est sûrement pas monnayables. Ma tendresse, je la garde pour mon chien, pour mes amis. Je ne vais sûrement pas m'amuser à la dilapider auprès d'un client qui en a strictement rien à foutre de ma tronche et va m’oublier vite fait bien fait dès qu'il sera sorti de mon appartement pour aller rejoindre sa femme et ses enfants.  
 
Le client  me donne de l'argent parce qu'il désire maintenir une distance entre lui et moi afin qu'il n'est surtout pas d'affecte entre nous. Ce client qui par l'argent qu ‘il me donne ne veut surtout pas de moi dans sa vie et symboliquement par le biais de l'échanges monétaires me rejette. Est bien ce client tout tranquillement, veut que je lui témoigne de la tendresse. Et puis quoi encore !!!!!  
Il a également le gros niait de service, qui vient me casser les burnes en me disant <> (PPPPPFFFFFFFFFFFFF !!!!!!!!!!!!). Non mais comme si j'attendais après lui pour qu'il vienne me faire jouir. C’est à croire qu'il souhaite que je lui dise << écoute mon petit coco, j'en ai strictement rien à foutre de ta sale tronche de macaque, j'ai qu'une seule envie c’est que tu payes et que tu dégages le plus rapidement possible. D'ailleurs, à ce sujet, tu ne pourras jamais t'imaginer, à quel point je me sens bien, à quel point je suis heureuse lorsque tu quittes mon appartement et que je referme la porte sur toi en entendant le bruit de tes pas qui descendent les escaliers. Par contre, si tu veux me procurer un orgasme, au lieu de me donner un billet de 200 €, je te suggère vivement de me donner 10 billets de 500 €. À ce moment-là je te garantis mon petit coco que je vais mouiller ma culotte sans aucune simulation>>.  
 
Il y a également l'éjaculateur précoce qui s'excuse de n'avoir pas été suffisamment performant et qui me dit qu'il fera mieux la prochaine fois. Comme si mon plus grand plaisir existentiel était de me faire limer pendant 10 millions d'années par mes clients ; alors que je suis justement toute réjouie que cela finisse aussi vite et de m‘en tirer à si bon compte.  
 
 Pour en revenir au reportage, Il ne m’a pas appris grand chose si ce n’est un long défilé rempli de banalité et de lieu commun sans grand inter. Les journalistes vont toujours chercher les même  prostituées moches et dequatilles  qui font  office de V .R.P de la prostitution.  
Ces prostituées qui décident librement de montrer leur visage a la France entier sans aucune honte ni pudeur sont dans un tel état de déchéance, de négation et de non respect d’elles-mêmes ; qu’elles n’éprouvent  via a vis d’elles-mêmes  ni honte ni pudeur. Ma honte par rapport a ma condition de ***** me permet d’être maintenue par un fil qui fait que j’ai encore un pied dans le monde des humains et que je ne suis pas encore un animale. Je suis fière de ma honte. Le jour ou je n’aurais plus honte d’être une ***** je serait irrécupérable et perdu a tout jamais.

* pour celles et ceux qui auraient raté un épisode