"Le mot "domination" porte l'attention sur des aspects relativement statiques de "position au-dessus" telle la montagne qui domine; d'"autorité" et "de plus grande importance". Tandis que le terme d'oppression implique et insiste sur l'idée de violence exercée, d'excès, d'étouffement [...]."La domination induit une supériorité naturelle, passive et absolument fortuite. Visuellement, cela ressemblerait à une ombre gigantesque et immobile au-dessus d'un groupe opprimé inerte et impuissant.
Or, il n'en est rien. Les oppresseurs ne maintiennent leur supériorité, montée de toutes pièces, qu'à grands renforts de répression, qu'elle soit symbolique ou factuelle. Les oppresseurs agissent pour perpétuer le système qui les favorise. Et cette supériorité dont ils (se) sont parés n'est que le reflet d'une société bâtie à leur image. Une société qui prend la position sociale pour de la grandeur, la violence pour du courage, le mépris pour de l'intelligence, etc.
Les opprimées, quant à elles, ont déjà fait bouger les contours du cercle dans lequel elles ont été circonscrites et continueront tant qu'il le faudra. La domination est peut-être inéluctable, pas l'oppression.
Toutes ces contorsions rhétoriques misent en place pour expliquer, que non, les femmes ne sont pas capables de réfléchir elles-même sur leur condition... Bourdieu ne s'honore pas.
RépondreSupprimerJ'ai récemment réentendu le mythe de totem et tabou, en compagnie d'autres femmes. Toutes admiratives, pas une pour se révolter du fait que le seul sujet du mythe fondateur de Freud ne soit que l'homme, les femmes étant présentées comme des objets, que les hommes se partagent et se distribuent. Et lorsque je l'ai fait remarqué, on me dit que ma vision du monde est biaisée par le féminisme et que je vois le mal partout, car le plus important, ce n'est pas ça! Et qu'il doit bien y avoir une raison si je suis obsédée par le féminisme. Obsédée consiste en la définition du fait que j'ai fait quelques remarques sur les manifestations les plus criantes de l'effacement du féminin et que j'ai dit que j'étais féministe. Des fois, je suis fatiguée...
"Les femmes ne sont pas capables de réfléchir elles-mêmes sur leur condition" ... et les hommes dominent malgré eux: sous-estimation des unes et déresponsabilisation des autres. Elles ne peuvent voir qu'elles sont oppressées et ils n'y peuvent rien s'ils oppressent, dirigés qu'ils sont par une force supérieure ... le système patriarcal. Ou commencer remplacer leur dieu quand il ne peut plus tout expliquer ! L'oppression des femmes, comme la religion ou la psychanalyse, a été inventée PAR les hommes POUR les hommes.
RépondreSupprimerConcernant Freud et la psychanalyse, JPLP (Je Putréfie Le Patriarcat) a écrit un super billet (que tu as peut-être vu) sur l'objectif inavoué et pourtant réel de la psychanalyse. Devine lequel ? !!! Un indice: il a un rapport avec les femmes !
http://jeputrefielepatriarcat.blogspot.com/2012/02/critique-de-la-psychanalyse-partie-1.html
Tu es obsédée par le féminisme: c'est toi qui as un problème ! Belle manière d'inverser les rôles car la plus grosse obsession que l'on peut constater partout, sans pourtant se livrer à de laborieuses observations, est celle qu'ont eu les hommes à effacer (ou péjorer si ce n'était pas possible) les femmes. C'est super injuste et être féministe expose, beaucoup plus que dans toute autre forme de militantisme, à la fatigue de cette injustice. On tient grâce à la chaleur féministe et aux quelques avancées que l'on perçoit (semble percevoir ?) parfois.
Encore un lien fabuleux ! (Mais comment fais-tu ?)
RépondreSupprimerHop ! J'ai déjà copié/collé l'article sur le blog d'angrywomenymous.
Super ! JPLP est un blog récemment découvert grâce à lora la rate et j'avoue que je ne suis pas déçue par les contenus !
SupprimerBonjour à toutes :-)
RépondreSupprimerà propos de l'article que tu as mis en lien hélo, je recommande également sur le sujet (comme je l'ai d'ailleurs indiqué sur le site en question), vivement la lecture de SHULAMITH FIRESTONE : LA DIALECTIQUE DU SEXE
et plus particulièrement du chapitre : "Le freudisme : duperie du féminisme"
Que j'ai publié ici: http://mauvaiseherbe.wordpress.com/?s=shulamith+
Salut MH !
SupprimerJe suis ravie de te voir ranimer ton blog. Ne nous laisse paaaaas !!!
J'ai lu l'article que tu as publié: je suis d'accord avec le fait que la psychanalyse a remplacé l'église (oui, avec un "e" minuscule pour ma part comme pour "dieu" !), ça fait des lustres que je le dis et on me regarde toujours avec des yeux ronds. Je ne supporte plus leurs théories culpabilisatrices pour les femmes. Et le comble c'est que ce sont précisément aux femmes qu'elles s'adressent (Psychologies Magazine).
Merci Héloïse :)
RépondreSupprimerOui, j'ai vu l'article auquel tu fais référence, (d'ailleurs j'ai laissé un commentaire fleuve :p) surtout que la psycho c'est ma spécialité, même si moi c'est la psycho sociale, j'avais commencé par la psychanalyse (orientation clinique), mais la théorie freudienne m'était restée en travers de la gorge si je peux me permettre ^^ Du coup c'est vrai que comme je connais pas mal, ça m’intéresse beaucoup. C'est dommage, car il y a des concepts très pertinent en psychanalyse, mais la théorie entière ou presque est misogyne et toutes les interprétations et théorisations de Freud sont teintées d'un phallocentrisme vraiment très grossier.
"Elles ne peuvent voir qu'elles sont oppressées" en tout cas, quand il y en a qui le voit très bien, qui l'analyse et le dise, Bourdieu reste sourd à ce discours et le réécrit en minimisant le vécu féminin de l'oppression qui ne serait que symbolique... Une paire de claque n'a rien de symbolique :(
Oui, je viens de me rendre compte que tu avais commenté juste en-dessous :/
SupprimerLa psychologie sociale, je trouve ça vraiment génial ! Car l'histoire d'un.e. individu.e c'est avant tout celle qu'il/elle bâtit dans un contexte social.
Tu dois connaître alors Le crépuscule d'une idôle d'Onfray. On lui a reproché un parti-pris impartial mais ce n'est pas le sentiment que j'ai eu en le lisant: extrêmement documenté, il n'a rien d'un bashing aveugle.
Je suis allée faire un tour sur CQFD qui est listé dans tes sites de référence," féministes philogynes, anarchistes et pacifistes", et je suis tombée sur un article qui est plus ou moins un communiqué du STRASS.
RépondreSupprimerPersonnellement, j'ai fait mon choix, je ne pense pas que l'on puisse se réclamer du féminisme et cautionner l'exploitation sexuelle des femmes. Je me demande si je ne vais pas prendre un peu de recul avec les questions de la pornographie et de la prostitution, car à force de lire tous ses témoignages, ma capacité à voir le monde comme un endroit qui ne serait pas une sorte d'enfer commence à me quitter.
Hop, supprimés les CQFD gauche-bitard ! Merci pour le signalement.
SupprimerTu as raison de prendre du recul, c'est essentiel parfois. Le nez dans la merde machiste tout le temps, c'est super lourd ...
Et, comme toi, je n'avais pas vraiment de position arrêtée sur la porno et la prostitution avant de lire pas mal de choses qui m'ont confortée dans l'idée qu'aucun des deux n'est soluble dans le féminisme. De même que la liberté ne se conjugue pas avec le libéralisme, dont la prostitution règlementée est l'une des formes les plus abjectes.