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dimanche 1 juillet 2012

Pourquoi je suis et reste abolo

Ca ne se fait pas en général de s'absenter longtemps sans donner de nouvelles. C'est pourtant ce que j'ai fait, veuillez m'en excuser. A ma décharge, une très très mauvaise passe comme il en arrive parfois dans une vie. Cela ne m'a pas empêchée de suivre l'actualité féministe.

Des déceptions comme l'acquittement d'Orelsan au procès qui l'opposait aux Ni Putes Ni Soumises au motif de la liberté d'expression, notion qui est règlementée en France  et trouve ses limites dans le respect de l'autre. Histoire d'affirmer que les femmes et les prostituées sont encore en-deça de l'altérité qui a au moins le mérite de valider une existence. Et dans la lignée cynique d'un machisme qui se repaît de sa légitimité, la présence conjointe aux Eurockéennes de Belfort de Bertrand Cantat et du gland sus-cité  ... Le praticien et son théoricien réunis. L'occasion peut-être pour Cantat de remercier Orelsan pour la perspective de voir un jour entrer dans le dictionnaire le grand-oeuvre de sa vie: maritrintigner, verbe du premier groupe signifiant rosser une femme de coups jusqu'à son décès au prétexte de la défense de l'honneur viril. Ca t'a quand même plus de gueule que conjugaloviolenter ou même féminicider. Bref.

Il y a eu aussi de bonnes surprises comme la détermination de Najat Vallaud-Belkacem à tenir bon sur l'abolition de la prostitution. Durant toutes ces années pendant lesquelles le sujet de la prostitution m'a mobilisée, où j'ai lu nombre d'arguments abolitionnistes et règlementaristes, j'aurais pu à l'instar de Crêpe Georgette retourner ma veste et virer défenseuse du commerce du sexe. Le seul argument qui aurait pu éventuellement avoir raison de mes convictions est justement celui qu'elle évoque: la prostitution permet à certaines migrantes d'assurer leur subsistance. Comme tous ces emplois sous-payés et pénibles qui leur échoient et qui relèvent essentiellement du domaine du care. Je rajouterais que les non-migrantes y sont confrontées également si l'on se rapporte au taux de 80% d'emplois précaires tenus par des femmes.

Sauf que la prostitution ne sera jamais un métier comme les autres, même légalisée le stigmate perdure car il est le moteur de la prostitution. Un stigmate si puissant qu'il en est devenu l'insulte la plus virulente. Et la plus nécéssaire: à qui d'autre qu'à une pute a-t-on l'autorisation tacite de faire subir des pratiques que l'on n'oserait, même en pensées, faire subir à toutes les autres.

Et sauf que c'est sur la pauvreté, notamment des femmes, qu'il faut agir et non sur la diversification des expressions de cette pauvreté. Bâtir une conviction sur un pis-aller (de la misère, il y en aura toujours) c'est céder au jeu des capitalistes cyniques. Bien sûr qu'il vaudra toujours mieux vendre son rein plutôt que de crever de faim mais est-ce pour autant qu'il faut institutionnaliser la pratique afin qu'elle se déroule dans des conditions sanitaires optimales ? Est-ce que l'enjeu premier, celui que nous ne devons pas perdre de vue, n'est pas que plus personne n'ait à vendre son cul, ses yeux ou son foie pour manger ? Dans la négative, nous asseyons la misère en légitimant ses palliatifs.

Bebertnorbert l'a bien compris, la pauvreté de ces femmes lui permet de faire des économies sur le dentifrice et de continuer à baffrer de la viande bien grasse:


" En plus, on leur rend service sinon elles crèveraient de faim dans leur pays.
Et même si elles sont pas d'accord au départ, et bien elles s'y font. Mieux que de crever de faim, non ? Au départ, c'est quand meme des crevardes et on leur donne une chance de survie.
Aucune femme non tarifée ne veut de moi, alors j'en viole une dans la rue ? Le porno, ça me suffit pas je veux du frais.
Les gros moches qui sentent de la bouche ont aussi le droit de niquer !"


Manger à sa faim sans avoir à subir un fist-fucking et ses conséquences est un droit, c'est celui pour lequel nous devons nous battre. Celui de niquer est une invention masculine que la légalisation de la prostitution entérine. La privation de nourriture conduit à la mort, la privation de sexe à la frustration. Or, la résistance à la frustration est une question d'éducation.

Une éducation qui en finirait avec la notion de virilité qui encourage l'appropriation forcée des femmes et le déni de leur consentement. Viol ou prostitution:

"Si la ministre désire ici aider les femmes en établissant le client comme bouc-émissaire, c’est finalement l’homme qui est ici visé, car derrière l’homme, on voit le client et le violeur. C’est comme si l’on souhaitait qu’il soit asexué." Sylvain Mimoun.
Que "l'homme" soit asexué, qu'on lui refuse le viol et la prostitution, seules voies manifestement de sa mâle identité, rien à faire. Je suis et reste abolo.






















vendredi 11 mai 2012

L'énigme de la femme active (et souffrante)

Celles et ceux qui me connaissent un peu savent que je me méfie des psys et de leurs dogmes essentialistes autant que d'un article progressiste dans Libé. Rien donc n'aurait dû me pousser à emprunter cet ouvrage écrit par une docteure en psychologie, Pascale Molinier, et encore moins son titre, "L'énigme de la femme active" ... Pourtant, je l'ai malgré tout présenté à l'agente en charge des emprunts de la médiathèque - on fait des trucs de ouf parfois - prête à dénoncer ici-même s'il le fallait les arguments pro-ordre hétérosexiste que j'étais persuadée d'y trouver.

Déjà embarquée dans mes certitudes que le féminisme est si marginal qu'une médiathèque de petite ville (du Sud-Est qui plus est, cf. les résultats de l'élection présidentielle dans cette région) ne peut proposer que du "Pourquoi les femmes ne pètent jamais et les hommes sont poilus", je n'ai pas compris le sous-titre "Egoïsme, sexe et compassion". Perdue, j'étais.

Pourtant, il ne m'a fallu que quelques pages, deux citations (Delphy et Mathieu) et trois respirations avec le ventre en vue de me relaxer pour comprendre que je tenais là les écrits d'une psy ouvertement féministe. Egoïsme pour les uns, compassion pour les autrEs sont les deux versants d'une éducation sexuée que pas grand monde n'est prêt à remettre en question tant la disponibilité sacrificielle des unEs arrangent les autres. Voilà dans les grandes lignes la teneur du propos. Et pour l'application, Molinier s'est penchée sur le monde du travail, plus particulièrement sur les infirmières et les stratégies qu'elles mettent en place pour pallier l'usante et quotidienne confrontation à la souffrance voire la déchéance humaines.

Un bon livre n'enfonce pas des portes ouvertes et c'est le cas. Dès le premier chapitre, une réflexion sur le traitement médiatique de la souffrance liée au travail selon le sexe surprend et fait cogiter:

"Dans l'archipel des conditions malheureuses, il en est de plus en vue que d'autres. La souffrance des hommes inquiète, dérange, interpelle. Celle des hommes pauvres justifie qu'on multiplie les "observatoires", tant sont redoutées ces flambées sporadiques dans la rage et le saccage.[...] Quant à la souffrance des hommes dominants, ce n'est rien de dire qu'elle fait recette ! Qu'on me pardonne ces trivialités, mais "le stress des cadres" a fait couler plus d'encre ces dernières années que celui des caissières d'hypermarché. 
[...]
Que les souffrances féminines soient perçues et vécues sur le plan du drame personnel et qu'elles ne soient pas contextualisées dans la perspective d'une crise identitaire collective, cela ne doit pas nous étonner. Parce que la souffrance est déjà contenue dans la définition de la "nature féminine", quelle que soit la connaissance que nous ayons, par ailleurs, des discriminations fondées sur l'arbitraire du sexe, il demeure que la souffrance des femmes est moins immédiatement saississable que celle des hommes en termes de causalité et d'injustice sociales.
[...]
Dans cette souffrance, nous entendons d'abord, et essentiellement, un problème de psychologie individuelle plutôt que l'écho singulier d'un drame pluriel."

La première chose qui frappe c'est cette constante selon laquelle tout ce qui arrive aux femmes est intrinsèque à leur nature vulnérable quand n'est pas instillée l'idée qu'elle sont les premières coupables de leur sort. Les femmes sont censées vivre des drames personnels même dans le cadre du travail qui s'inscrit par essence dans les problématiques de société ! Les violences conjugales, le viol ou l'exploitation domestique sont de la même façon sorties du cadre du phénomène social collectif. On ne sait jamais, des fois qu'il y aurait des solutions à trouver  ...

Ensuite, il y a cette psychologisation abusive de la souffrance des femmes. J'en avais parlé dans un vieux billet, "Femmes et santé mentale", le processus permet de fragiliser plus encore les femmes ainsi dotées d'une psyché naturellement bancale et de faire fi des conditions de vie honteuses dans lesquelles le système oppresseur les maintient. Le bénéfice est double, qui, soucieux de maintenir sa supériorité en créant l'infériorité de l'autre, s'en priverait ?

Dire que les femmes ont un sacré mental, constituant 80% des travailleur.e.s pauvrEs, l'essentiel du personnel des métiers improductifs (mais nécessaires), difficiles et sous-rémunérés et l'unique ressource gratuite du travail domestique, n'est pas une vue de l'esprit. Une triple peine (précarité, pénibilité, exploitation) qui ne mobilise que les vendeurs de palliatifs (magnésium, anti-dépresseurs, torchons ou bouquins pour concilier vies personnelle et professionnelle, etc.) et jamais les grands dossiers sur la souffrance au travail. 

Probablement parce que la souffrance des femmes fait partie d'un éternel féminin auquel le renoncement conduit à une réelle émancipation. La beauté de la vertu, souffrir en silence, est censée transformer ses ravages en dommages collatéraux inévitables et indispensables. Et si féminins. Pour un peu, certains en feraient, ultime argument du moment, un truc glamour et sexy.
Ah! c'est déjà fait ? Au temps pour moi.





vendredi 9 mars 2012

Le 8 mars en léger différé

J'ai reçu, par l'intermédiaire d'une liste de diffusion féministe (dont je vais me désabonner), un appel à manifester aux côtés des associations féministes provenant du mouvement pro-prostitution. Le voici dans son intégralité suivi des quelques refléxions auxquelles il m'a amenée:


8 mars: pour TOUTES !
            
Le 8 mars sera une journée de lutte et de solidarité pour les droits
des femmes, de toutes les femmes. Dans cette période de crise aigüe,les attaques touchent particulièrement les femmes dans le monde entier. Nous sommes solidaires des femmes en lutte en Grèce, en Espagne, au Portugal comme en Egypte, en Tunisie et dans tous les pays. En France nous sommes aux côtés des salariées de Lejaby et de toutes celles qui se battent pour leur emploi et leurs conditions de travail, de celles qui se battent contre la précarité et contre le démantèlement des services publics.



       Dans un climat de renforcement de l'ordre moral nous défendons un


       féminisme non-excluant, nous voulons donner la parole à toutes les
femmes dans toute leur diversité. Nous sommes ainsi solidaires des
femmes sans-papiers en lutte pour obtenir leur régularisation, des
gouines pour l'égalité des droits, des trans contre la discrimination,
des assistantes maternelles et des mères musulmanes empêchées de travailler ou d'accompagner les enfants, des putes en lutte contre la pénalisation des clients.




Nous exigeons :


- l'égalité salariale avec rattrapage immédiat
- l'abrogation de la loi HPST et la défense du service public sur la
santé des femmes (maternités, IVG...)
- de véritables services publics de la petite enfance au quatrième âge afin que les femmes ne soient plus obligées d'en assurer la prise en charge
- l'évolution de la loi du 9 juillet 2010 sur les violences vers une
véritable loi cadre contre les violences faites aux femmes élaborée en concertation avec toutes les organisations concernées
- la régularisation des sans-papières et un véritable accès aux droits
pour toutes les femmes quelles que soient leur situation et leur
origine
- un ministère des droits des femmes avec des moyens conséquents
- le droit d'asile pour les femmes cibles de persécutions et de violences sexistes, lesbophobes et transphobes
- l'abrogation du délit de racolage public et la lutte contre les
politiques actuelles et celles qui nous sont proposées qui ne visent qu'à pénaliser davantage les prostituéEs avec les mêmes conséquences que la LSI de 2003, leur mise en danger, leur stigmatisation au détriment d'une lutte effective contre les réseaux de proxénètes et leurs profits
- la fin des discriminations racistes et xénophobes héritées de l'idéologie coloniale qui touchent en premier lieu les femmes
- l'arrêt de l'instrumentalisation de la laïcité à des fins racistes et sexistes
- la démission des élus auteurs de violences sexistes
- le fin de toutes les mesures médico-juridiques imposées aux trans et des discriminations liées à l'identité de genre
- l'égalité des droits pour les couples de même sexe (mariage, adoption...)
- la construction et l'accessibilité au logement pour les femmes, en
particulier les femmes à faibles revenus et les femmes victimes de
violences conjugales
- une approche débarrassée des stéréotypes sexistes et hétéronormés de l'éducation à la sexualité, des droits sociaux et de la santé et ce dès la crèche


Premiers signataires


Acceptess, Act Up-Paris, Afrique Avenir, ANA (Avec Nos AinéEs), Aides, Arap Rubis, Autres Regards, Cabiria, Collectif Droits & Prostitution, Collectif Tirésias, Etudions Gayment, Fédération LGBT, Fédération Syndicale Etudiante (FSE), Fédération Total Respect - Tjenbé Rèd (Fédération de lutte contre les racismes, les homophobies et le sida),Frisse, Grisélidis, HomoSFeRe, Les Amis du Bus des Femmes, Le Mouvement Français Planning Familial (Confédération Nationale), NPA, OuTRANS, Sol En Si (Solidarité Enfants Sida), STRASS (Syndicat du TRavail Sexuel), STS (Support Transgenre Strasbourg), TaPaGeS,TumulTueuses.

1- En plein milieu (trop au milieu à mon avis pour ne pas être une stratégie (un peu grossière, ceci dit)) des revendications féministes et LGBT, on trouve noyée dans la masse de propositions légitimes celle de la non-pénalisation des clients de prostituéEs.

2- Parmi la liste des signataires, la majorité des associations et groupes n'ont JAMAIS eu, à la base et historiquement parlant, de vocation féministe. Sida, droit des homosexueLs ou des transexueLs, oui, mais quel rapport avec la lutte féministe (et lesbienne) ? Les pro-prostitution n'hésitent pas à s'emparer des thématiques féministes et lesbiennes pour enrober leur revendication androcentrée. Une honteuse instrumentalisation.

3- Il est d'ailleurs curieux de constater comment ces associations occupent le terrain féministe avec une ferveur toute neuve depuis que l'abolitionnisme trouve un écho plutôt favorable dans les politiques et les mentalités ...

4- Précisons que ces associations sont essentiellement dirigées par des hommes qui envoient en première ligne des femmes en guise de caution féminine.

5- ILS prétendent revendiquer des droits pour TOUTES les femmes, sous-entendu les prostituées aussi. Mais pour ces dernières, c'est le droit de se prostituer qu'ils réclament. Lorsqu'on sait que 96% des prostituées aimeraient sortir de la prostitution mais estiment qu'elles n'y parviendront pas, on est en droit de se demander ce que recouvre chez eux ce "TOUTES les femmes". Entre quelques unes et la majorité, il y a un fossé allègrement franchi.

6- A noter également l'incohérence des revendications: alors qu'il a été reconnu par les instances internationales (dont l'ONU) que la prostitution faisait partie des violences contre les femmes et engendrait des situations de Stress Post-Traumatique, nous trouvons à quelques items d'écart la demande d'un loi-cadre contre les violences envers les femmes ET la revendication de perpétuation de cette violence par les clients-prostitueurs à travers leur protection.

7- Autre hiatus frappant: le souci d'égalité et d'éradication des stéréotypes sexistes aux côtés de la défense d'une activité particulièrement inégalitaire dans sa distribution. On nous parle bien de prostituéEs et des clienTs, non ? Ne reste-t-on pas dans une vision binaire et inégalitaire (l'un paye, l'autrE obéit) des rapports de sexe ?

8- L'allusion à l'ordre moral dans les propos liminaires est particulièrement déplacée de la part de personnes qui s'inscrivent dans une logique capitaliste de marchandisation des corps et dans une idéologie patriarcale de rapports de domination par l'argent.

9- L'abolitionnisme mettrait en danger ces femmes. C'est passer un peu vite sur le fait que le plus gros danger pour une prostituée reste le client et/ou le proxénète et c'est occulter tout le volet de prise en charge sociale, sanitaire et professionnelle préconisée dans le projet abolitionniste.

10- Bref, proposer au beau milieu de revendications progressistes et humanistes de perpétuer, soutenir et institutionnaliser in fine une activité née il y a quelques siècles de l'esclavage et s'alimentant encore aujourd'hui de la triple oppression (femme, précaire, étrangère), est tout simplement scandaleux.

samedi 8 octobre 2011

Le goût de la tomate

Me voici de retour parmi vous cher.e.s comparsEs ! J'ai essayé de revenir en douceur en lisant ce que vous aviez écrit, relevé et dénoncé ... le climat est bien tendu. Les médias et leur sexisme affiché sans complexes ont encore frappé: si France Inter prend modèle sur RMC en matière de complaisance à la misogynie la plus réactionnaire, nous avons pas mal de souci à nous faire. Beaucoup d'entre vous ont agi voire réagi et ça c'est la seule chose qui me rassure. J'ai pour ma part et à titre personnel manifesté mon dégoût à ces deux radios.

Les occasions d'être écoeurée ne manquent pas lorsqu'on est féministe. J'ai longtemps hésité entre plusieurs thèmes de billet pour enfin me décider à publier sans copier-coller cet extrait littéraire:

 
Bientôt la porte allait s'ouvrir et se refermer, on pousserait le verrou, la discussion de Pacha et Lavrenti suivrait son cours, les studios de tatouage et les poules de l'Ouest et les tatouages multicolores. Bientôt une boucle de ceinture se déferait, une braguette se dézipperait, une lumière colorée, Pacha ferait du boucan derrière la porte, Lavrenti rigolerait de la bêtise de Pacha, qui se vexerait, dans la chambre de Zara le client gémirait et les fesses de Zara s'écarteraient et on lui ordonnerait de les écarter encore et encore et encore et on lui ordonnerait d'introduire son doigt? Deux doigts, trois doigts, trois doigts de chaque main, encore plus ouvert ! Encore plus grand ! On lui ordonnerait de dire que Natacha doit se faire mettre ! Dis que Natacha doit ouvrir grand sa chatte parce que c'est là qu'elle va se faire mettre ! Oh ce qu'elle va s'y faire mettre ! Dis-le ! Dis ! Et Zara dirait, Natascha will es.

  Personne ne demandait d'où elle venait, ou ce qu'elle ferait si elle n'était pas ici.
  Parfois quelqu'un demandait ce qu'aimait Natacha, ce qui faisait mouiller Natacha, comment Natacha voulait se faire baiser.
  Parfois quelqu'un demandait ce qui la faisait jouir.
  Et c'était encore pire, parce qu'elle n'avait pas de réponse à ça.
  Si on interrogeait Natacha, elle avait des réponses toutes prêtes.
  Si on l'interrogeait elle-même, il fallait un petit moment pour qu'elle ait le temps de se demander ce qu'elle répondrait si on posait une question sur Natacha.
  Et ce petit moment révélait au client qu'elle mentait.
  Alors commençaient les exigences.
  Mais cela arrivait rarement, presque jamais.
  En général, elle devait juste dire qu'on ne l'avait jamais aussi bien baisée. C'était important pour le client. Et la plupart le croyaient.
  Tout ce sperme, tous ces poils, tous ces poils dans la gorge et pourtant la tomate avait toujours un goût de tomate, le fromage de fromage, la tomate et le fromage ensemble de tomate et de fromage, même si dans la gorge elle avait toujours des poils. Ca voulait sans doute dire qu'elle était vivante.
      Purge - Sofi Oksanen -

En lien avec la prostitution, la condition de victime sous l'angle d'une analyse inédite dans un article paru sur Sisyphe. Merci à A dire d'elles à qui j'emprunte le lien.

mercredi 20 juillet 2011

La demande croissante en matière de prostitution

Le magazine Newsweek publie en exclusivité les résultats d'une étude menée par la psychologue et directrice de "Prostitution Research and Education", Melissa Farley. L'article en question, The John Next Door, contient cinq pages qu'il me serait laborieux de traduire dans leur intégralité et avec la rigueur que cela nécessiterait. Cependant, m'appuyant sur mes restes de connaissances en anglais, j'ai tenté d'en retirer les informations les plus significatives. Cette étude s'est donné pour but de comparer prostitueurs et non-prostitueurs et propose un état des lieux de la prostitution (aux Etats-Unis mais le phénomène étant mondial voire mondialisé, les données recueillies reflètent une situation commune).

Le premier constat de Farley concerne la cible des recherches en matière de prostitution jusqu'ici: 99% concernent les prostituées contre 1% pour les prostitueurs. Un véritable angle mort qui occulte les motivations de ces hommes. J'en profite pour signaler qu'en France une enquête dans le même esprit avait été publiée: Les clients de la prostitution (Claudine Legardinier et Saïd Bouamama).

Autre fait consternant: devant la quasi-impossibilité de dénicher des non-consommateurs de sexe (prostitution et pornographie) afin de former le groupe-témoin de 100 hommes non-prostitueurs, Farley et son équipe ont dû revoir leur définition et se résoudre à considérer comme tels ceux qui ne s'étaient pas rendus dans un club de stip-tease plus de deux fois au cours de l'année, n'avaient pas consommé de lap-dance et de pornographie durant le dernier mois ni eu recours à des masseuses, escortes ou prostituées ...

Enfin, on apprend que la moyenne d'âge des décès de prostituées est de 34 ans, une moyenne influencée par un taux exceptionnellement élevé d'homicides.

Des deux groupes formés par Farley et ses chercheur.e.s, c'est celui des prostitueurs qui permet le mieux de mettre en exergue, à travers les propos et les comportements observés, la soif de domination, de violence et le désir de déshumanisation des femmes.

Quelques témoignages de clients:

“You can have a good time with the servitude.”
" Contraindre permet de passer du bon temps."

Prostitution treats women as objects and not ... humans."
"Dans la prostitution, les femmes sont traitées comme des objets et non comme ... des êtres humains."

“You’re the boss, the total boss."
"Vous êtes le patron, le patron incontesté."

“Even us normal guys want to say something and have it done no questions asked. No ‘I don’t feel like it.’ No ‘I’m tired.’ Unquestionable obedience. I mean that’s powerful. Power is like a drug.”
"Même les types normaux comme nous veulent ne pas avoir de comptes à rendre. Pas de "J'aime pas ça" ou "Je suis fatiguée". L'obéissance totale. Tu as le pouvoir et le pouvoir est une drogue."


“You get to treat a ho like a ho,” one john said. “You can find a ho for any type of need—slapping, choking, aggressive sex beyond what your girlfriend will do.”
"Vous êtes là pour traiter une pute comme une pute. Vous pouvez trouver une pute pour n'importe quel besoin: les coups, l'étranglement, le sexe violent, tout ce que votre compagne vous refusera."

Violence, prostitution et pornographie sont intimement mêlées, se nourrissent et fonctionnent sur la même demande: soumettre les femmes. Farley relève que les prostitueurs ont réalisé leur éducation sexuelle au moyen de la pornographie (pour les 3/4 d'entre eux) et qu'ils en consomment plus que les non-prostitueurs. Ils commettent en outre plus de délits avec violence et plus particulièrement envers des femmes 'viols et agressions physiques). 

Il y a heureusement dans l'article quelques notes d'espoir: la prise de conscience collective que nous sommes bien en présence d'une violence inacceptable, la volonté d'en finir avec ce fléau et ses satellites ainsi que des initiatives progressistes en faveur d'une abolition ferme et constructive. 

vendredi 17 juin 2011

Prostitution: changeons de point de vue




Mauvaise Herbe en a parlé ici. Je relaye le contenu de son billet: l'annonce d'une campagne du LEF (Lobby Européen des Femmes, 2500 associations de femmes dans 30 pays), "Ensemble pour une Europe libérée de la prostitution".

Cette campagne est dotée de plusieurs outils:

- un appel à se positionner contre la prostitution en s'engageant "à ne pas être complice du système prostitueur et [en demandant] aux personnalités politiques au niveau local, national et européen, d’agir vers une Europe libérée de la prostitution !"


L'APPEL A SIGNER



-  Un manifeste pour prendre position contre la prostitution et interpeler gouvernements et institutions.

- une vidéo à diffuser et dont le point de vue, le rapport inégalitaire entre les sexes dans la prostitution inversé, permettra, espérons-le, une prise de conscience.



Réalisation: Frédérique Pollet Rouyer et Patric Jean.


jeudi 21 avril 2011

Les "clients" tremblent

Parce que ce blog a plus de visibilité, je signale ici le relais d'un texte de Claudine Legardinier sur mon second blog, Abolitionniste !.




                                            
  Scarabello Silvia / Vanzo Federico

samedi 5 février 2011

Du sang dans la pièce, du sang et des tripes

Ce texte est un effort pour raviver l’expérience de sang et de tripes (blood and guts) que j’ai vécue dans la prostitution organisée derrière des portes closes. Il est écrit en réponse au tapage continuel selon lequel il serait beaucoup plus sécuritaire pour les femmes d’être prostituées à l’intérieur.

Il n’est jamais assez sécuritaire d’être prostituées où que ce soit, dans n’importe quelle culture et à n’importe quel siècle.

Être une prostituée, c’est être une esclave sexuelle – et aussi enjolivée que soit cette réalité, quelle que soit la quantité d’argent qu’on y jette – il reste qu’une esclave ne peut jamais être en sécurité.

Être une esclave sexuelle, c’est être ramenée à des orifices et des mains.

Être une esclave sexuelle, c’est être toujours ouverte à tous les hommes.

Être une esclave sexuelle, c’est savoir que vous n’êtes pas humaine et que vous serez rejetée.

Cela est vrai pour la très, très grande majorité des femmes et des filles prostituées, où qu’elles soient placées.

La raison pour laquelle nous savons que c’est dangereux dans la rue, c’est parce que cela se fait de façon visible, souvent directement sous vos yeux.

Vous voyez que les femmes et les filles semblent mortes à l’intérieur, jouant les dures pour survivre.

Vous voyez que beaucoup d’entre elles résistent en prenant de la drogue ou de l’alcool.

Vous voyez que beaucoup sont bien trop jeunes.

Vous voyez que beaucoup ne sont pas des Blanches, pas du pays.

Vous voyez que beaucoup paraissent battues.

Vous voyez et pensez que la solution est de nettoyer tout cela et de le repousser à l’intérieur – alors ce sera sécuritaire.

Comment pouvez-vous entretenir autant de naïveté ?

Tous les problèmes de la rue se retrouvent dans la prostitution vécue à l’intérieur – ils le font seulement à l’abri de portes hermétiquement closes.

Il y a de la traite domestique et étrangère à l’intérieur, la drogue coule à flots à l’intérieur, il y a une foule de mineures à l’intérieur, la violence est la norme à l’intérieur – il n’existe pas de lieu sûr pour les femmes ou les filles prostituées – seulement de courts moments avec moins de violence, un minuscule espace dénué de dégradation.

Réfléchissez bien à ce que c’est que d’être prostituée à l’intérieur.

Ne pensez pas à des séries télévisées, ne lisez pas vos journaux libéraux qui vous disent que c’est du « travail du sexe », ne lisez pas de romans sur des prostituées heureuses.

Ouvrez votre esprit et votre cœur à l’expérience de sang et de tripes qu’est la prostitution vécue à l’intérieur.

Comprenez que le principe de la prostitution intérieure est de couper la prostituée de tout contact avec le monde qui n’est pas l’industrie du sexe.

Comprenez que la prostitution intérieure, c’est d’être enfermée avec des hommes ou un homme qui peut vous faire n’importe quel acte sexuel, peut être aussi sadique qu’il le veut, peut vous jouer dans la tête autant que le lui permet son imagination.

Comprenez que les consignes de sécurité de la prostitution intérieure ne visent pas la sécurité de la prostituée, mais celle du prostitueur – et permettent au propriétaire ou au “pimp“ de montrer le grand soin qu’ils prennent de leurs biens.

Comprenez que s’il y a une descente de police, le bordel en sera habituellement averti à l’avance – de sorte que toutes les prostituées battues, toutes les prostituées droguées, toutes les prostituées victimes de la traite, toutes les prostituées d’âge mineur pourront être évacuées – et que le bordel apparaîtra alors comme une entreprise légitime.

Cela semble sécuritaire, n’est-ce pas ?



Maintenant, je vous place dans la pièce.

Ne détournez pas le regard, ce n’est pas si pénible pour vous – à moins d’y avoir été, vous ne pourrez jamais savoir la mort intérieure qu’il fallait vivre pour être dans cette pièce.

Cette pièce peut être un appartement, une chambre d’hôtel, le bureau d’un pub, une pièce réservée dans un club – cette pièce est tout endroit que le profiteur et le prostitueur considèrent comme un bon endroit où baiser.

Parlons de l’appartement/hôtel où la putain est vendue en tant qu’escorte ou en tant que « girlfriend experience » (simulation de fréquentation).

La pièce qui a pour but de sembler chic et sécuritaire – où la prostituée est censée être respectée – où elle est censée avoir un certain contrôle.

Dans la fiction – c’est le domaine des films Belle du Jour et Pretty Woman.

Dans la fiction – l’escorte est manipulatrice et aime contrôler le rapport sexuel.

Dans la fiction – tout acte de violence est contrôlé et sélectionné à l’avance sur un genre de menu ou son équivalent.

Ces représentations sont des fantasmes porno vendus par l’industrie du sexe – elles n’ont rien à voir avec la terreur solitaire que vit une escorte.

Je vous place à l’intérieur d’une chambre d’hôtel, avec un homme – ou avec des files d’attente d’hommes – et je vous laisse là.

Bien sûr, le décor est agréable, peut-être même chic – mais vous n’en profiterez pas à moins que le prostitueur ne vous le permette.

La plupart des prostitueurs veulent que vous soyez propre – puisqu’il est bien connu que toutes les putes sont sales – alors vous aurez droit à un espace privé où vous laver. Mon conseil est d’essayer de prolonger un peu le moment que vous y passerez.

Utilisez ce temps pour vous insensibiliser l’intérieur, utilisez-le pour vous coller un sourire sur le visage, utilisez-le pour devenir le robot qui stimulera sur commande son ego à lui.

Vous n’avez pas plus d’espace pour vous-même – alors tirez le meilleur parti de celui-ci.

N’oubliez pas que pour survivre à cette pièce, vous devez faire de cet homme ou de ces hommes des dieux.

Vous devez être en tout temps sexy selon la norme du porno.

Vous ne devez parler que si c’est vraiment nécessaire – ce qui dans la plupart des cas, signifie de vous taire.

Si vous parlez – ne dites rien de vous-même. Dites seulement que vous adorez votre travail, que vous avez toujours été un peu perverse.

Ne laissez place à aucun sentiment de désespoir ou au fait que vous avez l’impression de vous trahir. Pour l’amour de Dieu, n’ayez jamais l’air vulnérable, cela ne fera que donner du plaisir au prostitueur, cela risque même de vous faire envoyer à des hommes encore plus violents.

Croyez-vous toujours que la prostitution intérieure est correcte ?

Je suppose que vous pensez peut-être qu’il s’agit uniquement de sexe – peut-être seulement des fellations et de la pénétration vaginale ?

Eh bien oui, il y a cela, mais sans relâche et sans beaucoup d’attention pour savoir si vous êtes prête ou non, sans le moindre souci de savoir si cela vous fait mal ou non, si vous avez peur ou non.

Trop de pénétration insouciante explique une partie du sang dans la pièce.

Les fellations imposées jusqu’à l’asphyxie et à la nausée expliquent une partie des tripes dans la pièce.

Mais ce n’est jamais le sexe – c’est toujours, au fond, le fantasme pornographique que le prostitueur veut actualiser sur quelqu’un de vivant.

Le sang et les tripes sont là parce que votre corps est forcé de faire des actes sexuels qui ne devraient jamais être faits à n’importe quel être humain, mais qui deviennent acceptables quand on les fait à une putain.

La pénétration peut se faire avec le pénis ou les poings, ce peut être beaucoup d’hommes pénétrant tous vos orifices, ce peut être la double ou triple pénétration.

La pénétration anale doit être acceptée comme votre norme – c’est ce pour quoi les putains ont été faites.

Vous ne devez pas avoir peur d’être ligotée, ou craindre les objets que les prostitueurs amènent pour vous rentrer dans le corps.

Ne remettez rien en question pendant qu’ils vous baisent. Sinon ils vous battront aussi, ou après ou avant. Ce n’est qu’un jeu, vraiment.

N’imaginez pas que quelqu’un va vous venir en aide si vous criez.

Dans la prostitution intérieure, c’est la norme – et non un cas extrême ou quelques pommes pourries, comme le prétend la propagande de l’industrie du sexe.

La violence est la norme – les moments occasionnels de simple sexe ordinaire sont rares.

Pensez-vous toujours que la prostitution intérieure est un genre de solution ?

La seule solution est de faire que pas un homme ne puisse acheter ou vendre une personne prostituée, nulle part, dans aucune culture, sous aucun prétexte.

On doit faire un délit criminel grave du fait d’acheter ou de vendre des personnes prostituées.

Bien sûr, nous devons également dépénaliser les personnes prostituées, car elles n’ont ni le droit d’être en sécurité, ni le droit à la parole : elles sont les victimes, jamais les criminelles.

Mais il doit y exister des projets holistiques de sortie de la prostitution pour toutes les femmes et les filles prostituées, et non seulement celles de la rue. Nous devons prouver que nous pouvons sortir de l’industrie du sexe de façon permanente, prouver que nous pouvons et que nous allons leur rendre leur humanité et leur dignité.

Le vrai espoir est là.

Rebecca Mott, écrivaine et survivante de la prostitution.

Texte traduit par Martin Dufresne sur Sisyphe
Texte original Blood in the room

samedi 21 août 2010

Prostitution: l'actualité confirme les projections

Je copie ici le texte de l'AFMEG, dont j'ai conservé le titre, et qui est illisible sur leur site (une espèce de fond lumineux interdit toute lecture (si vous me lisez l'AFMEG, pitié, faites quelque chose !!!) :


Ce que l’ouvrage " Mondialisation de la prostitution " (Attac) dénonçait en 2008 a malheureusement été confirmé par l’ONUDC (voir les deux extraits qui suivent). La marchandisation des êtres humains est devenue ce qui rapporte le plus aujourd’hui à la criminalité en Europe.



Voir en ligne : United Nation Office on Drugs and Crime

29 juin 2010 : Communiqué de presse de l’ONUDC

 
En épluchant le rapport sur l’Europe on s’aperçoit qu’il y a de plus en plus de traite intra-européenne (Balkans et Europe centrale) et surtout de traite interne à l’intérieur d’au moins 11 pays sur 38 et cette traite interne est très importante dans les pays règlementaristes comme les Pays Bas ou l’Allemagne où le groupe des prostituées nationales victimes de la traite est plus important que celui des prostituées d’autres nationalités.

 
Cela prouve que le réglementarisme ne protège en aucune façon les prostituées nationales des violences, de la traite et du trafic d’êtres humains. La marchandisation du corps humain se moque des nationalités. Le règlementarisme, n’a apporté que liberté et légitimité aux proxénètes et aux réseaux de traite et de trafic des êtres humains.

 
L’abolitionnisme reste le seul moyen d’arrêter le développement de cet esclavage.



29 juin 2010 : Communiqué de presse de l’ONUDC


L’activité illégale la plus lucrative d’Europe est la traite d’êtres humains, indique un rapport publié mardi par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). L’agence estime que les groupes criminels tirent plus de 2,5 milliards de dollars de bénéfices par an en organisant le travail forcé et l’exploitation sexuelle d’êtres humains.

 
« Les Européens pensent que l’esclavage a été aboli depuis des siècles. Mais regardez autour de vous, les esclaves sont parmi nous. Nous devons faire davantage pour réduire la demande de produits fabriqués par les esclaves et l’exploitation », a déclaré le Directeur exécutif de l’ONUDC, Antonio Maria Costa à l’occasion de la publication du rapport intitulé, « La traite des personnes pour l’exploitation sexuelle en Europe. » Etaient présentes à la cérémonie, la Ministre espagnole de l’Egalité, Bibiana Aido, l’Ambassadrice de bonne volonté de l’ONUDC, Mira Sorvino, l’actrice Belen Rueda et la journaliste et militante mexicaine des droits humains, Lydia Cacho. Ces personnalités sont venues manifester leur soutien à l’Espagne qui est le premier pays européen à avoir adhéré à la campagne " Cœur bleu " de l’ONUDC. Lancée le 15 avril dernier au Mexique, la campagne " Cœur bleu " a pour objectif de sensibiliser les populations sur les dangers du trafic d’êtres humains. Une douzaine de bâtiments emblématiques avaient été éclairés en bleu dans la capitale mexicaine afin de prévenir et d’informer la population sur la situation de millions de personnes dans le monde victimes de trafic et d’exploitation.

 
Selon ce rapport, 140.000 personnes sont piégées dans un cycle de violence brutale, d’abus et d’avilissement en Europe. Il n’y a pas de signe clair d’une diminution du nombre de victimes. Chaque année, environ 70.000 personnes viennent grossir les rangs des personnes exploitées, soit 50% du nombre total de personnes réduites à l’état d’esclave.

 
Environ 84% des victimes en Europe sont victimes de trafic à des fins d’exploitation sexuelle. La majorité des personnes exploitées sont des jeunes femmes qui sont pour les plupart violées, violentées, droguées, emprisonnées, endettées, victimes de chantages et qui ont leur passeport confisqué.

 
En Europe, 32% des victimes proviennent des Balkans, 19% viennent des pays de l’ex-Union Soviétique, 13% d’Amérique du Sud, 7% d’Europe centrale, 5% d’Afrique et 3% d’Asie de l’Est. La plupart des trafiquants sont des hommes même si, souligne le rapport, les femmes sont sur-représentées dans le domaine en comparaison à d’autres activités illégales. Les femmes sont souvent utilisées par certains groupes pour " mieux piéger " les victimes.


Les poursuites judiciaires à l’encontre des trafiquants sont relativement faibles par rapport au nombre de victimes, déplore le rapport.


Plus de 130 pays font état de cas de trafic d’êtres humains. Selon l’ONUDC, plus de 2,4 millions de personnes dans le monde sont actuellement victimes de trafic à des fins commerciales.



Mardi 17 août 2010, par Claudine Blasco.




Le rapport est disponible en version espagnole et en version anglaise sur le site de l’UNODC (3400 ko en PDF )

dimanche 30 mai 2010

Le plus vieux métier du monde

Rien n'est plus faux que l'idée reçue que la prostitution a toujours existé.

Elle a cependant l'avantage, pour ceux qui la défendent avec toute l'ardeur de leur mauvaise foi et souhaitent l'institutionnaliser, de faire passer l'abolitionnisme pour une utopie farfelue.

Les historien.ne.s situent l'apparition du phénomène aux environs de 3 000 ans avant notre ère* avec l'apparition des premières cités organisées autour des marchés.

Or, les premier.e.s hominidé.e.s sont apparu.e.s il y a 7 000 000 ans selon les dernières découvertes (Toumaï), l'Homo sapiens sapiens il y a 35 000 ans.

En considérant que l'humanité ne commence qu'à partir de ce dernier chaînon, elle a quand même pu vivre 30 000 ans sans exploiter à des fins commerciales le sexe des femmes.

Autre fait important pour comprendre les mécanismes de ce reliquat d'esclavage: ce sont les hommes qui ont organisé la prostitution. Le premier proxénète connu* était un prêtre (!) qui gérait les revenus de l'activité pour assurer le fonctionnement du temple.

Les prostituées utilisées étaient des esclaves ... tiens donc.

La prostitution: le plus vieux métier du monde ? Non, mais la première activité masculine misogyne de la "civilisation", probablement.

* voir les ouvrages de Richard Poulin


lundi 22 mars 2010

Les maisons glauques

Après Christine Boutin, voilà qu'une autre politicienne rétrograde se met à proposer la réouverture des maisons closes. Enfin non, Chantal Brunel, la députée UMP en question, préfère parler de "maisons ouvertes".


Ouvertes à quoi ? A l'exploitation légale de femmes fragilisées et précarisées pour diverses raisons ? A la violence des hommes qui pourront pratiquer ce que leur compagne leur refuse parce que c'est humiliant, parce que c'est douloureux ? Aux proxénètes qui se frottent déjà les mains ?


L'argument qui (pue) tue ? Cette "réouverture" permettrait aux moches, aux sexuellement frustrés, aux violeurs potentiels de trouver dans ces lieux de domination légale le réconfort que la société leur doit.


Et pour les pauvres pédophiles, on fait quoi, alors ?


Plutôt que d'apprendre à ces hommes à contenir leurs pulsions, à admettre que les femmes ne sont pas des objets dont on dispose à loisir, à réaliser que ne pas pratiquer la sodomie ou l'éjaculation faciale ne tue pas, on choisit de sacrifier une frange de la population féminine, de préférence des immigrées aux abois.


Cette proposition est tout simplement l'expression d'un racisme et d'un sexisme des plus aboutis. Le mâle occidental aura donc toujours tous les droits ?


Pour étayer tout ça, un sondage a été lancé et 59% des Français seraient favorables à une réouverture de ces maisons closes: 70% des hommes et 49% des femmes.


49% des femmes ? Ce qui veut dire que 51% des femmes s'y opposeraient, la majorité donc, si mes calculs sont bons.

Rappelons quand même que les femmes sont les plus exposées à la prostitution. Ne dit-on pas "une pute" ?

Que leur opinion passe à la trappe ne m'étonne plus de la part d'une société qui a pris pour habitude de la nier mais ça me révolte toujours autant.





dimanche 8 novembre 2009

Un peu d'étymologie

Vous croyiez que le mot famille renvoyait à cette petite cellule rassurante qui constitue l'unité de base de toutes les sociétés actuelles.

La réalité étymologique du terme est beaucoup moins idyllique.

En effet, apparu chez les Romains, "familia" est issu de "famulus", qui désignait un.e esclave, et signifiait littéralement "ensemble des esclaves appartenant à un homme".

Eclairant quand même lorsque l'on songe que les esclaves prenaient le nom de leur maître et se devaient d'effectuer pour lui, et sans rémunération aucune, toutes les tâches concourant à son bien-être et sa réussite (tiens, je me demande si els étaient fouetté.e.s lorsqu'els oubliaient le Cantal ...).


Finalement, rien ne change vraiment si ce n'est l'emballage. Comme les marketteux qui nous vendent de la merde grâce à un packaging astucieux, la société nous vend, enrubannée de bons sentiments, la merde du mariage et de la famille ...

lundi 5 octobre 2009

Chuuut, on exploite

Prenons une mère de famille lambda : un mari, deux enfants.

Disons que pendant environ vingt ans, âge auquel ses enfants quitteront le nid, elle va s'occuper de tout ce petit monde avec toute la ferveur qu'une mère peut mettre dans la tâche qui lui est confiée.

Ajoutons un paramètre: le mari sus-cité, trop absorbé par son propre travail et/ou soucieux de ne pas s'atteler à "des trucs de gonzesse", et les enfants, plongés dans leur GTA IV, lui laisseront le soin de mener à bien cette entreprise.

Calculez combien, au terme de ces vingt passionnantes années, de paires de chausettes sales elle aura manipulées (de la corbeille à linge au tiroir à chaussettes), combien de repas elle aura préparés, combien de nettoyages de chiottes elle aura effectués, combien de kilos de consommables elle aura fait transiter du supermarché au frigo et, enfin, combien elle aura fait économiser à sa famille en prenant en charge tous ces services qui, par ailleurs, se payent.

Allez, va. Ne cherchez plus, j'ai calculé pour vous.

Ce qui nous donne approximativement:
- 29 120 paires de chaussettes manipulées,
- 14 560 repas préparés,
- 1 040 nettoyages de chiottes,
- 31 200 kilos de consommables transportés,
- 288 000 euros économisés sur le dos d'une seule personne.

Je propose que ces chiffres ne restent pas inexploités et remplacent les dénouements mensongers des contes pour enfants.

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ... à d'autres, s'il vous plaît.