lundi 25 avril 2011

Ce que vous ne lirez JAMAIS dans la presse


   Gilad Hirsch

Pas plus que vous ne l'entendrez à la radio ou ne le verrez à la télé.

Les médias, complices du lobby proxénète et des représentants d'un patriarcat bien vivace, ont ouvert leurs tribunes à ceux qui entendent parler à la place des premières concernées, les prostituées. Cette parole censurée et légitime, je propose de lui laisser l'espace de mes modestes blogs, afin d'utiliser le restant de liberté d'expression que le monopole mainstream nous a confisqué.

Taire la parole des prostituées participe de l'oppression caractéristique des femmes en général. Le phénomène n'est pas nouveau: pour parler des femmes, rien de tel qu'un homme dans un média d'hommes. On n'en sort pas.

Un témoignage de survivante est publié sur Abolitionniste ! et, si le sort des prostituées vous intéresse vraiment, n'hésitez pas à lire tous ceux que j'ai mis en lien. Un minimum, je crois, quand on souhaite s'exprimer à son tour sur le sujet.

56 commentaires:

  1. Merci pour ces témoignages. Je me doutais bien que c'était révoltant. Intuitivement je suis abolitionniste. Mais j'avais besoin de toutes ces infos, et surtout la parole de ces femmes. Et c'est vrai que l'on entend surtout la parole de quelques groupes dont la plupart sont des hommes-trans. C'est à cete endroit que je me posais la question. Ces personnes transgenre ou transexe se sentent être des femmes, revendiquent être des femmes. Si je conçois tout à fait qu'elles sont ces femmes qu'elles revendiquent être, pour autant je n'arrive pas dans ce combat à les identifier réellement comme des femmes. Je vois finalement des hommes qui ont changé de sexe ou qui mettent des tallons haut. Est-ce de la transphobie de ma part ? je sais pas...

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  2. il y a quelques éléments de réponses dans un article de Mona Chollet (2006) :

    http://www.peripheries.net/article216.html

    j'ai vraiment du mal à comprendre la position d'act up. Et quelque chose m'a toujours énervée, c'est de voir ces féministes traiter d'autres féministes de "mal baisées". Incroyable ! Des féministes qui reprennent les arguments des machos et des misogynes, pour attaquer d'autres féministes...c'est exactement ce qui m'a permis de me méfier de ces discours "pro-sexe".

    Pro-sexe...quand, dans les témoignages des prostituées, il semble que de sexe il n'y en ait pas...et que ce n'est qu'une domination violente qui s'exerce dans ce commerce.

    Bref je commence à y voir clair dans ces arguments déplacés des pro-sexe ou encore de ce qu'ils disent avec leur slogan "putophobes". Leurs arguments ne tournent qu'autour d'une seule chose finalement : considérer la position abolitionniste comme étant un truc anti-sexe, alors qu'il est évident qu'il s'agit de lutter contre les violences faites aux femmes. Que vient faire le "sexe" ou la sexualité, dans cette réalité violente de domination patriarcale à disposer du corps des femmes dans les conditions les plus abjects ?

    Je ne comprend pas qu'ils osent parler de sexe quand finalement c'est très certainement du viol à gogo qui s'exerce dans la prostitution. C'est la même chose que de parler de "relation sexuelle" quand un viol à eu lieu.

    bon voilà je suis neuve dans cette réflexion, merci Héloïse pour votre résistance.

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  3. Attention de l'anti-abolitionnisme déguisé en réflexion philosophique, ici : http://www.sexactu.com/2011/04/26/verite-dans-ton-sexe/

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  4. Finalement je suis allée moi-même répondre à la mirifique question de Maia : "En quoi donc mon sexe est-il tellement moi-même que consentir à le louer reviendrait, logiquement, à me faire volontairement esclave ?"
    Hein ? C'est pas beau ? Il fallait en pondre une, de question comme celle-là, non ?

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  5. @ Gloup

    Sur la question des trans MtoF, les féministes ont déjà analysé qu'"ils" ont reçu une éducation masculine et qu'ils se fantasment en femmes qu'ils auraient voulu être (talons hauts, maquillage outrancier). Pas de généralité évidemment, la question et les mobiles sont complexes, mais le poids du conditionnement est une donnée à prendre en compte. Il en va de même pour les homosexuels que les féministes ont pris, dans les années 70 pour leurs alliés, elles ont d'ailleurs largement contribué à l'émergence de leur parole. Mais il s'est avéré que la cause féministe leur passait bien au-dessus et qu'ils pouvaient se montrer aussi misogynes que leurs pairs.

    Les pro-sexe: effectivement, il est saugrenu de parler de sexe pour cette activité qui n'a de sexuel que le vidage de testicules. D'ailleurs en se prostituant, on fait une croix sur sa propre sexualité et le dégoût des clients déteint sur le reste de la population masculine.

    Bref, je trouve que vous êtes sacrément avancée dans la réflexion pour quelqu'un qui débute !

    Merci pour le soutien, il est précieux et rare en ce moment et j'ai bien peur que le discours ambiant basé sur la censure de la parole des prostituées et des abolitionnistes finisse par nous conduire à une société où les femmes se choisiront derrière une vitrine.

    @ Euterpe

    J'ai laissé un commentaire mais sexactu, avatar virtuel de tout ce qu'on peut trouver dans les magazines féminins pour cruches formatées, n'est pas le lieu idéal pour parler sérieusement.

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  6. Pfff ! T'as raison c'est tuant. Mais au moins Maia laisse causer les gens pas comme d'aucune que je ne citerai plus. Maintenant je suis seule sur le coup et waka reprend du poil de la bête à fond, ce gros sournois. Je vais laisser tomber parce que j'en ai pour la nuit.

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  7. @Héloïse

    C'est en vous lisant, vous, et quelques autres que je commence à pouvoir faire le tri et a avoir des arguments.

    J'étais sans doute tout près de vos arguments, mais le battage médiatique des pro-sexe m'empêchait d'y voir clair. Et beaucoup de ces assos sont liées aux combat pour les droits des gays et lesbiennes et je suis concernée.

    il y a longtemps, j'avais été voir une fois ce qu'était une asso de prostituées : "femmes publique". J'y ai assisté qu'une fois ne trouvant pas réponse à ma question.

    Il n'y avait que des trans, dont pourtant je soutenais le combat, mais pas de femmes comme je me l'imaginais, c'est à dire la population majoritaire de la prostitution. Je ne les aient pas trouvé représentatifs.

    J'en suis restée là des années. Ne pouvant tolérer leurs insultes de catho coincées pour toute celles qui ne sont pas d'accord avec eux-elles, et ne pouvant pas non plus tolérer de les renvoyer à leur sexe biologique.

    Aujourd'hui l'un d'entre eux, le plus actif, ex membre d'Act up, se trouve en Angleterre. Il est président de plein de truc, trans-genre sans doute encore, et sur sa photo de présentation de toutes ces casquettes, c'est un homme. Cet homme en talon haut qui a brandi la pancarte "fière d'être pute", dans une manif féministe, ce qui peut sembler redonner de la dignité aux putes, mais je crois qu'il parlait aux hommes hétéros surtout ; pas aux femmes finalement. Et peut-être même qu'il ne s'est jamais préoccupé des femmes en dehors du fait que s'il est discriminé, lui, en tant que pédé-trans c'est parceque les femmes ne sont rien.

    En fait j'avais épousé les théories queer. Mais j'en suis revenue un peu. J'estime que ça reste intéressant mais que c'est complétement insuffisant pour lutter contre le patriarcat, la misogynie, la violence faites aux femmes.

    Et c'est sans doute pour ça que maintenant je me sent bien plus proche de la position abolitionniste que de celle des légalistes.

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  8. @ Gloup

    Les théories queer, dont Butler est un peu l'initiatrice, sont en fait l'aboutissement de l'universalisme beauvoirien. Je m'explique: pour le féminisme "deuxième sexe", le but est l'abolition du clivage femmes/hommes qui repose sur l'imposture de l'éducation (on ne naît pas femme, on le devient, etc). Je suis moi-même universaliste mais là où les théories queer sont "dangereuses" à mes yeux c'est qu'elles partent du principe qu'il suffit de faire comme si le clivage n'existait pas pour qu'il disparaisse. C'est d'ailleurs le reproche majeur adressé aux radicales: ne traiter les problèmes qu'en termes de genre/sexe appuie sur la différenciation qu'elles combattent. Alors paradoxe ? pas tant que ça aussi longtemps que le patriarcat sera en vigueur et que les violences seront genrées. C'est le cas pour la pornographie et la prostitution: les institutionnaliser dans une société encore patriarcale c'est entériner des violences genrées (entre autres, puisque le problème de classe sociale entre aussi en compte).

    Parmi les lesbiennes radicales, Monique Wittig et Michèle Causse sont passionnantes si le sujet vous intéresse.

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  9. Le queer, le pseudo féminisme d'inspiration postmoderniste, est pour moi un pur avatar de l'anti-féminisme. Ce mouvement repose sur une exaltation de la culture masculine, la glorification et l'esthétisation de rapports de domination. C'est la plus belle imposture d'inspiration patriarcale élaborée dans l'unique bût de ringardiser et dépolitiser la lutte des femmes. Ce mouvement n'hésite pas à réinterpréter et à se ré-approprier, en prenant soin de les vider de leur substance politique, les théories développées par les grandes théoriciennes de la pensée féministe radicale, Le plus bel exemple de cette récupération étant celui de Monique Wittig. Le libéralisme qui sous-tend les théories postmodernes rejette toute analyse en termes collectifs au profit d'un individualisme libéral.
    Bref, pour ma part j'ai très vite mesuré l'ampleur de la supercherie. Surtout que les milieux les plus infectés par le mécanisme de dépolitisation proposé par le queer sont les milieux LGBT, j'ai vu les ravages fait par ce mouvement sur le lesbianisme politique. Butler, Préciado et Bourcier ont remplacé les théoriciennes politiques révolutionnaires :Monique Wittig; Christine Delphy; Michelle Causse; Kate Millet; Adrienne Rich; Angela Davis; Ti Grace Atkinson, Audre Lorde; Solanas et les autres.

    A lire ce texte de Sheila Jeffreys très mobilisée sur le sujet:

    "La théorie "queer" et la violence contre les femmes"

    http://sisyphe.org/spip.php/spip.php?article1051




    Mauvaise herbe

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  10. "Les théories queer, dont Butler est un peu l'initiatrice, sont en fait l'aboutissement de l'universalisme beauvoirien. Je m'explique: pour le féminisme "deuxième sexe", le but est l'abolition du clivage femmes/hommes qui repose sur l'imposture de l'éducation "


    Rappelons tout de même que les initiatrices de cette approche constructiviste sont les féministes radicales, le queer n'a rien inventé, il s'est contenté de piller le travail des féministes en le dépolitisant.

    Selon moi l'universalisme Beauvoirien navigue plus entre un féminisme identifié comme essentialiste, et un féminisme matérialiste voire radical

    Mauvaise herbe

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  11. Quand je dis "essentialiste" c'est inexact, j'aurais dû dire "naturaliste"


    "Simone de Beauvoir ne place par tout sur le plan social elle fait jouer à l'élément biologique un rôle important.Elle s'attarde sur la faiblesse physique de la femme, sa faiblesse musculaire et sa plus grande soumission à l'espèce (...)

    D'un côté elle dit "on ne nait pas femme on le devient" donc elle place l'oppression des femmes sur le plan social et de l'autre elle passe beaucoup de temps à répertorier les "handicaps" biologiques des femmes (...)

    L'explication historique qu'elle donne au statut secondaire des femmes tourne autour du fait biologique que les femmes sont celles qui sont enceintes, qui sont moins fortes... "





    Enfin l'universalisme beauvoirien suppose que :

    "seul l'être masculin est en mesure d'être pleinement humain. L'être masculin n'aurait pas à bouger puisqu'il serait déjà être humain, alors que l'être féminin aurait à "grimper" pour le rejoindre"

    Extraits de : Le Deuxième sexe de Simone Beauvoir [sic]: un héritage admiré et contesté
    Par Catherine Rodgers


    On comprend en effet pourquoi les théories queer se réclament de Beauvoir

    Mauvaise herbe

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  12. @Héloise

    merci pour ces précisions. j'en ai besoin je ne suis pas universitaire et j'y vais à l'intuition. C'est vraiment nécessaire votre point de vue.

    Effectivement, depuis quelques années je suis beaucoup plus attentive aux travail de Christine Delphy que de Marie-Hélène Bourcier, dont par ailleurs j'avais tout de même prêtée attention il fut un temps.

    Mais j'ai lâché prise, sans savoir pourquoi, j'ai pas réussi à suivre. Ni elle, ni les panthères roses, ni Act-up.

    Puis j'ai découvert christine delphy dans les livres et tout son travail contre le racisme/sexisme. Et là j'ai trouvé ce qu'il me fallait comme outils pour comprendre et résister. Ce fut une véritable révélation, la façon dont C.Delphy articulait ces oppressions, décortiquait les mécanismes, me paraissait remettre à sa place ce que je voyais tous les jours : la domination masculine, entretenue volontairement par les hommes entre eux, mettant à l'écart les femmes. Ce monde d'hommes fait par et pour les hommes, je le vois tous les jours.

    Je suis de votre point de vue : tant que ce monde pense et construit sur cette division de sexe/genre hiérarchisée, il faut mettre à jour les imposteurs qui ne veulent pas que les femmes soient aux décisions. Christine Delphy le fait admirablement avec un humour offensif sans égal. Les hypocrisies et les stratégies d'enfumages des dominants se retrouvent à poils face aux analyses percutantes de C.Delphy. et j'avais vraiment besoin de ce genre d'offensive pour me défendre, et comprendre.

    Le queer pour moi c'est quelques chose de complétement mou qui ne me répond pas et ne me donne pas les armes pour faire face à la violence quotidienne envers les femmes.

    @Mauvaise herbe

    Je ne sais pas si le queer est une imposture, je n'ai pas assez côtoyé ceux qui s'en réclament pour voir jusqu'où ça allait. Quoi que tout de même j'ai rencontré Marie-Héléne Bourcier et puis quelques personnes autour d'elle. C'était pas du tout inintéressant. Mais je sais par contre que de mettre une cravate ne me suffit pas pour lutter contre les mécanismes de la violence masculine envers les femmes. J'ai lâché tout ça. Et puis j'ai éprouvé un soulagement lorsque j'ai commencé sur internet à voir quelques critiques de lesbiennes sur le queer. Ca m'a fait énormément de bien.

    Merci pour vos commentaires ils sont toujours très instructif pour moi.

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  13. @ gloup

    Si ça vous intéresse cet entretien : "Pour un regard féministe matérialiste sur le queer.
    Échanges entre une féministe radicale et un homme anti-masculiniste" Sabine Masson et Léo Thiers-Vidal, très instructif et sans doute moins polémiste que les positions plus... tranchées et virulentes de Jeffreys :-)

    L'entretien ici : http://1libertaire.free.fr/LeoThiersVidal12.html


    Mauvaise herbe

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  14. @Mauvaise herbe

    merci ! je me retrouve tout à fait dans la critique formulée dans l'article de Sabine Masson et Léo Thiers-Vidal. ça me met encore plus au clair dans ce que je ne comprenait pas de la position des trans-pédé-guines (queer) vis à vis de la prostitution.

    Effectivement cet article est plus accessible que celui de Jeffrey, il me manque des trucs pour y avoir accès.

    merci Mauvaise Herbe !

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  15. @gloup

    Merci à vous gloup, pour votre intérêt :-)

    Oui Jeffreys a fait le choix politique (à l'instar d'une Dworkin) de se montrer particulièrement offensive, quitte à paraître parfois schématique et brutale. Si sur certains points je me montrerais volontiers plus nuancée, je comprends sa démarche et la considère même comme nécessaire face à certaines tentatives d'intoxication (mais je suis de parti pris comme vous l'aurez remarqué :-)




    Mauvaise herbe

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  16. @Mauvaise Herbe

    j'ai trouvé cet autre texte sur sisyphe qui explique le point de vue de jeffreys : http://sisyphe.org/spip.php?article1050 et je pige mieux. En fait mon interret est de comprendre tout ça, puisque j'ai fréquenté ce milieu pendant quelques années, mais sans recul et surtout sans avoir rien lu sur le féminisme. Donc c'est un travail pour moi de restituer les choses que j'ai vue, de comprendre sur quoi j'étais ok et sur quoi ça n'allait pas. Entre autre justement, il était finalement difficile de rencontrer des lesbiennes et d'être ensemble, dans ce mouvement queer. C'est maintenant que je m'en rend compte.

    ce qui l’éclair sur mon impossibilité d'avoir une position clair pendant des années sur la prostitution. C'est pas d'aujourd'hui qu'il y a débat :)

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  17. gloup,

    Vous avez raison, j'aurais dû commencer par vous proposer la lecture de l'article que vous avez donné en lien "Débander la théorie queer" beaucoup plus complet sur le sujet :-)

    Pour le reste, j'entends très bien les raisons de vos tâtonnements et de votre perplexité

    Mauvaise herbe

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  18. en résumé il y a toujours un chisme entre le féminisme et les mouvements transpédéguouine.

    hors moi j'avais besoin de féminisme. Parceque je subie en tant que femme en tout 1er lieu, l'oprression masculine, avant même de subir de la répression du à mon orientation sexuelle. Et ce féminisme là m'a toujours manqué chez les transpédéguouine. Bien que l'essentiel pour moi était de comprendre que l'hétérosexualité est un système politique. en dehors de ce concept génial de Monique wittig (lesbienne radicale), qui me faisait comprendre tout un tas de choses liées au déni, mépris, violence hétérosexuelle, sur ma différence, le reste, les truc SM et autres bidules spécial queer j'en avais rien à battre. Mais c'était essentiel de me battre à leur côté contre le dictat hétéropatriarcal.

    Les pros-sexes dans tout ça, je fini par me dire que ça ne vient que des transpédé...et les gouines ? sont-elles si d'accord que ça ? combien sont-elles réellement ? Bien sur je sais qu'elles existent et réalisent des pornos lesbiens...mais parle t-on de la même chose ?
    Récupérer ce qui nous a été volé de notre identité par les hommes-hétéros, n'implique pas d'être pro-prostitution. Le sont-elles dailleurs ?

    enfin tout plein de question.

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  19. à mauvaise herbes
    ça m'a beaucoup intéressé ce que vous dites à propos des théories queer et des problèmes des transexuels
    ça confirme ma propre analyse de la question

    notamment votre pointage de la récupération néolibérale patriarcale de toute idéologie féministe radicale dans une finalité individualiste alors que les féministes radicales ou initiales comme Simone de Beauvoir était d'inspiration naturaliste, donc formées à un regard global et donc à une vision collective des phénomènes et ayant tendance à considérer ou confirmer l'intuition de Claude Bernanrd en biologie que le terrain fait tout et le microbe pas grand chose sans le terrain : autrement dit l'individu se construit par et dans le collectif et n'est pas constructeur du collectif au sens prométhéen des individualiste, par effet d'émergence du collectif qui devient un phénomène constructiviste émergent largement plus fort que la simple sommes des participations individuelles.

    par ailleurs

    sans faire d'analyse idéologique ou sociopsychologique poussée de la question des transexuels ou du genre, ce qui m'a frappé très tôt dans tous les exemples que j'ai pu vérifier en rencontrant des gens, c'est que les transexuels développent en priorité la féminité ou la masculinité caricaturale définie dans le modèle patriarcal, et, particulièrement pour les cas les plus médiatisés, sont des "poupée barbie" grandeurs natures (qui à ma sensibilité, ne sont pas des femmes mais des fantasmes masculins)

    par ailleurs, à l'égard de Simone de beauvoir, ce qui m'a intéressé, très tôt chez les féministes comme elle, c'est que leurs analyses me semblaient, compte tenu de ce que vivais, tout à fait transposables à la construction de l'homme. méthodologiquement, et compte tenu que si les différences physiologiques entre sexe peuvent ne pas toujours s'incarner en conformité avec le "modèle" dominant, sélectionné par la pression de conformité collective sociale, il vient très vite que d'autres handicaps peuvent être rencontrés chez les garçons et qu'on constate aussi, dans sa propre construction, subir la pression collective sociale du modèle masculin autant que du modèle féminin, de sorte que l'on puisse souffrir de devoir se conformer à "quelque chose" de genrée sans que cela corresponde à ce que l'on ressens intimement à exprimer.
    que donc on constate aussi que pour l'homme, on ne naisse pas homme mais que la société cvous construit tel.
    qu'ensuite on puisse individualistement être très tenté par les théorie transgenre du fait de l'induction puissante des modèles genrée nous imposant d'aller jusqu'à contraindre notre corps pour se conformer à un modèle de genre.
    et ça, moi, physiquement, intimement je ne peux pas massacrer mon corps puisque toute mon intimité et ma sensualité au monde est un rapport de tendre. je ne suis pas un genre. je suis un corps en recherche de douceur.

    bref
    comme les premières féministes à avoir revendiquer le droit de porter un pantalon pour des raisons d'ailleurs moins pratique que de recherche d'égalité de pouvoir, j'aurais tendance à revendiquer le droit de porter la robe ou la jupe comme ça me chante pour des raisons d'expression momentanée de sensibilité corporelle mais aussi par revendication de pouvoir d'expression d'autre chose que l'ambition du pouvoir des uns sur les autres.

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  20. Waow! je m'absente deux jours et voilà que mon blog devient un café philo. C'est génial !

    Gloup, Mauvaise Herbe et Paul, j'ai lu vos échanges. Je ne répondrai pas à chacun des commentaires (un peu dépassée devant la masse, là!)mais juste:

    @ Gloup: Christine Delphy c'est tout bien ce qu'elle dit/écrit ! Une personnalité rare que l'on ne voit/entend pratiquement jamais quand on parle de féminisme dans les médias. Parce qu'en France, le féminisme c'est Badinter :(

    @ Mauvaise Herbe

    Passionnant l'échange Masson/Vidal. Ceci dit, je ne pense pas que les pro-sexe et pro-prostitution soient issu.es exclusivement des milieux queers. Il y a aussi un mouvement qui ne se réclame pas spécialement de leurs théories et se veut beaucoup moins théorique et surtout politique: les féministes pragmatiques (équivalent dans l'idée au post-féminisme québéquois et qui a pour représentante médiatique Despentes). Ce féminisme évacue à la fois la dimension politique de l'oppression et son aspect collectif. Pour ses défenseures, il suffit que chacune prenne son destin en main, reprenne les outils d'oppression à leur compte (pornographie/prostitution) pour en finir avec la domination masculine. Seulement, on le sait, l'initiative individuelle ne suffit pas puisque le phénomène est collectif: l'initiative individuelle se heurte immanquablement à la chape du collectif.

    @ Paul

    Effectivement, on ne naît pas homme on le devient ! D'ailleurs gare à celui qui ne le devient pas vraiment: il gêne aux entournures car il est la preuve que la virilité n'est pas inhérente aux personnes de sexe masculin.

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  21. @héloïse et Mauvaise Herbe

    ha bah voilà, je pige mieux où se trouve Despentes. Et ce pourquoi je suis moitié ok avec elle. L'aspect collectif de l’oppression ! c'est un élément essentiel, c'est exactement ça qui m’intéresse. De quelle manière cette oppression est collectivement mise en place. Les postures individuelles, je m'en contre fou finalement.

    Suis tombée sur cet article d'une lesbienne fort énervée contre les queer : http://mysandriste.over-blog.com/article-testo-mammouth-51433257.html

    un régal :)

    j'ai cette forme de colère qu'elle exprime superbement bien dans son blog.

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  22. @Paul

    "(...)j'aurais tendance à revendiquer le droit de porter la robe ou la jupe comme ça me chante pour des raisons d'expression momentanée de sensibilité corporelle mais aussi par revendication de pouvoir d'expression d'autre chose que l'ambition du pouvoir des uns sur les autres. "


    Voilà une revendication que je considère éminemment plus constructive et radicale que celle encouragée par le queer comme le transgenre,la transsexualité et ses avatars. Vous vous inscrivez dans cette démarche plus en accord en effet avec le féminisme matérialiste radical qui vise l'abolition des genres et non sa ré-interprétation et multiplication. La démarche transgenre et/ou transsexuelle ne remet pas foncièrement en question le système patriarcal de domination basé sur la différenciation des sexes/genres mais au contraire elle le ré-essentialise.



    @Héloïse

    "Il y a aussi un mouvement qui ne se réclame pas spécialement de leurs théories et se veut beaucoup moins théorique et surtout politique: les féministes pragmatiques (équivalent dans l'idée au post-féminisme québéquois et qui a pour représentante médiatique Despentes)"


    Quand je parle du queer j'englobe l'ensemble du courant féministe d'inspiration postmoderne, le post-féminisme en est l'appellation générique, le queer n'est qu'une ramification et d'ailleurs Despentes se réclame du courant défendu par la théoricienne queer Béatriz Préciado (qui est aussi sa compagne)






    Mauvaise herbe

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  23. J'ajoute cette réflexion d'une féministe radicale (dont j'ai oublié le nom):

    "je serais post-féministe quand on en sera au post-patriarcat"

    ;-)...


    Mauvaise herbe

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  24. "Suis tombée sur cet article d'une lesbienne fort énervée contre les queer : http://mysandriste.over-blog.com/article-testo-mammouth-51433257.html "


    Très très drôle oui ;-)


    Mauvaise herbe

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  25. "je seraI post-féministe quand on en sera au post-patriarcat"

    c'est mieux :-(



    Mauvaise herbe

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  26. "je serais post-féministe quand on en sera au post-patriarcat"

    LUMINEUX !!

    "La démarche transgenre et/ou transsexuelle ne remet pas foncièrement en question le système patriarcal de domination basé sur la différenciation des sexes/genres mais au contraire elle le ré-essentialise."

    bah voilà ! pas pu participer à mettre des moustaches et des cravates en pensant remettre en question un truc fondamental. J'étais un peu sidéré devant si peu de perspective. A la rigueur on peut "perturber" un instant la boulangère du coin, mais ça s'arrête là. La proposition de Paul est effectivement bien plus inventive. J'ai eut beau leur dire que à la rigueur si on cherche par les habit à changer quelque chose fallait aller beaucoup plus loin. Je pense à une poésie de wittig, ou une femme se roule dans un champs de fleur et ses contours deviennent de plus en plus flou, s'amalgamant à un amas de fleur, un autre corps, un monstre au final.

    bon enfin voilà quoi. Tellement plus fort à mon sens...

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  27. @mauvaise herbe

    je sais pas si je suis plus inventif
    je m'efforce de trouver comment exprimer ce que je ressens intimement.
    c'est la démarche que je poursuis dans mes romans (librement téléchargeable à partir des pistes indiquées sur mes sites)
    bon, merci de me flatter quand même hein, ça fait toujours plaisir.

    je pense qu'effectivement ce qui me choque dans la démarche transgenre queer et compagnie c'est qu'il me semble flagrant qu'ils réessentialisent le sexisme et ça, ça me parait très grâve.

    je trouve beaucoup plus "naturelle" voir humoristique, joyeuse, provocatrice, révolutionnaire dans le sens de remettre en question les attributions de rôles et apparences, la démarche du travestis de tout genre. ça n'a pas de prétention phylomachintrucmuche. mais c'est joyeux au moins.

    bon c'est pas cette démarche que je précaunise non plus du fait que le travestissement est de l'ordre du festif ou de l'exceptionnel et que moi ce que j'indique c'est une démarche plus ordinaire, quotidienne, intime.

    je citais la jupe du fait que c'est facile comme exemple d'autant que ça a été dernièrement repris par des petits mentaux prétendument féministe avec la journée du même objet.

    mais en fait, ma démarche est beaucoup plus de l'ordre de la construction culturelle des sensibilité à apprendre à ne plus projeter sur soi comme sur autrui le modèle dominant qui nie la diversité des sensibilités et des aptitudes en totale indépendance avec les déterminants biologiques généraux des membres d'une espèce animale.

    la démarche d'apprendre aux hommes et aux femmes à soigner leur corps et particulièrement leur chevelure dans le symbolisme de la délicatesse fragiles autant que forte de sensualité, me semble beaucoup plus profonde et indépendante d'un siècle du retour à la barbarie symbolisée dans le retour de mode de crânes rasés, gueule virle et guerrière, et de cheveux courts chez les femmes par revendication rivalitaire avec le prétendument pragmatisme des hommes en matière du corps : c'est archi faux

    abandonner la douceur de son poil, et particulièrement de sa chevelure, même si elle n'est pas opulente, c'est abandonner le soin et la délicatesse sensuelle de son corps, porteur et expression de vie et de recherche de douceur dans le monde.

    c'est aussi refonder la lecture du corps pratiquée depuis des milléna_ires, lors desquels la longue chevelure était fierté et orgueil autant des femmes que des hommes. on rasait les têtes des esclaves et des gens qu'on voulait, veut encore humilier. retourner à ça comme mode masculine et +- féminine je trouve ça grâve d'intériorisation de l'humiliation uniformiste.

    mais moi ce que je propose ce n'est pas le retour à l'orgueil : c'est la fondation d'un monde non guerrier

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  28. suite
    alors la robe, quest-ce que c'est dans tout ça ?
    ou la jupe ?
    c'est assez simple : la robe est le vêtement d'intérieur depuis l'aube de l'humanité. la jupe est au contraire le vêtement d'extérieur laissant libre court à l'activité des jambes (rappelez vous les égyptiens et les romains, ce sont les gaulois qui portaient des pantalons)
    mais par ailleurs, par le masque ou l'ouverture, la robe ou la jupe expriment dans mon système une relation à l'expression de sa sensualité au monde : intime et intellectuel (les rois et les prêtres, les gens d'intérieur), la réflexion ou le travail intériorisé, externe et seducteur actif par la monstration de la musculature et de la démarche du bassin avec la jupe.
    y'a d'autres lectures possibles. ce sur quoi je cherche à mettre l'accent c'est sur le ressenti d'une expression de soi dans ou au monde.

    le pantalon est une uniformisation acorporelle des jambes : tout y est nié (évidemment pas dès qu'il devient moulant comme les coupes jeans)
    et c'est cette négation du corps expressif comme en danse contemporaine que je vise en proposant une re-expression de la sensualité active non plus dans son unique finalité sexuelle, mais dans son objectif d'expression de soi/corps.

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  29. @ Gloup

    Très sympa ce billet sur les mammouths ! Blog à suivre en tous cas même si l'arrachage de couilles me branche pas plus que ça (c'est du second degré et ça permet de libérer sa colère mais bon, là c'est un peu insistant).

    Quant à l'aspect collectif de l'oppression c'est justement à mes yeux le noeud du problème. Avancer individuellement est un leurre: on ne ramasse que les miettes du patriarcat. C'est le cas des suce-boules et collabos en tous genre: elles ont l'impression d'avancer mais elles ne font que jouer le jeu du patriarcat pour leurs intérêts immédiats (et encore, il s'agit de ce que les hommes veulent bien leur céder) mais pas à long terme.

    @ Mauvaise Herbe

    Tu as raison, Despentes convoque souvent les théories queer mais je ne pense pas que celles qui se réclament de ce mouvement aient des affinités spéciales avec le queer. Il s'agit de femmes hétéronormées et assez essentialistes (billets sur les régimes comme chez Crêpe Sucette ou les tenues sexys comme chez Zone Zéro).

    @ Paul

    Je découvre (je sais, je suis parfois longue à la détente ...) que vous co-tenez un super blog avec des supers textes que j'ai parcourus pour certains. Il y en a beaucoup, voilà de quoi me ressourcer quand j'en aurai marre de parler prostitution dans le vide.


    PS: "Je serai post-féministe quand on en sera au post-patriarcat" ... j'adhère, j'adore !

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  30. @Héloise
    euh... merci pour le super blog... bon... en fait c'est un site que j'avais initialement conçu comme collaboratif... suis resté seul très longtemps dessus après abandon des premiers complices. et puis là, ça repart avec LaPuce... on se marre bien...

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  31. Héloïse,

    Je comprends mieux ta distinction. Tu parles sans doute du féminisme libéral égalitaire (ou réformiste), effectivement beaucoup plus hétéronormé. Ce courant cependant rejoins sur de nombreux points les positions défendues par le post-féminisme, notamment pour ce qui concerne la prostitution. Le principe de la liberté individuelle étant la base de réflexion commune à ces deux courants. Il s'agit plus grossièrement d'un féminisme dit de droite, qui ne propose pas de réelle remise en question du système tel qu'il est mais se propose de le réformer, l'aménager pour le rendre plus égalitaire. E Badinter en est la meilleure représentante.


    Mauvaise herbe

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  32. suite
    bon autrement le caractère collectif de l'opression est fondamental dans bon nombre de questions d'ordre domination/soumission.
    l'idéologie individualiste et en particulier néolibérale qui est en fait une idéologie de l'orgueil prométhéen, nie de façon évidente le caractère collectif de toute construction culturelle : or phénoménologiquement, c'est à dire au sens du comment se construit le phénomène social psychologique culturel c'est pas possible autrement. les expériences d'isolement individuel d'animaux ou d'humain dès la naissance montrent que tout se construit en interaction avec l'environnement chez chaque individu.
    par ailleurs, l'idée de culpabilité va de paire avec celle de valorisation individuelle : d'un côté il leur faut valoriser la force volontaire individuelle quand elle réussi dans sa finalité par orgueil sur le groupe, de l'autre il leur faut pour autant voloriser le gagnant sur les autres que pour valoriser l'individu, le dévaloriser quand il est perdant. et tous les mensonges sont bons pour y parvenir.
    ça m'a toujours paru évident que le prostitueur est complice ou à mettre dans le même sac que le proxénète. ça m'a toujours paru évident que le capitaliste est à mettre dans le même sac que n'importe quel truand : ce qui les unis c'est la volonté de puissance sur les "autres" donc sur le collectif, l'orgueil autant que le mépris. et bien évidemment l'appat du gain facile donc la cupidité autant que la fierté de soumettre autrui à son vouloir : il y a le même geste dans le possédant capitaliste et dans le mafieux proxénète ou traficant de drogue, il y a le même geste chez le capitaliste exploiteur du travail dont il s'approprie la plus value générée par son système mmercantile que chez le proxénète, il y a le même geste de déresponsabilisation aveugle chez le consommateur de produits inutiles et illusoires d'industrie qui n'ont aucun intérêt technique voir qui sont nocives ou techniquement mauvaise (par exemple utilisation/consommation du système d'exploitation windows) que chez le client de prostituée...
    etc...

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  33. suite
    ce que je veux dire c'est par ces exemple que l'intrication des dominations relatives est collectives : on est tous plus ou moins complices de se système même quand on n'est pas directement prostitueur.

    alors là où moi aussi je m'agace beaucoup à la lecture des camarades de gôche, c'est que dans la quasi totalité, ils ne s'attaquent qu'à des épyphénomènes du système et qu'ils n'ont toujours pas intégré le caractère non finaliste et collectif de la phénoménologie sociale et culturelle.
    pire
    souvent, leurs attaques sur des points particulier du malsain du système ne font que renforcer le systèmùe du fait qu'ils ne procèdent que par rivalité superficielle et n'ont pas par ciblage des mécanismes radicaux à la phénoménologie du système.
    marx parle de lutte des classes comme de quelque chose de radicalement mauvais : en renforçant l'antagoniste prolétaire bourgeois la quasi totalité des militants de gauche ne font que poursuivre et entretenir cette lutte des classes
    moi quand je lis marx, j'en tire une phénoménologie et j'en vient à me rendre compte que le système rend tous ses membres prolétaires et que donc la prise de conscience à faire est que tous doivent s'unir et se reconnaître comme coacteurs de leur monde et non plus chercher à qui dominera les autres. et évidemment j'applique cette phénoménologie aux classes sexuelles et animales.

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  34. l’arrachage de couille c'est trop mon truc non plus et d'autant plus que je ne les côtoient pas, les dites "couilles". Pour autant je trouve que son blog est nécessaire, il en fallait une qui est la niak et le courage d'exprimer sa révolte comme ça. Et je trouve qu'elle est non violente finalement. Comparée aux violences réelles que les femmes subissent parce qu’elles ont le tord d'être nées du sexe féminin....Je comprends complétement sa colère. Et bien sûr c'est du second degrés. Mais faut dire que cette virulence verbale et écrite est autrement plus rependue contre les femmes dans tous les médiats, pubs, Internet etc...partout sans complexe. Alors finalement...bah ça fait du bien son truc :)

    Despente, je me demande jusqu'où elle adhère à ces théories...ça ne m'étonnerais pas qu'un jour elle prenne ses distances, elle est très indépendante à mon sens. Bon elle a été saisie au vol par cette communauté queer, après son film "baise moi". Illes ont bien vu en elle la possibilité de faire quelque chose, mais après tout, elle est vraiment autonome. enfin je la voit comme ça.

    Je comprends pas tout ce qu'écrit Paul, mais ça à l'air bien :)

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  35. à gloup : il ne faut pas voir Despentes comme une penseuse. Elle a une démarche artistique à la sauce contemporaine. L'art c'est mon domaine je peux donc en parler. Il s'agit d'être toujours en porte-à-faux avec la pensée la plus répandue et en même temps ne jamais donner l'impression d'adhérer à un courant. C'est ce qu'on pourrait appeler en terme de navigation du cabotage. Longer une côte sans jamais aborder. Si la pensée dominante change, elle changera la sienne de manière à ce qu'elle n'y corresponde jamais.
    Elle n'a donc pas de position du tout, en réalité. C'est d'ailleurs cela qui impressionne les foules.
    Prendre une position ferme est très mal vu aujourd'hui (contrairement au XIXe siècle, par exemple).

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  36. Pour compléter : la démarche artistique ressemble à une attitude rebelle mais ne l'est pas dans la mesure où elle ne fâche pas les nantis qui sont les payeurs.
    Elle les titille, les provoque mais ne les prend pas à rebrousse-poil. Demander la pénalisation des clients de la prostitution est le contraire d'une démarche artistique contemporaine parce que c'est une position forcément anticapitalisme. La prostitution est un esclavage qui à l'instar de l'esclavage noir pour l'exploitation de la canne à sucre, produit énormément de richesse. Donc aucun.e artiste qui veut être vsible dans les médias ne va s'y opposer.

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  37. @gloup

    "l’arrachage de couille c'est trop mon truc non plus et d'autant plus que je ne les côtoient pas, les dites "couilles". Pour autant je trouve que son blog est nécessaire, il en fallait une qui est la niak et le courage d'exprimer sa révolte comme ça. Et je trouve qu'elle est non violente finalement. Comparée aux violences réelles que les femmes subissent parce qu’elles ont le tord d'être nées du sexe féminin....Je comprends complétement sa colère"


    Je souscris à 100%.

    Encore une fois je considère même que cette virulence peut se révéler comme politiquement indispensable. C'est un travail ingrat de défrichage, nécessaire pour ouvrir la voie à des revendications plus "raisonnables". A l'instar d'une Solanas, les "virulentes" sont toujours en première ligne, ce sont elles qui prennent les coups, mais elles permettent aux autres d'être enfin écoutées. C'est un rôle qu'il m'arrive de choisir d'assumer sur divers forums de discussion, en général les résistances se focalisent sur mes interventions, je suis jugée d'extrémiste etc mais la contrepartie (ce qui est le but de la manoeuvre) c'est que sur un même sujet les autres intervenantes vont être enfin considérées comme "raisonnables", en réaction l'attention générale devient beaucoup plus favorable à leurs interventions.

    Pour comparer, je considère que l'intransigeance et la brutalité d'un Malcom X dans la lutte des droits des afro-américains était complémentaire à l'approche politique plus pacifiste et rassembleuse d'un Martin Luther King. Pour les raisons que j'ai évoquées plus haut



    @Euterpe

    Pour Despentes vous avez en effet parfaitement résumé ce qu'elle revendique elle même comme une démarche punk : Une attitude de contestation permanente par dérision envers l'ordre social



    Mauvaise herbe

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  38. Pour compléter mon précédent commentaire, je recommande la lecture ou la relecture du texte de Christiane Rochefort « Définition de l’opprimé »


    Mauvaise herbe

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  39. A Mauvaise herbe : ouais elle appelle cela "démarche punk" mais c'est une démarche artistique tout ce qu'il y a de conventionnelle. La seule chose punk qu'elle ait faite (mais c'est du passé) c'est de s'être vraiment prostituée. Ca c'est tout à fait destroy. Mais cela semble maintenant lui donner le droit de militer pour la légalisation de la prostitution et ca par contre c'est plus du tout punk. C'est cette démarche pseudohumanitaire de gauche qui arrive à faire détester la gauche. En Allemagne ce sont Schröder (SPD, le PS allemand) et Fischer (les Verts allemands) qui ont légalisé la prostitution. Ca me dégoûte. La droite conservatrice se casse la tête pour savoir comment sortir de là et du coup on finit par être content d'avoir un gouvernement conservateur de droite ! C'est le comble !

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  40. Enocre un mot : exactement l'année (2001) où les suédois pénalisaient les clients de prostituées, ces deux imbéciles légalisaient la prostitution. Ils ont vite giclé du gouvernement par la suite mais le mal était fait.

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  41. Euterpe,

    "ouais elle appelle cela "démarche punk" mais c'est une démarche artistique tout ce qu'il y a de conventionnelle"

    On est bien d'accord, ça ne demande pas un grand courage, pas certaine qu'elle bénéficierait de la même popularité si elle s'était opposée à la pensée dominante sur le sujet.



    Mauvaise herbe

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  42. Désolée à toustes pour le retard dans mes réponses ... suis un peu dépassée en ce moment !

    @ Mauvaise Herbe

    Ben, en fait je parle des féministes pragmatiques, mouvement dans lequel on retrouve Despentes mais aussi Joy Sorman (dont j'ai entendu la voix de merde tout l'été dernier sur France Inter ...).

    Un aperçu ici.

    Quant à l'arrachage de couilles, évidemment je suis d'accord avec la colère féministe qui est légitime et qui n'arrivera jamais à la cheville du machisme. C'est l'insistance qui me gêne, je trouve que ça décridibilise alors que si c'est distillé avec parcimonie c'est plus efficace. Ma remarque était purement formelle et personnelle (pour ma part, je préfère couvrir les machos de sang menstruel (avec les morceaux !) ... il paraît qu'ils trouvent ça dégueu ;) )

    @ Gloup

    Sur la question de l'arrachage de couilles, voir plus haut ! Comme toi, je pense qu'on est encore trop gentilles et qu'il est bien que certaines se déchaînent. Certain.e.s diront que ça discédite le mouvement mais, de toutes façons, qu'est-ce qui ne discrédite pas le mouvement ? On dénonce, on est dans la victimisation abusive; on se rebiffe, on est agressives/hystériques; on essaie d'être pédagogues, on veut dominer le monde ...

    Despentes ? Pour moi, c'est une commerçante et ça ne m'étonnerait pas non plus qu'elle revienne sur ses propos après avoir bien foutu le pati. Comme sa copine Ovidie qui commence à s'effrayer de la violence qui règne dans le monde de la pornographie comme si c'était nouveau ...

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  43. @ Paul

    "bon autrement le caractère collectif de l'opression est fondamental dans bon nombre de questions d'ordre domination/soumission."

    Evidemment. C'est d'ailleurs le principal point commun entre toutes les formes d'oppression. Les individu.e.s seul.e.s n'oppriment pas, ils font chier tout au plus. De plus, nier le caractère collectif d'une oppression, c'est nier également son aspect politique. Le vieux slogan des féministes "le privé est politique" est toujours d'actualité. Le compagnon qui exploite domestiquement sa compagne le fait à titre individuel, certes, mais avec l'aval et le concours de la collectivité. Mais pour combattre une oppression collective, il faut déjà que les opprimé.e.s aient une conscience de classe. Or, pour les femmes c'est pas gagné d'autant plus que les relations interpersonnelles avec le dominant sont, plus que sous tout autre forme de domination, un énorme frein.

    @ Euterpe

    Oui, son côté punk est totalement surjoué. Elle vient des classes moyennes, elle est éduquée. Je me demande même si sa démarche prostitutionnelle/pornographique n'est pas un moyen de faire son ado rebelle contre le milieu dont elle est issue. En tous cas, elle est totalement incohérente: dans KKT, elle fustige les hommes tout au long de la première partie pour leur témoigner de la tendresse et les trouver attachants lorsqu'elle se prostitue (syndrome de Stockholm, clientélisme à deux balles ?). Non, vraiment, c'est pas clair son histoire.

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  44. "Je me demande même si sa démarche prostitutionnelle/pornographique n'est pas un moyen de faire son ado rebelle contre le milieu dont elle est issue".
    Ah mais il n'y a pas un gramme de doute là-dessus et lors de la sortie de "Baise-moi", elle-même le disait. En fait, ce qu'elle ne supportait pas c'est l'indifférence de son père. Elle a tout fait pour le choquer, aller à l'encontre de ses convictions. Bref, tout ce qu'elle a fait au départ, c'est en fonction de ce père.
    Malheureusement j'irais jusqu'à dire que nous agissons toutes plus ou moins soit en fonction des attentes de notre père, soit en réaction à ses attentes. C'est pour cela qu'il y a si peu de féministes. Il est très dur d'abandonner l'idée d'être un jour enfin cet être humain de première classe à ses yeux et non de seconde classe comme la majorité des pères percoivent leur fille. Beaucoup de femmes s'agitent uniquement dans l'espoir de faire évoluer la mentalité de leur père ou de correspondre à l'image qu'il souhaite avoir de leur fille.
    c'est assez difficile de se positionner entièrement sans repère. Et le premier repère sont les parents. La mère compte moins puisqu'elle est en position d'infériorité quelque soit sa situation (veuve, divorcée, fille-mère ou femme mariée). Il reste donc à se mesurer au père...ou à se soumettre.

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  45. Je m'immisce pour dire que je viens de voir sur France 3 un téléfilm enthousiasmant sur Marthe Richard, la députée de la Libération qui est connue pour avoir porté la loi à laquelle elle a laissé son nom, imposant la fermeture des maisons closes. Le film très bien mis en scène est sans concession sur Marthe Richard au passé trouble, mais survivante des turpitudes de la société mâle française de l'avant-guerre, de la guerre et de l'après-guerre, où les femmes furent tondues pour avoir couché avec l'ennemi, épisode honteux de l'histoire de France soit dit au passage ; c'est Clémentine Célarié qui avait le rôle très énergique de cette femme. C'était vraiment parfait. Du vrai service public pour une fois !

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  46. @ Euterpe

    Gagner l'estime de son père est peine perdue d'autant plus si on a un ou des frères et tu as sûrement raison quand tu analyses la compromission de certaines comme une façon de s'approcher de cet idéal inatteignable puisque nous sommes "perdues" à leurs yeux. La mère compte moins, c'est sûr, et elle est ce contre quoi filles et garçons se construisent. Quel.le enfant rêve d'une vie de subordonnée ?

    @ Hypathie

    Argh! j'ai raté ça. Je suppose que le téléfilm est visionnable sur leur site. Je vais aller jeter un oeil.

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  47. Comme je suis branchée XVIe siècle, on le sait, et qu'un livre débile est sorti dernièrement sur Charles IX, je suis allée lire ce qu'en disaient les blogs de lecture et j'ai laissé un commentaire ici : http://mesaddictions.wordpress.com/2011/04/17/charly-9/#comments
    J'aimerais que celles de tes lectrices qui ont suivi la polémique avec olympe-proxo lisent la réponse de cette historienne après qu'elle ait lu mes prises de position sur mon blog. Elle me met et vous mettrons très certainement à toutes du baume au coeur !

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  48. @Euterpe

    oui c'est super ce que dit cette personne, et ça fait du bien effectivement. Et bravo à vous également. Je trouve son blog sur la sexualité dans vue par l'histoire fort prometteur, comme son billet sur l'histoire du viol :

    http://lubriotheque.wordpress.com/2011/03/25/histoire-du-viol/

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  49. @Mauvaise herbe

    tout autre chose j'ai cru comprendre que vous aviez du mal à trouver comment afficher votre speudo sur ce type de blog. Il suffit de

    -déplier le menu "sélectionner le profil" (en dessous du champs de rédaction)
    -choisissez "Nom/URL"
    -remplir les champs qui s'affichent (pseudo, adresse url)
    -publier

    voilà :)

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  50. @ Euterpe

    Du baume au coeur, c'est exactement ça ! Par contre, je ne sais pas qui elle vise quand elles parle de blogs féministes dont elle n'apprécie pas les propos. Est-ce les pro-prosti ou bien les radicales comme nous ?

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  51. @ Gloup

    Très bien cette synthèse issue du livre qu'elle conseille. C'est la première fois que je lis un texte où le viol est présenté dans une perspective historique. On se rend compte qu'on a pas mal avancé.

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  52. mauvaise herbe2 mai 2011 à 20:26

    @gloup

    Merci :-)

    C'est vrai que je persistais à essayer de passer par l'identification wordpress qui ne fonctionne pas, et qu'à défaut j'ai vite opté pour "anonyme".
    Je vais essayer ton option.

    Héloïse

    "Par contre, je ne sais pas qui elle vise quand elles parle de blogs féministes dont elle n'apprécie pas les propos. Est-ce les pro-prosti ou bien les radicales comme nous ? "

    je me suis fait exactement la même réflexion

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  53. Oui, je me suis aussi posée la question. Peut-être qu'elle est tombée par hasard sur quelque chose de hard comme le "scum manifesto" ? A mon avis elle n'a pas reconu dans les personnes qu'elle a approuvé chez olympe sur le sujet de la pénalisation des prostituées (toi et emelire, à mon avis) celles qu'elle a trouvé trop radicales sur leur blog.
    Mais il faut dire qu'Emelire, Hypathie et toi avez changé le look de vos blogs entre temps. Ils sont moins austères ou flashy (le pink d'Emelire). (si je peux me permette cette remarque...oups).

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  54. Sinon y a t-il à part olympe beaucoup d'autres féministes proxos ?

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  55. vous connaissez Radiorageuses ?

    une émission intéressante des "dégenrée" : FÉMINISME ET LUTTES TRANSPÉDÉGOUINES "

    "Lors de cette émission, nous aborderons le lien entre luttes féministes et luttes transpédégouines : pourquoi ces thématiques sont-elles imbriquées ? Quelles alliances effectives ou à renforcer" http://www.radiorageuses.net/spip.php?article57
    je trouve ça intéressant

    mais y a des truc du STRASS je crois ou d'Act-up. Une émission produit par "on est pas des cadeaux". J'ai pas écouté leur bidule pro-prostitution pour voir ce qu'ils en disent. Enfin surtout "ils" que "elles" semble -t'il...Si vous avez le courage de jeter un œil, la liste de leur émissions : http://www.radiorageuses.net/spip.php?rubrique8

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  56. Je ne me souviens plus si c'est sur ce blog que j'ai vue cette vidéo de témoignages de femmes ayant subi la prostitution. Merci à ces femmes qui ont osées témoigner :

    http://www.dailymotion.com/video/x5hd21_prostitution-1-3-pas-a-vendre-1_news#from=embed

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