mardi 7 juin 2011

Fille manquée





La réalisatrice de la saluée "Naissance des pieuvres", Céline Sciamma, signe un second film sans fioritures et d'une justesse étonnante: Tomboy. Je reviens de sa projection au cinéma du coin et je me suis promis de le recommander ici.

Parler de ce film trahit forcément son objectif: dire avec le moins de mots possibles tout ce qui bouscule une petite fille de dix ans (et sa famille, forcément) qui se voudrait garçon.

Je préfère donc poster la vidéo de la bande-annonce, vous donner ainsi envie d'aller découvrir par vous-mêmes le jeu bluffant de la jeune actrice, Zoé Héran, et juste vous préciser que Céline Sciamma est lesbienne.



24 commentaires:

  1. bon alors, j'ai regardé la bande annonce.
    que la cinéaste soit lesbienne, ben ça aurait tendance à me dire qu'elle va valoriser l'amour des femmes pour le femmes... mais bon, je me trompe peut-être de projectivisme hein...
    ensuite
    bon
    votre blog indique que vous êtes résolument virilophobe : ça tombe bien, je pensais que moi aussi.
    donc y'a un truc qui me pose des tas de questions dans ce film que j'ai pas vu, juste la bande annonce...
    qu'on soit très mal dans sa peau et qu'on ait envie d'être autre chose que ce qui vous est imposé : tout à fait d'accord
    qu'on ne soit pas encore capable d'analyser quand on est enfant ce qu'on veut, d'où vient son élan, son désir, son fantasme d'identification ou son "intuition" d'identité, ça me parait normal.
    donc je me demande vraiment ce que cherche à prouver cette cinéaste par la monstration de cet enfant qui désire être un garçon... quand par ailleurs, on a tous les éléments possibles et imaginables, vécus directement, pour ne pas être du tout convaincues que le modéèle d'identité masculine, autrement dit les structures constitutives de la virilité, soient des bonnes choses d'un point de vu moral, éthique, humain et que tout nous conduise à chercher à construire autre chose que le désir rivalitaire de s'identifier au modèle d'identité dominante, oppressive parce que foncièrement dominatrice donc mauvaise !
    j'ai bien dit que je me demande, pas que je sais ou que j'ai compris hein.
    je comprends bien qu'il s'agisse aussi d'exposer le cas peu médiatisé du transexualisme de femme vers homme.
    mais ça aussi le transexualisme, je soupçonne ce truc là d'être incidieusement, donc non intentionnellement, une émergence ou une conséquence, de l'induction totalitaire du sexisme essentialiste, poussant des individues à ne tellement pas accepter la matière, leur matière, leur corps qu'ils ou elles la soumettent à la domination du modèle sexiste environnant, au lieu de développer autre chose que ce qu'impose de sectarisme identitaire le modèle environnant. et cela les conduirait en fait à renforcer les modèles identitaires sexistes au lieu d'en dénoncer l'arbitraire.
    je trouve aussi sectaire et critiquable de jouer au foot qu'à la poupée de plastique stéréotypée : donc depuis mon enfance, je m'entoure de nounours en peluche et je ne joue à aucun jeux de ballon.
    et en plus, je me fiche complètement de ce que autrui a dans la culotte.
    c'est déjà pas mal comme trucs pour être socialement pas à l'aise ni acceptable.
    donc j'en reviens au cas de la petite fille du film : en fait, toute cette tendance ne serait-elle pas celle de quelqu'un cherchant à tous prix à s'intégrer au modèle du pouvoir dominant de sorte de ne pas en être victime et rejeter ? tout ça paradoxalement puisqu'évidemment sa démarche ne sera pas acceptée du fait du sectarisme du modèle sexiste dominant ?

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  2. @ Paul
    Je n'ai pas le temps de développer comme toi. Je ne sais donc pas si j'arriverai à me faire bien comprendre. Mais je ne pense pas que toutes les valeurs ou caractéristiques dites masculines doivent être rejetées. Dans le modèle masculin, je condamne tout ce qui aboutit à la destruction, celle des autres et celle de l'environnement (c'est lié).
    Je suis d'accord avec toi sur la contradiction inhérente à la transexualité, qui retombe dans l'essentialisme. Quant à moi, je prône la multiplicité des genres et surtout la variabilité: un jour féminin, le lendemain masculin, un autre jour ni l'un ni l'autre, comme on veut. Je m'intéresse particulièrement à la performativité du genre, à sa théâtralisation. Je crois que ça correspond à ce que les anglophones qualifient de « gendervariant »

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  3. Pour rassurer Paul, je n'ai pas vu le film mais il joue toujours chez moi donc je vais peut être me laisser tenter, d'après une critique qui m'a un peu refroidie, il y aurait à la fin du film une remise en ordre, style dressage social, qui rendrait à tout le monde son "vrai genre". Mais Héloïse va nous dire si c'est vrai.
    Ceci dit, c'est vrai que femme on peut certains jours se trouver virile avec un garçon et le lendemain l'inverse. C'est, j'imagine, la variabilité : on s'adapte en permanence aux situations et c'est donc idiot d'être binaire compulsif.

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  4. @ Paul

    Je pense voir ce qui vous gêne: s'échapper du diktat féminin pour aller s'enfermer dans celui masculin n'est pas forcément une libération. Et je suis tout à fait d'accord avec vous. Ceci dit, cette petite fille ne renie pas pour autant les activités dites de filles (elle joue beaucoup avec sa petite soeur, s'en occupe aussi et pas du tout de mauvais gré). Elle surjoue le garçon pour coller à ce que la société attend: être l'un ou l'autre mais pas les deux. Elle est "belle" parce que dans l'intimité elle est les deux à la fois (à l'extérieur, elle tient le rôle du vrai garçon) et parce qu'elle joue avec ses identités. Je la trouve super courageuse en fait d'affronter ce qui révulse le plus la société (ne pas jouer le jeu du sexe auquel on appartient) et je ne crois pas un instant qu'elle n'ait pas le choix (mais je peux me tromper).

    Je ne sais pas si je colle à vos questionnements mais c'est comme ça que j'ai interprêté votre intervention !

    @ avapierre

    Oui, ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain, comme on dit. L'éducation des hommes comporte des aspects intéressants comme la confiance en soi ou l'auto-détermination qui sont profitables à tout être humain. Mais plutôt que d'être un jour l'un, un jour l'autre (démarche qui confine un peu à la schizophrénie, non ?), je verrais plus une éducation débarrassée des frontières de genre où chacun.e pourrait piocher à des degrés divers de quoi se forger une identité.

    @ Hypathie

    Je confirme: sans révéler la fin, il y a effectivement une partie dressage social qui vient de la mère. Mais je l'ai trouvée bien amenée, nuancée (la mère aussi est finalement confrontée à ce que la société permet ou pas) et surtout elle permet de montrer l'absurdité de la situation. Tant de souffrances pour un interdit infondé et bancal, c'est vraiment ce que je me suis dit.

    Le mieux serait que vous alliez toutes et tous le voir et qu'on en rediscute ! Esthétiquement, artistiquement et idéologiquement, je le trouve sincèrement abouti.

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  5. @Heloïse
    oui c'est en gros ça ce que je disais
    mais pas tout à fait
    moi ce que je pointe c'est tout directement que je pense qu'il n'est pas bon de jouer le jeu d'un sexe modèlisé, d'un sexe tout court.
    qu'elle garde contact et participe avec sa petite soeur aux jeux dits de filles, peut être bon dans la mesure où ces jeux ou occupations sont les expressions de l'empathie à l'autre, donc de l'affection naturelle entre congénère, diffusable aux autres membres du monde.
    et c'est sur ce type de construction des rapports d'altérité qu'il faut construire l'identité de soi à l'autre et non sur des prérogatives arbitrairement centrées sur le sexe.

    une image m'a sauté aux yeux : comme signe de libération, quand elle est garçon, elle se met torse nu. ça aussi ça peut être perçu comme une façon naturelle de vivre son corps au delà du sexe. ce que je regrette, c'est que cette acceptation de la nudité relative soit due au fait que le garçon n'a pas sur le torse de signe distinctif de sa sexualisation et que donc cette nudité du garçon est en fait une négation de son animalité corporelle naturelle.

    donc par exemple sur ce point, je pense qu'il faut accepter la nudité fonctionnelle du corps quelqu'il soit dans le cadre de son bienêtre d'action : là, ils et elle se mettent torse nu du fait qu'ils ont chaud dans leur jeux sportifs.

    c'est interdit aux filles du fait de la prévalence du modèle sexualisé ambiant qui définit l'individu comme objet de désir sexuel pour l'autre avant tout autre rapport à l'autre. donc la nudité excite le désir sexuel et est donc moteur de convoitise et de jalousie à réguler. et pour réguler, on interdit.

    ben non
    dès le départ
    il faut structurer les regards sur l'action des corps en cours : là y'a pas de rapport de désir sexuel, donc y'a pas à réguler de la convoitise et de la jalousie déstabilisatrice de l'équilibre social en cours.

    là y'aurait vraiment de la dés-aliénation.

    et la scène finale de forçage d'incorporéïfication du modèle sexuel n'aurait plus de raison d'être.

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  6. Je vais peu au cinéma mais il est fort probable que je me laisse tenter ;-)
    J'ajoute que je partage absolument les remarques de Paul et les précisions d'Héloïse

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  7. @ Héloïse

    "Mais plutôt que d'être un jour l'un, un jour l'autre (démarche qui confine un peu à la schizophrénie, non ?), je verrais plus une éducation débarrassée des frontières de genre où chacun.e pourrait piocher à des degrés divers de quoi se forger une identité."

    Oui, d'accord. Ce que je souhaite, c'est la liberté de choix: chacun serait comme il voudrait.
    Personnellement, je crois que le fait d'étouffer ma féminité me fait souffrir. Si je peux la laisser s'exprimer librement, il me semble, au contraire, que je retrouverai un équilibre psychologique. J'assume complètement cette schizophrénie.
    D'ailleurs, je me demande si les violeurs n'agressent pas d'abord la femme qui est en eux. C'est une hypothèse qui me vient souvent à l'esprit.

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  8. ben ce n'est de la schizophrénie que si l'on reste dans le carcan sexiste essentialiste
    pas si on ne se réfère plus au bipartisme des modèles sexistes machistes strictes

    ensuite, quand on analyse le modèle masculin, la confiance en soi n'est absolument pas un fondement de ce modèle.
    en fait le modèle masculin rend paranoïaque : les hommes de ce modèle sont en perpétuelle redéfinition rivalitaires les uns par rapport aux regards des autres de leur "qualité" virile.
    il n'ont en fait aucune confiance en soi : et ils réagissent donc en entretenant une apparence arrogante dominatrice parce qu'ils sont terrorisés à l'idée qu'on découvre leur vanité et surtout qu'autrui fasse preuve de plus de force qu'eux.

    les femmes sont éduquées au contraire à la solidité intérieure de leur corps qui par son fonctionnement même leur prouve très tôt qu'elles sont le pouvoir de vie : et ça, ça donne une force que les hommes jalousent radicalement.
    leur apparente manque de confiance en elle est en fait un réalisme de l'absence de confiance dans l'univers social et culturel dans lequel elles sont soumises et perpétuellement subalternes d'imbéciles sans force intérieure.
    or comme cet univers totalitaire dénie toute responsabilité dans la domination du mâle sur le féminin, il dénie toute responsabilité du collectif, de l'environnement, sur l'absence de confiance que l'individu victime a de fait réaliste à son égard.
    et l'individu en question, femme ou esclave, finit par ne même plus penser à dire que ce n'est pas en elle ou lui qu'elle n'a pas confiance, mais en l'environnement phallocrate.

    donc quand vous dites qu'il y a quelque chose de positif dans le modèle masculin, ben, je veux bien vous l'accorder si je suis d'accord. mais sûrement pas la confiance en soi.
    mais bon, j'suis pas sûr que vous arriverez à me convaincre de quelque chose à reprendre dans ce modèle.

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  9. @ Paul
    "mais bon, j'suis pas sûr que vous arriverez à me convaincre de quelque chose à reprendre dans ce modèle."

    Il y a l'intérêt que l'on nous pousse à prendre pour la technologie (douce de préférence) et le bricolage, par exemple.

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  10. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  11. Pour reprendre et poursuivre sur l'exemple donné par AvaPierre d'élément positif à conserver voire développer dans le modèle masculin.
    La discussion s'engage sur ce qu'il y aurait à conserver dans le modèle masculin de positif afin de construire un modèle humain qui ne soit plus sexué comme ceux du modèle bipartiste masculin sur féminin des cultures humaines.

    On me rétorque, après que j'avance qu'il n'y a rien de bon à garder dans le modèle masculin que je stigmatise comme fondement du mal, que par exemple l'intérêt que l'on suscite chez les garçon pour la technologie (de préférence douce précise-t-on) le bricolage, serait un bon élément...

    ben non.

    à première vue effectivement, l'exemple de l'intérêt que l'on éduque chez le garçon pour la technologie semble bon.

    or, même cet exemple s'avère après analyse débattable.
    c'est une attribution de domaine d'expertise lui-même sexualisé : la couture est une technologie. quand on pense technologie, on pense en terme masculin. et on pense à machine, à outil, or la technologie c'est aussi la couture, la lessive, le repassage, la cuisine (qui est une chimie pratique et empirique) etc...

    donc dans LES technologies on attribue aux hommes certaines technologies qui du fait de la domination des habitus masculins finissent par donner au terme générique technologie le sens de ce terme : la technologie est masculine. une technologie féminine n'est pas de la technologie, le jardinage, exemple de technologie unisexe, n'étant pas sexuée finit par ne plus être une technologie. Pourtant on ne parle jamais de jardinière mais que de jardinier. les femme jardinent mais ne sont pas jardinières. une jardinière c'est une potiche dans laquelle on met des plantes : ben oui c'est comme une femme quoi hein, on lui met un embryon qui ne lui appartient pas, dans le ventre, et elle le fait pousser pour le donner, soit à dieu, soit à la société, soit à l'homme qui en est propriétaire.

    quand on attribue à l'homme l'intérêt pour la technologie on lui attribue en fait des intérêts dirigés pour certaines technologies : le mec qui fait de la couture ou du racommodage, c'est pas du bricolage, c'est un sous-homme trop minable pour "avoir" une femme.

    idem pour le bricolage. c'est quoi la différence entre bricolage et technologie appliquée non bricolante ? le professionnalisme ? la distinction entre l'activité privée, domestique et l'activité sociale rémunérée donc entrant dans l'économie officielle ?
    c'est quoi l'officialisation de l'économie ?
    en quoi les activités féminines de repassage, de lessive, de nettoyage, domestique ne sont-ils pas intégrable de façon comptable dans le coûts comme les revenus globaux d'une société ?

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  12. suite

    quand on segmente la technologie entre le domestique et le publique on défini un univers dominant un autre univers.
    quand on segmente les technologies entre attribuables aux femmes et aux hommes on va très vite voir que l'on attribue aux hommes la part technologique permettant aux hommes de garder, même à un stade d'esclave dans la société une domination sur la femme.

    en couture, la femme coud les vêtements : la technologie masculine correspondante est celle de la maintenance et de la fabrication des aiguilles et des machines à coudre sans lesquelles les femmes ne peuvent pas coudre, idem pour les ciseaux, bien souvent c'est pas la femme qui les affute (ben si, ça s'affute des ciseaux traditionnels)

    en couture toujours, il y a la fabrication du fil et des tissus, des tricots etc... toutes activités qui permettent de maintenir la femme dans un univers clôt dépendant d'un propriétaire foncier, d'un logement, d'un immeuble de production etc... bref d'une technologie masculine : la femme file le lin, l'homme fabrique le rouet, la femme tricote, l'homme tond le mouton (bon d'accord je caricature la chaine de production hein mais en gros...)

    le schéma qu'on rencontre donc toujours, c'est que l'attribution de l'intérêt de l'homme pour la technologie, c'est celui de l'entretien de l'attribution à l'homme de la domination économique et sociale, par l'intermédiaire de tout éléments incontournable de la chaine de production économoco-sociale.

    la technologie finit par représenter quoi dans l'inconscient du terme générique ? la maîtrise non pas du savoir faire de production (faire des vêtement), mais la maîtrise de l'outil de production et mieux encore la maîtrise de la connaissance du fonctionnement et de la production de l'outil de production qui est attribué à la femme, ultim prolétaire de la chaine de production économico-social.

    donc on voit finalement que le modèle masculin récupère n'importe quel apparence positive afin de se réaliser : ce qui le caractérise, ce n'est pas le port de la cravate ou l'intérêt pour la technologie, c'est ce que représente la cravate et la maîtrise que certaines technologies octroie à l'homme sur la femme.

    à l'égard de la technologie, le modèle masculin ne fait qu'incarner son fondement : la domination phallique de la cravate.

    le principe de construction du modèle masculin, c'est la domination.
    la domination, c'est le mal.

    les exemples comme technologie etc... ne sont que des domaines que le modèle masculin récupère afin d'assoir son essence dominatrice.
    c'est en ce sens que je dis qu'il ne faut rien reproduire de ce modèle.
    et qu'il faut désexuliser toute la culture, ne plus attribuer de sexe à un quelconque domaine de la vie : même dans la reproduction, les sexes ne sont que des outils particuliers de certains individus. Le pouvoir ne vient pas de la propriété de l'outil, mais de sa pratique, de sa compréhension, qui naissent de la sensibilité et de la conscience des agents dans les productions interdépendantes du monde.

    il n'y a ni homme ni femme, il y a des individus dans un monde multidimensionnel, des contraintes, avec lesquelles le monde et les individus s'entretiennent.

    ce que je cherche donc c'est à construire une culture sans bipartisme sexué dominant le sens donné à chacun dans le monde.

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  13. à paul : c'est très vrai ce que vous dites sur la technologie ! En plus la sexualisation des technologies est différentes selon les pays. La couture est plus virile en orient qu'en occident. Il y a beaucoup d'hommes qui la pratiquent de l'Afrique du Nord au Moyen-Orient à l'Asie centrale jusqu'aux frontières de la Chine.
    En France, la couture est exclusivement réservée aux femmes et au Grand Couturier qui commande à des légions de femmes.
    En Allemagne, le fait de mettre une rustine à sa chambre à air ou de manier une perceuse électrique est moins connoté masculin qu'en France. Pour la réparation de vélo, ce n'est même pas du tout considéré comme masculin.
    Chaque pays définit donc ce qui est dégradant (donc féminin, et inversement) comme activité technologique.
    En fait, moi aussi je pense comme vous qu'il n'y a rien à garder dans le modèle masculin. Il est totalement artificiel.

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  14. Voilà, ça fait une heure que je rédige une réponse détaillée à chacun.e et ma page a buggé quand j'ai voulu rajouter une misérable petite phrase à mon commentaire ...

    Je vais faire un résumé car je n'ai plus le temps :(

    - le violeur violerait la femme en lui ? La femme que la société lui interdit d'être aussi mais il y a aussi l'affirmation d'une domination (ton corps ne t'appartient plus)

    - je persiste à croire qu'il y a du bon à garder dans l'éducation des hommes et notamment la confiance en soi. Mais non pas une confiance en soi qui s'appuierait sur le rabaissement de l'autrE mais une confiance en soi affirmée et ne se nourrissant que d'elle-même.

    - les hommes sont éduqués à avoir confiance en eux non pas entre eux (puisque la virilité est sans cesse remise en question donc à prouver) mais par rapport aux femmes. C'est flagrant dans le monde du travail, la famille ou même les relations interpersonnelles (comme le travail de discussion par exemple)

    - les femmes sont éduquées à ne plus avoir confiance en elles et même à remettre leur propre sécurité aux mains d'un homme. Le cas du viol est parlant dans le sens où les femmes sont en position de force finalement (l'homme offre son sexe à d'éventuels coups défensifs) mais se résignent à subir. Pire: la fellation forcée. Il faut être sacrément sûr que les femmes sont dressées à ne jamais broncher pour mettre son sexe (aux chairs relativement fragiles) dans une bouche pleine de dents ! Alors oui, les femmes sont faibles mais parce qu'on s'emploie à les affaiblir et à rogner leur foi en leur capacité de se défendre. Il y a un interdit très fort même: comme le dit Despentes (que je cite rarement en principe!), on ne touche pas au corps des hommes.

    - j'adhère à fond votre analyse, Paul, sur les technologies (je suis allée lire votre billet sur le sujet). Ce passage, particulièrement, est très juste (je n'y avais jamais pensé en ces termes et depuis sa lecture le raisonnement chemine en moi, merci !):

    "La technologie finit par représenter quoi dans l’inconscient du terme générique ? la maîtrise non pas du savoir faire de production (faire des vêtements), mais la maîtrise de l’outil de production et mieux encore la maîtrise de la connaissance du fonctionnement et de la production de l’outil de production qui est attribué à la femme, ultime prolétaire de la chaine de production économico-sociale.

    Donc on voit finalement que le modèle masculin récupère n’importe quel apparence positive afin de se réaliser : ce qui le caractérise, ce n’est pas le port de la cravate ou l’intérêt pour la technologie, c’est ce que représente la cravate et la maîtrise que certaines technologies octroient à l’homme sur la femme."

    - l'apport d'Euterpe montre bien que ce n'est pas l'activité en elle-même qui a une valeur de technologie au sens "noble" ou pas. Tout dépend de la culture. La constante reste qu'une activité effectuée par les hommes vaut plus et que le phénomène de sur/sous-valorisation décroît avec le taux de machisme de la culture en question, s'approchant d'une certaine neutralité.

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  15. @Héloïse
    ben je persiste hein
    et je vais probablement en rajouter une couche dans mon article sur mon site

    mais surtout à propos de la confiance en soi

    la confiance en soi du modèle masculin est totalement fausse

    elle est fondée sur la crainte d'être déchu de sa position à l'égard de TOUT autre.

    dès ses premiers pas le garçon est mis en face de l'injonction générique "bat toi si t'es un homme". et de toutes ses variations : pas de faiblesse

    il vit donc dans la crainte permanente que l'on découvre une quelconque faiblesse dont il n'aurait même pas connaissance

    la réaction de ce modèle est celle de l'arrogance et du défi auquel on le convie : il faut toujours qu'il se montre prêt à se lancer dans n'importe quoi. et ça donne l'apparence de la confiance en soi.

    le modèle masculin est structuré à n'avoir d'essence que par l'évaluation par le regard d'autrui : c'est totalement le contraire d'une confiance en soi qui ne s'évalue qu'à l'égard de son propre regard.

    le modèle masculin cherche toujours à montrer son conformisme à son environnement et ce n'est que dans cette mesure qu'il assure sa "place" autant que sa valeur dans l'ordre social. c'est aussi le cas du modèle féminin : ce qu'il faut remettre en cause ce sont donc plus que les principes des modèles masculins et féminin, le modèle de culture qui génère ce type de construction d'évaluation des individus.

    la domination en soi porte son paradoxe : le dominateur vit dans la crainte permanente d'être défait par un soumis qui relèverait la tête.
    Sa fierté tient dans son pouvoir de contraindre et d'entretenir sa puissance de suggestion de terreur à l'égard des soumis
    le dominateur est donc naturellement paranoïaque, c'est à dire d'abord orgueilleux et vaniteux puis craintif à l'égard de l'univers.

    donc moi j'appelle pas tout ça de la construction de confiance en soi

    et je n'ai JAMAIS vu dans l'éducation des garçons, à laquelle je ne me suis pas intégré, puisque dès mon enfance, je réponds à tout défi : "tuez-moi puisque vous en avez le pouvoir", de gens ayant à partir de cette confiance fausse en eux de véritable sûreté d'eux.

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  16. donc j'en ai rajouter une couche dans mon article sur mon site

    des fois que hein ...

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  17. @ Paul

    Ben, moi aussi je persiste ! Je suis moi aussi assez testarde ;)

    Pour illuster ma conviction, je vais prendre l'exemple de mon récemment ancien travail. Nous étions vraiment dans le cas d'une pyramide inversée en ce qui concerne les diplômes, les compétences et les postes. C'est-à-dire que les formatricEs (à bac + 3 minimum) étaient sous la responsabilité directe d'UN coordonnateur avec un bac et indirecte d'UN directeur de territoire possédant un CAP. Cette situation pas si exceptionnelle que ça montre à quel point les hommes se sentent légitimes pour assurer des fonctions qui peuvent les dépasser (or, c'était le cas, j'ai été virée à cause d'une gestion désastreuse). Cette confiance en eux est confortée par le phénomène de cooptation dont ils sont les premiers (et souvent seuls) bénéficiaires. Franchement, ils n'ont jamais semblé douter de la pertinence de leur place à ces postes malgré des compétences douteuses et des résultats plus que médiocres voire carrément désastreux.

    PS: je n'ai pas trouvé les modifs sur votre texte.

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  18. @Héloïse
    ben je comprends bien votre exemple
    et que là encore j'interprête complètement différemment
    qu'ils se sentent légitimes dans leur position de dominants vient de leur cooptation par un système qui les sélectionne selon les preuves de crédibilité et de foi dans ce système
    la qualité qui les sélectionne c'est celle d'être capables de dominer n'importe quoi contre toute objectivité : ce dont le système de la domination à besoin c'est de dominateurs, pas de gens consciencieux et conscients de ce dans quoi ils participent.
    Qu'ils vous virent et vous maltraite alors qu'il est évident que vous êtes plus riches de savoir faire, de connaissance, de capacité de coordination complexe, de distanciation et de conceptualisation des circonstances, toutes capacités et aptitudes qui devraient être le propre et l'exigence des postes de coordination, prouve d'abord que les responsables des maltraitances, des licenciements n'en ont pas les capacités : hors que penser de leur vision de gens qui les dépassent en aptitudes quand ils sont de façon criantes... con comme des balais : la crainte.

    Ils NOUS virent ou refusent de nous embaucher (dans mon cas par exemple) justement parce qu'ils ont terriblement peur de notre conscience et qu'en fait ils savent au moins intuitivement que nous ne croyons en rien à leur crédibilité : hors toute leur pseudo confiance en eux, depuis l'enfance, est fondée sur le regard du système et donc des autres.
    alors ils s'accrochent avec toute la cruauté que génère leur crainte à leur pouvoir d'éliminer le regard conscient de leur victime ou de leurs inférieurs.

    s'ils avaient réellement confiance en eux, ils auraient eu l'intelligence d'utiliser les compétences et aptitudes de leurs subordonnées afin d'organiser les travaux de leurs équipes de sorte que la richesse des membres des équipes dont ils sont les "supérieurs" permettent la bonne marche des affaires et leur valent incidemment un retour positif à eux en tant qu'organisateurs intelligents.

    or

    c'est pas le cas

    les cons se cooptent les uns les autres et éliminent les pas cons précisément parce qu'ils ont la crainte au ventre.

    PS, je fais des ajouts progressivement sur mon texte, donc ça dépend de quand vous avez été voir. je sais pas.

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  19. @ Paul

    Arghhh! vous en viendrez presque à me convaincre ! Ce qui bouscule quelque peu ma conviction c'est que (je ne l'ai pas mentionné) la seule femme qui trouve grâce à leurs yeux est une collabo de première qui n'a pas hésité à céder aux avances du chef (bien qu'elle ait confié qu'elle le trouvait repoussant !). Cela corroborerait votre thèse selon laquelle ils ne conservent ou embauchent que celles et ceux qui ne risquent pas de remettre en cause leur légitimité. Ou celles et ceux qui les complimentent: le jour où je lui ai fait un compliment (sincère et non intéressé) sur sa chemise, il a été doux comme un agneau avec moi toute la journée ... comme quoi, effectivement, il s'agit d'une confiance en soi de façade qui a, de plus, besoin d'être sans cesse nourrie pour perdurer.

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  20. Bon, j'ajoute un autre grain de sel. Je fais court, toujours faute de temps. Je crois que nous sommes tous d'accord pour contester l'assignation de genre et donc de qualités spécifiques selon le sexe biologique de naissance.
    J'ai l'impression que nous jouons un peu sur les mots. Faut-il confondre confiance en soi et esprit de domination, par exemple? N'y a-t-il vraiment rien à sauver de ce que le patriarcat a attribué aux hommes?
    Si c'est le cas, quelle tragédie de naître mâle dans notre société: toujours sur le qui-vive, dans l'inquiétude et dans la violence pour défendre une prétendue supériorité!

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  21. Jean-François11 juin 2011 à 16:01

    Paul, je ne crois pas que ce soit le contenu de notre modèle masculin qui vous gêne foncièrement. C'est le modèle qui s'impose comme norme qui vous gêne. De fait, je ne pense pas que vous appréciiez tellement plus notre modèle féminin dans ce qu'il valorise la soumission, non?

    Pour ce qui est des contenus de ces modèles, je serais plus nuancé peut-être. Je ne jurerais pas de l'assignation de genre systématique des qualités morales et intellectuelles, ce qui m'empêche de condamner en bloc toute qualité plutôt masculine comme relevant d'un éternel schéma patriarcal de domination. Je m'explique. On peut reconnaître tout autant de courage à une femme qu'à un homme. On n'aura pas les mêmes attentes envers l'un-e ou l'autre quant à l'expression de ce courage, certes, mais ça n'empêche pas que cette qualité puisse transcender le genre. Le courage qui passe par l'exposition de son corps à un danger immédiat est plutôt valorisé comme masculin (ex: le brave pompier), il me semble pour autant qu'on reconnaîtra tout autant de courage à une femme qui se risquerait dans un immeuble en flammes pour sauver quelqu'un. Qu'on attende ce courage plutôt d'un homme en fait-il une qualité nécessairement mauvaise, fondée sur une espèce de narcissisme paranoïaque si typiquement masculin? Ou cela indique-t-il que les frontières des genres sont peut-être plus floues qu'on ne veut bien le croire? Auquel cas, le problème consisterait moins à valoriser ou dévaloriser tantôt l'un ou l'autre modèle (ce qui serait plutôt vain), qu'à mettre en avant des qualités et des valeurs plus transversales.

    Pour reprendre un exemple: soit une cour d'école primaire, et un petit garçon au tempérament bien trempé qui joue au foot avec ses copains. Il mène le jeu de son équipe, qu'il conduit à la victoire. Vous y voyez un odieux petit dominateur en germe. Moi j'y vois un gamin combattif capable de gérer une équipe. Tout ce que je souhaiterais, c'est voir plus souvent une petite fille à sa place, pas que la gnaque et le charisme deviennent soudainement des valeurs pour ce qu'il conviendrait d'appeler une "anti-taffiole".

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  22. pfff
    ben non
    et non
    et non
    pis alors le dernier exemple du gamin qui joue au foot là combattif et capable de mener une équipe...
    ben combatif : c'est mal
    mener une équipe par forcément mais dans le cadre de ce genre d'horreur de jeu si
    etc...

    bon pis là je fais ma crise de jalousie hein

    j'ai pondu les mêmes bavardages chez moi et y'a personne qui vient y commenter : c'est de la discrimination sexiste

    j'vais m'suicidé rien que pour ça

    bon

    pour répondre à jean françois gentiment

    je m'offusque à la fois de l'assignation de qualité arbitrairement sur et par le sexisme

    et

    en plus

    je m'offusque de ce que la conceptions des prétendues qualités en question est souvent fausses, mensongères mais qui plus est, souvent mauvaise

    j'vais pas étaler mon analyse du courage physique : dans le feu de l'action, ce qui apparaît comme courageux aux autres, ne l'ai pas du tout pour l'actif ou l'active.

    l'action en cours fait que l'acteur fait quelque chose et trouve un élan pour une raison ou pour une autre.

    on appelle ça du courage, ou de la force etc...
    moi je ne valorise pas ça plus qu'autre chose de la façon que vous l'indiquez très conforme et j'observe au cas par cas : certains actes apparemment courageux ne sont que logiques, d'autres purement inconscients, d'autres vaniteux ou orgueilleux etc...

    ce que je valorise, c'est la bonté, la justesse, la délicatesse encore qu'il faille à chaque fois préciser à l'égard des contextes et des finalités le sens donné à ces termes.

    et donc si : c'est bien le contenu du modèle masculin autant dans ses fondements que dans ses effets superficiels que je condamne et effectivement je suis tout aussi difficile avec le contenu du modèle féminin qui en est le symétrique

    donc c'est tout le modèle de modélisation sexuelle que je condamne en fait ainsi que les référenciels de qualités et de défauts qu'ils ont généré depuis des millénaires.

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  23. @ Avapierre

    Je crois que la nuance que vous avancez est de taille. Confiance en soi et désir de domination sont difficilement repérables. Je reste persuadée, après cet échange avec chacun.e, qu'il y a à sauver dans l'éducation masculine: une confiance en soi qui ne serait pas mue par un désir de supériorité, On peut faire le même parallèle avec l'éducation des femmes: l'altruisme poussé jusqu'au sacrifice ,car fondé sur la soumission à l'autre, n'est bon pour personne.

    @ Jean-François

    Votre intervention rejoint mon état actuel de la réflexion: prendre dans chacune des éducations ce qui peut conduire à l'épanouissement. Les qualités que vous évoquez sont naturellement transversales, seule l'éducation les brime ou les encourage selon le sexe de naissance (il en va de même pour les travers d'ailleurs). Pourtant, j'ai l'impression que la société s'enfonce dans cette binarité étouffante … probablement la peur fantasmée de voir l'humanité s'éteindre si femmes et hommes se confondent.
    Cependant, j'émettrai (comme Paul) une réserve quant à la qualité de meneur combattif. Après, la question est de savoir ce qui constitue une qualité ou pas. Les réponses varient selon les époques: être un guerrier « courageux » qui tue sans états d'âme étaient considéré comme une vertu il n'y a pas si longtemps. Aujourd'hui, où les valeurs de solidarité et de non-hiérarchie semblent émerger, je doute qu'être un dirigeant combattif soit une valeur que nous (une poignée en fait …) souhaitons porter.

    @ Paul

    Ah ! J'avais pas vu votre menace de suicide !!! J'espère qu'il n'est pas trop tard et que vous ne vous êtes pas pendu avec le fil de votre souris …

    Dès que j'ai 5 minutes (ce qui est super dur en ce moment), je viens commenter, promis !

    Par rapport à votre intervention, j'adhère aussi à votre rejet de certaines valeurs inculquées aux femmes. Je le disais plus haut: le don de soi jusqu'au déni de soi, la coquetterie, l'existence à travers le regard de l'autre, la dépendance sont éminemment toxiques à mes yeux.

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  24. Jean-François18 juin 2011 à 16:19

    Je crois sincèrement que c'est une qualité, si "combattif" ne se double pas de "tyrannique" ou de "ayantunepropensionàécraserlesautres". En mon sens, être combattif consiste à avoir de l'énergie à revendre et à se concentrer sur un objectif qu'on a clairement en tête. Il y a un certain nombre de personnes qui défendent le féminisme, ici et ailleurs, de manière combattive, et c'est très bien, non?

    Même dans des sports où l'opposition est essentielle, comme dans le foot (il faut un adversaire), je ne suis pas convaincu que la motivation ne puisse qu'être d'écraser les autres. Pour y avoir joué quelques fois, on sent d'ailleurs très vite quelle mentalité domine dans l'équipe. Et c'est effectivement assez chiant avec ceux qui jouent (juste) pour gagner: un jeu efficace mais sans panache et peu collectif, une pression à la gagne déplacée, mauvais gagnants comme mauvais perdants... et c'est malheureusement trop souvent le cas, sans être systématique pour autant. Faut bien choisir ses camarades de jeu, quoi.

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