mercredi 3 novembre 2010

R.A.S

« Le sexe féminin a un caractère d’absence, de vide, de trou qui fait qu’il se trouve être moins désirable que le sexe masculin ... » Lacan.

Le sexe féminin, un trou; leur clitoris, un pénis atrophié; leur absence de vrai pénis, un affront dont les femmes ne se relevèraient jamais ... voilà la sentence. Circulez, y a rien à voir ! Mais enfin, de quoi souffrent ceux qui placent leur anatomie au centre de toutes les représentations ?

S'ils nous avaient écoutées, s'ils nous avaient simplement laissé parler, nous leur aurions dit que notre sexe, notre ventre sont pleins, entiers, palpitants,  vivent au rythme de cycles réguliers et sont potentiels de vie. Que jamais nous ne ressentons cette béance dont nous serions victimes. Qu'il nous convient bien comme ça, soudé, à l'abri, au chaud avec tout le matos qu'il faut pour jouir seule ou accompagnée. Que nous savons toutes que l'origine de chaque vie humaine se trouve précisément circonscrite là, même si l'on a décidé de ne jamais enfanter.

Quelle idée d'ailleurs de parler en notre nom ! Et c'est quoi cet acharnement à réduire notre sexe à un orifice ? Chez les psys, les prostitueurs, les pornographes et les pornophiles. Epilé, aseptisé, dématérialisé, anéanti, indésirable, béant, vacant, réduit à sa plus simple expression, plus de clitoris, de lèvres, d'utérus, un trou, du rien ... c'est trop, c'est louche, c'est quoi votre problème ?

Allongez-vous Monsieur Lacan.

Monsieur Freud, je vous fais patienter, je suis à vous dans un instant.

8 commentaires:

  1. Ah voilà où Houllebecq a été chercher ses réflexions dégueus sur la béance du sexe féminin dans "L'extension du domaine de la bite" !
    Ne t'en fais pas, "Sa Majesté Serénissime" Lacan ne trône sur son piédestal de déité qu'à l'intérieur des frontières très limitées, eu égard au monde, du petit hexagone franchouillard, pays des droits exclusifs de l'homo erectus.
    Il est déjà nettement moins adulé en Allemagne qui préfère Alice Miller (la psychologie étant germanophone d'origine, je le rappelle, les allemands préfèrent leurs compatriotes dans ce domaine, c'est bien normal).
    Quant au trou, c'est de là que sort toute vie comme c'est en faisant un trou que s'élève l'arbre qui, arrivé à maturation, y resème sa semence. C'est d'un trou que sort cet indigent de Lacan lui-même et c'est encore d'un trou que sort la semence masculine, que je sache.
    Si certains même après s'être bâti une réputation de savant comme Lacan, et tout en étant capables de pondre des théories savantes, pensaient moins en terme de "trou" et de "bite", exactement comme s'ils étaient d'une stupidité de basse brute, ils auraient accès à la "plénitude" de l'être à laquelle ils semblent aspirer tout en n'y croyant pas un seul instant car, la béance, tout compte fait, c'est eux.

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  2. Super !!! J'adore ce texte! chaque fois que je vous lis j'ai l'impression que vous parlez pour moi. Merci!!!

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  3. c'est tout à fait ce qu'on disait aux filles (et qu'on leur dit peut être encore) : le petit garçon a ... et toi c'est à l'intérieur et plus tard tu pourras avoir un bb et bla et blablabla ... jusqu'au jour où on découvre qu'on a un clitoris ;o)

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  4. @ Euterpe

    "Car la béance, finalement c'est eux" ... je te rejoins !!!

    Ma fille aînée est en plein apprentissage des "thèses" de Freud et consorts dans son cours de philo. Heureusement qu'elle a une mère féministe qui l'aide à mettre en perspective les théories phallocentrées que son prof expose sans recul !

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  5. @ ELISA

    Merci beaucoup ! Je suis heureuse de constater que mes mots font écho chez certaines, c'est le but de ce blog d'ailleurs.

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  6. @ Emelire

    Malheureusement, on élève encore les filles dans le négatif de leur sexe. Les garçons ont quelque chose, les filles rien ... quel raccourci mensonger je trouve. Quant au clitoris, il est carrément nié dans une espèce d'excision virtuelle.

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  7. Les psys ne font que répéter le discours dominant : molosse du patriarcat qu'ils sont. Ce sont juste des conservateurs de l'ordre établi, nommé "ordre symbolique".

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  8. @ Hypathie

    Sans vouloir généraliser, effectivement je trouve les psys super réacs: contre l'homoparentalité, misogynes, essentialistes. Ils ne font pas que conserver le patriarcat, ils le nourrissent et sont écoutés comme les curés d'antan :(

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