vendredi 9 mars 2012

Le 8 mars en léger différé

J'ai reçu, par l'intermédiaire d'une liste de diffusion féministe (dont je vais me désabonner), un appel à manifester aux côtés des associations féministes provenant du mouvement pro-prostitution. Le voici dans son intégralité suivi des quelques refléxions auxquelles il m'a amenée:


8 mars: pour TOUTES !
            
Le 8 mars sera une journée de lutte et de solidarité pour les droits
des femmes, de toutes les femmes. Dans cette période de crise aigüe,les attaques touchent particulièrement les femmes dans le monde entier. Nous sommes solidaires des femmes en lutte en Grèce, en Espagne, au Portugal comme en Egypte, en Tunisie et dans tous les pays. En France nous sommes aux côtés des salariées de Lejaby et de toutes celles qui se battent pour leur emploi et leurs conditions de travail, de celles qui se battent contre la précarité et contre le démantèlement des services publics.



       Dans un climat de renforcement de l'ordre moral nous défendons un


       féminisme non-excluant, nous voulons donner la parole à toutes les
femmes dans toute leur diversité. Nous sommes ainsi solidaires des
femmes sans-papiers en lutte pour obtenir leur régularisation, des
gouines pour l'égalité des droits, des trans contre la discrimination,
des assistantes maternelles et des mères musulmanes empêchées de travailler ou d'accompagner les enfants, des putes en lutte contre la pénalisation des clients.




Nous exigeons :


- l'égalité salariale avec rattrapage immédiat
- l'abrogation de la loi HPST et la défense du service public sur la
santé des femmes (maternités, IVG...)
- de véritables services publics de la petite enfance au quatrième âge afin que les femmes ne soient plus obligées d'en assurer la prise en charge
- l'évolution de la loi du 9 juillet 2010 sur les violences vers une
véritable loi cadre contre les violences faites aux femmes élaborée en concertation avec toutes les organisations concernées
- la régularisation des sans-papières et un véritable accès aux droits
pour toutes les femmes quelles que soient leur situation et leur
origine
- un ministère des droits des femmes avec des moyens conséquents
- le droit d'asile pour les femmes cibles de persécutions et de violences sexistes, lesbophobes et transphobes
- l'abrogation du délit de racolage public et la lutte contre les
politiques actuelles et celles qui nous sont proposées qui ne visent qu'à pénaliser davantage les prostituéEs avec les mêmes conséquences que la LSI de 2003, leur mise en danger, leur stigmatisation au détriment d'une lutte effective contre les réseaux de proxénètes et leurs profits
- la fin des discriminations racistes et xénophobes héritées de l'idéologie coloniale qui touchent en premier lieu les femmes
- l'arrêt de l'instrumentalisation de la laïcité à des fins racistes et sexistes
- la démission des élus auteurs de violences sexistes
- le fin de toutes les mesures médico-juridiques imposées aux trans et des discriminations liées à l'identité de genre
- l'égalité des droits pour les couples de même sexe (mariage, adoption...)
- la construction et l'accessibilité au logement pour les femmes, en
particulier les femmes à faibles revenus et les femmes victimes de
violences conjugales
- une approche débarrassée des stéréotypes sexistes et hétéronormés de l'éducation à la sexualité, des droits sociaux et de la santé et ce dès la crèche


Premiers signataires


Acceptess, Act Up-Paris, Afrique Avenir, ANA (Avec Nos AinéEs), Aides, Arap Rubis, Autres Regards, Cabiria, Collectif Droits & Prostitution, Collectif Tirésias, Etudions Gayment, Fédération LGBT, Fédération Syndicale Etudiante (FSE), Fédération Total Respect - Tjenbé Rèd (Fédération de lutte contre les racismes, les homophobies et le sida),Frisse, Grisélidis, HomoSFeRe, Les Amis du Bus des Femmes, Le Mouvement Français Planning Familial (Confédération Nationale), NPA, OuTRANS, Sol En Si (Solidarité Enfants Sida), STRASS (Syndicat du TRavail Sexuel), STS (Support Transgenre Strasbourg), TaPaGeS,TumulTueuses.

1- En plein milieu (trop au milieu à mon avis pour ne pas être une stratégie (un peu grossière, ceci dit)) des revendications féministes et LGBT, on trouve noyée dans la masse de propositions légitimes celle de la non-pénalisation des clients de prostituéEs.

2- Parmi la liste des signataires, la majorité des associations et groupes n'ont JAMAIS eu, à la base et historiquement parlant, de vocation féministe. Sida, droit des homosexueLs ou des transexueLs, oui, mais quel rapport avec la lutte féministe (et lesbienne) ? Les pro-prostitution n'hésitent pas à s'emparer des thématiques féministes et lesbiennes pour enrober leur revendication androcentrée. Une honteuse instrumentalisation.

3- Il est d'ailleurs curieux de constater comment ces associations occupent le terrain féministe avec une ferveur toute neuve depuis que l'abolitionnisme trouve un écho plutôt favorable dans les politiques et les mentalités ...

4- Précisons que ces associations sont essentiellement dirigées par des hommes qui envoient en première ligne des femmes en guise de caution féminine.

5- ILS prétendent revendiquer des droits pour TOUTES les femmes, sous-entendu les prostituées aussi. Mais pour ces dernières, c'est le droit de se prostituer qu'ils réclament. Lorsqu'on sait que 96% des prostituées aimeraient sortir de la prostitution mais estiment qu'elles n'y parviendront pas, on est en droit de se demander ce que recouvre chez eux ce "TOUTES les femmes". Entre quelques unes et la majorité, il y a un fossé allègrement franchi.

6- A noter également l'incohérence des revendications: alors qu'il a été reconnu par les instances internationales (dont l'ONU) que la prostitution faisait partie des violences contre les femmes et engendrait des situations de Stress Post-Traumatique, nous trouvons à quelques items d'écart la demande d'un loi-cadre contre les violences envers les femmes ET la revendication de perpétuation de cette violence par les clients-prostitueurs à travers leur protection.

7- Autre hiatus frappant: le souci d'égalité et d'éradication des stéréotypes sexistes aux côtés de la défense d'une activité particulièrement inégalitaire dans sa distribution. On nous parle bien de prostituéEs et des clienTs, non ? Ne reste-t-on pas dans une vision binaire et inégalitaire (l'un paye, l'autrE obéit) des rapports de sexe ?

8- L'allusion à l'ordre moral dans les propos liminaires est particulièrement déplacée de la part de personnes qui s'inscrivent dans une logique capitaliste de marchandisation des corps et dans une idéologie patriarcale de rapports de domination par l'argent.

9- L'abolitionnisme mettrait en danger ces femmes. C'est passer un peu vite sur le fait que le plus gros danger pour une prostituée reste le client et/ou le proxénète et c'est occulter tout le volet de prise en charge sociale, sanitaire et professionnelle préconisée dans le projet abolitionniste.

10- Bref, proposer au beau milieu de revendications progressistes et humanistes de perpétuer, soutenir et institutionnaliser in fine une activité née il y a quelques siècles de l'esclavage et s'alimentant encore aujourd'hui de la triple oppression (femme, précaire, étrangère), est tout simplement scandaleux.

51 commentaires:

  1. wouai
    y'a un article de christine là dans vtre blogroll qui propose sa position et qui est intéressante parce" qu'elle met aussi en lumière que le mouvement féministe n'est pas homogène...
    bon, je partage pas sa position
    pour moi il faut interdire la prostitution : on doit interdire à quiconque de s'offrir à la violence d'autrui et on doit l'en empècher en le ou la réinserrant dans l'économie sociale.
    mais ça pose aussi plus généralement la question de tout travail qui peut être une forme de marchandisation du travailleur s'exposant à la violence d'une puissance quelconque.
    on doit aussi évidemment d'abord et en avant de toute chose interdire et pénaliser radicalement et idéologiquement autnat que matériellement, les clients donc les prostitueurs et les proxénètes.
    mais ça pose aussi la question de la pénalisation de toute clientèle et exploiteur de travaileures de quelque activité que ce soit
    etc.
    etc.
    etc.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout travail est une forme de marchandisation du travailleur/travailleuse mais il n'y a pas d'activité où les prédispositions sont le viol et la matraitance (le viol est d'ailleurs utilisé pour "dresser" les futures prostituées) et où les conséquences sont de l'ordre du syndrome post-traumatique.

      J'ai vu l'article de Christine que j'ai commenté. Pour moi, il y a instrumentalisation évidente du féminisme.

      Supprimer
  2. Je trouve bizarre qu'on y trouve le Mouvement français pour le Planning familial (il s'agit bien du bon vieux Planning ou je me trompe ?) et la fédération LGBT (mais c'est vrai qu'ils ont des transgenres dont pas mal vivent hélas de la prostitution)!
    D'autre part, (hormis leur volonté de libéraliser "le métier" de prostituée bien entendu), leur revendication de "l'arrêt de l'instrumentalisation de la laïcité à des fins racistes et sexistes" me pique les yeux, personnellement. Après la semaine qu'on vient de passer, le relativisme culturel me fait hurler ces derniers temps.
    Il est tout à fait dingue de voir comment, une fois à demi acceptée après des efforts et des années de luttes des femmes pour la libre disposition de leur corps, les anciens sectaires conservateurs reprennent l'idée en l'appliquant à la marchandisation des corps ou des parties de corps dans la pornographie et la prostitution. Ils tentent sans arrêt de pervertir les meilleurs combats pour les tourner à leur avantage, c'est stupéfiant !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, moi aussi j'ai trouvé étrange l'adhésion du MPF: une lecture trop hâtive du manifeste ou un retournement subit ? Par contre la fédération LGBT, ça m'étonne moins car les gays et les MtF y sont très influents (on retrouve la même invisibilisation des femmes et de leurs problématiques). Gays et trans sont très attachés à cette vision fantasmée et formatée des femmes dont la prostituée fait partie. Je me demande cependant ce qu'en pensent des personnes comme Christine Le Doaré, présidente de LGBT Paris. Il me semble bien qu'elle est abolitionniste comme la plupart des lesbiennes.

      Concernant "l'arrêt de l'instrumentalisation de la laïcité à des fins racistes et sexistes", j'y suis assez favorable. J'ai rarement exposé ici mon point de vue sur le sujet et je n'ai pas envie d'en débattre. Je trouve aussi que la laïcité et le féminisme ont été largement instrumentalisés par les islamophobes. Il suffit de faire un tour sur le site Riposte Laïque pour constater que leurs motivations n'ont pas grand chose à voir avec la laïcité.

      Supprimer
  3. je suis pute.
    Victime de violence domestique, j etais a la rue a 16 ans. j ai d'abord echange des rapports sexuels pour un toit, une sandwich ou 20 euros.
    Plus tard, j' est trouve un autre boulot dans un magasin. Pour quelques annees.
    Puis je suis retourne a la prostitution. C est mon choix comme le choix de nombreuses collegues.
    Vous pourvez essayer de discrediter le strass comme vous voulez mais nous sommes 350 putes a travers toute la france dans ce syndicat. Comme nos collegues en Argentine ( 15 000 putes syndicalisees ou Inde 65 000 ), nous ne disparaitrons pas. Nous nous battrons pour la reconnaissance de nos droits.
    "on doit l'en empècher en le ou la réinserrant dans l'économie sociale" - nous ne voulons pas de votre reinsertion, nous voulons nos droits.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. 350 prostituées adhérentes pour 15 000 environ, il est bien là le problème ... On fait quoi des 14 650 restantes dont on censure les témoignages ?

      On fait quoi de toutes celles qui affirment s'éclater dans la prostitution pour nous reprocher des les avoir crues une fois sorties ?

      COMMENT AVEZ-VOUS PU ME CROIRE ? Ca vous parle ?

      Quand on est censé.e penser à TOUTES les femmes, on pense aussi à celles qui n'ont pas choisi, à celles qui ont choisi mais regrettent et à celles qui ont choisi comme un pis-aller.

      Celles qui s'éclatent vraiment ne mourront pas d'exercer un métier que plein d'autres femmes exercent. On ne peut maintenir un système dans lequel la majorité des femmes disent subir des violences pour une minorité. Et même si une seule femme en souffrait, le sacrifice serait encore trop important au regard du misérable effort que constitue l'abandon d'une activité pour une autre.

      Supprimer
  4. "on trouve noyée dans la masse de propositions légitimes celle de la non-pénalisation des clients de prostituéEs."
    -> Ce n'est pas parce que pour VOUS la non-pénalisation des clientEs n'est pas légitime qu'elle ne l'est pas. Ne vous arrogez pas le droit de terminer seule un débat qui est loin de l'être.
    "Parmi la liste des signataires, la majorité des associations et groupes n'ont JAMAIS eu, à la base et historiquement parlant, de vocation féministe. Sida, droit des homosexueLs ou des transexueLs, oui, mais quel rapport avec la lutte féministe (et lesbienne) ?"
    -> Peut-être pas à la base et historiquement parlant, je vous l'accorde,
    MAIS : le SIDA touche AUSSI les femmes ( hé oui ! ) donc la lutte contre le SIDA a toute sa place dans la lutte féministe pour faire reconnaitre que les femmes ont aussi le SIDA ! Vous parlez d'homosexuels en les dissociant des lesbiennes ? sachez que le mot homosexuel regroupe les gay et les lesbiennes. La défense des homosexuels a donc toute sa place dans la lutte féministe comme défenseur des lesbiennes. Les trans ? les trans MTF sont des FEMMES que vous le vouliez ou pas. la lutte pour les droits des trans est AUSSI un combat féministe.
    "depuis que l'abolitionnisme trouve un écho plutôt favorable dans les politiques et les mentalités"
    -> d'où tenez vous de telles informations ? le consensus est loin d'être acquis chez les politiques à ce sujet, et les mentalités ne sont pas encore toutes revenues à la ceinture de chasteté comme vous le souhaiteriez.
    "Précisons que ces associations sont essentiellement dirigées par des hommes qui envoient en première ligne des femmes en guise de caution féminine"
    -> Renseignez vous mieux avant de parler : la vérité est le contraire de vos propos, si vous consultez les statuts des dites structures, vous verrez que ces structures sont en majorité dirigées par des femmes, et le cas échéant ont des femmes comme porte parole.
    "c'est le droit de se prostituer qu'ils réclament"
    -> Tout à fait. vous avez tout compris. c'est merveilleux. mais attention aux raccourcis : nous réclamons la liberté de se prostituer librement et de façon autonome.
    "96% des prostituées aimeraient sortir de la prostitution"
    -> encore un chiffre sorti de derrière les fagots d'OLF. Ou sont les sources de ce chiffre ? un coup c'est 80%, un coup 90, et là 96 ! bientôt 100 ?
    ""TOUTES les femmes". Entre quelques unes et la majorité, il y a un fossé allègrement franchi."
    -> vous avez bien raison ! des groupuscules comme OLF franchissent trop souvent ce fossé !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. - "Ce n'est pas parce que pour VOUS la non-pénalisation des clientEs n'est pas légitime qu'elle ne l'est pas. Ne vous arrogez pas le droit de terminer seule un débat qui est loin de l'être"

      Elle est effectivement illégitime dans un cadre féministe, je maintiens. Par contre dans un cadre néolibéral et androcentré, elle a toute sa place.

      - Ni à la base, ni historiquement, ni même actuellement ces assos ont une vocation féministe. En faisant un tour sur le site du Strass, zéro association féministe dans la blogroll. Et vous voulez nous faire avaler la pilule en nous parlant du Sida chez les femmes ? Commencez alors par parler de ses spécificités comme le viol par exemple.

      - J'ai bien écrit homosexueLs et je dissocie effectivement les lesbiennes des gays. Qu'ils soient gays, trans MtF ou hétéros, la plupart des hommes fantasment sur les prostituées et le mépris n'est jamais loin. La prostituée représente leur vision fantasmée (et tordue) des femmes (emplumée, entravée dans des vêtements trop serrées, perchée sur des talons inconfortables, fardée, etc.) au mépris des femmes telles qu'elles sont au naturel.

      - Les député.e.s ont adopté récemment une résolution réaffirmant la position abolitionniste de la France (suite logique de la convention ONU de 1949). Donc, oui les politiques changent.

      - Epargnez-moi s'il-vous-plaît le coup de la ceinture de chasteté. Vous savez très bien ce qu'il en est. La prostitution n'a en commun avec la sexualité que les organes.

      - Le Strass a été mis en place par des hommes (trans ou pas, là n'est pas la question comme je l'ai évoqué plus haut).

      - 96% des prostituées aimeraient sortir de la prostitution: le chiffre est celui que l'ILO (International Labour Organization) avance. Même à 80%, la donnée est assez démesurée pour qu'on la prenne en compte, non ?

      - Elles vous ont fait quoi OLF pour attirer vos foudres ? Elles ont pourtant le mérite de travailler toute l'année sur les problématiques que vous récupérez une fois par an en guise de caution féministe.

      Supprimer
    2. salut hélo,
      J'ai un problème avec ta formulation concernant les trans FTM, que tu inclues dans le groupe des hommes. Je ne nie pas qu'il puisse avoir entre femmes cis et femmes trans une différence de perception de l'oppression viriarcale, mais c'est trop violent (surtout que tu n'expliques pas pourquoi tu mets les femmes trans dans le groupe homme dans le débat sur la prostitution), il me semble, et non-nécessaire pour défendre les positions abolitionnistes.

      Supprimer
    3. Salut ko !

      Je ne vois pas où j'ai inclus les FtM (j'ai relu mon commentaire) dans le groupe des hommes.

      J'ai dit ceci mais je parlais bien des MtF:

      "Qu'ils soient gays, trans MtF ou hétéros, la plupart des hommes fantasment sur les prostituées et le mépris n'est jamais loin."

      A moins que j'aie mal compris ta remarque :/

      Supprimer
    4. oups! Oui, je me suis trompée dans la dénomination! Je parlais bien des mtf! Et, donc, je me demandais pourquoi tu inclues les femmes trans(mtf, donc) dans le groupe des hommes. Plus ce que j'ai dit sur les différences éventuelles de perception de l'oppression viriarcale, c-a-d je me faisais l'hypothèse que si l'on devient perçue comme une femme seulement à la vingtaine, alors l'on aura échappé à certaines dimension de sexisme (on subit par exemple l'objectification plus tard et à un âge ou l'on peut éventuellement savoir ce qui se passe, ce qui peut expliquer des différences de percevoir le viriarcat).

      Supprimer
    5. Oui, c'est toute la différence: être élevé pendant une vingtaine d'années comme un homme modifie forcément la perception de l'oppression. Et je me demande même si l'on ne garde pas cette possibilité de revenir à son statut originel comme un rempart aux souffrances.

      En tous cas, on remarque chez les travestis et les trans (MtF!)une idée des femmes totalement fantasmée, une sorte d'hyper-féminité telle que les hommes la désirent, et la prostitution doit faire partie du "kit".

      Supprimer
    6. Ceci dit, il existe également des collectifs de femmes trans abolitionnistes qui expliquent également qu'il est facile de comprendre la prostitution des personnes trans par l'absence d'opportunités professionnelles dans le monde du travail, du fait des discriminations subies en tant que trans, ainsi que par l'objectification particulière dont elles font l'objet(je penses aux fantasmes de la "shemale" qui existe dans le porno, mais qui doit également exister dans la prostitution).

      Supprimer
    7. Je ne doute pas qu'il existe des meufs trans abolitionnistes (et j'en suis très heureuse) mais elles sont plutôt rares et je relevais surtout une tendance générale qui veut que ce soit majoritairement les hommes qui tiennent à la perpétuation de la prostitution.

      Supprimer
  5. "nous trouvons à quelques items d'écart la demande d'un loi-cadre contre les violences envers les femmes ET la revendication de perpétuation de cette violence par les clients-prostitueurs à travers leur protection."
    -> ce n'est pas parce que un groupe de sombre crétins de l'ONU qui n'a jamais consulté les putes édicte que c'est une violence que ça l'est. la prostitution libre et choisie n'est PAS une violence. faut pas tout confondre madame !
    "Ne reste-t-on pas dans une vision binaire et inégalitaire (l'un paye, l'autrE obéit) des rapports de sexe"
    -> VOUS restez dans une vision binaire, là est la différence. car je crois que dans cette histoire, vous inversez le rapport qu'il y a entre une pute et son client.une caissière ( puisque vous semblez aimez ce parallèle ) ne se laisse pas insulter ou maltraiter. une pute non plus.
    "qui s'inscrivent dans une logique capitaliste de marchandisation des corps et dans une idéologie patriarcale"
    ->Nous ne sommes PAS capitalistes chère madame. C'est VOUS qui nous avez collé cette étiquette avec votre prétendue marchandisation du corps. Vendre une chose signifie la perdre. OR les putes ont toujours tous leurs organes après acte. et c'est VOUS qui faites le jeu du patriarcat en vous victimisant sans cesse et en NOUS victimisant. Nous ne sommes PAS des victimes donc de ce fait pas SOUMISES donc de ce fait pas dominées par le patriarcat comme vous aimez à le hurler sur tous les toits.
    "L'abolitionnisme mettrait en danger ces femmes. C'est passer un peu vite sur le fait que le plus gros danger pour une prostituée reste le client et/ou le proxénète et c'est occulter tout le volet de prise en charge sociale, sanitaire et professionnelle préconisée dans le projet abolitionniste."
    -> Renseignez vous, allez voir les putes elles-même : la politique abolitionniste est en ce moment leur principal fléau : c'est cette politique qui les mets a la rue par manque de revenus, c'est aussi elle qui les pousse à se cacher dans les bois ou rien n'est sur. Le plus gros danger pour NOUS, c'est VOUS les abolitionnistes ( ou devrais-je dire prohibitionnistes en réalité ) Et fabriquer des boites en carton pour l'Oréal pour 400 euros par mois ou encore aller à l'ANPE avec une étiquette pute sur le front ... tu parle d'une prise en charge.
    "soutenir et institutionnaliser in fine une activité née il y a quelques siècles de l'esclavage et s'alimentant encore aujourd'hui de la triple oppression (femme, précaire, étrangère), est tout simplement scandaleux. "
    -> ce qui est scandaleux, ce sont les gens comme vous qui parlent de ce qu'ils ne connaissent pas, citant des fausses références, et mettant des milliers de personnes en danger !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. - sombres crétins de l'ONU ... ouais, si on veut. Et Judith Trinquart aussi, sombre crétine avec sa thèse de doctorat sur les conséquences de la prostitution sur la santé mentale et physique ? Et les survivantes qui témoignent, sombres crétines aussi ?

      - J'inverse le rapport de pouvoir pute-client. J'entrevois derrière votre affirmation ce qu'en dit Despentes: se prostituer c'est prendre le pouvoir sur les hommes (j'ai ce qu'il veut, je le fais payer pour l'obtenir). Sauf que hormis le fait que ce soit un leurre, il serait bien de débarrasser la sexualité des notions de pouvoir. Les féministes tiennent à l'égalité, renverser le pouvoir ne les intéresse pas.

      - Non, vendre une chose ne signifie pas forcément la perdre. Si je vends un service, je ne le perds pas puisqu'il est immatériel. Vendre sa sexualité comme un service c'est faire entrer la sexualité dans le marché ... et le marché est par définition capitaliste.

      - Vous n'êtes peut-être pas victime mais des millions de femmes le sont et notamment dans les pays qui ont règlementé l'activité où la traite des femmes a pris des proportions difficilement jugulables.

      - Prostitution libre et choisie. La plupart des femmes qui choisissent de se prostituer ont été violées. Moi, j'appelle ça un choix biaisée. Institutionnaliser un système qui s'alimente par l'inceste et le viol, c'est une drôle de conception de l'émancipation des femmes.

      - De quelle politique abolitionniste parlez-vous et qui mettrait les femmes à la rue ? Je ne vous suis pas. soit il s'agit de la LSI et je suis d'accord avec vous pour dire qu'elle stigmatise et met en danger les prostituées. S'il s'agit de la pénalisation des clients, elle n'a pas encore été mise en place, je ne vois pas comment elle mettrait déjà les prostituées en danger ...

      - qu'est-ce que je ne connais pas ? Les témoignages de survivantes, les études sur les effets respectifs de la légalisation et de l'abolition ? Quelles fausses références ? Vous voulez les liens de l'ILO, de Judith Trinquart, des rapports ONU ? Qui ai-je mis en danger ? Les trois pouffes qui pensent que c'est glamour de se prostituer ou toutes les autres qui préféreraient fabriquer des boîtes en carton plutôt que supporter la crasse, l'orgueil mal placé, la laideur et la brutalité de ceux qui se croient tout permis parce qu'ils ont payé ?

      Supprimer
  6. Courage Héloïse, c'est repartit. ;)

    @Darla

    "Ce n'est pas parce que pour VOUS la non-pénalisation des clientEs n'est pas légitime qu'elle ne l'est pas. Ne vous arrogez pas le droit de terminer seule un débat qui est loin de l'être."

    Ca s'appelle avoir des positions politiques et les défendre.

    Des fausses références?

    VOS références seraient forcément bonnes, par contre, nous, quand on cite des survivantes de la prostitution, des femmes prostituées ou des assos qui travaillent avec, ce n'est pas légitime si ça contredit les pro-prostitution...

    "MAIS : le SIDA touche AUSSI les femmes ( hé oui ! ) donc la lutte contre le SIDA a toute sa place dans la lutte féministe pour faire reconnaitre que les femmes ont aussi le SIDA ! Vous parlez d'homosexuels en les dissociant des lesbiennes ? sachez que le mot homosexuel regroupe les gay et les lesbiennes. La défense des homosexuels a donc toute sa place dans la lutte féministe comme défenseur des lesbiennes. Les trans ? les trans MTF sont des FEMMES que vous le vouliez ou pas. la lutte pour les droits des trans est AUSSI un combat féministe."

    Historiquement, l'activisme anti-SIDA reste l'apanage des gays, ensuite, puisqu'on en est aux "renseigne-toi": on en a marre d'être invisibilisées sous le vocable "homosexuels" (un nom de maladie!), qui sert souvent à dissimuler le fait que les groupes "homos" sont constitués en majorité de gays (nouveau scoop= membres de la classe des hommes), qui ont leurs propres intérêts, intérêts qui ne sont pas forcément les nôtres. Les gays ne sont pas nos alliés objectifs (à nous lesbiennes), malgré les grandes envolées lyriques "LGBT".

    Et les trans MTF sont des FEMMES...TRANS. Beaucoup d'entre nous (je ne dis pas que c'est le cas d'Héloïse, je n'en sais rien) ne cesserons pas d'être critiques vis à vis des divers discours et pratiques trans.


    "Nous ne sommes PAS des victimes donc de ce fait pas SOUMISES donc de ce fait pas dominées par le patriarcat"

    Wow. Tu dois être la seule meuf (trans?) du monde à n'avoir jamais été discriminée, agressée, discréditée ou violée, en tant que femme, chère habitante du non-patriarcat.

    Depuis quand être une victime signifie être soumise? "Être victime" signifie être victime de quelque chose ou quelqu'un, c'est un état de fait temporaire ou permanent selon la situation.

    C'est dingue comme le mot "victime" fait peur...trop révélateur?


    Lora la rate

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Lora pour ton soutien, j'apprécie !
      Merci également pour ta réponse aux arguments pertinents.

      Les gays ne sont pas nos "alliés objectifs": Michèle Causse il me semble. Nous avons les mêmes références ;-)

      Supprimer
  7. A DARLA : je trouve hallucinant qu'il y ait des gens qui se traitent elleux-mêmes de "putes".
    "la prostitution libre et choisie" : Je demande à celleux qui sont capables d'écrire cela de chercher la signification du mot "aliénation"...
    Quand les gens revendiquent leur propre déshumanisation est-ce réversible ? Oui car comme le dit Héloise, il y en a des milliers d'autres qui n''ont jamais voulu être prostitué-e-s et d'autres encore qui ne veulent plus l'être et d'autres encore qui s'apprêtent à arrêter de répéter ce mantra incredible pour dire "non" et "stop" parce qu'ils/elles trouvent un jour que non, finalement, leur vie n'est pas une poubelle et qu'ils/elles peuvent retrouver un semblant d'intégrité au lieu de réduire leur existence à la "fonction" de réceptacle à éjaculat.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, prostitution libre et choisie, évidemment ! D'ailleurs, les petites filles rêvent d'être un jour prostituée et chaque parent couve le secret désir de savoir sa fille coucher avec des types qu'elle ne désire pas.

      Remarque, vu comment est érigée en valeur féminine par excellence l'objectif d'être une femme-objet, on y arrivera bien un jour :-(

      Supprimer
    2. "receptacle a ejaculat" ... comme c'est joliment dit. Ca sonne tellement feministe.

      Supprimer
  8. Je m'en vais jusqu'à lundi, je conserve la modération (et il vaut mieux, je pense !) et publierai donc les commentaires éventuels à mon retour.

    RépondreSupprimer
  9. ""réceptacle à éjaculât" ... comme c'est joliment dit. Ça sonne tellement féministe"

    Vous remarquerez que l'expression n'est pas vulgaire en elle-même. Ni réceptacle, ni éjaculât ne sont des mots grossiers, ils sont d'un niveau de langage courant, voire, pour éjaculât, d'un niveau châtié.
    Vulgairement, l'on aurait dit : "sac à foutre", voyez, on est un niveau au-dessus.
    Ce qui choque, ce n'est donc pas les mots, qui ne font que décrire une réalité objective, mais bien cette réalité. C'est cette dernière qui est choquante. Le fait qu'une femme soit réduite à n'être que cela. Que l'on paye pour pouvoir réaliser une activité sexuelle avec son corps. Qu'elle se définisse et se résume à cela pour le "client". Qui ne veut pas d'un être humain avec qui être en relation, mais d'une poupée vivante à qui il pourra faire ce qu'il voudra parce qu'il aura payé pour.

    Vous sous-entendez que ce qui serait féministe, ce serait de parler politiquement correct pour décrire l'ignominie, dire technicienne de la sexualité, pourvoyeuse de service sexuel, travailleuse du sexe etc.
    Mais ce qui est féministe, voyez-vous c'est de refuser cela pour les femmes, toutes les femmes et non pas d'euphémiser la sordide réalité en expressions tellement policées qu'elles font perdre de vue ce dont on parle.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tu as raison: derrière ce vocable technique (travailleuse du sexe, etc.), il y a probablement la volonté de cacher tout ce que le lexique traditionnel de la prostitution évoque. Derrière l'argument de la déstigmatisation avancé par les pro-prostitution, se profile la tentative sournoise d'aseptiser voire de glamouriser une réalité qui ne peut l'être.

      Supprimer
  10. "Une pute ne se laisse pas insulter"
    Et comment elle fait? Non parce que moi-même, je n'aime pas trop être insultée, mais bon, à moins de coudre la bouche de l'insulteur avant que l'insulte ne sorte (ou ne devienne pire), je ne vois pas trop comment les empêcher, les insultes (en tout cas sur le moment).

    Ah oui, et pour mettre des milliers de personnes en danger, on peut tout à fait retourner le compliment aux strassien-nes.
    Question de point de vue.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, comment empêcher l'insulte quand le terme même de pute est l'insulte la plus proférée par les hommes ?

      Et ce n'est pas la légalisation qui résoudra le problème de cette stigmatisation. C'est aussi le mépris que ces hommes recherchent.

      Supprimer
  11. @DARLA

    "sachez que le mot homosexuel regroupe les gay et les lesbiennes. La défense des homosexuels a donc toute sa place dans la lutte féministe comme défenseur des lesbiennes"

    mouai.

    Je me suis battue pour les homos, en me disant que ça finirait par donner une visibilité aux questions féministes et lesbiennes. J'ai fini par comprendre que ça viendrait jamais, et suis parti sans même avoir pu estimer une chance d'être entendue. J'ai bien vu quelques lesbiennes politique, mais parler à ces femmes était finalement super dur puisque nos revendications étaient entièrement tournées vers celles des hommes homos. Point final. Bref me suis barré.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. De toutes façons, on ne voit pas comment l'invisibilité (invisibilisation) qui touche les femmes épargnerait les lesbiennes.

      Comme on ne voit pas comment le machisme qui pétrit la plupart des hommes épargnerait les gays.

      Supprimer
  12. Me suis barré des LGBT, parce que je me suis rendu compte que ce qui étais important pour moi ce n'était pas que je sois lesbienne, mais féministe. Et le féminisme chez les LGBT se résume aux intérêts des gays et des Trans. Les nanas sont soumises aux discriminations que les gays et les Trans subissent. Et illes nous absorbent dans un commun au masculin assommant.

    Et le STRASS ne déroge pas à ça : c'est un féminisme pour les mecs.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un féminisme pour les hommes, j'appelle ça du masculinisme ;-)

      Supprimer
  13. A propos de "réceptacle à éjaculât" je ne fais que reprendre l'idée qu'Hervé Bazin émet dans son très célèbre roman "Vipère au poing" (ou était-ce dans "La mort du petit cheval" ?) comme quoi la femme est un crachoir "parce que l'on ne crache pas qu'avec la bouche".
    On peut voir par là que J'ai empruntée cette vue de l'esprit à un homme.
    Mais effectivement, comme dit Berenice : si j'étais plus vulgaire, j'aurais pu écrire "sac à foutre".

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Dans le genre "vue de l'esprit masculine" et dans la thématique "réceptacle à", ta réflexion me fait penser à ces urinoirs en forme de bouches de femmes dont sont pourvus certains lieux.

      On nous dirait explicitement que nous sommes les chiottes de la partie mâle de l'humanité, ce serait pareil.

      http://stevebbernard.blogspot.com/2011/08/regrets-scatologiques.html

      Supprimer
    2. Horrible cette robe en forme d'urinoir ! On capte tout de suite que ce n'est pas l'idée d'une femme !
      En tout cas, les pro-prostitutions en reste apparemment eux-mêmes sans voix. Il faut croire que l'image de la femme-chiotte de mecs leur parle.

      Supprimer
    3. Oui, aucun signe de vie: soit nos arguments ont fait leur effet, soit il s'agissait d'une réaction impulsive de leur part sans plus de profondeur que ça ...

      Supprimer
  14. Les guillemets c'est pour citer Hervé Bazin. On l'aura compris.

    RépondreSupprimer
  15. en tant que femme trans, je trouve assez insultants certains de tes propos, chère blogueuse... je suis une femme comme toi, et j'en subis les conséquences comme toi à partir du moment où je suis perçue socialement comme une femme, qu'est-ce que tu crois ? Qu'est-ce que tu connais à nos vies, à nos parcours ? Ne vois-tu pas la violence méchante de tes mots ?
    Je précise aussi qu'à la base, OUTrans (par exemple) est une association fondée par des hommes trans (ftm), rejoints plus tard par des femmes trans (mtf) comme moi (qui n'ont pas nécessairement pris le pouvoir dans un élan retrouvé de virilité), avec une approche revendiquée féministe des transidentités, et nous y tenons beaucoup toutes et tous.
    En dehors de ça, je n'ai personnellement pas d'avis tranché sur la question de la prostitution, je n'y connais pas grand chose, j'ai à la base un avis instinctif plutôt semblable au tien, mais je trouve cependant les positions exprimées dans cet appel sur la pénalisations de la prostitution et des clients plutôt pertinentes du point de vue bête de l'efficacité en terme de protection des personnes prostituées... Pour moi il ne s'agit pas de décider si c'est bien ou pas que des femmes se prostituent, même si c'est une question importante, il s'agit de protéger au mieux ces femmes qui se prostituent des violences de ce métier. Ce n'est pas en les isolant et les marginalisant encore plus par la répression qu'on les aidera, en tout cas je ne crois pas, et j'ai bien l'impression que c'est le constat qu'on peut faire sur le terrain. Ce qui n'empêche pas de réfléchir aussi à ce que peut représenter la prostitution symboliquement et concrètement, en terme de domination masculine, d'image caricaturale et avilissante des femmes et de la féminité, de sexualité triste.
    Bref, j'espère que tu entendras ces quelques mots et qu'ils te feront reconsidérer un peu certaines de tes paroles difficiles à digérer...

    RépondreSupprimer
  16. Tu es une femme comme moi mais tu n'as pas été élevée comme une femme, comme moi. Et ce n'est pas une insulte que de le dire, c'est une réalité. Tu as choisi d'être une femme (pour des raisons qui te sont propres), pas moi. Je ne trouve pas méchant ou violent de dire que la parole de personnes qui n'ont pas subi la violence d'un conditionnement tel qu'il est imposé aux petites filles est à considérer sous l'angle de cette absence justement.

    Les femmes sont globalement contre la prostitution (et la porno) à l'inverse des hommes. Il y a bien une raison ...

    Quant aux dégâts respectifs de la légalisation et de l'abolition, je crois qu'il serait malhonnête de passer sous silence la recrudescence de violence engendrée par la première et les résultats plutôt positifs (même si la panacée en la matière n'existe pas) de la seconde.

    Un exemple de l'échec hollandais et du succès suédois ici:
    http://www.slate.fr/tribune/47207/prostitution-abolition

    Ou encore de l'effet contre-productif de la règlementation qui entraîne une traite des humains (réseaux mafieux) et une prostitution clandestine accrues:
    http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/laurence-neuer/les-effets-pervers-de-la-legalisation-de-la-prostitution-07-12-2011-1404925_56.php

    Nous avons de la "chance", nous avons des exemples de politiques adoptées et leurs résultats. Pourquoi ne pas en tenir compte ?

    A quoi s'accroche-t-on encore en France à part à l'idée que la prostitution est d'utilité publique ? Publique ne recouvrant seulement que la moitié des membres qui peuvent y prétendre. Les filles de joie ? La joie de qui ? comme le disait B.Groulte.

    Enfin, désolée si je t'ai blessée dans ton identité de femme, ça n'était pas le but :-( mais pour moi la légitimité à parler de la question est étroitement liée à l'éducation genrée que nous recevons toutes et tous. Comme je le disais sous le billet de Vernis et sécateur, c'est un paramètre que nous ne pouvons balayer d'un revers de main.

    RépondreSupprimer
  17. Certes bien tard, j’éprouve le besoin de laisser ce commentaire car je découvre ce blog et cet article m'a interloqué. Il se trouve en effet que j'étais présente aux réunions d’élaboration de ce tract, donc je pense pouvoir préciser certaines choses :

    1) Vous parlez du "mouvement pro-prostitution". Le plupart des associations/organisations/partis ayant rédigé et signé le texte ne sont absolument pas mouvement pro-prostitution. Tous ne sont pas pour une légalisation de la prostitution. Ils sont contre la pénalisation des prostituéEs (lois sur le racolage) et celle des clients - voir, pour certaines organisations, contre cette loi spécifique de pénalisation des clients.

    2) Votre argument concernant la revendication anti-pénalisation soit-disant "planquée" au milieu des autres, est un peu spécieux. Déjà, vous remarquerez que cette demande apparait deux fois dans le texte, dont une bien en évidence à la fin du chapeau.
    En plus - comme je vous l'ai dit j'ai assisté à la rédaction de ce tract - c'était quelque chose qui dans les premières versions se détachait plus, et a bougé suite aux efforts d’harmonisation stylistiques demandés par les participants. Ce n'est en aucun cas le résultat d'une quelconque stratégie.

    3) "On nous parle bien de prostituéEs et des clienTs, non ? Ne reste-t-on pas dans une vision binaire et inégalitaire (l'un paye, l'autrE obéit) des rapports de sexe ?" Oui sauf que, si "clients" est effectivement au féminin, "prostituéEs" c'est l'équivalent de "prostitué-e-s" ou "prostitué(e)s". Cette graphie du "E" majuscule étant commune dans les textes féministes.
    Quant à "putes" il s'applique également aux hommes. Si ce mot est utilisé ici, c'est par les prostituéEs eux/elles-même, comme auto-définition.

    4)En commentaire vous écrivez "Oui, moi aussi j'ai trouvé étrange l'adhésion du MPF: une lecture trop hâtive du manifeste ou un retournement subit ? " Bah figurez-vous que non. Non seulement le Planning a bien lu le tract, mais il l'a co-écrit et c'est énormément impliqué dans l'organisation de cet appel à manif alternatif à celui du CNDF, de notre partie du cortège, de la diffusion de l'appel,...
    Vous semblez surprise de leur participation, alors que ça s'inscrit pour elles dans leur logique du "droit à disposer de son corps".
    D'ailleurs, pour être clair, sans le Planning Familial, ce texte n'aurait pas vu le jour.

    5) Je tiens quand même à rappeler le pourquoi du comment de cet 'appel alternatif' : l'appel du CNDF excluait les prostituéEs et les femmes voilées. Lors de la manifestation de novembre dernier, contre les violences faites aux femmes, des femmes se sont faites agressées physiquement et verbalement par des manifestantes qui voulaient les exclure de la manif parce qu'elles se revendiquaient travailleuses du sexe. Donc pour cette manif-ci, devant l'exclusion par le CNDF d'une partie des femmes, d'autre orgas ont proposé un texte et un cortège plus inclusifs.
    Le but n'était pas pour de méchantes associations LGBT de se faire de la pub, le but était de permettre à un maximum de femmes de venir défiler pour défendre leurs droits, et de grossir les rangs de la manif du 8 mars (qui est quoi qu'on en pense une vitrine 'médiatique' du féminisme, surtout en cette année d’élections).

    Voila, vous remarquerez que je n'argumente pas sur le débat de la prostitution et du cadre juridique qui doit l'entourer (interdiction/degrés de pénalisation/légalisation/...), j'apportais juste un éclairage de 'témoin' sur vos remarques quant au tract.

    PS : à ces réunions y'avait entre 15 et 30 personnes dont un seul mec

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Déjà, merci d'argumenter dans le calme, ça fait du bien !

      A mon tour:

      1) La plupart ne sont pas pro-prostitution selon vous pourtant le Strass, Act'up, Cabiria et Grisélidis le sont ouvertement. Plus toutes celles que je ne connais pas mais qui s'opposent à la pénalisation du client dans une perspective de légalisation. D'ailleurs, je trouve assez malhonnête de revendiquer cette dernière par des moyens détournés (la non-pénalisation du client donc la protection de la prostituée), il y a une instrumentalisation du sort des prostituées qui me gêne. Quelle protection des prostituées quand 96% voudraient en sortir ? (source ILO)

      2) Que la revendication apparaisse deux fois ne change rien, c'est dans l'organisation des points de revendications que ça pique les yeux. Au beau mileu exactement et parmi des sujets "classiques" du féminisme (que l'on ne retrouve d'ailleurs sur aucun site web des associations signataires ...), ça fait trop flag' comme dirait ma fille. Il va falloir créer des rubriques et des commissions féministes pour être plus crédibles et ne pas être taxé.e.s d'instrumentalisation ...

      3) Oui, il existe des prostitués hommes mais ils sont minoritaires et ont pour clients des hommes essentiellement. On est bien dans une activité inégalitaire en termes de représentation des uns et des autrEs. Il y a des hommes battus aussi mais la marginalité du phénomène permet de penser que nous sommes face à une violence sexuée.
      Comment expliquez-vous cette prévalence de femmes (étrangères et/ou précaires de surcroît) chez les prostituées même dans les pays où l'on a règlementé l'activité ?

      4) Ben, je suis déçue du MPF qui confond "droit à disposer de son corps" et "droit à marchandiser son corps (sa sexualité en fait)". Il y aura toujours des personnes qui défendront leur droit à maltraiter leur corps, est-ce pour autant que la société doit l'institutionnaliser ?

      5) Oui, je sais que cette organisation en marge de l'organisation officielle est due à une situation d'exclusion mais je comprends la réaction du CNDF qui se doit d'être cohérent. On ne peut pas revendiquer à la fois la liberté des femmes et leur soumission (encore moins volontaire) aux marques de machisme. Pourquoi alors ne pas inclure la prochaine fois les femmes battues (qui ne peuvent se concevoir autrement que battues et le revendiquent, il y en a forcément) au principe de la libre disposition de son corps ? Chacune fait ce qu'elle veut mais venir réclamer pour toutes (car politiquement) une situation reconnue comme aliénante, avilissante, violente ou destructrice, me paraît à contre-courant des principes de base féministes.
      Pour info, je me suis opposée à la loi sur l'interdiction du voile/burqa pour différentes raisons et notamment celle du racisme en creux. Mais entre s'indigner contre une loi stigmatisante et défendre le droit de se plier aux codes misogynes, il y a un fossé que je ne franchirai pas.

      PS: il est bien connu que le travail de secrétariat, cet ingrat travail de l'ombre, revient toujours aux femmes
      ;-)

      Encartée dans un parti qui se disait féministe, j'ai rédigé (et distribué) moi aussi pas mal de tracts avec des consoeurs. Mais le contenu était toujours le fait des têtes-pensantes de la commission qui avait mieux à faire que s'occuper de ce genre de contingences pratiques. Ca + le café et les quiches ... Ca fait cliché mais c'est la réalité.

      Supprimer
    2. Une discussion calme et courtoise me semble être la moindre des choses, avec une camarade féministe.

      Précision : Je ne vais pas rentrer dans le débat sur la prostitution en elle même, ni sur les chiffres que vous citez, ni même sur la loi de pénalisation du client en question. Ce sont des débats très intéressants et importants, mais ils sont fait ailleurs et je ne pense pas être la personne la plus qualifiée pour le faire.
      Ma seule perspective ici et d'échanger sur un article tagué « langue au scalpel » où vous analysez un tract dont j'ai assisté à la rédaction.

      1) Oui, je me suis mal exprimé en fait. Comme je sais qui à rédigé le texte et qui n'a fait ''que'' signer, je sais que les orgas qui ont écrit l'appel ne sont, pour la plupart pas des associations/partis ''pro-prostitution'' et que ça se reflète dans le texte qui n'a pas de revendication de légalisation.
      Ensuite vous parlez de malhonnêteté et de moyens détournés. Ça me gène. Comme vous le dites vous même, les associations comme Act Up et le Strass qui revendiquent une légalisation ne s'en cachent pas. Les autres organisations, celles qui ont signé le tract et ne revendiquent pas par ailleurs autre chose que la non pénalisation c'est tout simplement parce que si elles ne veulent pas de cette pénalisation, elles ne veulent pas non plus de légalisation.
      Quant à l'instrumentalisation du sort des prostituées : on peut penser que la politique pénale et policière telle qu'elle est proposée va mettre en danger les prostituées, dire que c'est une mauvaise idée, sans pour autant sans pour autant vouloir obliger les prostituées qui ne veulent pas l'être à le rester.
      Je pense que la prostitution est un thème très complexe, qui recouvre beaucoup de réalités différentes, et qu'il y a sur le sujet des opinions et perspectives très divergentes chez les féministes. Maintenant, je pense qu'il n'y a pas beaucoup de féministes qui soient pour la traite humaine, le viol et les violences faites aux femmes. Et qu'on peut estimer qu'une politique n'est pas efficace pour lutter contre un phénomène (la traite humaine à des fins sexuelles) sans pour autant être en faveur du phénomène en question. À ce titre, je me permet de citer une partie du tract que vous avez mis en gras : « leur mise en danger, leur stigmatisation au détriment d'une lutte effective contre les réseaux de proxénètes et leurs profits » Il s'agit bien de dire une opposition à des lois interprétées comme inefficaces et dangereuses et le soutien à la lutte contre le proxénétisme, pas le soutien à l'esclavage sexuel.
      Que vous soyez en parfait désaccord avec cette analyse de la situation, que vous pensiez que cette loi de pénalisation du client serait très efficace et que s'y opposer va donc faire du tord aux prostituées c'est on ne peut plus légitime. Mais prêter aux gens qui on l'opinion inverse (c'est à dire qui pense que cette pénalisation mettrait en danger les prostituées et ne serait pas efficace pour aider les femmes qui veulent arreter à le faire) des intentions malhonnêtes d'instrumentalisation et de manipulation qui viseraient à obliger les femmes à se prostituer, c'est ça dont je remet en cause la légitimité.

      2) « ça fait trop flag' comme dirait ma fille » Si vous le dites. Je ne peux rien faire d'autre que vous assurez en toute bonne fois que c'est le résultat des re-re-re-formulations consécutives pour plaire aux envies et priorités des organisations très disparates qui l'ont rédigé, et non d'une stratégie machiavélique et grossière de dissimulation. Je ne peux néanmoins vous fournir aucune preuve.

      Supprimer
    3. 3) Non mais, entendons-nous bien, je ne nie en aucun cas que les prostituéEs sont en majorité des prostituées et que les prostitués sont très largement minoritaires. Et que la prostitution est une problématique qui s'inscrit dans les rapport de genres.
      Je réagissais à votre phrase « On nous parle bien de prostituéEs et des clienTs, non ? » que j'ai pris dans ce contexte comme une réaction au texte particulier du tract et non pas une remarque générale. Et je faisais remarquer que dans ce texte précis, on n'avait pas mis prostituéEs au féminin.
      Mais en y repensant, cette remarque de ma part n'avait pas beaucoup d’intérêt. J'ai du la mettre parce que j'étais un peu sur la défensive à la lecture de votre article. J'ai cru que vous accusiez les signataires du tract de véhiculer des stéréotypes sexistes, ce que vous ne faisiez pas, j'ai donc suréagi.
      Ceci dit, si je suis d'accord avec vous sur le fait que la prostitution s'inscrit dans le cadre d'une société machiste et hétéropatriarcale et dans des rapports de genres inégalitaires, je n'en tire pas la même conclusion qui serait que la loi pénalisant les clients serait pertinente.

      4) Je ne vais pas parler au nom du Planning, je n'en fais pas parti, mais je ne suis pas certaine qu'elles voient la non-pénalisation du client comme l’institutionnalisation du droit à maltraiter son corps. D'ailleurs je pense que les positions du Planning sur la prostitution sont assez proches des votre, et pourtant elles s'opposent à la pénalisation.
      « Le Planning Familial agit et lutte pour participer à la construction d’une société égalitaire, sans marchandisation et sans violence. Cet objectif ne doit pas nous conduire à agir, ici et maintenant, en aggravant la situation des personnes en situation de prostitution du fait du système prostitueur. Le Planning estime indispensable de prendre en compte la réalité du terrain et de définir une stratégie dans l’intérêt des personnes prostituées. »
      http://www.planning-familial.org/articles/le-planning-et-la-prostitution-00389
      D'ailleurs fut soulevée la question de l'utilisation de l'expression ''système prostitueur'' dans le tract, le Strass demandant à ce qu'elle ne figure pas, le Planning et d'autres orgas présentes acceptant. Vous voyez, ce n'étais pas un complot de vils ''pro-prostitution'' instrumentalisant.

      Supprimer
    4. 5) « Chacune fait ce qu'elle veut mais venir réclamer pour toutes (car politiquement) une situation reconnue comme aliénante, avilissante, violente ou destructrice, me paraît à contre-courant des principes de base féministes. »
      Je crois que je comprend mieux. Voyez-vous, j'ai été interloquée, à la lecture de votre article, sur la signification du terme ''pro-prostitution''. Je me demandais ce que vous vouliez signifier par là : ''la prostitution c'est bien'', 'plus de gens devraient se prostituer'', ''la prostitution devrait être préférée à d'autres rapport sociaux'', ''la prostitution devrait être reconnue légalement'',...
      Apparemment donc, pour vous, ''pro-prostitution'' signifie ''qui veut pousser le plus de femmes possible à se prostituer'' voir ''qui veut faire de chaque femme une pute''.
      Bon. Clairement, ce n'est pas l'une des revendications du tract. Je ne suis pas sûre que ça soit une revendication portée par aucune des associations signataires. Même celles qui par ailleurs revendiquent un statu légal du travail sexuel (ce qui, encore une fois, n'est pas le cas de tous les signataires).


      PS: c'est marrant que vous disiez ça tiens, quelle vision négative des choses ! Le tract à été conçu et rédigé par des femmes, souvent à la tête de leurs orgas (logique vu que certaines assos étaient non-mixtes), c'est elles qui ont fourni le travail 'intellectuel' si je puis dire. C'est le mec qui à fait le 'secrétariat' de remise des documents de travail/prise de notes du compte-rendu,...


      Le machisme et le sexisme des milieux militants, en particuliers de gauche voir d’extrême gauche, est un véritable problème en effet.

      Supprimer
  18. Ce qui est étonnant, c'est que les mêmes personnes qui défendent l'homosexualité et qui se disent religiophobes, rejettent la prostition (le sexe est un péché pour le catholicisme). Car en fin de compte ils estiment qu'il n'y a pas de sexe possible sans amour (dans la société, les êtres humains étant ce qu'ils sont, seront plus aptes à se séduire en adoptant une certaine attitude et en étant beaux. Ces derniers sont privilégiés et séduisent plus facilement que les personnes "malchanceuses physiquement", qui elles sont déjà en manque de sexe à cause de cette superficialité qui règne un peu partout. Ces gens vont plus facilement au suicide. Je vous laisse deviner ce que l'abolition de la prostitution signifierait à ce sujet, le taux de suicides masculins grimperait et encore une fois, ce serait donner toujours plus de pouvoir aux femmes (ayant déjà le monopole des relations de couple à notre époque).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Enfin quelquechose que vous comprenez!
      Oui, en effet, l'abolition de la prostitution donnerait plus de pouvoir aux femmes, puisque ce projet de société suppose (obligatoirement, sinon, c'est inefficace) une prise en charge des inégalités professionnelles énormes qui conduisent les femmes(trans et cis) à être prostituées(et l'abolition ne peut fonctionner QUE avec une loi favorisant l'égalité professionnelle prenant en compte la multiplicité des discriminations dont font l'objet les femmes trans et/ou racisées).
      Elle suppose aussi que quand monsieur se sentira frustré, il n'aura pas plus le droit de faire passer sa frustration sur un être humain, mais pourra utiliser un organe magnifique, en l'occurence, sa main (ou un jouet sexuel), ce qui, magie du corps et de l'outil, ne fait de mal à personne.
      Enfin pour revenir sur la légende du client frustré et moche et pauvre et qui ne se lave pas (ok cette légende n'en est pas forcément une), je conseille de lire l'enquête de Claudine Legardinier et Saïd Bouamama qui démontre l'absurdité de cette idée reçue, démontrant qu'il n'y a pas un profil type du client, qu'ils sont ce que l'on appelle des hommes "normaux".

      Supprimer
  19. Merci pour ta réponse
    je n'ai pas très envie de poursuivre le débat sur la prostitution, et la meilleure manière de s'en affranchi, même si c'est intéressantr...
    Juste une petite précision, un peu hors sujet, mais pas tant que ça : les femmes trans ou les hommes trans n'ont pas "choisi" d'être femmes ou hommes comme tu le penses apparemment, si j'avais eu à choisir, j'aurais volontiers choisi le plus simple, de m'épanouir dans le genre et dans le corps qui sont censés être les miens.
    Et à part ça ne crois-tu pas mes grands mères ou ma mère capables de m'avoir transmis à moi autant qu'à ma sœur les valeurs féministes (féminines ?) qui sont les leurs, avec la complicité plus ou moins réussie de mon père, qui avait bien compris l'enjeu politique, même s'il n'a jamais vraiment compris je crois ma façon étrange à ses yeux d'être "un garçon" puis "un homme" et pour cause... ?
    Je ne crois pas être une femme très différente de ma sœur en tout cas !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je me trompe peut-être sur ce qu'héloise disait lorsqu'elle parle d'être élevée en fille, mais je crois qu'elle faisait mention du "dressage" inconscient que les parents, mais surtout et également l'ensemble de la société impose aux filles (et aux garçons, mais pas de la même manière). Elle ne parlait pas de tes valeurs féministes, mais de l'injonction à se taire qui commence dès l'école(http://reflets-mag.blogspot.fr/2008/11/lgalit-des-sexes-bonne-cole.html), à se croire physiquement inférieures (cf:l'enseignement du sport à l'école), à ne pas utiliser tout l'espace disponible (surface d'occupation du sol de la cour de récréation différent selon l'assignation au genre des enfants (foot versus marelle pour faire caricaturale), autant de choses qui sont considérées comme faisant la "féminité" d'une femme, mais que j'appelle du dressage pour permettre l'oppression. Je crois là qu'il y a donc une perception différente de ce qui fait la "féminité".

      Supprimer
    2. C'est ça exactement ! Merci Ko :-)

      Supprimer
    3. Je pense avoir été élevée par des parents assez attentifs aux manifestations visibles et inconscientes du sexisme, mais malgré tout, étrangement, j'ai l'impression d'avoir bénéficié de ce "dressage" aussi, pendant que les garçons jouaient au foot et couraient dans tous les sens (et ma sœur avec eux d'ailleurs...), j'en étais le plus souvent exclue (trop nulle, trop faible, peur de l'agressivité exprimée, manque de "combativité") et me retrouvais à jouer à l'élastique, à la corde à sauter ou à la marelle, ou à lire dans un coin. Je connais aussi ce sentiment d'infériorité physique lié à un peu de réalité et surtout un grand manque de confiance en moi dans lequel s'engouffraient la plupart des garçons trop contents de se montrer forts et dominateurs, du coup je faisais bien du sport avec les garçons pendant que les filles étaient entre elles, mais on me faisait tout le temps sentir que je n'étais pas à ma place, pas à la hauteur, ce qui n'est pas très agréable (et j'étais pourtant à l'époque assez sportive en dehors de l'école, avec mes parents, je n'étais pas la faible créature qu'on supposait)
      Je pense en fait que si un garçon (ce n'est même pas lié à la transidentité) ne s'épanouit pas dans les valeurs dites "masculines" (force, compétition, assurance, domination, sensibilité et émotions refoulées) , il se retrouve facilement à subir la même pression sociale qu'une fille sur ses petites épaules ! Ce qui change pour beaucoup selon moi, c'est plus tard après l'adolescence, où je n'ai pas subi en tant que fille l'oppression sexuelle symbolique ou réelle des hommes, je n'ai commencé à subir cette place catastrophique des femmes dans les yeux d'un grand nombre d'hommes qu'à partir du moment où mon apparence est devenue sans ambiguité "féminine". Auparavant, je pouvais être un peu bousculée et méprisée pour ma faiblesse supposée, ma personnalité et mes manières trop "efféminées", mais c'est complètement différent, et même si j'en avais évidemment conscience, c'est autre chose de le vivre et d'en être la victime.
      Mais ceci dit on apprend vite, il y a du monde pour se charger de nous remettre à notre place illico presto et nous faire un "dressage accéléré"...
      Mais j'admets que malgré ma place particulière de "garçon" dans mes jeunes années, j'ai pu quand même vivre la différence entre les moments où j'étais considérée comme "un garçon", et maintenant où je suis considérée comme "une fille" , en cela je suis privilégiée, et je suis peut-être ainsi mieux armée à identifier, critiquer et combattre la place qu'on voudrait me faire prendre, qu'on voudrait faire prendre aux femmes, dans la société, mais enfin cette conscience féministe critique reste accessible à nous toutes, même si elle peut demander un effort plus grand à certaines d'entre nous selon leur éducation et leur milieu social et culturel.
      Mais on s'est un peu beaucoup éloignées du sujet initial !!! (et en même temps c'est intéressant toutes ces réflexions)

      Supprimer
    4. Oui, votre témoignage est très intéressant (et poignant).

      Le phénomène de rejet des garçons pas assez virils par le groupe des mini-dominants est bien connu. La virilité est présentée comme naturelle, ceux qui n'en font pas preuve mettent à plat de manière intolérable cette imposture. Vivement le temps où chacun.e pourra être ce qu'il/elle a envie d'être même si la crispation actuelle sur les identités sexuelles éloigne un peu cette perspective.

      Supprimer
  20. "Le phénomène de rejet des garçons pas assez virils par le groupe des mini-dominants est bien connu"

    J'ai un scoop : les filles rejettent aussi les garçons pas assez "masculins" à leur goût. C'est la raison pour laquelle l'homme doit toujours faire le premier pas dans une relation.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui et ce "scoop" s'appelle la propension des oppressées à véhiculer les valeurs des oppresseurs ... dont le culte de la virilité. Mais encore ???

      Supprimer

Votre commentaire n'apparaîtra qu'après validation de l'administratrice de ce blog.