lundi 17 octobre 2011

LE violeur

 


Une gueule pas possible, une diction d'handicapé mental, un comportement d'obsédé compulsif ... voilà comment est habituellement représenté LE violeur.

Comme s'il n'y en avait qu'un profil possible. Comme si le voisin qui a l'air si "normal" ne pouvait pas en être un, de violeur. Comme si SEULS les déséquilibrés pouvaient se rendre coupables de viol. Comme si TOUS les déséquilibrés pouvaient se rendre coupables de viol. Comme si LE violeur était reconnaissable et détectable. Comme si les victimes, écervelées par définition, tombaient dans des pièges gros comme des maisons. Comme si cette caricature, dans laquelle aucun ne se reconnait, permettait à tous ceux qui ont "un peu forcé une fille un jour" de se rassurer.

9 commentaires:

  1. ben je comprends pas bien le but recherché par les auteurs de ces vidéos.
    ça s'intitule very bad blagues
    je me suis même demandé si c'était pas pour se moquer des personnages d'obsédés sexuels qu'ont rencontre souvent dans pas mal de comédies populaires.
    ceci dit... pour ce qui est de la diction,... on rencontre parfois des gens qui sont à deux doigts de s'exprimer comme ça...
    donc je sais pas hein... j'ai même pas trouvé ça drôle...
    y'a des trucs que je trouve franchement plus drôles ou ridicules en la matière : je suis tombé plusieurs fois sur des vidéos ou des sites, indiquées par des publicités aléatoires sur des sites divers, qui offrent les "services" de coaching ou de conseils en communication de séduction, pas seulement sexuelle. ça va du conseil en présentation pour entretien d'embauche à la drague (évidemment, la drague c'est toujours conçu dans le sens du con qui va draguer des femmes hein). ben là franchement y'a des fois c'est drôle tellement c'est bête, stéréotypé, prétentieux, bien élevé etc... en fait caricaturalement politiquement correcte.

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  2. Coïncidence, je lis ton post juste après ça :
    http://www.ouest-france.fr/actu/societe_detail_-Leur-enquete-devoile-la-realite-du-viol-en-France-_3636-2000278_actu.Htm

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  3. ça fait très longtemps qu'on connait, qu'on étudie la réalité du viol. moi je me souviens avoir lu des trucs comme cette enquête (indiqué par le lien donné par kalista) dans les années soixantedix.
    ce qui est révélateur de l'intégration du phénomène dans la culture, c'est que trente ou quanrante ans après, de nouvelles enquête réaffirment les mêmes choses tout en donnant l'impression d'une nouveauté, de quelque chose qui n'avait jamais été étudié avant ! y'a là une preuve d'occultation du phénomène... par beaucoup de gens.
    parce que
    justement
    comme toutes ces enquêtes l'indiquent
    les violeurs sont des gens ordinaires, sans particularité définissable, à l'intégration sociale ordinaire, voire très respectable, le père, le conjoint, un très proche de la famille, l'oncle, l'habitué du quartier, le conjoint...

    ensuite ce que rappelle aussi de très important la suite de l'article, ce sont les propos du docteur salmona : lors de ce genre d'agression, très profonde, le cerveau se déconnecte et les traumatismes psychologiques qui suivent sont profonds et de longues durées à grosse tendance autodestructrice.

    or le traitement de la victime d'un viol par la société, l'entourage social de la victime, c'est précisément de l'auto accusation la plus part du temps

    il y a une complicité culturelle générale de la société dans le viol

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  4. Tiens un lien intéressant sur le sujet : http://www.bastamag.net/article1826.html

    C'est + commode de se dédouaner en prétendant qu'ils sont débiles, comme il est + commode de traiter un tueur de bestial : en les renvoyant à l'animalité, à la bestialité, à la débilité, on dédouane l'humain de ses crimes ; les philosophes post-shoah ont écrit des sommes là-dessus, notamment Hannah Arendt ; le violeur à toujours une bonne tête, les organisateurs de la Solution Finale étaient les héritiers des Lumières et de l'Humanisme. Nulle bestialité là-dedans, c'est préparé, prémédité, et exécuté en pleine connaissance de cause mais en brouillant les pistes et en détruisant les preuves parce qu'ils savent qu'ils font le mal. Tout le reste n'est que volonté de continuer à justifier l'injustifiable.

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  5. On présente aussi le violeur comme le parfait inconnu au coin d'une ruelle sombre à deux heures du matin. Or, dans 85% des cas, la victime connaît son agresseur, celui-ci fait partie de son entourage très proche. Comme le dit justement C. Delphy, l'endroit où les femmes sont le plus en danger, c'est chez elles.

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  6. c'est comme ca qu'on a guillotiné un innocent lors de l'affaire du pullover rouge en 1974 (lire le livre de Gilles Perrault là-dessus) parce qu'il avait "l'air louche", hypertimide, bégayant, etc...Répandre ce genre de cliché est effectivement dangereux non seulement pour les femmes mais pour les boucs émissaires éventuels.
    Alors ensuite, évidemment que l'on ne trouve pas que DSK ait la gueule de l'emploi !

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  7. @ Paul

    J'ai choisi cette vidéo parce que je suis tombée dessus et qu'elle reflète bien l'unique représentation que l'on a DU violeur. Ceci dit, j'aime bien les sketchs de ces humoristes, ce n'est pas eux que je vise mais le stéréotype qu'ils reprennent comme tant d'autres. Tant qu'il n'y aura pas une information claire sur le sujet, l'occultation dont vous parlez aura de beaux jours devant elle.

    "il y a une complicité culturelle générale de la société dans le viol"

    oui.

    @ Kalista

    Merci pour ce lien !


    "Rien d'inéluctable, pourtant. « Une prise en charge dans les 24 heures désamorce cette mémoire traumatique. Il suffit de leur faire raconter ce qui s'est passé » pour commencer à s'en sortir."

    Les solutions, que ce soit en termes de prévention ou de prise en charge, existent mais l'omerta (le viol des femmes c'est tout bénef pour le maintien du patriarcat) est la loi.

    @ Hypathie

    Effectivement, très intéressant cet article des deux journalistes dont parle l'article indiqué par Kalista.

    Le passage sur l'illusion DU violeur malade mental est particulièrement éclairant. La situation professionnelle des violeurs est parlante: médical/paramédical, enseignement/animation, encadrement ... la dimension hiérarchique est une constante maintenue par la place subalterne des femmes dans la vie professionnelle.

    Tiens, j'écris ce message en écoutant d'une oreille la présentation de "Ne vous taisez plus" par l'une de ses auteures Françoise Laborde qui explique que les relations de pouvoir au travail favorisent l'impunité de l'agresseur et la culpabilité de la victime.

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  8. @ Naturalwoman

    Ca fait des années que les féministes s'époumonnent à dénoncer cette réalité mais la société patriarcale n'a aucun intérêt à la prendre en compte. Elle protège ses braves petits soldats chargés de maintenir les femmes dans l'insécurité et la vulnérabilité. Delphy en a parlé, Dworkin aussi: c'est là où elles devraient être en sécurité que les femmes sont les plus exposées. C'est pratique parce que c'est censé relever de la vie privée ... alors qu'il s'agit d'une violence politique.

    @ Euterpe

    Oui, les boucs émissaires (pauvres et maldes mentaux)sont bien pratiques: ils protègent tous les DSK du monde.

    L'article de Basta pose la question suivante:

    « Toutes les enquêtes montrent que le viol touche tous les milieux sociaux. Mais la grande majorité des agresseurs condamnés sont des pauvres. Où sont passés les autres ? »

    ...

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  9. Merci Heloïse de vos passages sur mon site au fait !
    je vous ai répondu d'ailleurs.
    et j'espère par ailleurs que vous allez retrouver un chat aussi.

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