lundi 21 février 2011

Quand les féministes pissent dans un violon

Ovidie, actrice porno qui a toujours défendu la pornographie comme voie d'émancipation féminine, semblerait revenir sur ses positions. Entendue à la radio cet été et lue dans un "Philosophie Magazine", elle déclare désormais ceci:

"Ce que les féministes reprochaient au porno il y a dix ans, et qui à l'époque, n'était pas vrai, est en train d'arriver aujourd'hui. C'est surtout le porno américain (hardcore), qui va toujours plus loin. Les filles sortent des tournages avec des bleus et le sourire". Elle ajoute : "Moi je suis en sursis, comme tout ceux qui essaient de faire du porno un peu inventif."

Comment appeler ça ? De la malhonnêteté intellectuelle, de la mauvaise foi ou de l'embarras mal géré ?

A l'entendre la pornographie, en une seule décennie !, serait passée d'un monde merveilleux à un carcan ...

Bah! oui, on y croit toutes !!! Vas-y cocotte ...

Alors, pour recadrer: les fameuses féministes ont reproché, entre autres, à la pornographie de contenir en germes la violence des hommes envers les femmes, de véhiculer une vision dominant-dominée de la sexualité. La pornographie "gonzo-gore" actuelle n'est rien d'autre que la forme décomplexée et paroxystique, par le phénomène de libéralisation économique, de toute cette logique. La preuve indigeste, en somme, que les bonnes intentions ne sont pas au rendez-vous et ne l'ont JAMAIS été. 

L'escalade de violence (en direction des femmes, pour changer un peu...) à laquelle mène la pornographie, les féministes l'avaient déjà pointée du doigt, les yeux tournés vers ce qu'écrivaient les féministes américaines à ce sujet.

En gros, elles avaient annoncé la catastrophe ... dans le mépris le plus total.

Alors, que faire aujourd'hui ? Ovidie parle de sursis et je crois bien qu'elle a raison. L'industrie du sexe génère tant d'argent, les connexions internet en sont tellement dépendantes (43% du volume global), qu'il ne reste qu'à attendre que, parvenue au stade ultime du trash, du glauque et de la barbarie, l'humanité s'écoeure de sa propre laideur. 

24 commentaires:

  1. J'ai vu Ovidie une fois sur Canal +, la chaîne du foot (et donc de la troisième mi-temps : tous ensemble à poil sous la douche et ainsi de suite... !) ; comme elle doit prendre un peu d'âge, et ce n'est pas péjoratif de ma part, elle doit commencer à voir les choses plus clairement et surtout plus lucidement. Encore un peu de patience et elle viendra nous expliquer que sa vie dans le porno, c'était une horreur/erreur, et nous demander comment on a pu la croire quand elle disait que c'était une vraie profession où on peut s'épanouir.

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  2. J'adore ta conclusion! C'est vraiment très bien trouvé! Du coup çà me fait penser à une citation de Dostoïevski "La beauté sauvera le monde" qui me plaît tant et qui me paraît impossible pourtant...

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  3. @ Hypathie

    "Mais comment avez-vous pu me croire ?" a dit Ulla, une prostituée allemande célèbre, une fois sortie du système. Formule reprise depuis par beaucoup d'autres.

    En attendant, ces femmes, comme Ovidie, qui intellectualisent et médiatisent un discours dangereux et faussé, font beaucoup de tort parce que le fait qu'elles soient dans le milieu sacralise leur parole (= elle parle en connaissance de cause, elle). Parole sur laquelle les lobbys proxénètes/pornographes se jettent ...

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  4. @ Romane

    Merci ;)

    "La beauté sauvera le monde"

    > peut-être que le désir de beauté sauvera le monde mais pour le moment, je suis pessimiste: les initiatives, comme les forums sociaux par exemple, restent marginales et peu médiatisées. Et dans tous les cas, comment lutter à si peu contre les dents acérées des plus puissants de ce monde ?

    L'argent généré par l'industrie du sexe (prostitution, pornographie, tourisme sexuel) dépasse désormais celui généré par la drogue et les armes. Et quand il y a tant d'argent en jeu, il y a des groupes puissants derrière contre lesquels il faudrait une mobilisation massive et générale pour les voir disparaître.

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  5. Une autre actrice française dont le nom m'échappe avait tout de même réussi à dire entre deux sourire faussés qu'elle devait aller régulièrement à l'hôpital suite à certaines scènes dont on devine la nature et la teneur... :o( Ce à quoi on m'avait rétorqué sèchement, à moi la gêneuse : "Ce sont les risques du métier".

    J'ai très peur pour l'avenir aussi, à cause évidemment de l'argent généré par ce type d'industrie.

    Puis-je reprendre ton billet sur mon blog, sinon ?

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  6. @ Miaramaou

    Les risques du métier ... ça en dit long sur les pratiques, parce que l'acte sexuel, à la base, envoie rarement à l'hôpital. Dans le cas contraire ce n'est pas de la sexualité que l'on montre mais de la violence.

    Si la mémoire te revient, je veux bien le nom de cette actrice.

    Pas de souci pour reprendre sur ton blog ;)

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  7. Bonjour,

    Je viens de découvrir votre blog. Et en lisant ce billet, je m'attarde sur la phrase "L'escalade de violence [...] à laquelle mène la pornographie".

    Vous allez me dire que sur tout un billet la seule chose que je retiens est cette phrase... C'est surtout que je n'ai rien à dire sur le reste du billet. Si ce n'est qu'Ovidie n'est pas sincère dans ces propos, mais les médias lui ont donné la parole car c'était une "bonne cliente" médiatiquement parlant. Si elle change d'avis et le fait savoir, ce n'est probablement pas suite à des réflexions, c'est juste pour rappeler qu'on se rappelle d'elle.

    Donc, je reviens sur le sujet de mon commentaire, la phrase qui m'a fait réagir affirme que les violences en direction des femmes sont la conséquence directe de la pornographie.

    Les violences (inutiles, par opposition à celles qui servent à se nourrir par exemple) ne sont la conséquence que d'un dysfonctionnement mental selon moi. Les gens sont violents par crainte, par plaisir. La société les y a menés. On n'a plus besoin d'être violent pour manger ou survivre donc il faut évacuer ce trop plein de violence. Ceux qui ne savent pas comment faire tapent sur les autres.

    Ce n'est pas la pornographie qui conduit à la violence.
    Certaines religions prônent la violence envers les infidèles et/ou les pêcheurs tout en dénonçant la pornographie. Et la violence a toujours existé, contrairement à la pornographie.

    Fumer une cigarette ne fait pas de vous des cocaïnomanes en puissance. Même si tous, ou quasiment tous les cocaïnomanes ont fumé une cigarette un jour ou l'autre.

    Après, il est certain que la violence sexuelle a été exacerbée par ce qui est montré comme exemple par l'industrie pornographique. Et c'est là, éventuellement, qu'Ovidie a semble-t-il (je n'ai jamais vu ses films pour le prétendre) cherché à tirer son épingle du jeu. Les femmes se posent des questions sur ce qu'elles doivent accepter ou non dans le cadre des relations sexuelles à mille lieux des questions et pratiques sur lesquelles s'interrogeaient leur mère 20 ou 30 ans auparavant.

    Mais pas la violence "non-sexuelle". Frapper sa femme, ou la persuader qu'elle n'est qu'une moins que rien, n'est pas une conséquence de la pornographie.

    La violence et la pornographie sont deux conséquences de l'évolution d'une société.
    Les causes sont ailleurs.

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  8. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  9. Ce n’est pas parce qu’on travaille dans un certain domaine professionnel, que forcément on le cautionne et l'approuve. On peut travailler dans un hypermarché et en même temps condamner les pratiques de la grande distribution. Ovidie a tourné dans des films pornos mainstream dont elle a toujours dit qu’ils étaient médiocres et sexistes. Depuis qu’elle essaie de réaliser des films pornos non sexistes, elle constate que le porno mainstream se dégrade en devenant de plus en plus violent. Je ne vois pas ce qui a changé en ce qui concerne Ovidie.

    @ Nicolas

    Je crois en effet qu'on ne peut pas mettre toute la violence des hommes envers les femmes sur le dos de la pornographie. Et puis c'est comme pour tous les spectacles violents, il y a les partisans et les adversaires de la catharsis. Ca se discute finalement. N'en reste pas moins ce que subissent les actrices (et les acteurs?). Mais, bon, pour la plupart, après une mauvaise expérience, elles peuvent aller voir ailleurs: elles ne tournent pas avec un revolver sur la tempe, me semble-t-il.

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  10. @ Nicolas

    Je me suis peut-être mal exprimée mais je parlais de l'escalade de violence à l'intérieur même de la pornographie. Ce que dénonçaient (dénoncent) les féministes c'est la violence intrinsèque de ce genre de support. La situation actuelle (dans la pornographie toujours) n'est que la suite logique de ce qu'elle était lors des pornos à papa. Et ce qui devient intolérable, et qu'Ovidie pointe aussi, c'est la maltraitance subie par les actrices.

    La pornographie ne mène pas à la violence en général mais à la violence sexuelle certainement. Elle en est même une forme: Rebecca Mott disait que le beau-père qui la violait enfant la forçait à regarder des films pornos.

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  11. @ avapierre

    Ce qui a changé concernant Ovidie c'est le discours derrière tout ça. Pour elle, la pornographie était une forme d'émancipation féminine par la réappropriation de leur sexualité. Elle en revient ... sans pour autant reconnaître que les féministes avaient déjà prévu que la situation en arriverait là et qu'il y a un souci avec la pornographie, gonzo ou pas.

    La catharsis: un type a violé récemment sa voisine après avoir visionné un porno ... catharsis pour le moins contre-productive, non ? Je ne dis pas que tous passeront à l'acte mais je crois bien que voir de la violence prédispose à la violence actée.

    Quant aux actrices: elles peuvent aller voir ailleurs mais ne le font pas pour la plupart. La raison ? Elles sont masos ou débiles profond ... comme toutes ces femmes battues qui restent 15, 20, 30 ans avec un compagnon violent. Soyons sérieux, la mécanique est complexe, vous échappe peut-être mais elle n'en est pas moins efficiente. Le fait que, souvent, il s'agisse de femmes victimes d'abus sexuels devrait vous mettre sur la piste.

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  12. On associe souvent violence et pornographie. C'est le cas en France de rapports officiels sur les contenus de la télévision, tels celui de Blandine Kriegel pour le ministre de la Culture ou celui de la défenseure des enfants Claire Brisset pour le garde des Sceaux.
    Nombre de recherches empiriques, le plus souvent américaines, ont pourtant essayé de mettre en évidence un lien causal entre consommation d'images pornographiques et des comportements qualifiés d'« asociaux » voire immoraux : attitude sexiste, délinquance sexuelle... Mais les a priori engagés dans ces recherches soulèvent un certain nombre de questions. Beaucoup de celles ayant montré un effet néfaste significatif des images pornographiques sur le comportement sont des recherches expérimentales, qui testent en laboratoire des effets à court terme. Dans quelle mesure les résultats ainsi obtenus peuvent-ils être généralisés ?
    Des critiques féministes ont souligné que la très faible présence de femmes dans ces échantillons reproduisait le schéma selon lequel ce sont les hommes qui agissent et les femmes qui sont agies, seuls les premiers étant ainsi dignes d'intérêt.
    Par ailleurs, les indicateurs servant à mesurer les effets sont parfois contestables. Dans une des expériences les plus fameuses du genre, Dolf Zillmann et Jennings Bryant, trois semaines après avoir fait visionner des films pornographiques à certains membres d'un groupe d'hommes et de femmes, présentaient à tous les détails d'un procès pour viol et leur demandaient, le jugement n'étant pas encore rendu, la durée de la peine à laquelle le violeur devait être condamné. Les auteurs constataient que ceux qui avaient été exposés aux vidéos étaient plus cléments que les autres. Ils en tiraient la conclusion que l'exposition à la pornographie diminue la sensibilité à la souffrance des femmes et tend à banaliser le viol. Analysant cette expérience, le philosophe Ruwen Ogien interroge avec ironie cette interprétation très libre des données : « Le fait de manifester des réticences à faire emprisonner quelqu'un pour une dizaine d'années est-il nécessairement une preuve de la perte de sensibilité à l'égard des souffrances des femmes ? Si des sujets avaient proposé d'écarteler le violeur, auraient-ils été jugés encore plus sensibles à la souffrance des femmes? »
    De nombreuses recherches contredisent les enquêtes prouvant l'influence néfaste de la pornographie, si bien qu'il est difficile de conclure quoi que ce soit sur la question. Le meilleur exemple vient sans doute des deux commissions américaines dédiées au sujet et qui, à moins de vingt ans d'intervalle (1970 et 1986), ont rendu des conclusions diamétralement opposées : aucun lien entre consommation d'images pornographiques et violences sexuelles dans le premier cas, lien évident dans le second. Les effets de la pornographie sur les enfants, sujet vendeur s'il en est, sont encore moins bien cernés puisque, pour des raisons déontologiques évidentes, on répugne à soumettre, pour le bien de la science, des mineurs à des représentations sexuelles explicites...

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  13. "pour des raisons déontologiques évidentes, on répugne à soumettre, pour le bien de la science, des mineurs à des représentations sexuelles explicites..."..... retenons le faux-jetonique "pour le bien de la science"...................je peux vomir ?

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  14. " ..... retenons le faux-jetonique "pour le bien de la science"...................je peux vomir ?"

    J'ai du mal à comprendre l'outrance de votre réaction qui me semble relever du procès d'intention et même de ce que l'on appelle « argumentum ad odium »...

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  15. @ Euterpe

    Attends ... je te file une bassine !!!

    @ avapierre

    Je vois où vous voulez en venir mais pas plus que vous je ne crois à 100% aux études. Je les prend comme des indicateurs à croiser avec ce qui se passe hors labos. La réalité c'est que le type qui part violer après avoir visionné un film porno n'est pas un cobaye et qu'il n'est pas le seul à agir de la sorte. Quand on voit que des témoignages de femmes abusées relèvent souvent que le film porno a été le premier instrument de leur agresseur pour les violenter, il y a de quoi se questionner sur le contenu de ces supports.
    Alors même si ces études valent ce qu'elles valent dans la mesure où l'on peut leur faire dire le contraire le lendemain, je les trouve troublantes quand elles sont le reflet d'une réalité que nous pouvons toutes et tous toucher du doigt.
    Et de manière générale, je suis convaincue que ce que nous visionnons, écoutons a forcément un impact sur notre façon d'agir et de penser. En ce qui concerne la pornographie, les répercussions sont multiples et plus ou moins directes: de la pornographie comme outil immédiat de violence à la destruction de l'image des femmes et de la sexualité en passant par le viol ou les pratiques que le pornophile va vouloir "essayer" sur sa copine, son impact va peut-être au-delà de ce que l'on croit ou veut croire.

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  16. Il y a un éternel débat sur le porno comme sur les spectacles violents: mimesis ou catharsis, that is the question.
    A mon avis, la frustration n'est pas engendrée par le porno. Entretenue, pourquoi pas, je veux bien l'admettre. Non je pense que notre société a évolué vers un modèle où on est habitués à avoir tout, tout de suite. Alors devoir patienter trois ou quatre semaines à séduire une femme pour espérer coucher avec elle, fonctionne à l'encontre de ce modèle.
    En revanche, là où je suis d'accord avec vous, c'est pour dire que le porno mainstream actuel est de très mauvaise qualité. Dans notre société de grande consommation et de profit à court terme, il en est d'ailleurs du porno comme d'autres produits.
    Je suis persuadé qu'il est possible de réaliser de très bons films réalistes ou poétiques avec du sexe explicite.
    Enfin j'ajouterai que ce n'est pas dans les films mais dans les livres, en particulier ceux de Sade, que j'ai vu l'extrême en matière de pornographie et j'étais très jeune.
    Cela dit l'homme n'a pas attendu le film porno pour être violent ou avoir des déviances sexuelles, de même qu'il n'a pas attendu le jeu vidéo pour aller massacrer des jeunes dans les écoles.

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  17. sauf que maintenant les jeunes massacrent des jeunes dans les écoles

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  18. tueur en série en culottes courtes, mode des tournantes, prépubertaires qui s'adonnent à des pratiques de films pornos cela a toujours existé peut-être ?

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  19. @ avapierre

    "En revanche, là où je suis d'accord avec vous, c'est pour dire que le porno mainstream actuel est de très mauvaise qualité. Dans notre société de grande consommation et de profit à court terme, il en est d'ailleurs du porno comme d'autres produits."

    Mais je ne place pas sur le terrain de la qualité, le navet étant une constante commune à tous les genres, on n'y peut rien. Je parle de l'idéologie et de la propagande anti-femmes qui motive ces films. Faire du sexe explicite autrement ne marcherait pas, Ovidie et les autres s'y sont cassé le nez, car ce n'est pas du sexe que les pornophiles veulent voir mais des femmes humiliées ou violentées. Le lien étroit entre émancipation des femmes et montée de la pornographie est parlant à cet égard. "On veut voir des filles à genoux" ...
    Autre chose de marquant, c'est le nombre d'hommes addicts à la pornographie, phénomène assez prégnant pour que le monde des soignant.e.s s'y intéresse. Rares sont ceux qui sont accros au film d'auteur, par exemple, non ? Parce que le film porno contient, gonzo ou pas, tous les ingrédients de restauration d'une virilité perdue (c'est d'une imbécilité narcissique rarement atteinte mais c'est un autre débat).

    Un petit mot sur Sade: la bêtise masculine n'est pas nouvelle (une autre constante observable) mais il se trouve, en l'occurence, qu'une industrie à grande échelle ne s'est pas constituée autour de la littérature misogyne d'une part et qu'il s'agit de personnages fictionnels et non pas d'actrices de chair de l'autre. Après c'est sûr que si les imbéciles se mettaient à lire, nul doute que l'on se hâterait de leur fournir de quoi faire leur goutte quotidienne.

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  20. @ Euterpe

    Tout à fait d'accord avec toi pour dire que la hardisation des pratiques et comportements est une conséquence évidente de tout cet amas de violence érigée en modèle. Quand on voit que les gendarmes tombent sur des gamins qui ne voient pas où est le mal d'avoir tué ou violé quelqu'un ... en toute bonne foi, qui plus est, ça questionne forcément. Et la question du mal-être individuel est un leurre malhonnête.

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  21. Je suis complètement en accord avec ta conclusion et je la trouve superbe ! Perso j'ai parlé à mes 2 ados, fille et garçon, je trouve que ça fait partie de l'éducation qu'un parent, homme ou femme, peut et même DOIT donner. J'ai parlé des dangers d'internet, des trucs porno qu'on y trouve, du fait que je comprenne la curiosité voire le goût ou dégoût que ça provoque, que ce n'est pas la réalité de la sexualité humaine. D'abord physiologiquement : nature des corps, et fait que le corps a des limites de résistance. Mentalement : domination et soumission extrêmes... qui sont un vrai bréviaire d'apprentissage des inégalités totales et de la violence physique des hommes envers les femmes, un champ hors la loi avec la bénédiction des gouvernements.

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  22. @ Emelire

    Ce qui me fait peur c'est que peu de parents comme toi ou moi mettent tout ça en perspective avec leurs enfants. Du coup, beaucoup prennent tout ça pour argent comptant et les jeunes filles acceptent des pratiques de plus en plus violentes et/ou humiliantes parce que c'est devenu un modèle :(

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  23. Hello hello :)

    Juste une petite intuition pour commencer, au sujet des effets cathartiques - ou pas - des films et des jeux violents et/ou pornographiques.

    Et si tout était affaire de tempérament ? Les jeux vidéo, le porno,... Quand c'est une affaire de 'geeks', de jeunes hommes introvertis qui ne sortent de toutes façons pas de chez eux, et ne désirent pas en sortir, j'ai du mal à concevoir la violence qu'ils pourraient perpétrer envers autrui.

    Et ce sont des geeks qu'on retrouve derrière la conception de jeux vidéo, derrière les logiciels et les ordinateurs qui nous entourent dans notre vie quotidienne, derrière les soit disant 'outils de communication', et aussi derrière la diffusion jamais vue du porno sur internet.

    On songera à Xavier Niel qui a construit le socle de sa fortune sur le Minitel Rose... Quoique... Estce un geek ou quelqu'un ayant flairé tout l'intérêt de l'affaire ? Un peu des deux ? Mais on pourra songer également à Mark Zukerberg (pour le coup, un authentique geek) et Facebook, cet immonde instrument de mise à nu des individus.

    Un aparté qui n'en est pas un : je pense en particulier à la fonction "ami". Soit on est un "ami" et on a accès à toute l'intimité de celui qui nous a accepté comme "ami", soit... On reçoit une fin de non-recevoir. C'en est effarant de binarisme, ce qui soit dit en passant se programme très bien... Et cela convient également très bien aux geeks qui réalisent ce genre de programmes.

    Mais donc, soit on a des tas d'amis auxquels on donne intégralement accès à notre intimité, soit... on passera rapidement pour un asocial complet... perspective à laquelle on ne saurait être indifférent, sauf à être un asocial.

    Je continue. Je disais que les réseaux sociaux de communication obéissent à des logiques particulièrement binaires, et ce que l'on partage sur ces réseaux sociaux, faute de temps, ce sont des bribes de communication, et aussi tous ces contenus 'numérisables'. Tout ceci ne peinera guère des Mark Zukerberg, convaincus qu'ils sont qu'un individu est forcément tout blanc ou tout noir, et qu'un 'bon' individu n'a rien à cacher. Forcément !

    Je parlais de contenus 'numérisables'. Un jeu vidéo est numérisable. Un porno également. De plus, on peut accéder immédiatement aux scènes qui nous intéressent. Rien à voir en fin de compte avec la 'vraie' vie (laquelle ressemble de plus en plus à un rêve oublié, mais j'y viens). Qu'est-ce que la vraie vie ?

    Un monde où chaque individu est libre de s'entourer de connaissances, de copains, d'amis,... qu'il est libre de gérer en souplesse, et qu'il apprend à gérer en souplesse. Et c'est la même chose pour les relations amoureuses. Un monde, également, terriblement angoissant pour un geek. Un monde qu'ils ne veulent pas comprendre.

    (...)

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  24. (...)


    Là où je veux en venir, c'est que les geeks ne sont pas les seuls à avoir en horreur ce qu'on appelle le 'lien social' (le vrai !). Il y a des gens qui ont fait en sorte de briser méthodiquement les solidarités qui pouvaient exister entre individus, qui promeuvent depuis maintenant quarante ans leur 'rêve' d'une société individualiste. Et qui loin d'adhérer aux rêveries libertaires de la jeunesse d'alors, n'y ont vu que leur intérêt bien compris : sans solidarités, sans camaraderies, sans amitiés, les individus désormais isolés les uns des autres seraient à leur merci.

    Mais ce n'est pas toujours facile de vivre dans la peau d'un salaud ! Encore plus quand on est un vieillard croulant ou un cinquantenaire bedonnant ? Ce n'est pas facile d'affronter le regard de l'autre, de celui qu'on est en train de jeter à la rue. Ce n'est pas non plus facile d'affronter la contradiction.

    Heureusement (façon de parler) les technologies numériques peuvent faire des miracles. On peut licencier par SMS, par exemple. Mais on peut aussi mettre en concurrence des prestataires sur des plate-formes numériques. On peut encore numériser les productions les plus complexes et les sous-traiter partout dans le monde avant de les assembler comme un légo géant.

    Et aussi, on peut - ce fut d'ailleurs leur première réalisation, la plu symbolique d'ailleurs ! - édifier des places de marché où négocier les prix en l'absence des producteurs. Et après, c'est tout de suite plus facile, puisque 'Le marché' a dit que ! Si on en voulait une preuve, il suffirait d'observer les manipulations en cours pour contenir la hausse des prix des matières premières. Visiblement, des prix bas ne gênent pas, dussent-ils conduire des pays entiers à la ruine (la Côte d'Ivoire, par exemple...)... Mais des prix hauts sont intolérables ? On ne saurait mieux dire que 'les marchés' ne sont que l'instrument commode d'une domination sociale !

    Et pour en revenir au sujet de départ, tant que les jeux vidéo violents et les pornos n'étaient qu'une affaire de geeks, pas de problèmes. Dès lors qu'ils s'adressent à d'autres personnes, en particulier des jeunes agressifs et désociabilisés, ça ne va plus. Sans compter que la désociabilisation ne facilite certainement pas l'apprentissage des relations amoureuses... Ce qui renforce la désociabilisation et pousse à consommer davantage de violence, davantage de porno, toujours plus trash.

    La bonne nouvelle, c'est que l'hydre (les marchés) est proche de sa fin. La mauvaise, c'est qu'il va y avoir du boulot pour rééduquer tout ce monde et recréer du lien social. C'est pas gagné...

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