samedi 12 février 2011

Coup de bistouri

"Et puis casser le cul à une de ses salopes, alors qu'il galère pour trouver du taf, qu'aucune nana ne manifeste le moindre intérêt pour lui et que lors de son dernier stage son chef était une femme justement.
Quelle revanche de s'en payer une, une de cette race de salopes qui s'émancipent, alors que 50 ans en arrière il aurait été un père de famille respecté par une fendue-esclave."

Ce commentaire pétri de haine provient d'un forum dont l'un des sujets est destiné aux "amateurs de bordels". Et il n'est pas le seul si vous avez le courage d'aller y jeter un oeil.

Il a cependant le mérite de fournir tous les éléments à une analyse des motivations de ces hommes, de tous ceux qui défendent la prostitution et la pornographie. Un outil qui facilite grandement le travail de mise à jour de tout ce qui se joue dans ces deux formes d'application matérielle de la haine des femmes. 

Dissection:

- "casser le cul à une de ces salopes": la sexualité comme champ de bataille, bastion où la haine misogyne peut s'exprimer sans entrave

- "alors qu'il galère pour trouver du taf": la prostituée comme compensation à toutes les petites misères de la vie

- "qu'aucune nana ne manifeste le moindre intérêt pour lui": vengeance contre toutes celles qui n'ont pas daigné leur faire part de l'admiration qu'ils sont en droit de recevoir

 "et que lors de son dernier stage son chef était une femme justement": le voilà le noeud du problème ... le peu d'émancipation des femmes encore trop à leurs yeux et qui leur est intolérable

- "Quelle revanche de s'en payer une": la femme-marchandise comme le meilleur moyen de se venger de son accession au statut de sujet autonome

- "une de cette race de salopes qui s'émancipent": même propos que précédemment, l'insulte misogyne, sous son jour le plus raciste, en prime

- "alors que 50 ans en arrière il aurait été un père de famille respecté": comme les vieux colons désabusés, nostalgie des principes de domination d'un groupe humain sur un autre, seule garantie d'avoir une quelconque valeur 

- "une fendue-esclave": un peu comme la précédente, l'esclavagisation des femmes comme (ré)assurance de sa propre valeur; à noter: la réduction volontaire du sexe féminin à une fente qui, accolée à esclave, lie l'anatomie à la manière dont celles qui en sont pourvues doivent êtres considérées

Laissons-les parler ces clients, le fait d'être des prostitueurs délie leurs langues. Ils parlent pour tous les misogynes qui n'osent s'exprimer aussi sincèrement, qui louvoient et balancent sournoisement leurs piques haineuses. Ils parlent pour la société entière, leur statut de consommateur leur confère le droit de s'exprimer sans détours.

Et nous, femmes et féministes, nous regardons tout ça en face, droit dans les yeux. Nous soutenons du regard la vision misérable qu'ils ont de leurs compagnes, leurs filles ou leurs amies:

"Je distingue les femmes en deux catégories :

- Celles qui se prostituent
- Celles qui ne se prostituent pas, parce qu'elles n'y ont pas encore pensé/été invitées."

11 commentaires:

  1. Dire que des femmes ont porté ces types dans leur ventre, leur ont donné naissance et les ont allaités...

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  2. Oui, la motivation première des clients prostitueurs est la haine des femmes, même si chez certains elle reste inconsciente et est masquée par des habits de solitude ou de timidité.
    Ceux-ci ont une seule qualité : leur discours est sans ambiguïtés, ils ne perdent pas de temps en euphémismes.

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  3. @ Euterpe

    C'est là toute la contradiction de la misogynie: à humilier, mépriser et violenter toutes les femmes, ils finissent par humilier, mépriser et violenter aussi celles qu'ils aiment ou sont censés aimer. Le "toutes des salopes sauf ..." à ses propres limites.

    @ Lora

    Oui, c'est ça: ils ne perdent pas de temps en euphémismes et surtout en hypocrisie et je suis persuadée que c'est le statut tout-puissant de consommateur qui permet cette libération de la parole et des motivations originelles.

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  4. Je ne fréquente pas les forums sur Internet ou alors de loin en loin, des très spécialisés ; je découvre donc avec horreur ce genre de propos : Internet dans ce qu'il y a de pire. Les clients de prostituées sont des minables frustrés, incapables d'une relation avec les autres, femmes notamment. Elles sont clairement en danger avec eux, le passage à l'acte n'est pas très loin.

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  5. eh bé dis donc, c'est chaud !!! ça motive pour militer féminisme !

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  6. Je suis allé lire l'extrait dans son contexte. Et force est d'avouer que, si ce type émet des relents de misogynie, ils sont loin d'être aussi prononcés que ça: il fait justement un exercice de style (se mettre à la place du client), il n'exprime pas une parole décomplexée etc.

    Pour preuve la première partie du message: "C'est la soupe populaire des affamés du sexe, ptet le gars il va baiser une fille pas trop moche, ça lui fera le souvenir de sa vie à raconter aux copains.
    Souvenir minable, qu'importe, il est bien trop stupide pour s'en apercevoir."
    Inutile de décoder pour comprendre que le type n'a aucune sympathie pour le client. Si vous avez cinq minutes à perdre, allez voir le reste.

    Après, en soi, on s'en fout, de ce type, mais si son petit texte a valu qu'on en fasse un article de blog, ce même article mérite bien un commentaire.

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  7. @ Jean-François

    Je me méfie du second degré que certains emploient. Faire parler un autre que soi est une bonne manière de s'exprimer sans honte.

    Et il est bien suivi par les autres qui donnent allègrement dans la "salope", "toutes des putes", "chattes" et autres formules méprisantes.

    Alors, non, je ne n'arrive pas à m'en foutre parce que je sais qu'il s'agit de mes voisins, mes collègues de travail ou même mes oncles. C'est cette culture de la haine lorsqu'on laisse trois gars discuter ensemble qui questionne et inquiète.

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  8. Mouais. Je me souviens d'un très bon article de Mademoiselle, que vous connaissez sans doute (www.entrailles.fr). Où elle ressortait tous les poncifs possibles sur les Arabes, transposés en Auvergnats pour l'occasion. Même posture douteuse (en tant que "blanche", par rapport à celui que vous citez en tant qu'homme), et je suis pourtant convaincu que vous admettrez avec moi que Mademoiselle semble tout sauf raciste. Le procédé n'est pas nouveau, et même si je comprends que vous ayez des doutes sur la démarche de ce forumeur, en l'état, il me semble que vous forcez le commentaire de son message (et d'un certain nombre d'autres sur le même sujet, mais de façon moins nette) par parti pris.

    Après, encore une fois, je me moque de défendre ce type pour lui-même, et je ne compte pas vous faire perdre davantage de temps avec ça. Il s'agit plutôt une question d'honnêteté intellectuelle.

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  9. oui bien sur ! laissez moi vous raconter mon histoire : 48 ans divorcé deux enfants en garde alternée , il y a trois ans je rencontre celle que je croyais être la femme de ma vie ! Seigneur! passion romantique amour fou sexe épanouissement etc problème : elle est stérile donc déteste mes gosses et puis elle lit cosmo croit qu'il faut etre une salope pour etre dans le coup! Nous partouzons il faut bien la garder !elle m'a démoli ! Sûre de son impunité ! elle a raison toutes les claques que cette tarée a méritées me sont interdites Vive le féminisme ! au fait elle en a profité pour me voler !

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  10. @ Anonyme

    Elle vous a plaqué et A CAUSE des féministes vous ne pouvez pas lui rayer la gueule en bonne et due forme ... c'est triste.
    Je ne sais pas, militez pour le retour de la femme mineure et propriété juridique de son mari.
    En plus, elle vous a volé, noooon! Et faire effectuer gratuitement les besognes dont on ne veut pas se charger (lavage de chaussettes et slibards, récurage de lavabo, etc.) et qui font l'objet d'un travail salarié hors du couple, vous appelez ça comment ? Non, vraiment, je ne vous conseille pas de faire les comptes, vous seriez débiteur ... ne rajoutez pas de dépit au fait qu'elle vous a échappé, la garce.

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  11. @ Jean-François

    On ne va pas se la faire: même s'il s'agit d'un second degré dénonciateur, les commentaires environnants ne laissent la place à aucune équivoque.

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