mercredi 16 février 2011

Ca va mieux en le disant

"A l'heure où les femmes défilaient en troupe sur l'asphalte, Maria Schneider, elle, rôdait ailleurs, trouvant une manière hardie et solitaire d'être féministe: provocatrice sur grand écran".

Voilà une partie de l'hommage de Jacques Morice dans le Télérama de cette semaine à l'actrice récemment disparue.

Alors non ! jouer sous la contrainte une scène de viol par sodomie, je refuse que quiconque appelle ça du féminisme.

Encore non ! être sulfureuse, sexy n'est pas une revendication féministe. C'est juste son contraire: avoir été à un moment ou un autre sommée de coller à la fantasmagorie machiste.

Et définitivement non! je ne vois aucune provocation dans l'attitude de Maria Schneider, juste la prise au piège d'une jeune femme par deux cyniques misogynes.

Elle aura subi tous les affronts jusqu'après sa mort, jusqu'à la négation de ce qu'elle n'a jamais cessé de clamer, être une victime malade et droguée de ce rôle, jusqu'à l'enterrement en bonne et due forme de sa souffrance.

Ils auront tout écrit ces journalistes qui parlent la bite à la main. Qui sublimant le rôle de chienne qu'on lui a fait jouer, qui élevant la soumission au rang, de révolution, d'affranchissement osé ou de liberté sexuelle.

C'est la libération de leur sexualité autiste qu'ils fêtent, pas la nôtre, pas la mienne.

Et non contents de la prendre encore et encore pour ce qu'elle n'a jamais voulu être, ils se mettent à nous donner des leçons de féminisme, à nous qui sommes toujours vivantes. On ne sait jamais, certaines pourraient ne pas avoir bien appris la leçon.

Ecoutez-les bien: le nec plus ultra du féminisme, le comble de l'anti-machisme, le summum de l'émancipation c'est de se faire sodomiser à la motte de beurre par un type plus âgé en lui disant "non, arrête" ... le tout si possible devant une équipe de tournage puis des millions de gens.

8 commentaires:

  1. bon il va falloir que je traite le sujet du point de vue de la récupération de l'attitude de la violée par l'idéologie dominante au cours des siècles à des fins de blanchiment de consciences mâles.
    La violée a été successivement assimilée à une héroïne, une sainte, un personnage romantique, un personnage tragique, une victime de la destinée, une abandonnée de Dieu pour cause inconnue (mais louche) et maintenant...une féministe. Et allez donc !

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  2. Je t'envoie un ÉNOOOOORME bisou féministe pour cette note ! Ces 2 vieux misogynes auraient mérité un procès, sont au contraire les héros des médias misogynes, trop heureux de remettre en scène la capacité des hommes à violer, à salir les femmes. Je comprends même pas que les JEUNES hommes de l'époque n'aient pas réagi, car finalement c'est une compagne possible pour l'un d'eux qui est ainsi ravie, esquintée, mutilée de sa volonté. Se considérant propriétaires des femmes ils auraient pu se sentir extorqués, mais non, la solidarité machiste est + forte que tout, ils préfèrent couler le navire que d'en céder une miette à l'ennemi ("la" femme). Cette médiatisation pro viol ils l'ont organisée, soutenue ... Cela aide à comprendre comment, dès que les lois n'existent plus (guerre, situation de violence ponctuelle), les femmes et même les petites filles sont torturées et violées. Y'a qu'à regarder les rêves et fantasmes proposés par le cinéma et la littérature, notamment dans les pays qui se prétendent "civilisés" et en paix : le viol et l'oppression des femmes comme un droit des hommes.

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  3. @ Euterpe

    Oui, c'est fou comme la violée déchaîne les interprétations ... sauf celle de victime de la misogynie.

    Violée=féministe, on nous l'avait quand même jamais fait !!!

    @ Emelire

    J'ai bien reçu ton bisou féministe ! et je dois dire qu'il fait du bien dans cette époque où j'ai l'impression que nous sommes une poignée infime à remarquer ce qui crève pourtant les yeux. Et toutes ces femmes que j'entends autour de moi qui prétendent que tout va bien ... La solidarité machiste ça m'énerve mais l'aveuglement féminin ça me tue.

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  4. Maria Schneider a effectivement été victime d'un viol. La récupération de la violée par l'idéologie patriarcale est particulièrement insupportable.
    Mais qu'en auriez-vous pensé si elle avait donné son consentement, comme un certain nombre d'actrices X?

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  5. @ Avapierre

    Vous parlez du même consentement que Linda Lovelace de "Gorge Profonde" qui a effectué la fameuse scène de fellation un calibre sur la tempe par exemple ?

    Je vous invite à lire cet article qui met en lumière l'hypocrisie et surtout la violence qu'il y a derrière la pornographie et on reparle du concept de consentement si vous voulez:

    http://deconstruire.babylone.over-blog.org/article-5544019.html

    "Aussi dérangeant que cela puisse être, derrière chaque vagin, chaque bouche à pipe, chaque anus, derrière chaque trou rempli de foutre, de doigts, de poings, de centaines de bites d’affilée, se cache un être humain.

    Un être humain, un corps qui, souvent, saigne entre les scènes. Qui s’évanouit pendant les plans coupés. Qu’on redresse tant bien que mal pour l’éjac finale dans la gueule. Nous le savons aujourd’hui. Beaucoup de sang coule de ces culs anonymes, aux noms de gâteaux. Certes, ne pas penser qu’un être humain, doté du même corps fragile que votre soeur ou votre mère, soit pénétré à la chaîne, saigne, s’effondre, soit marqué à vie, permet de mieux apprécier le spectacle pornographique, d’en jouir plus tranquillement. Mais ce n’est pas la réalité."

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  6. Là on atteint le paroxysme (et ce n'est sans doutes pas un hasard s'ils avaient employé une très jeune actrice fragile -la fille de Daniel Gélin, non reconnue par lui). Mais je crois qu'une certaine forme de maltraitance est assez fréquente de le cinéma. Je me souviens, il y a longtemps, d'une interviou d'Isabelle Huppert qui avait très mal vécu certaines scènes de tournage avec Marco Ferreri. Elle disait ne plus souhaiter tourner avec lui, et exiger dorénavant de ses metteurs en scènes certaines formes de cadrage et le refus de certaines autres. Toutes les jeunes actrices ne peuvent sans doutes pas se le permettre.

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  7. @ Héloïse

    Vous croyez vraiment que la plupart des actrices X jouent leur « rôle » jusqu'à l'évanouissement, un pistolet sur la tempe et que la pornographie ne consiste principalement qu'en gang-bangs ou rapports zoophiles? Aucune porno-star ne serait donc consentante ou responsable de ses faits et gestes? Vous n'exagérez pas un peu? Toutes ces femmes perdues finiraient donc à court terme mutilées, sidaïques, droguées ou suicidées? Tous les plateaux de tournage X seraient d'abominables lieux de torture? Je veux bien croire que ce soit le cas quelquefois mais quand même pas toujours. Sinon les actrices n'iraient pas au-delà d'un tournage et les réalisateurs n'en trouveraient plus beaucoup. D'ailleurs qui peut prétendre dire la vérité sur le milieu de la pornographie? Des enquêtes sérieuses ont-elles été réalisées sur le sujet? Vous citez des exemples auxquels on peut opposer des contre-exemples, des actrices X qui revendiquent le droit d'exercer leur activité. Pour moi, c'est abusif de généraliser à partir de cas particuliers même s'il y en a un certain nombre. En outre, il me semble qu'on ne peut pas mettre tout ce qui étiqueté « pornographie » dans le même sac, un peu comme si la condition d'une jeune esclave domestique (http://www.leparisien.fr/chelles-60350/enquete-sur-la-mort-de-lila-esclave-moderne-03-02-2010-801780.php) et celle d'une employée de maison déclarée étaient comparables.
    Je doute que la diabolisation systématique de la pornographie serve objectivement la cause que vous défendez. Car tout qui est excessif devient vite insignifiant.

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  8. @ Floréale

    Très juste ta remarque sur la jeunesse et la naïveté des actrices dont abusent ces types. On voit bien qu'une fois adultes, quand elles refusent et s'affirment, que leur consentement était biaisé par le manque d'expérience et, probablement, l'envie de réussir dans le métier.

    @ avapierre

    Non, je ne crois pas que cela se passe TOUJOURS comme ça mais trois choses:

    - ce n'est pas rare donc inquiétant
    - le fait que ça existe est intolérable
    - le phénomène prend de l'ampleur (hardisation exponentielle de la porno qui ne saura bientôt plus quoi inventer pour "attirer" le chaland)et vient confirmer le premier point.

    Et, oui, malheureusement j'ai de quoi appuyer ce que je dis et notamment le documentaire "Schocking Truth" d'Alexa Wolf. Je vous fournis le lien mais il faut être inscrit.e ou s'inscrire car le contenu est interdit aux mineur.e.s.
    Perso, je n'ai jamais pu le visionner en entier ... tentez le coup si vous en avez le courage.

    http://www.youtube.com/watch?v=sb88Bn-FTRI

    Quant à la notion de consentement, ça commence à me gonfler sérieusement ces arguments de machos qui brandissent soit la liberté des femmes(de se prostituer, de mourir sur un billard pour avoir un 95D, de récurer les chiottes, ben ma foi), soit le libre-arbitre de femmes qui, une fois sorties des ces systèmes, se qualifient elles-mêmes de survivantes et se battent aux côtés des féministes.

    La liberté et le libre-arbitre des femmes, c'est juste quand ça vous arrange.

    De plus, dénoncer les violences que recouvre la pornographie n'est en rien un extrémisme ... c'est la moindre des choses quand des femmes souffrent et y restent. Ca ne vous touche donc pas ?

    Il n'y a vraiment que lorsque la question touche les femmes que l'on dénonce "trop".

    Moi, c'est le déni dont vous faites preuve que je trouve dangereux et carrément déplacé.

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