mardi 7 décembre 2010

Lire ? C'est pour les gonzesses !

Un article à ne pas louper chez Nouvelle News sur l'écart inquiétant qui se creuse entre les filles et les garçons en matière de compétences face à la langue écrite (trouver l'information, interpréter, réfléchir et évaluer).

Le presque tout frais rapport PISA, dont l'article rapporte les données recueillies, révèle que "sur la moyenne des pays étudiés, la différence de niveau de lecture entre filles et garçons est flagrante puisqu'elle atteint l'équivalent d'une année scolaire".

Travaillant au quotidien avec des jeunes et des adultes en remise à niveau sur les savoirs de base, c'est une tendance que j'ai pu constater sur le terrain. Sur un groupe mixte de 15 jeunes, les garçons sont majoritaires dans les profils d'illettré.e.s: environ une fille pour quatre garçons. Je retrouve les mêmes proportions chez les adultes.

C'est une problématique qui me questionne depuis pas mal d'années, ne pouvant me résoudre à incriminer les hormones, le fonctionnement soi-disant différent du cerveau chez les unes et les autres ou de farfelues prédispositions naturelles.

Alors, une idée comme ça: comme cela a été le cas dans bien d'autres domaines qui ont subitement été dévalorisés parce que féminisés, est-ce que certains garçons ne se détourneraient pas de la lecture (et de la scolarité en général) juste parce que c'est devenu un "truc de filles" ?

9 commentaires:

  1. Ben oui au XIXe siècle, les hommes étaient considérés comme génétiquement prédisposés pour la littérature tandis que les femmes ne pouvaient que produire de la "littérature de femme" c'est à dire un truc médiocre et sans intérêt, à part pour elle. Du coup l'oeuvre majeure du XIXe siècle qui a révolutionné les esprits, été reprise sous toutes les formes imaginables ou non, depuis qu'elle a été produite, est sans conteste "Frankenstein". Un truc de bonne femme. Le génie féminin a frappé quand même. Inutile de le réprimer messieurs, c'est pire.

    Maintenant que la supercherie est démasquée et que les femmes sont admises au Panthéon littéraire, la "littérature" qui mobilise les hommes se sont les traités d'informatique sous forme de revues ou de manuels. Ils ne se lassent pas de cette lecture qui constitue un véritable refuge contre la femelle de base que leur paranoia fait voir comme envahissante facon extra-terrestre.
    Sauf que sans Ada Lovelace (merci Hypathie), ils ne pourraient même pas se consacrer à leur joujou antifemme ! Mais comme ils préfèrent rendre à César ce qui appartient à Galla Placidia...

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  2. D'ici à ce qu'il soit demandé à ce que les filles restent à la maison au lieu d'aller à l'école parce que leur présence inhibe les garçons dans l'apprentissage de la lecture...

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  3. Lire c'est pour les gonzesses... parce qu'ils n'y arrivent pas ! Lire, c'est faire appel à l'acuité visuelle, à la capacité d'abstraction à multiples niveaux, à évoluer dans le monde des idées, à imaginer, à fonctionner à l'affect, etc... toutes choses qui sont plus faciles aux filles et femmes. Il faut se rendre à l'évidence ! Bon, quelques uns se sont risqués à dire que les femmes composant 85 % des enseignants, les filles s'identifieraient plus facilement que les garçons à la prof, mais ça me paraît tiré par les cheveux ! Moi, j'adorais les matières en fonction des profs aussi : j'avais même un prof de littérature française brésilien en première, et j'adorais ce cours parce que j'étais totalement sous le charme du prof qui prononçait René (de Chateaubriant) "réné" d'une façon totalement craquante. Le prof était un mec évidemment !

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  4. L'article insiste aussi sur le plaisir de lire.
    Le plaisir de lire, ça se cultive, ça se transmet. Je ne sais pas trop comment c'était perçu au XIXème siècle (ce serait intéressant, Euterpe, si tu as une info !), mais lire est une activité calme pratiquée par les enfants sages. Ca ne m'étonnerait pas qu'on encourage les petites filles à lire (en leur offrant des livres plus volontiers par exemple), à cultiver leur imaginaire, et les garçons à courir dans le jardin.
    Bref, je me demande si les parents ne seraient pas les responsables de cette situation.

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  5. J'appuie ce que dit Euterpe sur l'oeuvre de Mary Shelley, auteure de Frankenstein, monstre humain et animal, fait de morceaux pris dans les tombes et les abattoirs, "monstre" créé par un homme mais nié dans son humanité par les hommes (comme les femmes), et qui à la fin de l'histoire veut se retirer du monde humain et devient... végétarien ! Une belle oeuvre de femme qui hante la littérature, le cinéma et toute notre culture populaire.

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  6. @ Euterpe

    Ils lisent aussi beaucoup plus de BD (mangas pour les plus jeunes) ... où l'on trouve très peu de texte.

    A force de se retrancher dans les domaines peu ou pas investis par les femmes, ils finiront par ne plus avoir trop de choix. S'arrêter enfin de se draper dans leur supériorité, que l'on sait artificielle, leur ferait le plus grand bien ...

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  7. @ Floréal

    Tu ne crois pas si bien dire ! Pour enrayer cet échec masculin, on a séparé (en Australie, il me semble) filles et garçons, pensant que les premières avaient une mauvaise influence sur les seconds (comme d'hab'). Et bien, devine ? On s'est rendu compte que les filles travaillaient encore mieux et les garçons encore moins bien !!! L'expérience n'a plus jamais été reproduite ...

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  8. @ Kalista

    C'est une piste intéressante aussi. Les filles, plus facilement cantonnées à l'intérieur, se seraient "rabattues" sur la lecture. Dans tous les cas, la situation est d'origine éducationnelle et je trouve dommage que les garçons se privent ou soient privés de cet outil formidable.

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  9. @ Hypathie

    J'avais lu sur Sisyphe un excellent article qui démontait l'argument du corps enseignant féminin coupable. Je te l'ai retrouvé:

    http://sisyphe.org/spip.php?article744

    PS: je ne savais pas que Frankenstein avait des penchants végétariens (je n'ai jamais lu ce livre). C'est génial !!!

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