vendredi 10 septembre 2010

Sardouille et OrelNaze

Si les féministes des années 70 brandissaient des pancartes pour dire non à la violence misogyne d'un Michel Sardou, les féministes millésimées 2009 se sont mobilisées contre celle d'un non moins regrettable OrelSan. L'Histoire tend à se répéter mais ce serait bien qu'elle change au moins le refrain.

Le refrain et pourquoi pas les couplets. La chanson à caractère misogyne traverse les époques et les défilés de militantes. Et le macho-troubadour a toujours sa bite qui fait beaucoup mal en guise d'inspiration.

Le Sardouille désire "violer des femmes" (Villes de solitude- 1973) quand l'OrelNaze rêve de tournantes (Sale Pute- année 2000 et quelques). Autres temps, autre procédé, le collectif change de camp mais la différence s'arrête là. 

Ils n'ont jamais compris ce que les féministes leur reprochaient mais, il faut le reconnaître, cela nécessite certaines facultés intellectuelles et la conscience que ces choses que l'on appelle femelles sont aussi des êtres vivants qui, comme tous les êtres vivants, souffrent lorsqu'ils subissent des relations sexuelles forcées ou se font déboîter la mâchoire et qu'écrire des chansons promettant les sévices sus-nommés n'est pas vraiment indiqué si l'on s'est donné pour mission dans la vie de faire chanter les gens sous la douche.

"On ne sera pas violées par Sardou", voilà ce que scandaient les militantes MLF. Et le Sardouille de confier dans son autobiographie qu'elles lui avaient fait peur. Il n'a pas eu peur, elles lui ont fait peur, nuance. Mais il a raison, il faut toujours exorciser les traumatismes dans ce genre sous peine de les voir dégénérer en psychose schizoïde hallucinatoire.

OrelNaze, quant à lui, a employé les grands moyens (peut-être avait-il eu vent de la terrible mésaventure du Sardouille...): il a demandé des renforts policiers pour ses concerts et a pris un avocat pour mettre un terme à la dangereuse liberté d'expression des féministes. "Non à la violence misogyne dans les chansons", avouez que c'est flippant quand même.

12 commentaires:

  1. Rien que le mot "femme" et ils tremblent comme des feuilles, les pauv'trucs ! Tiens on devrait parler de gynophobie au lieu de nous gonfler avec l'islamophobie. La gynophobie est bien plus répandue et bien plus ancienne. Surtout chez les grands baraqués, d'ailleurs. C'est le genre éléphants qui ont peur d'une souris. La stupidité en plus.

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  2. @ Euterpe

    Moi, ils me font penser à ces petits chiens qui aboient en reculant et qui se finissent par se prendre dans un sursaut pitoyable le poteau planté derrière eux !

    Ils sèment la tempête avec leurs propos archi-violents et jouent les effarouchés quand ils récoltent une brise pacifiste de protestations. Je me demande bien ce qu'ils feraient si, à la place du "Non à la violence", les féministes leur lançaient des propos à la hauteur des leurs du genre "Sale porc, on va te faire le cul !" ...

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  3. Moi je l'appelle le "gore et le gland", ou le "goret et le gland", enfin Orelgland. Avec Sardouille, ça va bien ensemble je trouve, comme le père et le fils, simple question de génération, mais on note mal l'évolution.

    Absolument d'accord avec Euterpe quant à la gynophobie. Ah ça, les instances internationales, onusiennes, européennes, ne sont pas près de faire des campagnes sur l'argument. Pourtant, la moitié de l'humanité féminine représente nettement plus de monde que tous les musulmans réunis.

    Et que je sache, en France comme ailleurs, 80% des personnes pauvres sont des femmes. 80% des personnes précaires à temps partiel subi sont des femmes, pas des musulmans, ni même des musulmanEs. Et il y a plus de femmes à mourir de violences masculines par an que de musulmans tués par les flics, ce qui ne soulève pas de protestations, ni aucune incendiaire manifestation.

    La discrimination, elle concerne d'abord et avant tout les femmes.

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  4. @ Floréal

    OrelGland, OreillesSales, OrelSAng(lant), OrelNaze ... qu'est-ce qu'on a pu se défouler sur son nom à défaut d'être entendues ...

    D'accord avec vous sur la gynophobie qui d'ailleurs mène au gynécide (des millions de mortes justes parce qu'elles sont des femmes, on peut parler sans problème de massacre organisé). D'accord avec toi aussi sur le fait que ce problème (euphémisme) est sciemment occulté.

    Seulement, et tu le sais (on en a beaucoup parlé !), je ne vois pas l'intérêt de taire les discriminations dont les Musulman.e.s sont victimes.

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  5. N'empêche que tant que nous n'imposerons pas une loi antisexiste, il y aura toujours des trouducs pour se faire du pognon en pratiquant le message haineux envers la femme car cela fait vendre et bien vendre. De plus, 50% des femmes participent activement à ce commerce parce qu'elles s'identifient à leurs persécuteurs (le syndrome de Stockholm ou je ne sais quoi dans le style)au point de tout faire pour leur plaire et les imiter. Les 50% restant supportent assez mal ces horreurs dignes du Ku Klux Klan. Je fais partie de la catégorie qui supporte très mal.

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  6. @ Héloïse
    Oh elles ne sont pas tues, loin de là! On n'entend même parler que de celles-là, elles tiennent tout le devant de la scène médiatique, et de rue.

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  7. Personnellement je pense que le fait de focaliser l'attention des foules sur les femmes voilées c'est encore une fois une manière de masquer les vrais problèmes. C'est une manière de dire : de quoi vous plaigniez-vous, les "chrétiennes" voyez ce qu'endurent les musulmanes. En fait, nos filles sont quasiment obligées de porter des strings à 8 ans (= dressées à devenir des esclaves sexuelles) et les fillettes musulmanes sont obligées de ressembler à des bonnes soeurs. La pute et la bonne soeur = femme réduite à son sexe qui doit être intouchée ou touchée par tous, un sanctuaire ou une voie publique. Nous avons donc les MÊMES problèmes ! C'est une erreur grave de voir dans le voile un problème étranger au nôtre. Nous sommes toutes des femmes voilées. Et surtout : nous sommes toutes des femmes réduites à leur sexe. De ce fait, je suis d'accord avec Floréal qui n'est pas d'accord de placer les femmes voilées sur le devant de la scène comme si elles étaient des animaux exotiques. Parce qu'à mon sens c'est du foutage de gueule.

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  8. Moi j'en ai surtout marre qu'on me resserve l'islam à toutes les sauces, que ce soit de la part d'une droite qui ne s'est jamais souciée des femmes et a toujours tout fait pour contrecarrer le féminisme et qui se découvre une soudaine ardeur féministe mais seulement s'il s'agit du voile des musulmanes, ou de la part d'une extrème gauche qui vous traite de raciste dès que vous critiquez l'islam ou le voile, ce qui leur est bien commode pour mettre à la trappe toute revendication féministe: pendant qu'on parle du voile on ne parle pas d'autre chose, comme si le féminisme se résumait à la question du voile musulman.

    Ceci dit je suis islamophobe, dans le sens que je déteste voir la rue envahie par les voiles et le hallal, je suis contente d'avoir passé l'âge d'avoir des enfants à l'école parce que je n'aimerais franchement pas me trouver confrontée à des cantines hallalisées, à des sorties scolaires pour aller visiter des mosquées et ainsi de suite, et si c'était le cas je pense que je changerais mes enfants d'école ou je changerai de quartier, et que je n'éprouve absolument aucun plaisir à voir s'étendre l'islam sous quelque forme que ce soit.

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  9. @ Euterpe

    Je ne sais pas si une loi antisexiste serait efficace. La prise de conscience, la levée des tabous (parler de gynécide et de destruction massive des individues femmes) et l'éducation sont à mon sens les seuls vrais remparts au sexisme dans les chansons et ailleurs. Les femmes sont largements impliquées dans la pérennisation du système patriarcal mais ça relève peut-être plus de l'aliénation (conjuguée à l'individualisme caractéristique de notre époque).

    Je te rejoins tout à fait en ce qui concerne ta position sur les femmes voilées et les carcans des femmes Occidentales. J'ai d'ailleurs bien râlé à propos de l'émission d'Arte "Femmes: pourquoi tant de haine ?" qui racise le problème du machisme histoire de faire passer le bon petit Blanc pour un féministe dans l'âme.

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  10. @ Floréal

    Le problème n'est pas que l'on parle (trop)des discriminations racistes mais que l'on ne parle pas (ou si peu) des discriminations envers les femmes. Ce n'est pas en taisant les premières que l'on verra surgir des débats au sujet des secondes.
    Et lorsqu'on parle des discriminations envers les femmes en racisant le problème comme l'a fait Arte, on fait passer à la trappe celles qui pèsent sur les autres femmes. Un tel reportage fait passer les Occidentales pour des privilégiées et c'est loin d'être le cas.

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  11. Héloïse:
    Les occidendales sont, dans l'ensemble, globalement privilégiées en ce qui concernent les droits, même si elles restent discriminées par rapport aux hommes occidentaux, selon moi. Avec ou sans l'émission d'Arte.

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  12. @ Floréal

    A mes yeux, aucune femme au monde n'est privilégiée si tu ramènes sa situation à celle de ses frères. Pas même les Suédoises qui ont encore des associations et un parti féministes.

    Je reste persuadée qu'en montrant exclusivement le machisme des "autres", il y a la volonté d'occulter le machisme d'ici. Le féminisme n'est pas un problème de race mais un problème de sexe: qu'on lapide une femme ou qu'on la tue à coup de baignes, on touche à une femme et ça m'est intolérable.

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