jeudi 23 septembre 2010

Ces yeux qui te regardent, et la nuit, et le jour

C'est le titre d'un recueil de textes diffusé par l'intermédiaire de Télérama à l'occasion du 23ème Festival du Livre de Mouans-Sartoux qui se déroulera cette année du 1er au 03 octobre 2010.

Le thème cette année: EtatS d'urgenceS.

Outre les contributions qui prennent aux tripes de Nadia Kaci (auteure de Laissées pour mortes-Hassi Messaoud) et Marie-Louise Gourdon, Françoise Héritier y parle de la violence sexuée à partir de son travail d'ethnologue:

" Lorsqu'on parle de la violence sexuelle, il n'est pas rare d'y voir associée l'idée de bestialité. En fait, c'est une erreur considérable. Ce n'est pas parce qu'ils sont proches des animaux que les hommes se rendent coupables de violences sexuelles.

Au contraire.

C'est la pensée, et seulement la pensée élaborée par nos ancêtres pour donner un sens au réel observé, qui est en cause, lorsqu'on examine de près les conditions de la violence sexuée, qu'elle soit publique ou privée.

Car de toutes les espèces animales répertoriées, il nous faut bien convenir que [l'être humain]* est la seule espèce où les mâles tuent les femelles."


* "l'homme" dans le texte originel, remplacé par mes soins par "l'être humain" pour plus de clarté.

mercredi 22 septembre 2010

Nausée matinale

Ce matin à la radio, les propos de Djamel Debbouze m'ont filé la nausée pour la journée:

Le journaliste: "Après « Indigènes » et « Hors-la-loi », vous songez à un autre film sous la direction de Rachid Bouchareb… "



Djamel Debbouze: "J’espère qu’on se retrouvera bientôt. Peut-être pour un porno halal !…" (Rires.)

Non. Pas rires pour ma part.

Sa réflexion et son engagement contre la haine des autres s'arrêtent chez ce comique, qui n'en a que le nom, où commence la haine des femmes.

Est-ce que c'est ça être intellectuellement limité ?

Septembre a inspiré l'OuLiPo

Repéré sur l'excellent site de l'OuLiPo :

 

Gnocchis de l'Automne

Cette année:

     le MLF a 40 ans
       l'Oulipo, 50
   le test de Turing, 60
    Rrose Selavy, 90.

On ne naît pas oulipien, on le devient.
Bientôt, un oulipien sur deux sera une femme.
Les oulipiennes ne sont pas des femmes.


Les trois derniers vers sont issus de citations célèbres, saurez-vous retrouver les citations originales ?

Les réponses dans un prochain billet au cas où.

vendredi 17 septembre 2010

Gynécide

On parlait il y a peu de la notion de gynécide. En fouillant dans mes archives, j'ai retrouvé ce texte de Micheline Carrier . En ce moment, j'ai un penchant pour celles qui appellent les choses par leur nom. D'aucuns disent probablement qu'elle exagère mais on sait bien ce que cette accusation cache ...

"Partout dans le monde et au sein de nombreuses ethnies, des femmes et des filles sont persécutées parce qu’elles sont des femmes et des filles, comme les Juifs l’ont été parce qu’ils sont juifs, comme les Croates l’ont été parce qu’ils sont croates, comme des gens de couleur l’ont été parce qu’ils sont de peau noire, jaune ou rouge.Les dictionnaires attribuent au terme génocide (n.m. du grec : genos « race » et suff.-cide : destruction, extermination) le sens de « destruction méthodique d’un groupe ethnique ». L’exemple qui nous vient tout de suite à l’esprit est celui des Juifs persécutés et exterminés par la haine des nazis.


Les peuples arméniens et croates ont également vécu une forme de génocide. Les Tutsis et les Hutus, à tour de rôle. Les Palestiniens également. En Amérique, on pourrait considérer que des ethnies amérindiennes ont également été victimes de génocide.


On peut trouver, dans l’histoire ancienne comme dans l’histoire moderne, des dizaines d’exemples de groupes qui en persécutent d’autres pour des motifs ethniques ou/et religieux.


Par extension, les dictionnaires définissent comme un génocide « toute extermination d’un groupe important de personnes en peu de temps. » Notez bien ceci : GROUPE IMPORTANT et EN PEU DE TEMPS.


Alors, lorsqu’il s’agit d’un groupe important de personnes persécutées et exécutées sur la seule base de leur sexe, il s’agit également d’un génocide. Aussi honteux pour l’humanité que soient l’Holocauste et toute autre forme d’extermination ethnique de toutes les époques, le pire génocide de l’histoire me semble ailleurs.


Il serait plus juste de lui donner le nom de GYNÉCIDE (gyne : du grec gunê, gunaïkos « femme ») ou de GYNOCIDE. Il s’agit de la « destruction méthodique » des femmes, qui se poursuit encore aujourd’hui dans plusieurs points du globe et de plusieurs façons.


Il arrive même que les peuples victimes des pires génocides se rendent eux-mêmes coupables de gynécides. Ils invoquent la Tradition. Tradition ou non, lors qu’on persécute ou détruit un groupe important, dans ce cas le groupe des femmes, cela reste une forme de génocide.


L’Histoire n’a jamais reconnu la responsabilité de l’humanité dans de nombreux gynécides. Le monde moderne n’est pas plus enclin à la reconnaître. Il pratique la dénégation systématique pour ne pas avoir à affronter sa honte et, surtout, ne pas avoir à changer de comportement et de valeurs. Car les enjeux sont importants. En tête de lice, comme toujours, les enjeux économiques.


PLUS DE VICTIMES


J’affirme néanmoins que les GYNÉCIDES dépassent en nombre et en sévérité tous les GÉNOCIDES qui ont pu être commis sur la planète Terre. Ils ont fait davantage de victimes. Si on voulait voir ce que des millions de femmes et de filles ont subi depuis des millénaires et ce que des millions de femmes et de filles subissent encore de nos jours, quotidiennement, si on voulait appeler les choses par leur nom, il faudrait reconnaître que les femmes EN TANT QUE GROUPE ont été victimes du pire génocide de l’histoire humaine. Dans certaines régions du monde, elles le sont encore avec la complicité de la communauté internationale qui prétend promouvoir les droits humains.


Le GYNÉCIDE, c’est-à-dire la persécution, la destruction ou l’extermination d’UN GROUPE IMPORTANT de femmes et de filles, pour les seuls motifs de dérogation au code moral, social ou religieux QUI LEUR EST IMPOSÉ EN RAISON DE LEUR SEXE, est un crime universel : il transcende les frontières des pays, des ethnies et des époques.


En effet, partout dans le monde, des millions de femmes de toute race sont séquestrées, exclues, chassées, persécutées, mutilées, violées, battues, torturées et exécutées DU FAIT QU’ELLES SONT DE SEXE FÉMININ. Crime « d’honneur », crime de guerre, crime conjugal, crime de la misogynie et du patriarcat, matricide, infanticide des filles, fratricide, etc. Les violences contre les femmes et les filles, dont la violence ultime, le meurtre, sont UNIVERSELLES.


Pourquoi ? À cause de la haine d’individus de l’autre sexe, comme certains groupes ethniques sont victimes de la haine d’individus d’autres groupes ethniques. Pas de tous les individus de l’autre sexe, évidemment, ni de tous les individus d’autres ethnies. Dans les deux cas, on agit au nom de motifs religieux, moraux, sociaux, culturels et politiques. Au nom de la Tradition. Une tradition qu’on préserve jalousement parce qu’elle donne à la domination sa légitimité. Qu’une société laisse des individus et des groupes en détruire d’autres révèle l’acceptation de ces génocides et de ces gynécides par celles et ceux qui se taisent. Une immense lâcheté collective."




Micheline Carrier-Juin 2002

mercredi 15 septembre 2010

Danielle Bousquet "censurée" mais pas partout !

Voici un article publié par le site Nouvelles News et relayé par Alice. Il reprend le discours de l'une des rares femmes politiques féministes qui n'hésite pas à appeler le patriarcat par son nom et à dénoncer l'inertie de la classe dominante à le regarder en face et encore moins à l'éradiquer. Les parties en gras sont de mon fait, la féminisation de certains mots aussi.

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Les député.e.s achèvent, mercredi 15 septembre, l'examen de la réforme des retraites. Dans un ambiance houleuse, le président de l'Assemblée nationale a choisi d'écourter le temps de parole de l'opposition. Parmi les député.e.s n'ayant pu intervenir, Danielle Bousquet. Vice-Présidente de la délégation de l'Assemblée aux droits des femmes, elle évoque un texte « doublement injuste pour les femmes ». Nous publions ici son intervention « censurée ».

 
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Monsieur le Président, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, mes cher.e.s collègues,


Votre contre-réforme sur les retraites est d'abord totalement illégitime quand l'on se rappelle les promesses de Nicolas Sarkozy faites devant les Français.e.s avant et après son élection, quand l'on voit l'urgence avec laquelle vous voulez imposer cette contre-réforme, ce qui entraîne un manque flagrant de concertation avec les partenaires sociaux et un Parlement dont on bride les débats.


Mais votre contre-réforme est surtout illégitime car elle est INJUSTE. Injuste pour l'ensemble des français.e.s. Et doublement injuste pour les femmes.




Sur ce point les critiques sont unanimes et exprimées avec force :




- par la délégation aux droits des femmes de l'Assemblée nationale qui dans son rapport de juillet 2010 s'alarme d'un creusement des inégalités à craindre avec votre réforme, inégalités qui affecteront, en priorité, les retraites des femmes, analyse la délégation.

- par la Rapporteure UMP de l'Observatoire de la parité qui dénonçait, dans un communiqué en date du 6 septembre, une réforme qui non seulement ne corrige pas les injustices que connaissent aujourd'hui par les femmes au moment de partir en retraites, mais qui au-delà les pénalise encore davantage. Le communiqué se conclut sur cette phrase : « Une réforme juste suppose de donner plus à celles qui ont moins. Si le Gouvernement ne fait pas plus aujourd'hui, les femmes resteront les pauvres de demain. » Sans le formuler vraiment, elle dit tout de votre inertie face à ce problème, et de votre responsabilité dans la fabrication des femmes pauvres de demain.


- sévères critiques aussi de la HALDE qui s'est auto-saisie en pointant du doigt le fait que les femmes du fait de leur maternité et de leur sexe sont discriminées face à la retraite et que ceci devait nous conduire à faire émerger des mesures correctrices.


- c'est également en s'appuyant sur la définition juridique selon laquelle une
« disposition apparemment neutre qui désavantagerait particulièrement des personnes par rapport à d'autres pour des motifs prohibés comme – notamment - le sexe » qualifie une discrimination indirecte, que j'ai, avec plusieurs député.e.s de gauche, décidé de saisir la HALDE considérant que votre contre-réforme est discriminatoire à l'égard des femmes.


- et puis enfin les critiques unanimes qui se sont exprimées dans de nombreux articles de presse, de tribunes ou d'appels de représentant.e.s du monde de la recherche, du monde associatif, etc …


Nous nous interrogeons. Que faut-il de plus à ce gouvernement pour entendre la voix de la raison ? Une ferme condamnation de l'ONU ou du Parlement Européen ? NON, l'actualité nous montre que même à tout cela vous répondez par le mépris ou la posture des incompris. Et pourtant M. le Ministre, il faut que vous sachiez qu'on n'a jamais raison contre tout le monde.


Au lieu d'entendre la voix de la raison, vous répondez par l'absurde. Votre règle semble être : « plus c'est gros, plus ça passe » ! C'est ainsi que l'on a pu notamment entendre M. Woerth nous expliquer que tout ce remue-ménage autour des retraites des femmes n'était en fin de compte pas justifié puisque les femmes nées dans les années 60 n'auront plus de trimestres d'écart avec les hommes au moment de leur départ en retraite. Cette démonstration, dont la malhonnêteté a été brillamment démasquée sur ces bancs, a été reprise en choeur par Mme Morano qui n'a pas hésité à clamer, avec le talent qu'on lui connait, aux médias qui voulaient l'entendre que votre contre-réforme ne pénalise pas les femmes ! (vidéo de backchich.info du 9 septembre). Ou l'on a encore pu entendre M. Woerth déclarer à propos du temps partiel subi par les femmes, nous demander d'arrêter avec ce fantasme estimant qu'une grande partie du temps partiel n'est pas subi, c'est le choix des femmes, c'est leur vie !
Nos ministres seraient-ils enfermés dans leur tour d'ivoire ? Je sais bien que la rue de Grenelle, le Faubourg Saint-Honoré et la rue de l'Université sont proches, cela est bien pratique, mais de grâce redescendez dans la réalité qui est celle du pays aujourd'hui !


Et lorsque M. le Ministre, vous assénez que la retraite ne va pas tout régler, et qu'après tout, si ces femmes ont peu travaillé, ou peu longtemps, ou à temps partiel, en quoi est-ce anormal qu'elles ne touchent presque rien à la retraite, j'ai envie de vous demander M. le Ministre : quelle est votre objectif en politique si ce n'est celui de corriger les injustices ?


Car enfin, la vérité c'est que vous faites semblant de croire que tout ceci, que cette situation est somme toute naturelle. Et c'est bien là le problème !


Et bien je vais vous livrer le témoignage d'une femme qui exprime sa révolte sur un forum internet consacré aux retraites. La retraite est une affaire bien curieuse pour elle. Elle qui a dû abandonner au bout de quelques années une carrière professionnelle faute de pouvoir faire garder ses cinq enfants, et parce que son mari pensait tout à fait logique qu'elle assume la totalité des charges de la famille. Et elle pense aussitôt à "ces cohortes de femmes avec ou sans diplômes, qui comme elle n'ont eu comme d'autre choix que de tenir leur famille" . Voilà les inégalités flagrantes qu'a générée l'organisation sociale actuelle. Et vous n'envisagez aucune mesure, même temporaire, pour permettre de progresser dans la lutte contre ces inégalités.


Et nous savons que ceci, comme bien d'autres maux de notre société concernant les femmes, est la résultante d'un ordre social établit : le patriarcat. C'est-à-dire un mode d'organisation de la société basé sur la prééminence d'un sexe sur l'autre. Et cet ordre établi, nous socialistes, nous voulons le renverser pour aller vers une société d'égalité entre les femmes et les hommes au bénéfice de l'émancipation de toutes et tous. Cette bataille au niveau des retraites est symptomatique de votre immobilisme dans ce domaine, alors qu'il faudrait d'une part des mesures d'urgence pour réparer les inégalités existantes, et d'autre part des mesures volontaristes qui préviennent ces inégalités à la source.


Il y a urgence, à l'occasion de ce projet de loi, à prendre une batterie de mesures d'urgence pour augmenter les pensions des femmes aux petites retraites, pour réduire le temps de précarité par lequel les femmes doivent très souvent passer avant de toucher une pension sans décote, pour rendre les temps partiels qu'elles subissent moins pénalisants dans le calcul de la retraite, etc...

Mais non. Ces efforts de justice sociale vous vous refusez à les faire. Vous vous refusez à rompre avec une logique qui demande aux salarié.e.s, et aux plus fragiles en particuliers, toujours plus d'efforts.


M. le Ministre, les mensonges et les contre-vérités ne suffisent plus. Vous prenez la responsabilité d'installer des millions de femmes dans une pauvreté encore plus grande dans les années à venir. Vous ne pouvez pas continuer à égrener tant de contre-vérités au mépris de la réalité que vit la moitié de la population française.


Totalement déconnecté de la réalité sociale de notre pays, vous n'êtes pas le Ministre du travail, mais le Ministre de la précarité accrue, tout particulièrement pour les femmes.



dimanche 12 septembre 2010

Le sexisme bienveillant

Complémentaire au sexisme hostile, c'est-à-dire affiché et assumé, le sexisme bienveillant ou paternaliste est un outil redoutable d'oppression.
Il se caractérise par le maintien des femmes dans l'idée qu'elles sont des petites choses fragiles, dépendantes et ... merveilleuses !!! L'infériorisation enrubannée de bons sentiments.

Des chercheur.e.s en psychologie sociale de l'université de Liège ont étudié cette variante du sexisme ordinaire.
Si le sexisme hostile est détectable, sa variante bienveillante l'est beaucoup moins et c'est ce qui fait sa force.

Autre point à relever, dans les pays où le niveau de sexisme hostile est élevé, le niveau de sexisme bienveillant l'est aussi. Ce qui se comprend aisément par le fait que l'un alimente l'autre: les femmes sont affaiblies, encouragées à devenir ces petites choses toutes fragiles dépendantes des hommes, le terrain est ainsi dégagé pour la mise en oeuvre du sexisme hostile (dénigrements, violence.s, oppression). Inversement, le sexisme hostile maintient les femmes dans la certitude qu'elles sont faibles, incapables de se défendre sans appui masculin. Un beau cercle vicieux, en somme.

D'ailleurs le processus peut se rapprocher de celui qui a été repéré dans les cas de violence conjugale. Aux attentions, aux comportements protecteurs succèdent les épisodes de violence et le cycle recommence. Et dans tous les cas, la victime est psychologiquement détruite avant que le premier coup ne soit porté.

Mais revenons à notre sexisme bienveillant qui n'a pas plus de bienveillance que le topinambour n'a d'attrait culinaire. En effet, l'étude menée par les chercheur.e.s liègeois.e.s a démontré que des discours lors d'entretien d'embauche simulés et énoncés sur un mode clairement hostile, neutre ou paternaliste (bienveillant sexiste) ont influé sur les résultats des volontaires. Et c'est la version paternaliste qui a conduit aux plus mauvais scores de la part des participantes ...

En effet comment lutter contre la misogynie quand elle est ambiguë, se pare d'attentions et parvient ainsi à vous faire douter encore et toujours de vos capacités ?

Comme le commente avec justesse la chercheuse Marie Sarlet, le constat issu de cette étude "est en accord avec l’idée que les groupes dominants maintiennent plus efficacement les inégalités sociales à travers l’influence persuasive de la bienveillance qu’à travers l’hostilité".

vendredi 10 septembre 2010

Sardouille et OrelNaze

Si les féministes des années 70 brandissaient des pancartes pour dire non à la violence misogyne d'un Michel Sardou, les féministes millésimées 2009 se sont mobilisées contre celle d'un non moins regrettable OrelSan. L'Histoire tend à se répéter mais ce serait bien qu'elle change au moins le refrain.

Le refrain et pourquoi pas les couplets. La chanson à caractère misogyne traverse les époques et les défilés de militantes. Et le macho-troubadour a toujours sa bite qui fait beaucoup mal en guise d'inspiration.

Le Sardouille désire "violer des femmes" (Villes de solitude- 1973) quand l'OrelNaze rêve de tournantes (Sale Pute- année 2000 et quelques). Autres temps, autre procédé, le collectif change de camp mais la différence s'arrête là. 

Ils n'ont jamais compris ce que les féministes leur reprochaient mais, il faut le reconnaître, cela nécessite certaines facultés intellectuelles et la conscience que ces choses que l'on appelle femelles sont aussi des êtres vivants qui, comme tous les êtres vivants, souffrent lorsqu'ils subissent des relations sexuelles forcées ou se font déboîter la mâchoire et qu'écrire des chansons promettant les sévices sus-nommés n'est pas vraiment indiqué si l'on s'est donné pour mission dans la vie de faire chanter les gens sous la douche.

"On ne sera pas violées par Sardou", voilà ce que scandaient les militantes MLF. Et le Sardouille de confier dans son autobiographie qu'elles lui avaient fait peur. Il n'a pas eu peur, elles lui ont fait peur, nuance. Mais il a raison, il faut toujours exorciser les traumatismes dans ce genre sous peine de les voir dégénérer en psychose schizoïde hallucinatoire.

OrelNaze, quant à lui, a employé les grands moyens (peut-être avait-il eu vent de la terrible mésaventure du Sardouille...): il a demandé des renforts policiers pour ses concerts et a pris un avocat pour mettre un terme à la dangereuse liberté d'expression des féministes. "Non à la violence misogyne dans les chansons", avouez que c'est flippant quand même.

mardi 7 septembre 2010

La femme invisible

Relevé parmi une foule de témoignages tous plus parlants

les uns que les autres sur viedemeuf:


"Nous sommes une petite société de 3 personnes, 2 hommes

et une femme.

Régulièrement des clients passent et demandent :

"Mr X est la ? Non, alors Mr. Y ?". Réponse négative.

Suit alors une exclamation : "Il n'y a personne alors !"

... Évidement une femme ce n'est pas une personne.

#viedemeuf "


Publié par PP

vendredi 3 septembre 2010

Virilité, courage, imposture et subversion

Pierre Tévanian, du collectif Les mots sont importants ,emploie dans une lettre adressée à Alain Soral, le mot virilisme pour décrire l'attitude qui consiste à se comporter comme un vrai homme et non pas comme une fiotte, tapette ou gonzesse. Or, ce terme est habituellement utilisé en médecine pour parler des caractères masculins que peut présenter une femme (timbre de voix, pilosité, etc.).

Pour ne pas reprendre ce mot dont la signification ne colle pas vraiment au concept je-ne-suis-pas-une-gonzesse-Moi et à défaut d'avoir sous la main un néologisme adapté, j'utiliserai ici le mot virilité. 

En revanche, j'adhère tout à fait à l'analyse qu'il fait de ce comportement et je me propose volontiers pour la diffuser et l'étayer de commentaires personnels.

Tout d'abord, l'idée communément admise que virilité et courage vont comme une évidence de pair. Toute une construction historique, sur laquelle je ne reviendrai pas par souci de concision, pour faire coïncider trois choses à la base étrangères: le courage, vertu morale définie comme la capacité d'endurer ou affronter la souffrance, la difficulté ou le danger, la position dominante dans une société où les rapports de genre et de sexe sont hiérarchisés et la possession de pénis et de testicules qui sont tout bêtement des organes génitaux dans lesquels aucun.e scientifique n'a jamais trouvé ni l'hormone, ni la glande, ni le gêne du courage. 

Toute une construction historique un peu tordue, reconnaissons-le, pour que certains puissent lancer à la cantonnade un "Moi, j'ai des couilles!" qui est "un énoncé aussi vide d'intérêt dans son sens littéral" (oui, t'a des couilles, c'est bien ...) "que chargé de sens, de valeur et d'affect dans ses usages sociaux" (je veux bien le croire vu le nombre de fois où la formule est prononcée par certains de mes congénères mâles).

Seulement, cette association pénis/masculin/courage n'est pas qu'une imposture elle repose sur une véritable subversion de la notion de courage "qui ne désigne plus la capacité à affronter le danger ou la difficulté, mais exactement le contraire: la capacité pour le dominant (c'est-à-dire celui pour qui tout est facile) d'assumer son privilège et/ou d'écraser plus faible (j'aurais dit plus affaiblie) que soi (c'est-à-dire d'exercer la violence sans courir aucun risque) et de le faire sans problème de conscience." Ce qui en gros s'appelle de la lâcheté, non ?

Le plus terrible, et certains vont s'en étrangler de rage, c'est que non seulement le gêne du courage n'existe pas, pas plus plus chez les hommes que chez les homosexuel.le.s ou les femmes mais que cette vertu se développe chez les personnes confrontées à l'adversité. Selon cette vieille loi sociale formulée par Hegel, "le dominé, dans l'adversité, est nécessairement amené à acquérir des qualités physiques, intellectuelles et morales que ne cultive pas le dominant - parce qu'il peut s'en dispenser."

Ainsi, "la domination systémique, l'infériorisation et la stigmatisation que subissent depuis l'enfance les filles et les homosexuel-le-s, et le surcroît de difficultés, d'obstacles ou de périls que l'ordre hétérosexiste dresse sur leur chemin tout au long de leur existence, pèsent d'un poids tel qu'il faut aux femmes et aux homosexuel-le-s, pour simplement subsiter, tenir debout, s'affirmer et s'épanouir, déployer plus de science, de calcul et de courage qu'il n'en faut à n'importe quel monarque pour gouverner toutes les Espagnes.

C'est cela le courage: endurer ou combattre (parfois les deux) l'oppression au quotidien et continuer sa route" injustement et abusivement désarmé.e.s mais riches de la volonté d'en finir avec ce qui nous blesse.

mercredi 1 septembre 2010

De l'étrange plaisir d'humilier

La soirée Théma sur Arte n'aura pas répondu à l'interrogation qui l'a initiée: "Femmes, pourquoi tant de haine ?".

Pourquoi tant de haine ? Personne n'y a répondu, aucune piste. On a pointé du doigt une certaine catégorie de la population (pour que l'autre puisse misogyner et islamophobiser tranquille ?) mais pas de réponse à l'horizon. Moi, j'aimerais bien comprendre pourquoi. Quand on sait pourquoi, on approche des solutions.

Loin d'étancher ma soif de réponse.s, le documentaire sur le rap sexiste a, de surcroît, fait surgir des questions.

On y apprend qu'aux Etats-Unis, puisque le reportage a été tourné là-bas, les rappeurs triplent leurs ventes si les mots "chienne", "pute" ou "salope" apparaissent dans le texte et que des postérieurs dénudés de femmes animent leurs clips. Partant, ils ne se privent plus de surenchérir à qui sera le plus méprisant envers les femmes avec des clips porno-gore et des textes comparables à ceux d'OrelSanglant ou TTC ici.

Pour résumer, la misogynie est un angle artistique des plus lucratifs. Bon, ça c'est dit et ça ne m'étonne pas plus que ça.

Si je suis un certain raisonnement logique, ça fait vendre parce que le public aime ça, est en demande. On utilise "salope" parce que certaiNs réclament de la "salope". Jusque là, j'arrive à suivre.

Par contre, je ne comprends pas que l'on retire un certain plaisir à insulter gratuitement un groupe de personnes, à éprouver du plaisir à le rabaisser, à lui refuser le même statut, la même dignité que les autres. Ce groupe serait ou aurait été violent, vindicatif, coupable d'atrocités répétées ou pas, on comprendrait aisément une certaine velléité de vengeance.

Or, qu'ont-elles fait à la fin ces femmes ? Qu'ont-Ils de si terrible à leur reprocher pour les traiter (partout et pas que dans les cités) comme une sous-espèce et à s'en féliciter mutuellement ?

Dans un centre aéré cet été, en France, en zone rurale sans souci, des garçons de 7 ans à peine se sont lancé jouissivement des "Ta mère la chienne", variante spéciste du "Ta mère la pute".

Ce qui nous ramène à la question de départ "Pourquoi tant de haine ?".