Tu as crié ton scum peu avant que je naisse
fracassant pour toujours le mythe de la gentille fille
Qui a dit que ton scum était un pamphlet misandre ?
La misandrie suppose la haine, certes ... mais gratuite
Rien de gratuit dans ton scum
Non rien:
que de la monnaie de la pièce que l'on t'a jetée au visage
Quelques mots contre toute une violence, une mer à boire,
tu as même été lésée, Valérie
Quand d'autres théorisent tu parles avec tes tripes
moi j'aime ton style
Quand d'autres dénoncent le système
tu montres du doigt ceux qui l'entretiennent
Et ceux-là ont souhaité partout ta mort pour ça
Ceux-là t'ont fait interner pour ça encore
Haïr ceux qui nous violent, nous esclavagisent, nous nient
c'est être folle
Parce qu'haïr les femmes pour RIEN
les tuer, les soumettre, les utiliser, les acheter
c'est QUOI ?
C'est juste de ça que tu parlais
et ceux-là ne l'ont pas supporté
Tu as tiré sur Andy comme on se légitime-défend
C'était l'un d'eux ou toi
Tu le sais bien, toi, que la guerre des sexes n'existe pas:
des oppresseurs, des opprimées c'est pas une guerre
C'est une invasion, une occupation, une colonisation
mais c'est pas une guerre
C'est pas une guerre
Mais ça n'empêche pas de lancer les mots
comme des couteaux
Edit: voici un lien vers le pdf du Scum Manifesto
Tu me devances! J'ai aussi préparé un billet (qui attend dans mes brouillons) sur Valerie Solanas dont je relis régulièrement le SCUM Manifesto. Je vais attendre un peu, on n'est pas trop de deux pour promouvoir ce texte. ;-)))
RépondreSupprimer@ Hypathie
RépondreSupprimerOh! non, n'attends pas pour le publier. J'ai hâte de lire ce que tu vas en dire.
Le Scum Manifesto a longtemps été renié des féministes elles-mêmes. Pourtant, au-delà de la "sauvagerie" du style, l'analyse est fine.
Je ne savais rien de Valérie Solanas. Merci d'en avoir parlé. Comme je possède en cours de préparation une chronique sur l'année 88, je vais l'y insérer de ce pas !
RépondreSupprimerEt j'attends avec impatience d'en savoir plus !
@ Euterpe
RépondreSupprimerJe suis heureuse de t'avoir fait découvrir cette légende du féminisme radical.
Il y a aussi un livre, que je n'ai pas lu, de Sara Stridsberg "La faculté des rêves" dont j'ai entendu beaucoup de bien.
Le "manifeste" de Valérie Solanas est à mon sens à considérer avant tout comme un pamphlet sulfureux. Mais effectivement, au de-là de la "sauvagerie" du style, l'analyse est fine, je suis d'accord là-dessus.
RépondreSupprimerEtrangement, à des décennies de distance, ce qu'elle écrivait se trouve en quelque sorte confirmé par le fait que la biologie voit désormais dans la Femme le prototype de base de l'Humain. Et d'autre part, les travaux de Françoise Héritier ont démontré que, depuis toujours, l'homme envie la femme pour sa capacité de reproduire non seulement la même mais aussi l'Autre, prérogative perçue comme un privilège exorbitant par l'homme, d'où son acharnement à se l'approprier, pierre angulaire du sexisme.
@ Floréal
RépondreSupprimerJe vois plutôt le SCUM Manifesto comme un cri de colère légitime.
Quant à la faculté d'enfanter, si elle est la cause de la jalousie et donc de la haine des hommes envers les femmes, elle est surtout ce sur quoi s'est appuyée la catégorisation des individu.e.s: celles qui peuvent et donc doivent enfanter pour la société et puis les autres. De la faculté de mettre au monde, qui est optionnelle et temporelle, les hommes ont fait une caractéristique inhérente à la condition féminine. C'est peut-être aussi une façon de faire payer ce qu'ils considèrent comme un privilège.
"Un cri de colère légitime", oui, tout à fait.
RépondreSupprimerUne façon de faire payer ce qu'ils considèrent un privilège, mais certainement. Et ça se traduit très concrètement par la dévalorisation de cette faculté qu'ils n'ont pas mais dont le patriarcat s'empare en accaparant femmes et enfants, d'une part, et en contraignant les femmes au service sexuel et domestique dont ils tirent avantage à leur détriment. Sur des millénaires. L'optionalité et la temporalité n'est qu'une conquete récente au regard de l'histoire sur laquelle il faut veiller sans relache.
@ Floréal
RépondreSupprimerJe pense que même avant la contraception, la faculté d'enfanter était optionnelle puisqu'elle était, comme aujourd'hui, liée aux rapports sexuels que l'on peut choisir d'avoir ou pas. Mais, en la matière, est-ce que les femmes, devant se plier au fameux devoir conjugal, avaient vraiment le choix ?
Finalement, l'histoire de cette possibilité est nimbée de contraintes et pressions qui ne laissent guère aux femmes la liberté de disposer de leur corps.