jeudi 19 mai 2011

Cachez donc cette insoutenable androgynie

Le sexisme se fout bien pas mal de l'affaire DSK et poursuit son grand oeuvre. Je suis restée en arrêt devant la quasi-censure qu'a imposé la grande chaîne de librairies américaine Barnes & Noble à la couverture du magazine Dosssier parce qu'elle proposait cette photo:



Fille ou garçon ? On a du mal à se prononcer. C'est pourquoi l'entreprise à souhaité que le magazine soit équipé d'un emballage plastique opaque avant d'être placé dans ses rayons.

Le floutage de la frontière entre femme et homme ne fait apparemment pas que troubler, il CHOQUE. Parce qu'il est la preuve que cette frontière n'existe pas ... en vrai, qu'elle n'est que construction. Et puisqu'il s'agit en fait d'un homme, un mannequin serbo-australien du nom d'Andrej Pejic, il DOIT ressembler à un homme. Il ne DOIT pas jouer avec son androgynie, qu'elle soit naturelle ou feinte.

Au croisement de l'homophobie, de la misogynie et du conservatisme, la réaction de ce géant en déclin de la librairie américaine (le livre là-bas ne bénéficie pas de la même protection qu'en France et, soumis au libéralisme cru, il souffre), cette réaction donc fait froid dans le dos et rappelle que l'assignation de genre n'est pas qu'une vague tendance mais bien une injonction fermement imposée qui a ses gardiens. Une injonction qui contient en creux l'aveu de sa propre inconsistance: en effet, pourquoi diantre dicter ce que l'on clame naturel ?


Source de cette information.

41 commentaires:

  1. Alors là, bravo pour cet article et quelle magnifique photo! J'adhère complètement à votre propos. Il me semble que vous touchez au coeur du problème. En effet, notre société supporte qu'une femme se masculinise mais stigmatise un homme qui se féminise. Pour moi, c'est ce qui explique en grande partie la violence masculine.
    Cette opinion personnelle demanderait un développement argumenté mais je n'ai pas le temps en ce moment.

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    1. Je suis d'accord. Je suis aussi un homme androgyne, en France, et qui voudrait bien l'exprimer un peu plus dans ma façon de m'habiller etc. Ce serait intéressant de vous parler, mais je ne vois pas de mail ou de messagerie..

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  2. mauvaise herbe19 mai 2011 à 18:15

    Oui bravo pour cet article.
    Mais contrairement à "avapierre" je ne suis pas sûre que la société supporte beaucoup plus les femmes "masculinisées", que les femmes neutralisent leur féminité (cf. Aubry qui n'est pas androgyne mais propose contrairement à Royal une version je dirais "désamorcée" de la "féminité" dans sa version traditionnelle)ça peut dans certains milieux (particulièrement dans les milieux de pouvoir) être encouragé (en raison de la dévalorisation culturelle du "féminin"), mais comme pour les hommes celles qui osent franchir la ligne de démarcation, rompre la frontière hétéronormative des genres F/M sont très vite stigmatisées. L'androgynie est bien plus dangereuse pour l'ordre moral patriarcal que le transsexualisme ou le transgenre.
    J'avais lu que dans un pays comme l'Iran je crois, les personnes transgenres étaient beaucoup mieux tolérées que les homosexuelLEs en raison justement du fait qu'elles ne remettaient pas en question l'ordre hétérosocial.

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  3. @ mauvaise herbe

    Vous avez certainement raison d'un certain côté. Mais dans les magazines féminins, on présente des tendances mode « au masculin ». Je n'ai pas vu l'équivalent pour les hommes.

    Et pour l'instant, Martine Aubry est mieux placée que Ségolène Royale dans les sondages. (Il n'en demeure pas moins qu'une femme est toujours dévalorisée quoi qu'elle fasse. Néanmoins je persiste à penser qu'un garçon manqué reste moins mal perçu qu'un garçon efféminé.)
    En définitive, ce qui subvertit le plus l'ordre patriarcal, c'est effectivement l'androgynie.

    Je propose de pénaliser le sexisme, c'est à dire tout ce qui contribue à la discrimination sexuelle, d'éduquer les enfants sans se référer à la distinction biologique. Supprimons l'assignation de genre. Décrétons la liberté vestimentaire. Encourageons les garçons à porter ce qu'ils veulent: pantalon, jupe, robe, etc... Et s'ils veulent passer pour des filles, tant mieux. Il faut réhabiliter tout ce qui est féminin. Le féminin vaut le masculin. Ce ne sera probablement pas suffisant, mais pour moi ce sera une grande avancée vers l'égalité.

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  4. mauvaise herbe19 mai 2011 à 23:05

    @ avapierre

    "Et pour l'instant, Martine Aubry est mieux placée que Ségolène Royale dans les sondages."

    Oui justement, le grand défaut de Royal pour beaucoup est directement lié à son choix d'assumer une version traditionnelle de la "féminité", les femmes qui prétendent à des postes de pouvoir, postes traditionnellement réservés aux hommes, doivent donner des gages en neutralisant tout ce qui évoque la "féminité".

    Notre culture littéraire masculine montre bien l'ampleur de l'angoisse liée au risque que "le royaume tombe en quenouille", les héroines de la littérature classique, les femmes de pouvoir plus particulièrement, sont toujours décrites comme des menaces quasi cataclysmiques, sur le sujet -cf."la poétique du mâle" de Michèlle Coquillat-

    C'est bien plus cette "féminité" qu'on reproche à Royal que le fait qu'elle soit une femme. Et en cela je considère dans ce contexte particulier, la démarche de Royal comme particulièrement subversive d'un point de vue féministe.



    Pour le reste absolument d'accord avec vous sur l'ensemble

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  5. mauvaise herbe19 mai 2011 à 23:13

    "Vous avez certainement raison d'un certain côté. Mais dans les magazines féminins, on présente des tendances mode « au masculin ». Je n'ai pas vu l'équivalent pour les hommes. "


    JP Gaultier a essayé ;-)

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  6. mauvaise herbe20 mai 2011 à 02:42

    Pour compléter ma précédente intervention, je me souviens de la réflexion d'un intervenant sur le forum de marianne.fr je crois, qui disait :

    "L'avantage avec Aubry, c'est qu'on oublie qu'elle est une femme"


    Tout est dit.



    Pour revenir un peu plus près de l'esprit du texte d'Héloïse, je ne sais plus dans quel livre j'avais lu cette phrase que j'aime beaucoup :

    "j'aime ces visages qui hésitent entre la beauté des filles et celle des garçons"

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  7. @ avapierre et Mauvaise Herbe

    Je suis plutôt d'accord avec avapierre dans le sens où les femmes peuvent emprunter des codes vestimentaires aux hommes. L'inverse est beaucoup plus problématique. Si l'on prend simplement le cas des accessoires, il y a eu une mode de la cravate pour femmes (certes plus petite et plus fantaisiste, faudrait quand même pas en avoir une plus grosse qu'eux !!!). En revanche, le noeud dans les cheveux ne s'est pas encore démocratisé chez les hommes malgré les tentatives de JP Gaultier de "féminiser" la garde-robe masculine !
    Je crois que tout ça tient à la misogynie: un homme se rabaisse en portant des vêtements et accessoires attribués aux femmes. Et Aubry "passe mieux" parce que justement elle n'est pas féminine, ça lui confère le sérieux masculin que la population attend d'un.e dirigeant.e. Quant à Royal, il n'y a qu'à voir les sobriquets dont elle a été affublée pendant la précédente campagne, dont le formidable Bécassine, pour se convaincre que c'est sa féminité qui posait problème. Une femme est toujours soupçonnée d'être bête, inconséquente et futile si elle ne se comporte pas un tant soit peu comme ses homologues masculins.
    Ceci dit, le délit de non-féminité existe dans des proportions moindres mais de plus en plus en cette époque où la distinction des genres est crucial et où l'on va embrigader jusqu'aux petites filles (entendu ce matin à la radio: un salon de beauté pour petites et jeunes filles avec épilations, maquillages, soins de la peau (bientôt du Botox et de la liposuccion ?) ...). Je suis donc sur ce point aussi d'accord avec toi Mauvaise Herbe ;)

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  8. J'aime beaucoup ce genre d'iconographie androgyne. Greta Garbo, qui reste une icône immortelle du XXème siècle était androgyne ; visage en lame de couteau, tout trop grand : bouche, yeux, pieds, démarche masculine à grands pas, habillée en trench et pantalons revers italiens, bref, magnifique.

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  9. mauvaise herbe20 mai 2011 à 13:59

    Héloïse,

    "le délit de non-féminité"

    Pour ma part je tiens absolument à distinguer la "non-féminité" de la démarche de celles qui choisissent de se "masculiniser".
    Il y a dans un cas le refus des assignations de genre et dans l'autre le refus d'une assignation pour une autre

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  10. Je vous prie de m'excuser pour ce commentaire hors sujet, copie d'un commentaire posté sur le site "Danse de plume"... Je cherche à savoir si Lapuce écrit encore quelque part.

    J'ai vraiment adoré les textes écrits par Lapuce. J'ai aimé sa colère, sa façon de la raconter, la justesse de ses analyses et son humour féroce. Je soupçonne que son franc-parler qui n'épargnait personne, pas même le propriétaire (?) du site qui hébergeait ses textes, lui a valu d'être brutalement renvoyée dans le néant, sans préavis en tout cas pour ses lecteurs, sans explications, sans rien.

    Je le regrette vraiment qu'un mouvement d'humeur, peut-être d'amour propre mal placé, l'ai fait disparaître ainsi du net. J'ai déjà demandé sur le site "Danse de plume" ce qu'elle était devenue, mon message a disparu aussi, alors je le reposte ici et là et j'espère apprendre un jour qu'elle a ouvert son propre blog (je veux bien le lien, merci), où elle pourra s'exprimer sans se faire jeter dehors au premier coup de vent.

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  11. @ Hypathie

    Ouais, c'est beau hein ! Moi aussi j'aime les visages, les silhouettes ou même les voix qui hésitent entre les genres autant chez les femmes que chez les hommes.

    @ Mauvaise Herbe

    Oui, je comprends la nuance.
    De plus dans le second cas, la masculinisation peut être utilisée pour "approcher" les privilèges masculins.

    @ Anonyme

    Je suis vraiment désolée mais je n'en sais pas plus que vous. Le site appartient à Paul qui passe parfois par ici. Peut-être lira-t-il votre appel ...

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  12. Je crois que l'on pourrait poser la problématique du patriarcat dans une perspective dialectique. Pour moi, il est absolument nécessaire de mettre en évidence des contradictions et les oppositions qui sont à l'oeuvre entre le féminin et le masculin dans notre société. Et c'est ce que vous faites de façon beaucoup plus brillante que je ne pourrais le faire en traquant le sexisme dans tous ses recoins, bien que je ne sois pas d'accord avec vous sur tout mais pour l'essentiel, oui. Bref, pour moi vous en êtes au stade de la lutte des classes. D'ailleurs, objectivement, on en est toujours là.
    Mais je me demande s'il ne faut pas déjà dépasser cette opposition et c'est ce que représente l'androgynie à mes yeux, c'est à dire la réunion du masculin et du féminin. Je veux bien admettre que c'est utopique et que je prends le risque de brûler des étapes.
    Néanmoins quand je vois, à la lumière d'un fait divers hallucinant, qu'après des années et des années de luttes féministes menées par des femmes à l'intelligence exceptionnelle, rien n'a finalement évolué dans notre pays et qu'on en est toujours au droit de cuissage médiéval, je suis plongé dans une grande perplexité. Personnellement, j'ai perdu patience et j'espère être prêt à renoncer à tous mes privilèges masculins pour épouser votre cause. Je me souviens d'un journaliste allemand qui s'était fait passer pour un travailleur africain pour raconter le racisme de l'intérieur. J'ai envie de vivre la même expérience dans la peau d'une femme ou mieux d'un androgyne.
    Vous allez me dire: « Trop facile, c'est un fantasme; tu pourras toujours revenir à ta condition d'homme. » Oui, bon, vous allez me renvoyer à la case départ. Qu'est-ce que ça changera?

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  13. A avapierre2003 : c'est Günter Wallraff. Il s'est d'abord fait passé pour un travailleur turc et a écrit un livre. Plus tard il s'est fait passé pour un journaliste de droite à gourmette et brunissage de solarium pour voir comment se passer le journalisme à la "Bild" (genre "France-soir") de l'intérieur. Et dernièrement il s'est déguisé en noir pour mesurer le racisme envers les noirs en Allemagne.

    moi aussi j'aimerais me déguiser en homme mais je suis difficilement masculinisable. Une fois un copain homo a essayé de me faire passer pour un travesti dans un café réservé aux hommes. Personne n'y a cru un millionnième de seconde ! C'est désespérant moi qui rêvait que je me réveillais garcon quand j'étais petite !:$

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  14. @ Euterpe

    Tu n'arrives pas à te faire passer pour un homme? Je serais très intéressé par un échange. Tu me prêtes ton physique, je te prête le mien avec lequel il n'y aura pas de danger qu'on te prenne pour une femme même en robe sexy, rasée de près, et cheveux longs, vdm. :-)))

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  15. @ Euterpe

    Merci pour l'info sur Günter Walraff.

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  16. Je voudrais préciser que je pense comme toi Héloise qu'il n'y a pas de frontières. Tellement pas de frontières entre féminin et masculin qu'il y a aussi des types humains (mais ils ne sont pas rejetés socialement du tout) qui sont un peu trop l'un ou l'autre et qui manquent de masculinité pour les femmes et de féminité pour les hommes. Dans les années 50, on aimait bien les choisir pour modèle au cinéma. Avec Jane Birkin et Mireille Darc cela a changé dans les années 70, et maintenant il y a des femmes qui sont anorexiques pour conserver un corps indéterminé. Ce qui est pénible ce sont ces phénomènes de mode.

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  17. à Euterpe Avapierre et Héloïse
    l'androgynie est une vieille obsescion chez moi depuis toujours : de ma crainte de devenir aussi con que mes aïeux, à celle de vieillir salement etc...

    on peut être androgyne de différentes façons : la première est celle du physique et j'ai rencontré des personnes qui même à un âge avancé restaient très androgyne, sans qu'il soit possible de dire sérieuse monsieur ou madame.

    les autres sont plus de l'ordre du comportement gestuel et vestimentaire, mais aussi de l'habitus, de tout ce qui concours à exprimer un sens reconnu comme tel qu'il se conçoit initialement chez le récepteur. et là ça provoque pas mal de problèmes venant tous de ruptures d'attribution de sens commun dans le cadre des relations interindividuelles dans un certain environnement.

    les trucs évident, c'est le port de certains objets : une bague se doit d'être masculine ou féminine chez son porteur dans le cadre de référence social en cours. dès que quelqu'un porte un objet non répertorié dans son esthétique comme correspondant à son déterminant biologique, ça pose problème d'interprétation et donc rejet.

    mais il y a ensuite les goûts : le truc classique, c'est de ne pas s'inscrire dans le goût commun : le football pour les hommes. on va d'abord chercher à vous caser dans les suporteur d'un autre sport. et puis quand on découvre que ben non, aucun sport. là ça devient grave : rejet, le mec est une gonzesse. c'est aussi de l'androgynie.

    après y'a l'intérêt pour la sexualité : là c'est dingue, le mec est forcément dragueur. s'il ne l'est pas, c'est qu'il s'est pris plein de cartons, que c'est un raté, un timide, mais il a du forcément être dragueur. personne ne croit le gars qui dit qu'il n'a jamais dragué : c'est indéracinable ce truc là.
    le premier truc non androgyne qui identifie un homme, c'est que son premier truc c'est de chercher "du sexe".

    c'est pas dans les vêtements (et pourtant là dessus effectivement moi j'ai pas des tendances masculines bien encrées) qu'il faut chercher à être autre chose qu'un modèle sexiste : c'est dans la façon de concevoir sa propre personne en dehors de toute référence sexuelle et donc de concevoir l'autre indépendamment de toute référence sexuelle.

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  18. A paul : c'est parce que vous ne vivez pas en Allemagne. Ici c'est impossible de draguer pour un homme. S'il drague une femme, elle va dire : "Tu me dragues, là ?" et là l'homme perd tous ses moyens ! :D La drague c'est très francais.
    Cet après-midi je suis allée à un workshop féministe postcapitaliste où il était question d'imaginer en commun une société décroissanciste et antipatriarcale. Il y avait 20% d'hommes et 80% de femmes. Les gens étaient majoritairement habillés de facon non genrés. Cela vous aurait plus.

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  19. @ avapierre

    "Néanmoins quand je vois, à la lumière d'un fait divers hallucinant, qu'après des années et des années de luttes féministes menées par des femmes à l'intelligence exceptionnelle, rien n'a finalement évolué dans notre pays et qu'on en est toujours au droit de cuissage médiéval, je suis plongé dans une grande perplexité."

    On en est toujours au même point pratiquement parce que seule la surface du patriarcat a été touchée, c'est-à-dire l'acquisition des mêmes droits juridiques que les hommes. Pour ce qui est de la valeur qu'on nous accorde ou des rôles qu'on nous attribue, c'est-à-dire l'égalité de fait, on patauge. Alors casser la frontière des genres est une solution. Par contre, s'en remettre à l'universalisme comme s'il était effectif c'est nier et donc ne pas prendre en compte les violences qui s'exercent en raison du genre.

    @ Euterpe

    Moi aussi j'ai l'impression que dans les années 70, l'androgynie était mieux perçue. Cheveux courts pour les filles, longs pour les garçons, les petites poitrines n'étaient pas une catastrophe. Quand on voit qu'aujourd'hui le marché du soutien-gorge rembourré en taille 8 ans est florissant, on voit bien que la différenciation forcenée est une fort enjeu de société.

    PS: la drague c'est français et italien aussi. Plus le pays est machiste, plus il est considéré comme normal ou même valorisant d'affirmer qui est le maître de l'espace public. Pareil en voiture, les comportements violents (vitesse, grosses voitures et insultes aux conductrices) sont entres autres des moyens de s'approprier la route. Et, en la matière, Français et Italiens détiennent la palme. Ici, dans le Sud-Est (à deux heures de l'Italie) c'est très prégnant.

    @ Paul

    C'est sûr que ne pas aimer le sport ou la drague pour un homme (mon compagnon est comme ça) c'est super mal perçu. On peut rajouter l'alcool, la chasse et les voitures. Le truc "qui sauve" c'est de compenser avec un physique reconnu comme viril (mon compagnon toujours est assez poilu et très brun donc on lui fout la paix sur le fait qu'il aime les fleurs et faire le ménage, par exemple).

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  20. @ Héloïse

    « On en est toujours au même point pratiquement parce que seule la surface du patriarcat a été touchée, c'est-à-dire l'acquisition des mêmes droits juridiques que les hommes. Pour ce qui est de la valeur qu'on nous accorde ou des rôles qu'on nous attribue, c'est-à-dire l'égalité de fait, on patauge. »

    Entièrement d'accord.

    « Alors casser la frontière des genres est une solution. »

    Moi, je dirais plutôt: « casser la frontière entre les sexes. » C'est un peu complexe. Je verrais plutôt une multiplication de genres: féminin, masculin, masculin au féminin, féminin au masculin, androgyne, ni féminin ni masculin, etc... Qu'on puisse en changer au gré de son humeur. Ce n'est peut-être la seule solution mais je n'en vois pas de meilleure. L'identité genrée ne me préoccupe absolument pas. On m'a déjà dit: « Tu as un probléme d'identité. Finalement tu ne sais plus ce que tu es. Tu devrais aller consulter. » Ce qui me déprime et pourrait me rendre fou, c'est que les autres veuillent m'imposer une identité que je n'ai pas choisie. Je n'ai pas besoin d'identité fixe ou d'étiquette. Le genre est une performance, une théâtralisation, un des plaisirs de la vie quand il ne devient pas une contrainte.

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  21. « On en est toujours au même point pratiquement parce que seule la surface du patriarcat a été touchée, c'est-à-dire l'acquisition des mêmes droits juridiques que les hommes. Pour ce qui est de la valeur qu'on nous accorde ou des rôles qu'on nous attribue, c'est-à-dire l'égalité de fait, on patauge. »

    Tout à fait d'accord aussi. C'est pourquoi on rencontre encore autant de haine lorsque qu'on veut supprimer ce fichu "Mlle". Déjà je ne vois pas en quoi Mme. ou M. aurait une quelconque importance mais là, différencier encore les femmes entre elles, c'est le ponpon! Et c'est bien parce que des rôles de disponibilités sexuelles selon notre genre nous sont assignés.
    Oui, je sais, je rengaine sur cette distinction de "Mlle" mais ça me tient vraiment à coeur car pas anodin. Pour preuve toutes les insultes que j'ai essuyé de mon propre banquier. Il ne voit plus beaucoup mes sous depuis.

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  22. @ Alice

    "Oui, je sais, je rengaine sur cette distinction de "Mlle" mais ça me tient vraiment à coeur car pas anodin."

    Il n'y a rien d'anodin dans les distinctions genre/sexe. A partir du moment où l'on fait des différences, on fait de la discrimination. Si autant de tabous ne pesaient pas sur la sexualité féminine et qu'à l'inverse la sexualité masculine n'était pas aussi valorisée, les relations entre les sexes deviendraient plus fluides et je suis persuadé que les agressions sexuelles diminueraient fortement.

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  23. @ Euterpe
    ben en fait en france aussi on entend souvent cette réflexion de femmes à un homme : tu me dragues là ?!
    sans qu'on puisse savoir si le gars le faisait ou non
    ce que je veux dire, c'est qu'il est tellement inscrit dans l'esprit de tout le monde que dès qu'un homme adresse la parole à une femme c'est qu'il a une intention sexuelle derrière la tête, il n'est plus possible d'avoir de gêne de quelqu'ordre que ce soit entre genre de différents genre.

    donc c'est en fait bien plus que savoir si un homme peut ou non draguer et réciproquement pour les femmes : c'est que du fait de ce fondement des rapports entre hommes et femmes, il est devenu impossible de ne pas en avoir sans se rapport à la question sexuelle.

    @Héloïse, je prenais l'exemple du sport. mais il est évident qu'il y en a beaucoup d'autres comme les voitures, les gadget électroniques, la coupe de cheveux aussi réglementaire que la cravate et en pleine continuation des humiliations militaires etc...
    on intégrait tout ça à l'armée traditionnalement : on doit se sentir humilié par les travaux domestiques, on doit se sentir fier de marcher au pas en uniforme, on doit se sentir fier d'avoir la nuque et le tour des oreil très déguarnis etc... on doit désirer Avoir une grosse voiture, une montre, une cravate, un costard à son mariage, la télévision, le canapé, la bière, l'apérot, l'alcool, le vin, la viande
    etc
    etc

    donc moi ce que je dis tout le temps, c'est de ne plus désirer, homme comme femme, ce genre de trucs conçus uniquement pour entretenir la reproduction d'un modèle idéaliste de mâles et de femelles stéréotypées et retourner à des choses méthodologiques vigilentes à comment on ressent le contact à une chose, une situation, un besoin, autrui, au delà de toute définition de genre, d'espèce animale, d'objet.
    un objet sert à quelque chose de pratique dans une activité nécessaire à un besoin individuel et collectif : se déplacer, se nourrir, cuire son riz, faire son ourlet de pantalon ou de robe, avoir chaud, ne pas être trempé par la pluie, transporter des charges... et non pas à frimer, c'est à dire à impressionner autrui par une force, un pouvoir, que l'objet donne à son détenteur dans l'imaginaire collectif auquel se soumet le détenteur comme celui qu'il veut impressionner.

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  24. @ paul

    Ce que tu prônes là, ce n'est ni plus ni moins que l'ataraxie ou le nirvana.
    Ah oui, qu'est-ce que je voudrais éprouver le bonheur d'exister sans désirer, les femmes en particulier, qu'elles soient androgynes ou non!

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  25. Hello :)

    Pour commencer, je me permets de poster un lien sur lequel j'apparais en photo

    http://www.c-tendance.com/forum2/viewtopic.php?f=3&t=3325&start=45

    Je ne sais pas si on doit me qualifier de féminin, d'androgyne, ou de dandy, à vrai dire, ce n'est pas vraiment une question qui m'intéresse. Ce qui m'intéresse beaucoup plus en revanche, ce sont les aspects revendicatifs que j'associe désormais à mes tenues vestimentaires : je m'inscris résolument en marge des schémas de pensée traditionnels et tout particulièrement l'imagerie associée à la hiérarchie sociale.

    Ce que m'inspire la censure à l'encontre de ce mannequin, c'est qu'elle n'est pas forcément inspirée par les réactions des acheteurs de ce magazine (en déclin !), mais bien plutôt par celle de son propriétaire et de ses représentants, à commencer par le rédacteur (ou la rédactrice) en chef. Et précisément, qui sont ceux qui nous dirigent sinon de vieux mâles agressifs qui n'acceptent qu'avec énormément de réticences la présence de femmes à leurs côtés, et tant qu'à faire, soit de potiches, soit de femmes "qui en ont" ?

    Au delà de ça, j'aimerais apporter ma propre appréciation de l'androgynie. Car enfin, comment est-il possible de qualifier de troublante l'androgynie de ce jeune homme ? Pour moi, il n'y a aucune confusion possible avec une jeune femme aux courbes féminines. Et il n'y a aucune confusion possible, non plus, avec un jeune éphèbe aux muscles bien dessinés. Alors ? Drôle d'androgynie "désagréablement troublante" qui choque quand il s'agit d'un jeune homme, mais aucunement quand il s'agit de mannequins femme quasi-anorexiques !

    Mais donc, qu'est-ce qui attire ces vieux mâles phallocrates dans les mannequins femme et qu'ils trouvent révulsant avec ce jeune homme androgyne ? Qu'est-ce qui attire les amateurs de travestis et qu'est-ce qui leur fait horreur sinon un désir narcissique ? C'est eux-mêmes qu'ils désirent, eux-mêmes et leurs désirs de "féminité" refoulés.

    (...)

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  26. (...)

    Maintenant, pour rebondir sur des échanges où avapierre disait qu'il aimerait vivre un temps dans la peau d'un androgyne, mais que ce serait trop facile, il pourrait ensuite revenir à sa condition d'homme, euuuh... Déjà, en ce qui me concerne, je ne fais pas illusion (en même temps, si on fait illusion, alors on "est" une femme). Ensuite, tout dépend si on tente cette expérience loin de chez soi ou si on la vit au quotidien, auquel cas, même s'il est toujours possible de "revenir" en arrière, la question est un peu sans objet vu que ceux qui nous connaissent nous auront aussi connu en tant qu'androgyne.

    Et l'important du reste, ce n'est pas de "vivre dans la peau d'un androgyne", ou d'un "noir", ou d'une "femme", ou que sais-je encore. Quand j'ai entrepris de m'affirmer, il n'a jamais été question de m'inscrire dans un quelconque schéma social. Et lequel du reste ? Une créature sans âme exclusivement inféodée au désir masculin ?

    Enfin, pour rebondir sur les propos de Paul, j'émets quelques sérieuses réserves sur la distinction entre androgynie apparente, androgynie comportementale, et androgynie de goût. Encore plus quand on affirme qu'elle sera toujours mal perçue. Ou, quand comme le dit Héloïse, quand on est sauvé par un physique "masculin".

    On peut très bien avancer des excuses médicales (le cholestérol), l'agacement devant les prima donna du ballon rond, on peut encore sacrifier de temps à autre aux rites sociaux (coupe du monde de foot, pots en entreprise,...). En bref, on peut toujours dissimuler. Le vrai risque en l'espèce est de se faire "démasquer" et d'être alors reconnu comme une personne qui ne s'assume pas.

    Et très paradoxalement, le problème n'est pas d'avoir une allure masculine, mais d'affirmer ses goûts posément mais fermement.

    A cet égard, oser une (petite) touche de "féminité" s'inscrit dans la même veine. Il n'y a pas la moindre raison pour qu'une bague, une seule, puisse suscite un quelconque rejet. Mais si en revanche, cette bague n'est pas portée de manière complètement assumée, et qu'elle est alors perçue comme un signe (de reconnaissance ?) qui se voudrait discret, alors oui on risque de subir des regards en coin.

    Je me rends compte que j'ai zappé le passage où Avapierre parle de briser la frontière entre les sexes. Pas d'accord ! Il faut bel et bien parler de briser la frontière entre les genres comme le dit Héloïse. Les genres renvoient sur des schémas sociaux, certes basés sur le sexe de naissance des individus, mais qui en fin de compte s'accommodent très bien qu'une femme puisse occuper des postes de pouvoir pourvu qu'elle soit reconnue comme masculine. Le sexe lui, on ne peut pas trop le changer (sic).

    Et puis surtout, je reconnais volontiers que le sexe dicte les conduites sexuées (pour faire court : l'instinct de reproduction), mais c'est tout, et cela ne représente qu'une infime partie de nos activités quotidiennes. Que ce soit pour travailler, pour accomplir des démarches administratives, pour se reposer, pour manger, etc etc... En quoi notre sexe joue-t-il un quelconque rôle ? Aucun (ou disons qu'il permet à certains de se décharger de certaines tâches, mais ce n'est pas très convaincant). Pas même pour l'éducation des enfants. En fin de compte, sorti de l'acte sexuel, le sexe ne sert à rien. (Il peut aussi servir à se donner mutuellement du plaisir, mais la présence de partenaires du même sexe n'est absolument pas requise, voire d'un(e) autre partenaire tout court).

    Valà valà...
    Bonne journée :)

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  27. @ Paul

    Vous avez (tu as ? on peut se tutoyer, non ?) raison: le consumérisme (et son moteur: le mercantilisme) s'imbrique à la différenciation des genres. Et les deux s'inter-alimentent. C'est bien fait leur système !

    @ avapierre

    Je ne crois pas que le bonheur soit dans le non-désir mais là on entre dans des considérations philosophiques et personnelles ! Pour moi, c'est plutôt l'objet du désir qui fait la différence: désirer avoir un écran plat ou se régaler avec la barquette de fraises qu'on a vu au marché c'est différent. L'ascèse ne me branche pas plus que ça et telle une Démocrite je suis plutôt du côté des hédonistes matérialistes.

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  28. @ David

    Que de choses à dire sur votre intervention !

    - "Pour commencer, je me permets de poster un lien sur lequel j'apparais en photo"

    C'est vous qui portez la jupe jaune ? Si tel est le cas, j'admire votre courage d'affronter avec autant de fermeté le regard que l'on doit porter sur votre tenue. Moi-même, je ne sais pas si j'aurais ce courage. Pour faire un parallèle avec les diktats imposés aux femmes, j'assume mes poils sous les bras (et je trouve même ça plus beau maintenant !) mais je ne parviens pas à dépasser ma réticence à les garder aux jambes (regard des autres + mon propre regard/conditionnement).

    - "Car enfin, comment est-il possible de qualifier de troublante l'androgynie de ce jeune homme ? Pour moi, il n'y a aucune confusion possible avec une jeune femme aux courbes féminines. Et il n'y a aucune confusion possible, non plus, avec un jeune éphèbe aux muscles bien dessinés. Alors ? Drôle d'androgynie "désagréablement troublante" qui choque quand il s'agit d'un jeune homme, mais aucunement quand il s'agit de mannequins femme quasi-anorexiques !"

    Remarque très juste qu'Euterpe avait d'ailleurs soulevée au sujet de l'asexuation des mannequins très maigres. Comment interpréter tout ça ? Sûrement parce que transgresser les codes de genre est plus toléré pour les femmes. Il y a aussi, je pense, la volonté de se rapprocher du corps pré-pubère (cf. l'épilation intégrale du pubis).


    - "Qu'est-ce qui attire les amateurs de travestis et qu'est-ce qui leur fait horreur sinon un désir narcissique ? C'est eux-mêmes qu'ils désirent, eux-mêmes et leurs désirs de "féminité" refoulés"

    Je crois que c'est en lien avec la vision un peu beaucoup tordue que les hommes ont construite sur les femmes. Dans Pédale douce, Timsit dit de Fanny Ardant qu'elle est la femme qu'il aurait voulu être et avoir. J'ai l'impression que les hommes tentent de modeler les femmes comme ils voudraient être eux-même s'ils en étaient et si le mépris des femmes ne leur avait été inculqué très tôt. On est dans une espèce de projection névrotique de désirs contrariés. Je ne pense pas que ces hommes se cherchent (ou s'aiment) eux-mêmes à travers les travestis mais plutôt cette féminité qu'ils fantasment (tout en la méprisant, éducation oblige) et qui leur est socialement refusée. Compliqué en tous cas !

    Je répondrai à votre deuxième commentaire plus tard, je dois m'absenter.

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  29. @Héloise vous dites :
    J'ai l'impression que les hommes tentent de modeler les femmes comme ils voudraient être eux-même s'ils en étaient et si le mépris des femmes ne leur avait été inculqué très tôt. On est dans une espèce de projection névrotique de désirs contrariés. Je ne pense pas que ces hommes se cherchent (ou s'aiment) eux-mêmes à travers les travestis mais plutôt cette féminité qu'ils fantasment (tout en la méprisant, éducation oblige) et qui leur est socialement refusée.

    c'est tout à fait ça.
    Le simple fait d'être construit non pas comme "être quelque chose" mais "NE PAS être quelque chose" génère une frustration paradoxale parce qu'il est impossible de vivre bien un interdit, une distance infinie à ce quelque chose, dont de part la profondeur de la construction de l'interdit, on ne connait rien de réel et qu'il est même interdit de tenter de le connaître. Donc le sujet invente, fantasme, imagine ce qu'il voudrait être d'interdit.

    Du fait du paradoxe, c'est invivable, donc ça génère une haine du fait de la souffrance émergeante au paradoxe. c'est la racine de la misogynie.

    Autant les femmes sont socialement, matériellement prisonnières et soumises à la société phallocrate, autant les hommes y sont paradoxalement alliénés, donc pire que soumis puisque la révote, l'expression de la colère, la non acceptation du carcan qu'ils se doivent d'intérioriser autant que d'incarner, leur est purement déniée.
    Dans ce système, ni les hommes ni les femmes ne sont libre d'être quelque chose sur leur propre sensibilité, leur propre corps, qui elle-même et lui-même est formaté dès l'enfance puis les us et coutûmes nutritionnelles vestimentaires comportementales, imaginaires.
    Le sexisme, l'essentialisme sexiste, transversal à la quasi-totalité (là je tente de laisser une chance à l'humanité), est d'essence totalitaire.

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  30. @ Héloïse

    Oui oui c'est bien moi sur la photo :)

    Après, j'ai toujours eu la réputation d'avoir la tête 'dure', et puis, quand on a le 'choix' entre affronter des crampes nauséeuses qui s'estomperont vite si on le 'courage' de franchir un pas de plus et savoir qu'on se sentira mal toute la journée d'avoir reculé devant 'l'obstacle', c'est 'vite' vu.

    Mais ensuite, comment dire ? Autant les poils sous les bras (ou les chevilles apparentes) ne se remarquent guère... Autant la jupe, ça tranche tout de suite... Avant qu'une allure générale cohérente, éventuellement perçue comme 'artistique' (surtout avec des couleurs flashy) ne permette de 'rentrer dans le moule'.

    A cet égard, des jambes féminines poilues posent tout autant souci qu'un homme (bien poilu) en jupe, voire un homme (toujours bien poilu) en bikini sur une plage... Est-ce un rejet de la féminité naturelle ? Ou d'une vision discordante ? Poils = homme, Jupe = femme, Poils + Jupe = ???

    Petite remarque quand même, je crois que les hommes eux-mêmes sont en général bien enquiquinés quand vient l'été. C'est en effet très rare de rencontrer des hommes en short et sandales quand on va au boulot... Peut-être parce que cela impose de montrer sa pilosité, qui renvoie à une certaine animalité ?

    Les seuls espaces de liberté sont - ou devrais-je dire étaient ? - le camping, la plage, et le jardin. Ce sont des espaces où les hommes surtout laissaient tomber purement et simplement leur uniforme du quotidien, sans se soucier des voisins.

    En y réfléchissant bien, la dérive constatée sur les plages, où les femmes 'à poils' se sont senties toujours davantage scrutées du regard, avant d'être apostrophées s'inscrit dans une problématique bien plus large où les gens qui se rendaient à la plage sans se soucier du regard des autres, mais aussi, sans jamais attarder leur regard sur autrui, ont été progressivement remplacés par des personnes sans éducation qui ne se privent pas de lorgner les corps sans la moindre retenue et qui n'hésitent pas à railler ce qu'ils jugent 'dégoûtant', 'obscène', ou tout simplement 'moche'... D'ailleurs, les mêmes ont adopté des shorts immenses qui leur descendent en dessous des genoux...

    Quant aux campings, ils deviennent de plus en plus des lieux dits d'hôtellerie de plein air. Les caravanes (trop romano) et les petites tentes (trop hippie ?) cèdent la place à des bungalows, autrement plus 'chics', en toile ou en dur. Plus chics... Et donc fréquentés par une clientèle qui se 'tient'...

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  31. @ Héloïse vous dites

    Remarque très juste qu'Euterpe avait d'ailleurs soulevée au sujet de l'asexuation des mannequins très maigres. Comment interpréter tout ça ? Sûrement parce que transgresser les codes de genre est plus toléré pour les femmes. Il y a aussi, je pense, la volonté de se rapprocher du corps pré-pubère (cf. l'épilation intégrale du pubis).

    Je ne vais pas dire le contraire. Néanmoins, ce qui caractérise un corps pré-pubère, c'est bien de ne pas avoir d'attributs sexuels marqués. Quelle différence cela fait-il alors que ce soit celui d'une fille ou celui d'un garçon ?

    Une femme adulte - pas seulement 'à poils', mais aussi avec des seins, des fesses,... bien formés, bien marqués - est une personne à part entière, avec qui il faut composer, qui a ses propres désirs. Une personne qui sort à peine de l'enfance est encore ... 'modelable' ?


    Entièrement d'accord à part ça pour cette projection névrotique de leurs propres désirs de féminité. Et effectivement, j'ai aussi l'impression furieuse que les hommes tentent de modeler les femmes comme ils voudraient être eux-mêmes.

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  32. @ Paul

    Je partage l'hypothèse que tu développes sur les racines de la misogynie.

    Mais je ne suis pas d'accord sur l'aliénation plus prégnante chez les hommes. N'oublions pas que le patriarcat est une invention masculine et qu'il leur assure de nombreux privilèges ! Je dirais plutôt qu'ils se sont quelque part pris à leur propre piège ou que ces interdits sont le revers d'une médaille à laquelle ils ont du mal à renoncer (et si tel n'était pas le cas, le féminisme n'existerait pas !)

    @ David

    - "Autant les poils sous les bras (ou les chevilles apparentes) ne se remarquent guère... Autant la jupe, ça tranche tout de suite... "

    C'est sûr ... D'ailleurs puisqu'on parle de poils et de jupes, plus la tenue est perçue comme féminine plus les poils vont être mal "reçus". Des poils sous les bras avec un marcel ou un petit haut coloré et "travaillé" ne font le même effet. Et ça rejoint votre équation "si poils=homme et jupe=femme que devient poil+jupe"

    En revanche je suis surprise par votre remarque sur la gêne que ressentirait les hommes par rapport à leurs poils. Je ne la ressens pas en tous cas et j'ai plutôt l'impression qu'ils la vivent comme une marque rassurante de virilité.

    - "Néanmoins, ce qui caractérise un corps pré-pubère, c'est bien de ne pas avoir d'attributs sexuels marqués. Quelle différence cela fait-il alors que ce soit celui d'une fille ou celui d'un garçon ?"

    Même peu marqués, les attributs sexuels sont là mais moins intimidants peut-être qu'une "féminité" affirmée avec, en outre, une projection de virginité.

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  33. @ Héloïse

    Vous dites avoir plutôt l'impression que les hommes vivent leur pilosité comme une marque rassurante de virilité.

    Disons que les hommes ont surtout peur de faire 'comme les filles', peur de faire 'chochotte', et que donc, la simple idée s'épiler les jambes peut leur donner des sueurs froides.

    Et en fin de compte, ce n'est pas différent de la peur de sortie des codes vestimentaires masculins. Alors oui c'est rassurant, effectivement.

    Mais comment dire ? Je vais prendre l'image du doudou des enfants. La présence du doudou est réconfortante, rassurante... Jusqu'au jour où le bambin va égarer son doudou... Là, c'est le drame garanti ! Et soit il lui faudra apprendre à vivre sans son doudou... Soit (après qu'on le lui ait retrouvé ou qu'on lui en ait déniché un autre, tout pareil)... Il vivra avec la peur de le perdre de nouveau...

    Est-ce vraiment rassurant de vivre dans la crainte de perdre sa virilité ? Pour des poils ? Pour des vêtements ?

    Mais donc, pour en revenir au sujet de départ, je pense plus généralement que les hommes ont souvent un rapport complexé à leur corps.

    Les vêtements masculins sont là pour le dissimuler aux regards, et les hommes ne sont pas habitués à le montrer. Ils n'ont pas l'expérience du regard des autres sur leur corps.

    Non seulement cela, mais ils ne sont pas incités à en prendre soin (ce qui du reste peut constituer une autre forme d'aliénation, cf. l'épilation des jambes).

    Et finalement, pour couronner le tout, les seuls corps qu'ils ont l'habitude de voir dénudés sont des corps féminins... Ou des corps d'athlète, glabres.

    Or, on sait très bien, surtout dans le cas des hommes qui ont une pilosité abondante, qu'il n'y a rien de tel que l'épilation pour mettre les muscles en valeur.

    Et tous comptes faits, ce n'est pas si évident que cela pour un homme d'abandonner sa défroque. On dira qu'il faut vraiment qu'il fasse chaud. Et là, nécessité fait loi : on retire quasiment tout. Et si les gens ne sont pas contents, c'est la même chose.

    ... Mais est-ce vraiment de la 'virilité' quand un petit vieux (je force le trait hein !) exhibe ses muscles maigrelets, son ventre et ses seins flasques (un effet secondaire de l'andropause est la pousse mammaire) ?

    Bonne après-midi !

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  34. @ David

    "Est-ce vraiment rassurant de vivre dans la crainte de perdre sa virilité ? Pour des poils ? Pour des vêtements ?"

    Ou autre chose ... Déjà la virilité se s'acquiert, se mérite, se construit à la sortie de l'enfence et de plus elle peut se perdre au moindre écart et nécessite un effort d'entretien. L'avantage des femmes c'est qu'elles n'ont rien à perdre. Mais bon , vivre et s'épanouir quand on nous persuade qu'on ne vaut pas grand chose fait souffrir aussi. La confiance des femmes en elles-mêmes est sacrément rabougrie par une culture dévalorisante pour les femmes. Quand j'entends deux hommes s'insulter en se traitant de "gonzesse", je me dis que je suis une insulte vivante ...

    En ce qui concerne la gêne que ressentent les hommes face à leur pilosité j'ai du mal à me prononcer n'étant pas moi-même un homme. Ce que je sais c'est qu'une jambe poilue d'homme attirera moins les regards (voire la désapprobation ou carrément les insultes) qu'une jambe poilue de femme dont la pilosité est en général moins prononcée.

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  35. Rohh ! j'ai posté sans me relire:

    - la virilité se s'acquiert = la virilité s'acquiert

    - l'enfence = l'enfance

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  36. @ Héloïse

    En fait, tout dépend des endroits.

    Ainsi, quelqu'un s'était agacé qu'à l'entrée du restaurant d'un hôtel aux Antilles, il soit stipulé que le pantalon était obligatoire pour les hommes, tandis que les femmes pouvaient venir s'attabler en maillot de bain et paréo...

    Au fait, je ne sais pas si vous vous souvenez de l'épisode où Chirac portait ses Weston avec des chaussettes et un bermuda. Je parle avec mon propre regard, c'est entendu, mais je trouve cela symptomatique de l'absence sidérante de réponse claire dans la mode masculine au problème finalement banal des tenues estivales...

    L'homme en short ou en bermuda demeure très largement une vue de l'esprit pour la mode masculine.

    De même d'ailleurs que les sacs à main pour homme. Pendant des années, j'ai multiplié les expédients pour contourner ce problème. En hiver, je remplissais les poches de ma veste et de mon pardessus avant de tout vider une fois arrivé au bureau. Au printemps, la chaleur rendait les choses plus compliquées... En été, je transportais le strict minimum sur moi, mais la coupe a été pleine quand je me suis retrouvé à trimballer le portefeuille dans un sac plastique...

    Le plus navrant si l'on veut, c'est que lorsque j'ai eu enfin trouvé mon bonheur, à savoir un sac à dos en cuir acheté dans une boutique dite féminine, on m'a tout de suite fait remarquer que cela ressemblait à des fontes de selle (donc d'esprit cavalier, donc masculin).

    Je ne vais pas plaindre mes congénères, loin de là ! Mais c'est un fait bien réel : dans la mode masculine, sorti de la plage, l'homme n'existe finalement que pour travailler. Et n'est donc censé porter que des pantalons. Et n'a pas de sac à main, sa serviette est là pour ça.

    Maintenant, je vous accorde que des hommes en short ou en bermuda, on en croise. Oui, mais ce n'est pas compatible avec une allure policée. Qui aurait l'idée saugrenue d'enquiquiner un "poilu" ?

    On est je pense au delà du simple rapport homme/femme, on est davantage dans un rapport j'occupe l'espace, je suis le plus fort et je t'emm*** qu'autre chose, ce qui je le concède est l'apanage des hommes mal éduqués.

    Ah tiens ! On y est ? Une femme aux jambes non épilées entre en concurrence frontale avec ces personnes-là, et c'est très certainement cela qui dérange. Ou un homme aux jambes poilues qui porterait une jupe...

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  37. @ Héloïse


    "Est-ce vraiment rassurant de vivre dans la crainte de perdre sa virilité ? Pour des poils ? Pour des vêtements ?"

    Ou autre chose ... Déjà la virilité se s'acquiert, se mérite, se construit à la sortie de l'enfence et de plus elle peut se perdre au moindre écart et nécessite un effort d'entretien. L'avantage des femmes c'est qu'elles n'ont rien à perdre. Mais bon , vivre et s'épanouir quand on nous persuade qu'on ne vaut pas grand chose fait souffrir aussi. La confiance des femmes en elles-mêmes est sacrément rabougrie par une culture dévalorisante pour les femmes. Quand j'entends deux hommes s'insulter en se traitant de "gonzesse", je me dis que je suis une insulte vivante ...


    Une insulte vivante... Ou un fantôme ?

    Après, je suis d'accord avec ce que vous dites sur la virilité, simplement quelque chose m'interpelle quand vous dites qu'elle se perd au premier écart, ce qui est vrai.

    Et avant d'aller plus loin, cela me fait penser à ces responsables du sport automobile qui s'étaient indignés de la tenue débraillée de Sébastien Loeb. De vieux messieurs en costume dont on découvre à l'occasion les loisirs un peu olé olé ?

    Le pouvoir est encore aujourd'hui une affaire d'hommes. Et sauf à se construire soi-même en dehors du système, il est très mal perçu d'y déroger. C'est aussi très risqué, dans la mesure où les dominants sont très pointilleux sur les questions d'image.

    Quant à savoir s'il existe encore quelque chose au delà de ces façades...

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  38. Je suis d'accord. Je suis aussi un homme androgyne, en France, et qui voudrait bien l'exprimer un peu plus dans ma façon de m'habiller etc. Ce serait intéressant de vous parler, mais je ne vois pas de mail ou de messagerie..

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  39. @ oliver

    Mon adresse mail se trouve en haut à gauche juste sous mon profil. Je serais ravie également d'échanger avec vous :-)

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