vendredi 17 septembre 2010

Gynécide

On parlait il y a peu de la notion de gynécide. En fouillant dans mes archives, j'ai retrouvé ce texte de Micheline Carrier . En ce moment, j'ai un penchant pour celles qui appellent les choses par leur nom. D'aucuns disent probablement qu'elle exagère mais on sait bien ce que cette accusation cache ...

"Partout dans le monde et au sein de nombreuses ethnies, des femmes et des filles sont persécutées parce qu’elles sont des femmes et des filles, comme les Juifs l’ont été parce qu’ils sont juifs, comme les Croates l’ont été parce qu’ils sont croates, comme des gens de couleur l’ont été parce qu’ils sont de peau noire, jaune ou rouge.Les dictionnaires attribuent au terme génocide (n.m. du grec : genos « race » et suff.-cide : destruction, extermination) le sens de « destruction méthodique d’un groupe ethnique ». L’exemple qui nous vient tout de suite à l’esprit est celui des Juifs persécutés et exterminés par la haine des nazis.


Les peuples arméniens et croates ont également vécu une forme de génocide. Les Tutsis et les Hutus, à tour de rôle. Les Palestiniens également. En Amérique, on pourrait considérer que des ethnies amérindiennes ont également été victimes de génocide.


On peut trouver, dans l’histoire ancienne comme dans l’histoire moderne, des dizaines d’exemples de groupes qui en persécutent d’autres pour des motifs ethniques ou/et religieux.


Par extension, les dictionnaires définissent comme un génocide « toute extermination d’un groupe important de personnes en peu de temps. » Notez bien ceci : GROUPE IMPORTANT et EN PEU DE TEMPS.


Alors, lorsqu’il s’agit d’un groupe important de personnes persécutées et exécutées sur la seule base de leur sexe, il s’agit également d’un génocide. Aussi honteux pour l’humanité que soient l’Holocauste et toute autre forme d’extermination ethnique de toutes les époques, le pire génocide de l’histoire me semble ailleurs.


Il serait plus juste de lui donner le nom de GYNÉCIDE (gyne : du grec gunê, gunaïkos « femme ») ou de GYNOCIDE. Il s’agit de la « destruction méthodique » des femmes, qui se poursuit encore aujourd’hui dans plusieurs points du globe et de plusieurs façons.


Il arrive même que les peuples victimes des pires génocides se rendent eux-mêmes coupables de gynécides. Ils invoquent la Tradition. Tradition ou non, lors qu’on persécute ou détruit un groupe important, dans ce cas le groupe des femmes, cela reste une forme de génocide.


L’Histoire n’a jamais reconnu la responsabilité de l’humanité dans de nombreux gynécides. Le monde moderne n’est pas plus enclin à la reconnaître. Il pratique la dénégation systématique pour ne pas avoir à affronter sa honte et, surtout, ne pas avoir à changer de comportement et de valeurs. Car les enjeux sont importants. En tête de lice, comme toujours, les enjeux économiques.


PLUS DE VICTIMES


J’affirme néanmoins que les GYNÉCIDES dépassent en nombre et en sévérité tous les GÉNOCIDES qui ont pu être commis sur la planète Terre. Ils ont fait davantage de victimes. Si on voulait voir ce que des millions de femmes et de filles ont subi depuis des millénaires et ce que des millions de femmes et de filles subissent encore de nos jours, quotidiennement, si on voulait appeler les choses par leur nom, il faudrait reconnaître que les femmes EN TANT QUE GROUPE ont été victimes du pire génocide de l’histoire humaine. Dans certaines régions du monde, elles le sont encore avec la complicité de la communauté internationale qui prétend promouvoir les droits humains.


Le GYNÉCIDE, c’est-à-dire la persécution, la destruction ou l’extermination d’UN GROUPE IMPORTANT de femmes et de filles, pour les seuls motifs de dérogation au code moral, social ou religieux QUI LEUR EST IMPOSÉ EN RAISON DE LEUR SEXE, est un crime universel : il transcende les frontières des pays, des ethnies et des époques.


En effet, partout dans le monde, des millions de femmes de toute race sont séquestrées, exclues, chassées, persécutées, mutilées, violées, battues, torturées et exécutées DU FAIT QU’ELLES SONT DE SEXE FÉMININ. Crime « d’honneur », crime de guerre, crime conjugal, crime de la misogynie et du patriarcat, matricide, infanticide des filles, fratricide, etc. Les violences contre les femmes et les filles, dont la violence ultime, le meurtre, sont UNIVERSELLES.


Pourquoi ? À cause de la haine d’individus de l’autre sexe, comme certains groupes ethniques sont victimes de la haine d’individus d’autres groupes ethniques. Pas de tous les individus de l’autre sexe, évidemment, ni de tous les individus d’autres ethnies. Dans les deux cas, on agit au nom de motifs religieux, moraux, sociaux, culturels et politiques. Au nom de la Tradition. Une tradition qu’on préserve jalousement parce qu’elle donne à la domination sa légitimité. Qu’une société laisse des individus et des groupes en détruire d’autres révèle l’acceptation de ces génocides et de ces gynécides par celles et ceux qui se taisent. Une immense lâcheté collective."




Micheline Carrier-Juin 2002

20 commentaires:

  1. Si on suit le même raisonnement, tous les hommes morts a la guerre et qui y sont allés parce qu'ils étaient des hommes sont aussi les victimes d'un code social qui leur a été impose en fonction de leur sexe. L'androcyde serait peut être donc encore plus spectaculaire?

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  2. petite précision, les hutus et les palestiniens n'ont jamais été victimes de génocide

    @POC

    oui mais les femmes et les enfants sont aussi de grandes victimes dans les guerres modernes. Tout le problème est ici qu'on utilise la définition "par extension" qui permet de tout définir comme génocide (ce qui arrange bien des causes).

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  3. 150 millions de femmes "manquantes" comme on dit modestement en Asie. Il me semble qu'en général les gens n'y prêtent pas grande attention. Je connais pas mal de gens qui boycottent/girlcottent la Chine par soutien pour le Tibet, pour les prisonniers politiques (ce qui est bien hein, on est d'accord!) mais quand je leur demande si c'est aussi à cause des des éliminations des foetus susceptibles de devenir des filles c'est souvent des hochements d'épaule. D'autres personnes répondent au quart de tour quand on leur parle de massacre en Asie: "Faut tout faire pour sauver le thon rouge!!!". Bah oui c'est bien de sauver le thon rouge mais les femmes? C'est pas comparable il paraît. Pourtant moi quand on parle de massacre en Asie c'est d'abord aux femmes que je pense. Le thon rouge vient derrière même si je n'en mange pas et que cette disparition m'interpelle aussi.
    Et puis il y a celles-là qui "manquent" mais qu'arrivent-ils aux autres? Entre ne pas exister et être discriminée, battue, violée, vivre avec la peur constante d'une agression dont on sait qu'elle sera au mieux impunie et au pire où l'on sera condamnée pour être accusée d'avoir provoqué celle-ci, être insultée, niée, exploitée et j'en passe qu'est-ce qui est le mieux?
    C'est finalement beaucoup moins hypocrite d'éliminer un foetus que de le laisser devenir femme et de le lui reprocher et lui faire payer toute sa vie, quitte à l'assassiner à force de mauvais traitements ou de code de l'honneur quelques années plus tard, ou encore pire: le pousser au suicide.
    Ce sont selon moi 2 gynocides distincts: l'un parfaitement assumé (j'élimine un foetus avant qu'il ne devienne unE indésirable) et l'autre pas assumé du tout et où les tortionnaires en remettent la faute à la victime (je te tue moi ton père, frère, cousin parce que toi être femelle a déshonoré notre famille, je te tue toi ma femme parce que tu veux me quitter alors que tu devrais être ravie de passer ta vie avec moi et m'aimer toujours, je te viole et je te tue parce que (1) tu as osé sortir seule,(2)tu me reçoit seule chez toi alors qu'on se connaît depuis des années ça t'apprendra à être aussi imprudente, (3)je ne peux pas résister devant toi tant tu m'attires, etc.
    Et les suicides: arriver à faire accepter à une femme qu'elle est tellement coupable de tout et inutile que le mieux qu'elle ait à faire est de se suicider. Même pas besoin de faire le sale boulot, la fautive se puni elle-même. "Grandiose" non?

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  4. @ POC

    Non, je ne crois pas que l'androcide serait encore plus spectaculaire. Vous comparez ce qui n'est pas comparable, comme s'il y avait une symétrie entre le sort des femmes et des hommes.

    Plusieurs points à relever:

    - les femmes tuées par le machisme n'ont jamais été comptabilisées, elles ne sont même pas considérées comme un groupe victime;

    - les hommes tués à la guerre, c'est le fait d'hommes entre eux (la dimension discriminatoire en est absente, le terme androcide est donc inapproprié, homocide à la rigueur, homo dans le sens de même);

    - les guerres sont des évènements ponctuels, la destruction des femmes n'a jamais connu de trève ... pas de société sûre pour les femmes nulle part malgré les périodes de paix;

    - comme le mentionne Floriane, les guerres ont toujours tué aussi les femmes (dans des proportions moindres mais elles n'ont jamais eu la reconnaissance d'être mortes pour quelque chose ... pas de monuments aux mortes que je sache) et de plus, lors de conflits armés, elles sont violées ce dont les hommes ne sont pas victimes;

    - comme le rappelle Alice, les foetus de filles éliminés en Asie ou ailleurs, la prééminence du mâle n'étant pas une spécificité asiatique, ont carrément bouleversé les ratios femmes/hommes;

    - les petites filles qui meurent des suites d'une excision sont aussi à comptabiliser parmi les victimes du gynécide. Rappelons que c'est une pratique ancestrale ... combien de mortes ?

    - l'absence de soins dans pas mal de pays est à mettre sur le compte d'une discrimination sexuée. Les filles, les femmes ne valent rien: l'alphabétisation et les soins médicaux se font en priorité en direction des garçons et des hommes ... combien de mortes là aussi ?

    - les prostituées overdosées, suicidées ou tuées par des clients sont également des victimes de la misogynie que l'on ne compte pas. Idem dans le milieu de la pornographie.

    On pourrait certainement et malheureusement trouver d'autres façons dont les femmes sont méthodiquement éliminées. Je ne crois pas que votre comparaison soit des plus pertinentes.

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  5. @ Florentine

    "Tout le problème est ici qu'on utilise la définition "par extension" qui permet de tout définir comme génocide (ce qui arrange bien des causes)."

    ???

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  6. @ Alice

    "C'est finalement beaucoup moins hypocrite d'éliminer un foetus que de le laisser devenir femme et de le lui reprocher et lui faire payer toute sa vie, quitte à l'assassiner à force de mauvais traitements ou de code de l'honneur quelques années plus tard, ou encore pire: le pousser au suicide."

    Très juste ... L'avantage en laissant les foetus femelles vivre c'est qu'eux seuls pourront enfanter. Parfois je me dis que c'est la seule raison pour laquelle nous n'avons pas déjà disparu. Quand on voit comment sont traitées les femmes qui ne sont plus en âge de procréer ou les femmes qui ne désirent pas d'enfant, ça laisse songeuse.

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  7. bon je n'arrive jamais à placer un commentaire ici à cause de vdm mais là ce n'est plus la peine parce qu'il y a des femmes pour défendre les sexistes et mes coms sont supprimés. Je sais que je n'ai pas fait dans la dentelle mais lorsqu'on a montré suffisamment de mépris, de rejet et d'agressivité envers les racistes ils ont fini par taire leur propos racistes. Il est évident que de montrer les dents aux sexistes est efficace tout pareil. Seulement il y en a encore et toujours qui pense que la douceur paie face à ce phénomène. Bref.
    Ils sont coriaces pour certains. Mais il y en a aussi qui sont ok. En tout cas, il y a trop de monde.
    J'ai fait ce que j'ai pu.
    Je voulais parler du massacre de Winnenden l'année dernière qui a été dénoncé comme un crime sexiste par les féministes allemandes puisque onze filles et un seul garcon, le "Frauenversteher" (= littéralement) le compreneur de filles)) de la classe ont été abattus par le tueur fou, élève de cette même classe. Mais la presse n'a que très mollement repris le mobile sexiste et, mis à part, les parents des victimes, les gens ne veulent pas trop entendre parler d'un tel mobile.
    Le sexisme, c'est compliqué parce que cela divise automatiquement des gens qui sont très liés. Émotionnellement, génétiquement, économiquement. Au moins, dans le racisme il est question de communautés déjà séparées, à la base. Cela facilite le fait de l'énoncer clairement.

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  8. Je ne pense pas non plus qu'on puisse mettre en parallèle les massacres de jeunes hommes dans les guerres (le jeu suprême, selon Pierre Bourdieu) et les crimes contre les femmes parce qu'elles sont des femmes. Il y a bien une haine spécifiquement sexiste dans les crimes contre les femmes qui sont commis dans la sphère privée ou dans des assassinats collectifs comme en Allemagne (celui cité par Euterpe) ou à l'Université Polytechnique de Montréal où Marc Lépine a séparé les hommes des femmes et a tué les femmes ! On montre du doigt à raison aujourd'hui le massacre des foetus filles en Chine et en Inde en oubliant fort opportunément le massacres des "sorcières" en France entre le 16ème et le début du 19ème siècle ; dans certains villages français en 1800, selon les historiens, on ne trouvait plus aucune femme pour prendre épouse.

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  9. Autrefois on romantisait les assassins de femmes en en tirant des figures littéraires (Landru et Jack l'Éventreur, par exemple). Maintenant on préfère nier qu'ils visent seulement les femmes.

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  10. @ Euterpe

    Merci pour tes interventions solidaires! Je ne sais pas toi mais moi j'arrête d'intervenir sur ce blog. J'ai alerté les responsables ... zéro réponse et zéro démarche pour protéger les intervenantes. Donc je girlcotte et ferai peut-être un billet à ce sujet. Sérieux, c'est quoi ce féminisme en carton ?

    Au sujet de ton second commentaire, les meurtriers en série ont été étudié par R.Poulin dans "Les meurtre en série et de masse". Il y démontre comment c'est bien le sexisme qui est à l'oauvre dans ces tueries.

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  11. Roh! je me suis dépêchée et j'ai oublié le "s" à "étudié" et "meurtre". Vous aurez corrigé.

    "Il y démontre comment c'est bien le sexisme qui ..." quelle tournure atroce !!! La journée passée à corriger des fautes plus improbables les unes que les autres m'a certainement pertubée.

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  12. @ Hypathie

    En même temps c'est une manie (et une manoeuvre) chez certains de faire des parallèles entre le sort des femmes et des hommes. Comme si une symétrie existait dans la façon dont nous sommes respectivement traité.e.s.

    Tu vois, je connaissais la fameuse chasse aux sorcières qui a sévi en France mais jamais on ne m'a appris à l'école que les femmes ont été décimées au point de manquer ... A rajouter au gynécide donc.

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  13. @ Hypathie
    Comme tu sais, les grandes persécutions contre les femmes par l'Inquisition se situent entre le XIV et la fin du XVI°. L'équivalent protestant surtout au XVI° début XVII°.
    (Les «chasses aux sorcières» connaissent deux vagues: La première de 1480 à 1520 environ, puis de 1560 à 1650. Mais dès les années 1400-1450, le portrait de ce qui deviendra une «image d’Epinal» par la suite se dessine, et les dernières persécutions se terminent vers la fin du XVII° siècle. Les dernières sont brulées l’une dans la Suisse Protestante en 1782, et l’autre dans la Pologne Catholique en 1793, au XVIII° siècle donc.)
    "en France entre le 16ème et le début du 19ème siècle ; dans certains villages français en 1800, selon les historiens, on ne trouvait plus aucune femme pour prendre épouse. " dis-tu et je te crois volontiers, mais pourrais-tu dire à quoi tu te réfères plus précisément et à quelles sources?

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  14. @ Floréal : il y a quelques temps (années en fait), j'ai entendu -je crois me rappeler que c'était chez Souchier dans l'émission "C'est arrivé demain", sur Europe 1, mais la mémoire joue de tels tours, une interview d'une historienne sur le sujet ; je l'avais noté à l'époque dans mon organizer (il faudrait que je fasse de l'archéologie dedans puisque je les garde tous !). Toutefois, comme je n'aime pas l'imprécision, j'ai fait une recherche hier sur Google et Amazon, devançant ta question ; j'ai passé des écrans entiers en revue, ça m'a pris pas mal de temps, et j'ai trouvé le livre d'une sénatrice d'Aquitaine, Joëlle Dusseau. Son livre, "Le juge et la Sorcière" paru aux Editions du Sud-Ouest en 2002 parle du sujet. Je ne sais pas si c'est elle que j'ai entendue ce jour-là... ou une autre. Ma mémoire croit se souvenir d'un double nom et de la phrase qu'elle disait en fin d'interview : "En 1804, quand le code Napoléon paraît, entérinant la mort juridique des femmes, il y avait des villages entiers où il n'y avait plus une seule femme !". Ça m'avait vraiment frappée sur le moment, puisque je pensais que les sorcières c'était le Moyen Age ! Et, bien sûr, je n'ai pas acheté le livre et je le regrette amèrement... Je te mets le lien vers le livre de Joëlle Dusseau : http://www.amazon.fr/juge-sorci%C3%A8re-Jo%C3%ABlle-Dusseau/dp/2879014697/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1285255238&sr=1-1
    Dans le sexocide des sorcières, Françoise d'Eaubonne parle du XVème au XVIIème siècle en mentionnant des dizaines de milliers de morts.

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  15. J'ai trouvé ça :

    " Dans l'archevêché de Trèves, les femmes étaient mises à mort à partir de l'âge de sept ans, et sur cette rive, la rive droite du Rhin, les hommes se plaignaient d'avoir à traverser des pays et des pays pour arriver à trouver une épouse..."

    ici :

    http://www.penelopes.org/xarticle.php3?id_article=1699

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  16. @ Mohican

    Merci !

    Françoise d'Eaubonne parle de sexocide et ce qu'elle en dit est à la fois terrible et éclairant:

    "Je veux souligner comment ce qu'on a appelé la chasse aux sorcières, qui a duré deux siècles, les siècles de Renaissance et d'âge classique, et non de Moyen Age comme le croit le public, représente un lien direct avec un très ancien complexe du patriarcat : le rêve du monde sans femmes."

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  17. Je suis d'accord pour dire que ma comparaison avec les guerre est un peu hâtive, mais j'ai quand même du mal a comprendre votre définition de crime sexiste: si le crime sexiste est un crime motive par une haine de l'autre sexe, peut-on dire que tous les crimes passionnels sont des crimes sexistes? Une autre explication pourrait être une combinaison du fait qu'il y a une majorité de relation amoureuses homme/femme, du fait que les hommes ont certainement un comportement plus violent en général et enfin qu'ils aient aussi en moyenne plus de force physique. C'est certes une injustice dont souffrent les femme et que a société doit s'efforcer de corriger, mais est-ce que cela veut dire pour autant que les auteurs de crime passionnels sont comparables a des nazis désireux d'exterminer pour satisfaire leur haine d'une autre race / catégorie de population ?

    Pour ce qui est des crimes commis au noms de la tradition (ce dont, pour moi, les hommes en guerre, comme ceux obliges de se battre en duels, font aussi partie), je trouve la encore que mettre ca en parallèle d'un crime réalisé au nom de la haine d'un autre sexe est abusif. Pour moi il y a quand même une différence entre commettre un crime cruel et de sang froid, et ne pas avoir le courage (pas plus les femme que les hommes) de s'élever contre les règles de sa société...

    Enfin pour les massacre de sorcière, il me semble que le motif est plus religieux qu'autre chose, et qu'au temps de l'inquisition il y avait aussi nombre d'homme 'hérétiques' cruellement assassines.

    Ce que je reproche donc a ce poste c'est de mettre un peu tout dans le même panier pour accentuer l'effet du nombre, et de faire un parallèle hâtif entre des crimes dont le motif me semble bien différent (en particulier ceux pour qui on peut parler de haine et de désir d'extermination... et les autres).

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  18. @ POC

    Pour tous les crimes cités la haine des femmes est le ressort:

    - violence conjugale: ce n'est pas la supériorité physique mais bien la supériorité sociale qui est en jeu. On a d'un côté des femmes que l'éducation qu'elles reçoivent fragilise et à qui l'on interdit tacitement mais fermement d'avoir recours à la violence et de l'autre des hommes qui sont encouragés à en user pour démontrer leur virilité. De plus, cette violence sexuée n'est pas nommée comme telle et bénéficie d'une trop grande tolérance;

    - crimes "passionnels": quand on aime on ne tue pas; ces hommes confondent aimer et posséder. Aussi quand leur "bien" leur échappe, ils ne savent pas contrôler leur frustration. Ce phénomène est à mettre en lien avec le statut d'objet dont les femmes sont encore dotées: un homme acquiert une femme comme une voiture;

    - la tradition: c'est justement l'institutionnalisation du sexisme. Un groupe de personnes est désigné par un autre (les règles dont vous parlez) comme inférieur sans autre critère que l'appartenance à un sexe et peut donc subir sans recours des violences et des injustices;

    - la chasse aux sorcières: encore une fois, que ce soit à travers la tradition ou la religion, il ne s'agit que de prétextes pour ne viser qu'un groupe ... au point qu'il manque à un moment donné significativement des membres de ce groupe.

    De toutes façons, il y a élimination ciblée dès qu'un groupe est asymétriquement, en nombre, touché. Or, l'élimination sur le critère du sexe s'appuie sur le sexisme d'une société et constitue en elle-même une forme de sexisme. Dans les sociétés où ce dernier recule, la violence conjugale et sexuelle aussi ainsi que les meurtres dits "passionnels" ... parce que c'est lié et que ça commence avec des phénomènes apparemment anodins (invisibilisation, infériorisation, objettisation, insultes massives, sensibles et mesurables).

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  19. Il y a deux points ur lesquels je suis un peu en désaccord:
    -vous dites que le crime passionnel (et son desequilibre en nombre) est lié au désir de l'homme de posséder le femme. J'ai tendance a croire que les femmes veulent autant posséder leur homme (d'ailleurs l'expression 'mon homme' est particulièerement courante) car elles font preuve d'autant de jalousie(voire plus, en tout cas dans mon entourage). La réelle différence pour moi est la concrétisation de cette frustration, qui, chez l'homme, passe par la violence.
    -Si j'ai bien compris, vous estimez que le fait que les hommes soient éduques dans la violence et dans une obsession de la defense de leur honneur a pour but de maintenir leur supériorité sur les femmes (désolé, j'extrapole un peu, mais c'est aussi ce que dit Isabelle Alonso dans son article sur le crime passionnel). Je trouve cela un peu rapide, les violences des hommes sont pour moi (dans mon entourage, les hommes se battent pas mal entre eux...) d'abord dirigées vers les hommes (et il me semblait avoir lu que les hommes étaient plus victime de violence au niveau global... a vérifier). Et vous dites que la violence envers les femmes bénéficie de tolérance, mais je crois au contraire que c'est parceque cette violence n'est pas admise par la société qu'elle se replie dans l'espace privé. Je pense que c'est plus la violence 'privée' qui beneficie de tolerance, mais je ne pense pas que ca soit diffèrent au sein d'un couple gay par exemple...
    Je crois donc que la violence dans laquelle sont éduques les hommes dépasse largement le cadre homme/femme et a des racines bien plus anciennes (on l'observe chez les animaux, qui ne sont pas pour autant en mesure d'élaborer un plan machiavélique assurant la supériorité de leur genre sur l'autre)


    Pour conclure si on assume que globalement (quel que soit le motif) les hommes sont plus violents et meurtriers que les femmes, alors effectivement il y aura dissymétrie dans les crimes homme/femme, mais ca ne veut pas dire que le motif est l'élimination de ce groupe. C'est un peu comme si on disait 'les nazis avaient une haine féroce des enfants... la preuve: ils en ont tué des millions'. Pour moi la comparaison n'est pas tenable.

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  20. @ POC

    Désolée pour la réponse tardive, j'ai ramé avec mon travail (et je rame encore donc ma réponse ne sera pas fournie).

    En premier lieu, comme vous je ne souhaite pas faire un parallèle entre le nazisme et le machisme qui n'a pas lieu d'être.

    Par contre, au regard de l'histoire, l'élimination des femmes me semble une constante et ce n'est que dans les pays où des lois les protègent que le taux de tuées baisse. La haine (ou dévalorisation c'est pareil) des femmes est quand même transversale à toutes les religions monothéistes et je reste convaincue que sans leur rôle de procréatrices elles seraient éliminées massivement.

    Comme l'a dit F.Héritier, le mâle humain est le seul être vivant qui tue les femelles de sa propre espèce ... parce qu'elle a raté la cuisson de ses oeufs, parce que c'est une prostituée ou parce qu'elle désire être libre.

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