vendredi 23 avril 2010



96% des individus incarcérés en France sont des hommes.

Cette donnée est acceptée mais rarement fouillée.

A la réflexion, l'on préférera toujours la répression plus confortable.

Pourtant, les prisons en France c'est la surpopulation, particulièrement dans les maisons d'arrêt, des conditions de détention indignes d'une société qui se voudrait humaniste, des violences et des vexations quotidiennes, des soins de santé élémentaires qui font défaut, des suicides plus fréquents qu'à l'extérieur, la maladie mentale qui s'installe ou s'aggrave et l'échec, in fine, à réhabiliter ces individus.

Et si la société, se regardait un peu le nombril plutôt que punir, sans vrai résultat, les déviances qu'elle a créées ?


96% est une proportionnalité assez significative pour qu'on la prenne en compte si l'on veut comprendre le mécanisme de la délinquance dans tous ses aspects (routière, sexuelle, familiale ou autres) et s'éloigner sensiblement d'un processus coercitif.

Que les hommes soient naturellement ou biologiquement plus déviants que les femmes n'est pas une thèse acceptable à mes yeux.

En revanche, on pourrait commencer par regarder de plus près l'éducation viriliste qui consiste à pourvoir les petits garçons en armes factices de plus en plus ressemblantes aux vraies armes qui font de vrai.e.s mort.e.s (ou même à se mettre dans la peau d'un tueur à travers les jeux-vidéo), à pousser les ados à considérer les femmes comme des objets sexuels à dominer (Cf. le marché florissant de la pornographie avilissante), à se démarquer de tout ce qui est féminin ou s'en rapproche par une attitude de supériorité imbécile (l'insulte suprême étant de se faire traiter de femme ou de gay), à conduire plus vite que son voisin, être plus musclé que lui, etc.

Parce que cette éducation-là, elle fait vraiment des ravages chez ceux qui ne l'ont pas mise en perspective et qui se retrouvent à coucher par terre dans des cellules qui n'ont rien à envier aux honteuses cages de zoo, à attendre parfois plus de 24 heures l'antalgique qui viendra soulager leur abcès dentaire et à n'avoir pour seul espace de relation affective authentique que les quelques minutes de parloir.

En tant que féministe, le sort d'hommes qui ont parfois brisé des vies innocentes ne devrait pas me préoccuper outre mesure mais l'inhumanité qui règne en ces lieux est assez prégnante pour que je m'en indigne, que je souhaite une véritable remise en question des conditionnements archaïques et destructeurs et que je milite pour une alternative progressiste à l'incarcération.

Sources: "Derrière les barreaux" de Philippe Godard; "Surveiller et punir" de Michel Foucault; Observatoire International des Prisons; Documentaire "Prisons, la honte de la République" de Bernard George.







13 commentaires:

  1. quel constat lucide mais l'éducation des hommes c'est sacré, faudrais voir à pas en faire des "gonzesses"

    tu va encore te faire taper sur les doigts '~'

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  2. Salut Anna ;)

    Tu as raison, derrière cette éducation, il y a la peur de "rabaisser" les hommes au rang des femmes.

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  3. c'est vous qui parler d'un "rabaissement"

    mais autant je ne vois pas pourquoi ce serait aux hommes de dire aux femmes comment elles doivent être, l'inverse est aussi vrai

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  4. @ Plouf

    Ah! la fameuse victimisation teintée de théorie du complot des féministes. Pourtant, il me semble que pour s'insulter les hommes se traitent de femme, non ? (femmelette, gonzesse ou tapette, tous ces termes procèdent du même mépris décomplexé pour tout ce qui est féminin ou s'en rapproche).

    Ca en dit long sur la considération des uns pour les autrEs.

    Vous avez souvent entendu deux femmes se "traiter" de mec, vous ???

    Sincèrement, vous pensez que c'est judicieux d'élever les hommes dans une logique de domination / destruction ? Vous ne pensez pas qu'eux aussi auraient à y gagner à ne pas être poussés à réagir autrement que par la violence ? Je connais pas mal d'hommes qui ont souffert de cette éducation qui, de toutes façons, ne trouve pas d'échappatoire dans la société puisque celle-ci condamne les actes qui en découlent.

    Pour moi, une société qui élève en valeurs éducatives des principes qu'elle finit par réprimer (durement de surcroît)est une société qui marche sur la tête et qui génère beaucoup de souffrances inutiles.

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  5. @Héloïse

    mais ce n'est pas seulement les hommes qu'il faut éduquer dans une logique citoyenne, c'est tout le monde. Il n'y a pas de problème de genre là dedans.

    et l'éducation, ce sont nos parents qui nous la donnons et nous qui la donnons à nos enfants. c'est là que tout se joue, dans la sphère privée donc, où la loi ne peut rien y faire. Or, si on veut que les pères ET les mères (elles y participent aussi pleinement) éduquent différemment, il faut les convaincre plus que les stigmatiser.

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  6. "Surveiller et punir" de Foucault est un des livres les plus clairs et intelligents qu'il m'ait été donné de lire -en dehors de mes auteures féministes ! Même si Foucault peut être intimidant, il faut se lancer : son histoire de la prison et des châtiments se lit presque comme un polar. Et on y apprend a quoi servent les prisons pour la société.

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  7. @ Hypathie

    Bien d'accord avec toi. C'est un auteur que je pensais peu accessible, intimidant comme tu dis, mais il n'en est rien.

    Par contre le mouvement abolitionniste né dans les années 70 semble s'être essoufflé. D'ailleurs, l'unique "solution" proposée par les politiques est la construction de nouveaux établissements pénitenciaires. On est malheureusement encore loin du compte ...

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  8. Bon, une petite réflexion de fond sur cet article.

    En le lisant, on peut avoir l'impression qu'encore une fois tous les malheurs du monde sont ramenés à une seul cause (une sorte de boite de Pandore inversée).

    Or, d'une part, il y a bien des causes biologique en partie (vous lirez bien : "en partie", pas en totalité !!). La testostérone est une hormone qui incite à agir sans réfléchir, qui rend plus prédateur et violent. C'est un fait.

    D'autre part, les causes de la criminalité sont en partie sociétale, c'est une évidence également (je me souviens d'un auteur que j'avais lu dont je ne me souviens plus le nom, il faudrait que je retrouve les références).

    Ainsi, beaucoup de groupes sociaux vont avoir tendance à chercher à ressembler (s'identifier) aux stéréotypes donnés par la société à leur égard. Les marocains étant souvent vus comme délinquants par la société, une partie aura inconsciemment tendance à vouloir ressembler à cette image car le besoin d'exister pousse à s'identifier aux images véhiculées par la société. Bien entendu, cela n'explique pas tout et cela n'excuse rien. On peut toujours agir contre.

    Encore, il y a évidemment la pauvreté. Quelqu'un qui n'a pas de quoi boire et manger pourra chercher via l'instinct de survie à chercher ce qui lui manque en transgressant les lois. Paradoxalement, je pense que ce n'est plus aujourd'hui la première cause du fait des filets sociaux plus étendus aujourd'hui qu'hier et qui permettent de survivre.

    Plus qu'avant, il y a la société de consommation qui pousse à tout posséder pour exister pour être quelqu'un. Ca me parait être un facteur essentiel aujourd'hui. Le rêve devient d'en faire le moins possible et de posséder un maximum.

    Enfin, il y a l'enfant Roi à qui on a jamais refusé rien ou su imposer une quelconque autorité. Celui-là se sert car ça lui semble nature.

    Je ne parlerai pas des déviances mentales (sociopathie, etc ...) mais voici me semble-t-il parmi les causes les plus évidentes de criminalité selon l'auteur que j'ai lu il y a quelques années.

    Et là ou je serai d'accord avec vous, c'est que l'éducation faites aux hommes et aux femmes MAIS surtout les stéréotypes qui peuvent y être attachés (sans me prononcer sur la validité de ces stéréoptypes) jouent sans doute un rôle. Un juge est plus clément avec une femme qu'avec un homme, l'homme se sent obligé d'assumer les besoins du ménage quelqu'en soit le coût, la femme qui se prostituera ne risque pas la prison, etc etc ...

    Par contre, les armes factices, les jeux vidéos, la pornographie, je n'y crois pas un seul instant. Car, on a tous regardé des pornos et on comprenait tous que ce n'était pas la vraie vie. Jouer à des jeux vidéos ne rend pas plus violent (ce serait le chaos sinon). Jouer à la guerre reste un jeu ou on ne veut pas vraiment tuer l'autre.

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  9. si je me souviens bien (quasi sur), il s'agissait de ce livre là:

    http://books.google.be/books?id=QtLdlpHcrDQC&pg=PA17&lpg=PA17&dq=criminalit%C3%A9+ulb+allochtones&source=bl&ots=OlqC2VY65v&sig=USoHUk8vAamkQtRiM4LgWBWKQpI&hl=fr&ei=OUrdS_PWNtuUONaXofIG&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=5&ved=0CBoQ6AEwBA#v=onepage&q=criminalit%C3%A9%20ulb%20allochtones&f=false

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  10. @ Plouf

    La violence qui règne en ce monde est le fait des hommes en général (crimes, pédophilie, violence routière, viols, trafics d'armes et de drogue, violence conjugale et familiale,etc.). C'est un fait incontestable.

    Après, en ce qui concerne les causes de cette propension à l'agressivité et à la domination chez le mâle humain, même si l'on retenait la thèse de la testostérone, rien n'est fait, dans leur éducation pour la canaliser ... au contraire.

    Enfin, les racines de la criminalité que vous exposez (identification à un groupe ethnique, pauvreté, pulsion consommatrice ou non-résistance à la frustration), elles n'expliquent pas cet écart de 92% entre les hommes et les femmes. Ces dernières, que je sache, ne sont pas plus à l'abri de ces difficultés sociales que les hommes. Elles y sont même plus exposées si l'on prend en compte, par exemple, le fait qu'elles constituent 80% des travailleuses et travailleurs pauvres et que, bien souvent, elles sont seules à assumer leur famille.

    Dans le phénomène de délinquance / criminalité, c'est le comportement face à ces difficultés sociales et/ou matérielles qui fait la différence entre femmes et hommes et rien d'autre.

    Et le comportement, ça s'acquiert.

    Quant à d'éventuelles montées de testostérone (dont je doute de l'existence), ça doit pouvoir se maîtriser et ça porte un nom: la sociabilisation. D'ailleurs, il semblerait qu'il y en ait certains qui y parviennent.

    Enfin, saviez-vous que certains jeux proposent aux enfants de payer une prostituée rencontrée sur la rue, de l'assassiner par la suite, avant de récupérer l'argent sur le cadavre de la femme ?

    Les flics voient ensuite débarquer de jeunes garçons qui ne comprennent pas pourquoi la tournante qu'ils ont fait subir à l'une de leur voisine ou le tabassage qu'ils ont mené en bonne et due forme est un délit.

    La violence est banalisée voire érigée en valeur sociale à travers les différents médias et l'on s'étonne qu'elle soit le seul mode de relation à l'autre de certains.

    La culture (ça vous dit quelque chose ?) c'est ce qui nous construit.

    On se construit comment lorsqu'on gagne des points ou des niveaux en détruisant les autres ?

    Pas étonnant, en tant que minable consommateur de pornographie, que vous ayez des raisonnements tels que vous les exposez à longueur de commentaires. La violence contre l'autre est donc un divertissement pour vous.

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  11. @Plouf,

    "La testostérone est une hormone qui rend prédateur et violent" Magistral !
    Tous les hommes en produisent. Les femmes aussi d'ailleurs pour info (http://fr.wikipedia.org/wiki/Testost%C3%A9rone).
    Alors comment se fait-il que tous et toutes ne soient pas de "violents prédateurs"? Hein? C'est une question de dosage c'est ça?

    Justifier (ne serait-ce que "en partie") la discrimination et la violence envers les femmes par un phénomène hormonal incontrolable est un bon moyen de se déresponsabiliser je crois.
    Je suis un homme. J'ai eu des comportements sexistes destructeurs et ce n'est pas à cause de mes hormones mais parceque j'avais choisi de le faire, choisi d'être un sale agresseur. Je hais cette partie de moi et je ferai tout ce que je peux pour réparer auprès des victimes. Parceque je l'ai choisi. Pas parceque je ne produits plus de testostérone !

    Vomissez votre haine, Plouf, si vous voulez...mais étouffez vous avec. Merci.

    JB

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  12. Quelle haine, JB ?

    et oui, c'est une question de testostérone mais ça n'empêchera jamais que l'homme est un animal qui possède un conscient et qui est capable de maitriser ses actes évidemment

    ça n'empêche que la testostérone a bien un effet sur nos comportements, notre irritabilité, notre patience, notre self control, notre force.

    de nouveau, je ne déresponsabilise ou déculpabilise personne en disant ça

    moi, je n'ai jamais frappé une femme ni haït aucune femme en tout cas, alors vos leçons de morale JB ...

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  13. j'ai été insultant dans ma réponse ??? ma réponse n'est pas passé et d'habitude il ne faut pas plusieurs jours

    si on laisse deux personnes débattre et qu'une diffâme l'autre, il faudrait au moins laisser à la personne difâmée le soin de laver son honneur

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