"Tant qu'on n'aura pas renoncé à l'idéologie de la virilité réelle ou imaginaire, tant que l'on considérera la suprématie masculine comme un droit de naissance, tous les systèmes d'oppression continueront à fonctionner par la simple vertu du mandat logique et affectif qu'ils exercent au sein de la première des situations humaines."
Voici l'analyse que fait Kate Millet à propos de l'enseignement politique de la pièce de Jean Genet, "Le balcon".
Cette réflexion m'a amenée à préciser ce que je pressentais par ailleurs sans pouvoir vraiment le nommer.
Considéré comme une cause d'arrière-plan, le féminisme se heurte sans cesse à des priorités et notamment la lutte des classes. Or, la première des hiérarchisations historiques, celle qui a donné naissance à toutes les autres, est celle qui concerne les sexes.
Pour Engels, le premier modèle de classe apparu est celui de la famille monogamique, première alliance humaine par laquelle une personne devenait la propriété d'une autre. Ce qui a donné l'équation suivante:
" Dans la famille l'homme est le bourgeois, la femme joue le rôle du prolétariat."
Ce visage des premiers jours de la domination humaine a légitimé toutes les formes de domination en prenant appui sur l'idéologie viriliste qui consiste à maintenir l'autre dans l'infériorité.
Infériorité créée de toutes pièces à la base mais bien réelle et intégrée à l'arrivée chez les Noir.e.s, les femmes, les prolétaires ou les homosexuel.le.s, par exemple.
Il ne s'agit pas ici de faire la course à la cause la plus importante mais de mesurer l'importance de la cause féministe pour espérer voir avancer toutes celles qui, calquées sur ce modèle de base, ont pour combat l'éradication de la domination d'un groupe sur un autre.
L'histoire des dominations a commencé par celle des femmes.
L'histoire de la fin des dominations ne se fera pas sans la fin de celle des femmes.
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